La solitude ne dure jamais longtemps - OS

( Et voici mon œuvre pour la seconde étape du concours de Aletheia2112 ! J'espère que ça vous plaira ;) )

Marinette, Adrien, Alya et Nino étaient tous les quatre installés autour d'une petite table sur la terrasse d'un café, sirotant des smoothies tout en discutant joyeusement. Il faisait chaud. D'une chaleur qui vous donne envie de vous terrer dans une grotte, ou de vivre au Pôle Nord. Dans le ciel de Paris, aucun nuage ne subsistait, seul le soleil régnait en maître au-dessus des têtes, fier de faire vivre un enfer à tous les Parisiens assez inconscients pour oser faire une quelconque activité sportive sous un tel cagnard. Nos quatre protagonistes, eux, profitaient du beau temps pour enfin se retrouver, après ce qui semblait être une éternité. Les occasions de se voir se faisaient malheureusement rares depuis qu'ils avaient quitté le collège, puisque que chacun était parti dans un lycée différent. Sans surprise, Alya s'était dirigée vers des études littéraires en vue de devenir journaliste, Nino avait suivi la voie de la musique, Marinette était dans le stylisme et Adrien s'échinait à suivre le parcours professionnel imposé par son père. Et, naturellement, comme ils se voyaient moins, on sentait que leur complicité d'autrefois avait fait place à une amitié fragile qui tombait en lambeaux. Nino, en tout cas, le sentait. Car à chaque fois qu'ils se voyaient, ses " amis " parlaient des personnes merveilleuses avec qui ils étaient en classe, de ces garçons amusants et de ces filles stylées avec qui ils mangeaient, de cette super activité sur laquelle ils avaient travaillé ensemble... Et lui, Nino, semblait être le seul à ne pas s'être lié avec qui que ce soit dans son lycée. Le seul à être encore attaché à leur amitié, à eux. Leur quatuor indestructible devenait beaucoup trop destructible à son goût. Il était certain qu'un simple incident pourrait mettre fin à leur amitié, définitivement.

Et encore, Nino ne se penchait pas sur le cas de son couple. Parce qu'assurément, il y avait des choses à dire, à ce sujet. Comme par exemple, le fait que Alya partait toujours plus souvent à la chasse aux scoops, le laissant tomber sans un seul remord, et que, lorsqu'il lui faisait remarquer, elle criait qu'il ne la comprenait pas et qu'il était égoïste de vouloir tout le temps la garder près de lui.

Nino était en froid avec Alya depuis une bonne semaine déjà, et la situation ne semblait pas vouloir évoluer.

Voilà pourquoi notre ami à casquette semblait moins joyeux que les autres, en cet après-midi ensoleillé, assis à cette table avec ce smoothie à la myrtille posé devant lui. Parce qu'il ruminait des pensées noires, la colère, la frustration et la tristesse se battant dans son cœur. Parce qu'il se sentait terriblement incompris. Alya lui reprochait de trop s'accrocher et de l'empêcher de réaliser ses rêves, en la ramenant sans cesse près de lui ? Mais ils ne se voyaient déjà presque jamais, et lorsque ça arrivait, elle s'éclipsait systématiquement pour filmer les combats des super-héros ! C'était normal qu'il cherche à la garder avec lui, non ?

Et que dire de Marinette et Adrien ?! Ceux-là sortaient toujours leurs excuses sans queues ni têtes pour fuir on ne sait où, comme ils le faisaient depuis quatre ans déjà. Il n'y avait aucune évolution. Et si Marinette et Adrien partaient faire on ne sait quoi et qu'Alya s'en allait filmer les super-héros, Nino, lui, restait seul. Personne ne s'inquiétait de son sort.

Exactement comme ce jour-là. Ça faisait dix minutes qu'ils étaient assis à cette table de café, dix minutes qu'ils s'étaient retrouvés après deux mois sans s'être vus, dix minutes qu'ils semblaient passer un bon moment tous ensemble, pour une fois... Et la seconde d'après on entendit une explosion suivie de nombreux cris qui venaient d'une rue adjacente. Aussitôt, Nino leva les yeux vers ses amis, et ne tomba que sur du vide. Ils étaient déjà tous partis.

Nino pouvait comprendre que ses amis soient occupés. Il pouvait concevoir qu'ils avaient du travail, des exposés à faire, des cours à réviser, et que donc, se voir le week-end était impossible. Il pouvait aussi intégrer le fait qu'ils aient des imprévus personnels, ou des choses à gérer... Mais il ne pouvait pas, non il ne pouvait pas accepter le fait que la situation perdure, et que ses amis ne fassent rien pour que les choses bougent ! Il semblait être le seul à encore croire en leur amitié, à ne pas baisser les bras, alors que Marinette, Alya et Adrien abandonnaient leur quatuor à son sort, comme s'il n'était rien de plus qu'une vieille histoire qui avait fait son temps mais dont la fin approchait, inexorablement. Au contraire de Nino, qui lui, espérait encore. Il espérait que ses amis ouvriraient les yeux et que leur amitié redeviendrait ce qu'elle était lorsqu'ils avaient encore quatorze ans...

Démoralisé, Nino se mit en route pour rentrer chez lui. Il savait que cela ne servait à rien d'attendre que ses amis reviennent; généralement, ils lui envoyaient un message l'informant qu'ils étaient fatigués, et étaient donc rentrés chez eux. Cette fois-là ne ferait pas exception.

De retour chez lui, le jeune homme se laissa tomber sur son canapé, et alluma la télévision d'un geste absent.

Alors que le métissé venait de s'installer avec des sucreries devant une émission assommante, il reçut un message d'Alya. Il sursauta et regarda son téléphone sans y croire; se serait-il trompé sur le compte de ses amis ?

De Alya 😝

Hey ! On a encore été interrompus par une alerte akuma, alors j'ai eu une idée ! On pourrait se retrouver demain à la même heure, sur les bords de Seine ? En plus, j'ai une surprise 😋 Qu'est-ce que vous en dites ? 🙃

Elle avait sûrement aussi envoyé ce message à Adrien et Marinette, comprit Nino. Et une surprise ? Le jeune homme n'aurait pu être plus heureux qu'en cet instant ! Non seulement Alya réalisait enfin ce qu'il essayait de leur faire comprendre depuis le début, mais en plus elle prenait une initiative pour remédier à cela ! Que demander de plus ?

Nino envoya rapidement un message pour lui assurer qu'il serait là, et qu'il était vraiment content qu'elle le propose. Son air morose semblait s'être envolé, remplacé par une joie intarissable. Il eut même envie de chanter, tellement il se sentait euphorique ! Il enregistra le lieu et l'heure du rendez-vous dans son téléphone, puis fila à la salle de bain pour prendre une bonne douche froide, histoire de se débarrasser de la sueur accumulée durant la journée, et de s'éclaircir les idées en attendant le lendemain.

***

L'heure du rendez-vous approchait rapidement, et Nino était le plus heureux des hommes. Il se sentait revivre, persuadé d'assister à la renaissance de leur amitié, encore plus solide qu'auparavant. Enfin, ses amis comprenaient toute l'ampleur de la situation, et souhaitaient autant que lui y remédier ! Une merveilleuse nouvelle pour notre ami à casquette rouge, qui bougeait au rythme de la musique entraînante que diffusait son casque, libéré d'un poids qui, jusque là, pesait plus lourd de jour en jour.

Une fois complètement prêt, Nino sortit de chez lui, et se dirigea gaiement vers les bords de Seine, fredonnant un refrain qui lui trottait dans la tête, et songeant aux beaux jours qui se profilaient à l'horizon. Lorsque tout serait réglé avec ses amis, il pourrait mettre les choses à plat avec Alya, à savoir qu'il préférait que leur relation reste purement amicale, plutôt qu'amoureuse. Nino avait du mal avec ce genre de choses, et il savait que ça serait mieux pour eux deux.

Sur ces réflexions, le jeune D-J atteignit sa destination, où Marinette attendait déjà, assise à même le sol, balançant ses jambes au-dessus de l'eau tout en dessinant dans un carnet, et tirant légèrement la langue. Notre protagoniste rit légèrement de sa grimace, avant de s'installer à ses côtés.

« Yo, Mari' ! Toujours en train de dessiner !? », s'amusa-t-il.

La jeune femme aux cheveux bleutés sursauta et son carnet lui échappa des mains, fonçant alors vers l'eau eux reflets verts qui s'écoulait tranquillement un peu plus bas. Mais Nino le rattrapa au dernier moment, allongeant son bras le plus possible, pour réceptionner le cahier avec une adresse remarquable.

Marinette poussa un profond soupir de soulagement, tandis que son ami lui rendait un des objets auquel elle tenait le plus au monde, un sourire amusé et attendri au coin des lèvres.

« Merci beaucoup, s'exclama la jeune femme, reconnaissante. Tu sais à quel point je suis maladroite...

- Ce n'est rien, j'ai l'habitude, en effet », acquiesça Nino en riant de bon cœur.

Son amie rit nerveusement pendant quelques instants, avant de reprendre son dessin, comme elle le faisait avant qu'il n'arrive. Un silence un peu gênant s'installa, mais ce n'était pas forcément désagréable. Cela permit au jeune étudiant d'observer les alentours, s'amusant de certains passants ou appréciant l'atmosphère de sa ville en cet après-midi presque aussi ensoleillé que la veille, voire plus.

Il n'eut pas l'occasion de poursuivre son inspection bien longtemps, puisque ses deux amis ne tardèrent pas à les rejoindre. Adrien était aussi resplendissant que d'habitude - ce que Marinette ne manqua pas de remarquer, nota Nino avec amusement - et Alya marchait à ses côtés, son téléphone à la main et parlant avec animation.

Un immense sourire se peignit sur ses lèvres, tandis qu'il suivait leur progression jusqu'à eux du regard. Et ce ne fut qu'à ce moment-là qu'il remarqua que trois silhouettes inconnues les suivaient de près.

Nino pinça les lèvres, mais se retint de dire quoi que ce soit, lorsque Adrien et Alya arrivèrent à leur hauteur, accompagnés de trois jeunes de leur âge, qu'il était certain de n'avoir jamais vus. Il ne voulait pas perdre sa bonne humeur en tirant des conclusions hâtives : peut-être que ce n'étaient que des fans d'Adrien qui voulaient un autographe, ou une autre bêtise de ce genre. Il n'y avait pas lieu de s'inquiéter.

Et pourtant... Alya brisa ses bonnes résolutions en deux phrases.

« Coucou, les amis ! Je vous avez dit que j'aurais une surprise, alors, laissez-moi vous présenter trois personnes merveilleuses qu'il faut absolument que vous appreniez à connaître ! »

Nino regarda Alya avec l'air horrifié de quelqu'un qui refuse encore à moitié de croire à l'évidence. Ça ne pouvait pas être vrai, n'est-ce pas ? Lui qui était ravi de renouer avec ses amis les liens qu'il savait abîmés, se retrouvait à devoir rencontrer ceux par qui il allait être remplacé ! 

Il se mordit la langue : tout n'était pas perdu. Peut-être que... Non, il n'arrivait à trouver d'autres excuses, et ça n'aurait servi à rien. A la place, il attendit fatalement la présentation d'Alya, tel un prisonnier que l'on mène à l'échafaud.

« Adrien, Marinette, Nino, je vous présente Mallaury, Louise et Marco. Ils sont dans le même lycée que moi. »

Elle avait pointé du doigt chacun des membres du trio, si bien que ce ne fut pas difficile pour Nino d'associer le bon prénom avec la bonne personne. La première - Mallaury - avait deux grands yeux bleu-vert, et des cheveux blonds ondulés qui lui arrivaient un peu en-dessous des épaules, et portait des vêtements à la fois simples et décontractés, à savoir un tee-shirt clair et un short en jean. Nino fut contraint d'admettre qu'elle était plutôt mignonne... Mais à l'instant où cette pensée lui traversa l'esprit, il se fustigea et la repoussa le plus loin possible : cette fille était l'ennemi, pas question de tomber en pâmoison devant elle ! Ça serait rendre les armes, et presque lui laisser le champ libre pour s'accaparer Alya ( si ce n'était pas déjà fait ), et ses deux autres amis !

Sur ces réflexions, il ne s'attarda pas plus sur Mallaury et passa à la seconde. Louise, comme l'avait nommée Alya, était de petite taille, et avait de beaux yeux verts qui accompagnaient des cheveux bruns. Elle ressemblait beaucoup à la première, et Nino devina sans mal qu'elles devaient être inséparables. Enfin, le dernier ( et seul garçon ) avait une peau légèrement métissée, un peu comme lui, et possédait des yeux et des cheveux tous deux bruns.

Ce ne fut qu'une fois son inspection terminée que Nino remarqua le silence gênant qui flottait entre les deux trios, Alya se trouvant au milieu avec l'expression de quelqu'un qui attend quelque chose.

Finalement, Marinette fit un petit signe de la main aux nouveaux venus tout en lâchant :

« Ravie de vous rencontrer !  Qu'est-ce que vous diriez d'aller manger une glace ? On pourrait apprendre à se connaître en chemin ! »

Nino en resta abasourdi. N'y avait-il que lui pour réaliser que ces trois jeunes mettaient en péril leur amitié déjà fragilisée ? Et dire qu'un peu plus tôt il était ravi à l'idée de faire cette sortie...

Malheureusement, Mallaury, Louise et Marco semblèrent apprécier et approuver la proposition de Marinette. Ils se mirent donc en route ( Nino avec réticence ), tandis qu'il réfléchissait à une excuse crédible pour s'éclipser et retourner à son appartement en quatrième vitesse se terrer dans sa chambre en essayant d'oublier cette vaste catastrophe.

Mais rien ne lui vint, et les regards qu'Alya lui jetaient lui firent comprendre qu'elle ne le laisserait pas partir, même avec une bonne excuse.

Alors il enfonça ses mains dans ses poches et abaissa sa casquette devant ses yeux, espérant qu'ainsi les nouveaux venus comprendraient qu'il souhaitait juste avoir la paix. Mais visiblement, l'un d'eux n'avait pas saisi le message.

« Hé, ça ne va pas ? » s'exclama Mallaury en lui offrant un grand sourire, qui aurait facilement pu remplacer le soleil estival en terme de clarté, sans que personne ne s'en rende compte. Néanmoins, Nino réussit à lutter contre son envie de lui sourire à son tour, en se renfrognant et en détournant le regard le plus loin possible. Il avait conscience que son comportement était digne de celui d'un gamin de cinq ans et qu'il était terriblement immature d'agir ainsi, mais il ne voyait pas comment réagir autrement.

D'accord, la jeune femme semblait on ne peut plus engageante, attentionnée, gentille, et que sais-je encore, mais elle essayait tout de même de lui voler, d'abord Alya, puis tous ses amis. Et lui, dans tout ça ? On ne lui demandait jamais son avis, comme s'il n'était qu'un figurant dans le film de leur vie. Et il ne pouvait, de toute façon, pas se permettre de pactiser avec l'ennemi.

« Oh, allez, raconte, insista l'étudiante en gardant son sourire. C'est triste, si tout le monde ne s'amuse pas ! »

Nino grommela, mais répondit tout de même :

« Rien, je n'ai pas le moral, c'est tout.

- Dans ce cas, une bonne glace trois boules devrait arranger ça ! » rit-elle en lui faisant un clin d'œil amusé.

Le brun en resta abasourdi, mais il fit de son mieux pour le cacher. Même alors qu'il avait été plus que désagréable avec elle, elle gardait son air joyeux sans s'offusquer le moins du monde. En y pensant, Nino n'était même pas sûr qu'elle ait fait attention à son attitude grognonne. Peut-être que cette Mallaury avait un bouclier contre les mauvaises ondes, ou une autre fantaisie de ce genre.

Ils finirent par atteindre le stand de glace d'André, tranquillement installé sur le pont des Arts. André les accueillit avec son grand sourire habituel, et commença à les servir.

Lorsque ce fut le tour de Nino ( et Mallaury ), le glacier les observa, avant de s'exclamer joyeusement :

« Une coupe pour deux, mes petits tourtereaux ? »

Nos deux amis ouvrirent de grands yeux ronds.

« Non, non, non, il y a une méprise !, crièrent-ils en même temps, tandis qu'André leur offrait simplement un clin d'œil tout sauf discret.

« Bon, bon, dans ce cas autant pour moi. Quels parfums ? dit-il, même si l'on sentait qu'il n'y croyait pas une seule seconde.

- Pistache, citron et framboise, s'il vous plaît, répondit Mallaury.

- Mangue, fruit de la passion et framboise pour moi », annonça Nino.

André leur tendit ce qu'ils avaient demandé, et les deux adolescents le payèrent, avant d'aller s'accouder à la rambarde du pont.

Les rayons du soleil faisaient miroiter l'eau bleue verte de la Seine, dans laquelle on voyait passer de temps en temps quelques bateaux-mouche remplis de touristes émerveillés.

Il y eut un petit silence, pendant lequel les deux étudiants se contentèrent de déguster leurs glaces tout en observant le paysage, puis Nino osa ouvrir la bouche, oubliant momentanément que la jeune fille était censée être son " ennemie ".

« Et donc, tu fais des études littéraires... Mallaury ?

- Oh, appelle-moi Mallo ! Et oui, c'est exact. L'écriture et l'histoire de la langue française me passionnent.

- Ah, d'accord, eh bien, c'est génial... »

Et la conversation mourut avant même d'avoir commencé. Malgré leurs efforts, le moment restait gênant, d'autant que le reste du groupe s'était éloigné sans qu'ils ne s'en rendent compte.

Finalement, ils rejoignirent leurs amis, qui avaient décidé d'aller finir leurs glaces en se promenant dans le zoo qui se trouvait un peu plus loin. En effet, ledit zoo avait accueilli un tout nouveau panel d'animaux exotiques la semaine passée, et le quatuor que formaient Marinette, Adrien, Alya et Nino avait exprimé leur envie commune d'aller y faire un tour. L'occasion semblait être arrivée.

Ils passèrent l'entrée du zoo, leurs glaces à la main, avant de se diviser en petits groupes pour filer voir les animaux qui les intéressaient le plus.

Sans surprise, Mallaury se retrouva avec Nino, à observer avec fascination une panthère qui se tenait fièrement assise sur ses pattes arrières.

Le jeune homme doutait qu'elle ait fait exprès de le suivre, vu la manière dont elle restait captivée par l'animal, sans se retourner vers lui une seule fois.

Pour la deuxième fois de la journée, le musicien vit qu'ils avaient des goûts très similaires, malgré leurs différences flagrantes. Peut-être qu'il aimait ça. J'ai bien dit peut-être.

Nino secoua la tête : depuis quand on pouvait apprécier son ennemi ? C'était vraiment paradoxal, et soit dit en passant, impossible. Il tenta de s'éloigner discrètement le plus loin possible, feignant de vouloir observer un autre animal et essayant de reprendre son masque hargneux mais il échoua lamentablement, dans un cas comme dans l'autre, puisque Mallaury le suivit, et qu'il se trouva incapable de lui dire un simple ' non ' catégorique.

C'est ainsi que Nino se retrouva à observer une tortue manger sa salade ( sûrement l'animal le plus ennuyeux du zoo, à son avis ), Mallaury et son immense sourire à ses côtés.

Durant toute l'après-midi, il fut baladé par la jeune femme de cage en cage, d'enclos en enclos, sans pouvoir refuser quoi que ce soit, et sans s'arrêter une seule fois pour souffler. A la fin de la journée, il n'était même plus sûr de pouvoir bouger ne serait-ce que le petit orteil. Et Mallaury, elle, semblait avoir autant d'énergie qu'en début de journée, puisqu'elle sautillait d'une jambe à l'autre pendant qu'elle s'émerveillait devant les peluches que proposait la boutique du zoo.

Lassé de ce manège qui durait depuis dix minutes, ( et quelque peu ravi par l'idée ), Nino lui offrit une peluche panthère avec d'immenses yeux bleus, espérant qu'ainsi la blonde arrêterait de sauter partout comme un enfant de cinq ans.

Mallaury lui offrit un câlin pour le remercier, avant de rejoindre le reste du groupe qui les attendaient, depuis un bon quart d'heure déjà, devant la sortie du zoo. Ils quittèrent le parc animalier alors que le soleil déclinait à l'horizon, visiblement également épuisé par l'énergie de Mallo.

Le petit groupe prit la direction du lieu où ils s'étaient rencontrés plus tôt dans la journée, à savoir sur les bords de Seine, pour les " adieux ". Sur le chemin, Mallaury laissa un peu de répit à Nino en allant discuter avec sa meilleure amie, Louise, laissant ainsi le champ libre à Adrien pour venir discuter avec son meilleur ami à lui.

« Hey, Nino, s'exclama le blond en lui donnant un petit coup de coude amical. On dirait qu'elle t'a tapé dans l'œil, je me trompe ? »

Nino regarda son ami comme s'il était devenu fou, avant de croiser les bras et d'ajuster distraitement sa casquette.

« Bien sûr que non ! C'est sûrement la fille la plus insupportable qu'il m'ait été de rencontrer ! s'exclama-t-il en fronçant les sourcils et en secouant la tête.

- Mais tu lui as quand même offert une peluche..., insista le mannequin en lui coulant un regard malicieux et profondément amusé.

- Oui, et alors ? Je voulais simplement qu'elle se calme un peu, pas besoin dans faire tout un plat ! répondit Nino, vraiment de mauvaise foi. Ce n'est qu'une simple amie. »

Adrien ne répondit rien, car les mots de Nino lui rappelaient terriblement ceux qu'il avait l'habitude de répéter... Autrefois.

Nino, lui, se trouva choqué d'avoir nommée Mallaury comme une amie. C'était une ennemie, une ennemie, quand cela allait-il lui rentrer dans le crâne ?! Il ne devait surtout pas commencer à s'attacher à elle, encore moins si il était censé la détester.

Soudain, Louise s'incrusta entre les deux garçons, un immense sourire lui dévorant le visage.

« Dans ce cas, s'écria-t-elle, ça ne te dérange pas raccompagner Mallo chez elle ? D'habitude on fait la route ensemble, mais je ne sais pas ce qu'il m'arrive, j'ai vraimeeeent mal à la tête ( elle appuya plus que nécessaire sur le mot " vraiment " pour souligner à quel point elle se sentait mal ), je ne pense pas être capable de faire un long détour ! Et puisque tu es son ami, aussi, c'est ton rôle de t'assurer qu'il ne lui arrivera rien en chemin, n'est-ce pas ? »

Devant ce flot de paroles impressionnant et inattendu, Nino ne sut quoi répondre. Malheureusement, Louise interpréta les quelques secondes que dura son silence comme une réponse positive, et conclut :

« Parfait ! Allez, zou ! »

Avant de le pousser vers Mallaury. Amusé, Adrien rejoignit Marinette, et annonça aux autres qu'il la raccompagnait chez elle, prenant exemple sur son meilleur ami.

Le groupe se divisa donc, chacun partant soit seul, soit accompagné, pour rentrer se reposer chez soi après cette longue journée, certes agréable, mais également épuisante.

Nino se retrouva, naturellement, obligé de ramener Mallaury chez elle, mais il ne répliqua pas - comme il l'avait prévu initialement -, et suivit la jeune femme qui partit en première, ouvrant la marche.

Sur le chemin, désireux de ne pas commettre à nouveau les mêmes erreurs que pendant la journée, Nino engagea une discussion passionnante sur les panthères, sachant parfaitement qu'il n'y aurait aucun malaise ainsi. Il avait, pendant leur visite au zoo, eut tout le loisir de remarquer que lorsque Mallaury était passionnée par un sujet, il était impossible de l'arrêter. Et, pour la première fois de la journée, il apprécia cela, puisque ça lui permit d'en apprendre plus sur les animaux stupéfiants qu'étaient les panthères, et, dans le même temps, de meubler un silence qui aurait pu être pesant.

Grâce à cette ingénieuse méthode, le chemin jusqu'au logement de la jeune femme ne sembla durer que quelques secondes, ce qui ravit notre D-J, mais le fit également stresser. Il appréhendait ce qu'il allait se passer une fois arrivés devant la porte de la demoiselle.

Dans les comédies romantiques ( Nino avait horreur de ça, parce que c'était très souvent cliché, répétitif et ridicule ) le jeune homme, en parfait gentleman, raccompagnait la jeune fille jusqu'à chez elle ( comme si elle avait besoin de quelqu'un pour l'escorter... Ridicule ! ), et l'embrassait tendrement ou fougueusement sur le pas de sa porte, comme un baiser d'au revoir, et bien souvent, de bonne nuit.

Or, même si Nino ne supportait pas ce genre de film, il en avait vu suffisamment pour savoir que sa situation ressemblait de trop près à la scène du baiser final, que l'on rencontrait ( bien trop souvent, à son avis ) dans les films et romans à l'eau de rose.

A la fois pour se rassurer et chasser cette idée stupide, Nino se persuada que Mallaury n'était qu'une amie, un peu attirante, soit, mais une amie tout de même.

Lorsqu'ils atteignirent la porte de son immeuble, cependant, la jeune femme se retourna vers lui avec un grand sourire, et lui fit un câlin de remerciement ( Nino avait remarqué qu'elle s'exprimait souvent avec des étreintes ), qui eut pour conséquence de faire rougir le garçon jusqu'aux oreilles.

Se reculant, elle lui adressa un nouveau sourire, et lui tendit un bout de papier que Nino inspecta avec curiosité.

« Je sais que tu n'étais pas emballé par notre venue, à Marco, Louise et moi... Mais, personnellement, j'ai adoré cette journée. Il faudrait que l'on se refasse ça, à l'occasion ! En attendant, n'hésite par à m'envoyer un message, lui dit-elle avec sa gaieté habituelle, avant de lui faire un signe de la main, et de refermer la porte de l'immeuble derrière elle après y être entrée.

Nino resta sur le pas de la porte, pétrifié, avant de se remettre en route automatiquement, pour rentrer chez lui tel un robot programmé pour exécuter cette unique action.

Il ne put tout de même s'empêcher de repenser à ce qu'il venait de se passer, et de sourire comme un imbécile heureux.

« Finalement, se dit-il, c'est encore mieux qu'un baiser final.»

Et c'est le cœur débordant d'épanouissement qu'il réalisa que la morosité qui l'accompagnait ces derniers temps n'était plus qu'un vilain souvenir, chassé par les sourires de Mallaury, et la journée merveilleuse qui s'achevait.

FIN

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