Chapitre 8 : L'anniversaires de mort

Octobre arriva, répandant un froid humide dans le château et ses alentours. Madame Pomfresh, l'infirmière, dut faire face à une épidémie de rhumes parmi les élèves et les enseignants. La Pimentine, une potion qu'elle fabriquait elle-même, se révélait d'une efficacité fulgurante, mais elle avait pour effet secondaire de faire fumer les oreilles pendant plusieurs heures. Harcelée par Percy, Ginny Weasley, qui n'avait pas très bonne mine, fut forcée d'en prendre et la vapeur qui lui sortait de la tête, sous ses cheveux flamboyants, lui donnait l'air d'avoir pris feu. Pendant des jours entiers, la pluie frappa à grosses gouttes les fenêtres du château. Le niveau du lac monta, les massifs de fleurs se transformèrent en mares de boue et les citrouilles de Hagrid eurent bientôt la taille d'une cabane à outils. L'enthousiasme d'Olivier Dubois pour les séances d'entraînement n'avait pas faibli, cependant, et c'est ainsi qu'un samedi après-midi particulièrement pluvieux, Harry rentra trempé et maculé de boue dans la tour de Gryffondor. C'était quelques jours avant Halloween. Même en faisant abstraction de la pluie et du vent, la séance d'entraînement ne s'était pas bien passée. Fred et George qui avaient espionné l'équipe des Serpentard, avaient vu les performances des nouveaux Nimbus 2001. D'après eux, les Serpentard allaient si vite qu'on ne voyait plus d'eux que des traînées vertes qui sillonnaient les airs à la vitesse d'un avion. Alors qu'il avançait dans le couloir désert avec ses chaussures boueuses, Harry croisa quelqu'un qui semblait aussi préoccupé que lui. Nick Quasi-Sans-Tête, le fantôme de la tour de Gryffondor, regardait par la fenêtre d'un air morose.

Nick : Je ne remplis pas les conditions... marmonnait-il. Pour un centimètre...

Harry/Hafsa : Bonjour, Nick, dit Harry.

Nick : Bonjour, bonjour, répondit le fantôme qui sursauta et jeta un coup d'œil autour de lui.

Il avait coiffé un magnifique chapeau à plume sur ses longs cheveux bouclés et portait un pourpoint orné d'une fraise qui dissimulait son cou presque entièrement tranché. Il était pâle comme un panache de fumée et Harry voyait au travers de son corps le ciel sombre d'où s'abattait une pluie torrentielle.

Nick : Vous m'avez l'air bien soucieux, mon jeune Potter, dit Nick en repliant une lettre transparente qu'il rangea dans son vêtement.

Harry : Vous aussi, dit Harry.

Nick : Oh, ce n'est pas très important, répondit Nick Quasi-Sans-Tête avec un mouvement gracieux de la main. En fait, je n'avais pas tellement envie d'en faire partie. Bien sûr, j'ai envoyé ma candidature, mais il paraît que je ne remplis pas « les conditions requises ». Malgré son ton léger, son visage exprimait une profonde amertume. Mais quand même, s'exclama-t-il soudain en sortant la lettre de sa poche, on pourrait penser que recevoir dans la nuque quarante-cinq coups d'une hache émoussée suffirait à vous faire admettre au club des Chasseurs sans tête, non ?

Hafsa : Certainement, répondit Hafsa dont il attendait, de toute évidence, l'approbation.

Nick : Personne plus que moi n'aurait souhaité que le travail soit fait proprement et que ma tête soit tranchée net. Cela m'aurait épargné beaucoup de souffrance et de ridicule. Et pourtant... Nick Quasi-Sans-Tête secoua sa lettre pour la déplier et lut d'un ton furieux : "Nous ne pouvons accepter dans notre club que des membres dont la tête a été complètement séparée du corps. Vous comprendrez bien que, dans le cas contraire, il nous serait impossible de participer à des activités telles que le lancer de tête à cheval, ou la course sans tête. J'ai donc le très profond regret de vous informer que vous ne remplissez pas les conditions requises pour être admis dans notre club. Nous vous prions d'agréer, etc... et c'est signé : Sir Patrick Delaney-Podmore."

Furieux, Nick Quasi-Sans-Tête fourra la lettre dans sa poche.

Nick : Ma tête ne tient que par un centimètre de peau et de tendon, Harry ! Tout le monde penserait que j'ai été bel et bien décapité, eh bien, non ! Ce n'est pas encore assez pour ce monsieur Coupé-Court-Podmore.

Nick Quasi-Sans-Tête respira profondément à plusieurs reprises, puis il reprit d'un ton plus calme :

Nick : Et vous, Harry, qu'est-ce qui vous tracasse ainsi ? Je peux faire quelque chose ?

Harry : Non, répondit Harry. A moins que vous sachiez où nous pourrions nous procurer sept Nimbus 2001 pour notre match contre les Serp...

La fin de la phrase de Harry fut étouffée par un miaulement perçant qui retentit près de ses chevilles. Il regarda par terre et vit deux yeux jaunes qui brillaient comme des lampes. C'était Miss Teigne, la chatte grise et efflanquée qui jouait le rôle d'assistante d'Argus Rusard, le concierge, dans son implacable bataille contre les élèves de Poudlard.

Nick : Vous feriez mieux de filer d'ici, Harry et Hafsa, dit précipitamment Nick. Rusard n'est pas de bonne humeur. Il a la grippe et des élèves de troisième année ont accidentellement projeté de la cervelle de crapaud au plafond du cachot n°5. Il a passé la matinée à tout nettoyer, alors, s'il voit que vous mettez de la boue partout...

Hafsa : Vous avez raison, dit Hafsa en fuyant le regard accusateur de Miss Teigne.

Ils ne furent pas assez rapide, cependant. Attiré par le mystérieux pouvoir qui semblait le lier à son horrible animal, Argus Rusard surgit soudain à travers une tapisserie, la respiration sifflante, le regard flamboyant. Sa tête était enveloppée dans une écharpe écossaise et son nez avait pris une teinte violette.

Rusard : De la saleté ! s'écria-t-il, les bajoues frémissantes, les yeux exorbités.

Il pointa du doigt la mare de boue qui s'était formée autour de Harry.

Rusard : Désordre et cochonneries ! J'en ai assez ! Suivez-moi, les Potter !

La mine sombre, Harry adressa à Nick Quasi-Sans-Tête un signe de la main et suivit Rusard au rez-dechaussée, ajoutant de nouvelles traces de pas boueuses à celles qui existaient déjà. Harry n'avait encore jamais eu l'occasion d'entrer dans le bureau de Rusard. C'était un endroit que les élèves évitaient soigneusement. La pièce, misérable et dépourvue de fenêtres, était éclairée par une simple lampe à pétrole suspendue au plafond bas. Une vague odeur de poisson frit flottait dans l'air. Des placards en bois s'alignaient le long des murs, remplis de dossiers dans lesquels Rusard conservait le détail des punitions qu'il avait infligées aux élèves de Poudlard tout au long de sa carrière. Fred et George Weasley avaient droit à un casier entier pour eux tout seuls. Une collection de chaînes et de menottes soigneusement astiquées était accrochée au mur, derrière le bureau de Rusard. Il était de notoriété publique qu'il avait toujours demandé à Dumbledore l'autorisation de suspendre les élèves au plafond par les chevilles. Rusard prit une plume et un morceau de parchemin qu'il étala devant lui.

Rusard : Allons-y... marmonna-t-il d'un air furieux, remplissons le formulaire... Nom : Harry Potter. Crime...

Hafsa : N'exagérons rien, ce n'était qu'un peu de boue.

Rusard : Pour vous, ce n'est qu'un peu de boue, jeune fille, mais pour moi, c'est une heure de plus passée à récurer vos saletés ! s'exclama Rusard. Nous disions donc, crime : souillure du château...

Hafsa : Pourquoi n'utilisez vous pas la magie ? Ce serait plus rapide !

Rusard : Châtiment proposé...

La plume en l'air, Rusard lança un regard sournois à Harry qui attendait en retenant son souffle que tombe la sentence. Mais au moment où le concierge abaissa à nouveau sa plume, un grand BOUM ! juste audessus du bureau fit vaciller la lampe à pétrole suspendue au plafond.

Rusard : PEEVES ! s'écria Rusard en jetant sa plume dans un accès de rage. Cette fois, je t'aurai !

Et sans un regard vers Harry, Rusard se rua hors du bureau, Miss Teigne sur ses talons. Peeves était l'esprit frappeur de l'école : une menace permanente qui flottait dans les airs en répandant sur son passage désordre et consternation. Harry n'aimait pas beaucoup Peeves mais il lui était reconnaissant de s'être manifesté en cet instant. En attendant Rusard, Harry se laissa tomber dans le fauteuil mangé aux mites, devant le bureau. A côté du formulaire que le concierge n'avait pas fini de remplir, Hafsa vit une grosse enveloppe violette sur laquelle était écrit en lettres d'argent : VITMAGIC Cours par correspondance pour sorciers débutants Intrigué, elle ouvrit l'enveloppe, retira le morceau de parchemin qu'elle contenait et lut le texte qu'elle avait sous les yeux : Vous vous sentez déboussolé dans le nouveau monde de la magie ? Vous n'osez plus jeter de sort en public par peur de paraître ridicule ? Tout le monde éclate de rire quand on vous voit tenir votre baguette magique ? Il existe une solution à vos problèmes ! Suivait une longue description de la méthode proposée, accompagnée de témoignages enthousiastes. Fasciné, Hafsa jeta un coup d'œil aux autres prospectus qu'il trouva dans l'enveloppe. Pourquoi donc Rusard voulait-il suivre un cours de magie par correspondance ? Cela signifiait-il qu'il n'était pas un sorcier à part entière ? A ce moment, il entendit le pas du concierge dans le couloir. Hafsa remit aussitôt les prospectus dans l'enveloppe qu'il jeta sur le bureau à l'instant où la porte s'ouvrait. Rusard avait l'air triomphant.

Rusard : Cette armoire à disparaître avait une grande valeur ! dit-il à Miss Teigne d'un air joyeux. Cette fois-ci, ma mignonne, Peeves est coincé !

Il posa les yeux sur Hafsa puis sur l'enveloppe de la méthode VITMAGIC. Harry se rendit compte trop tard qu'il l'avait jetée à une bonne cinquantaine de centimètres de l'endroit où elle se trouvait auparavant. Le visage d'ordinaire livide de Rusard vira au rouge brique. Harry se prépara à être submergé par une vague de fureur. Rusard saisit l'enveloppe d'un geste vif et la rangea dans un tiroir.

Rusard : Vous... Vous avez lu ? Et toi ? balbutia-t-il.

Harry : Non, mentit Harry.

Hafsa : Non...

Rusard se tordait les mains.

Rusard : Si j'avais pensé que vous liriez ma correspondance privée... D'ailleurs, ce n'est pas à moi... C'est pour un ami... Néanmoins... Cependant...

Hafsa le regardait avec inquiétude. Rusard n'avait jamais paru aussi en colère. Ses yeux lui sortaient de la tête et ses joues flasques étaient agitées de tics.

Rusard : Très bien... Dans ce cas... Sortez... Et pas un mot... Non pas que... Enfin, si vous ne l'avez pas lu... Allez-vous-en, il faut que j'écrive un rapport sur Peeves...

Stupéfait d'avoir une telle chance, Harry prit la main de sa jumelle et se précipita hors du bureau, fila le long du couloir et monta l'escalier quatre à quatre. Sortir du bureau de Rusard sans la moindre punition représentait sans doute un exploit unique dans l'histoire de l'école.

Nick : Harry ! Harry ! Ça a marché ?

Nick Quasi-Sans-Tête sortit d'une salle de classe. Derrière lui, Harry vit les restes d'une grande armoire noir et or qui avait dû tomber de haut et s'était fracassée sur le sol.

Nick : J'ai réussi à convaincre Peeves de la laisser tomber juste au-dessus du bureau de Rusard, dit Nick. J'espérais détourner son attention...

Hafsa : C'était vous ? Oui, ça a très bien marché, on n'a même pas eu de retenue. Merci, Nick !

Ils repartirent ensemble le long du couloir. Harry remarqua que Nick Quasi-Sans-Tête tenait toujours à la main la lettre de refus de Sir Patrick.

Hafsa : J'aimerais bien faire quelque chose pour vous à propos de cette histoire de club...

Nick s'arrêta net. Surpris, Harry n'eut pas le temps de l'éviter et lui passa au travers. Il eut l'impression d'avoir franchi une cascade glacée.

Nick : Il y a quelque chose que vous pouvez faire, s'exclama Nick d'une voix surexcitée.

Hafsa et Harry... serait-ce trop vous demander de... Non, vous n'allez pas accepter...

Hafsa : De quoi s'agit-il ? Si cela vous remonte le moral j'accepterais !

Nick : Le jour d'Halloween sera le cinq centième anniversaire de ma mort, dit Nick Quasi-Sans-Tête en se rengorgeant.

Harry : Ah, dit Harry qui ne savait pas s'il devait avoir l'air joyeux ou désolé.

Nick : A cette occasion, j'organise une petite fête dans le plus grand des cachots. Des amis viendront de tout le pays et ce serait pour moi un tel honneur si vous acceptiez de vous joindre à nous. Mr Weasley et Miss Granger seraient également les bienvenus, cela va sans dire. Mais je me doute que vous préférerez assister à la fête de l'école ?

Il regarda Harry d'un air anxieux.

Harry : Oh, non, dit aussitôt Harry, je serai ravi de venir... Et toi Hafsa ?

Hafsa : J'ai jamais assister alors je suis ok !

Nick : Ah, cher ami ! Harry Potter présent à l'anniversaire de ma mort ! Et...

Il hésita un instant, l'œil brillant d'excitation

Nick : croyez-vous que vous pourriez éventuellement dire à Sir Patrick combien vous me trouvez impressionnant et même terrifiant ?

Harry : Bien... Bien sûr... Nick Quasi-Sans-Tête eut alors un sourire radieux.

Nick : Ah et Hafsa ! Merci ! Vous avez héritez de la bonté et de la gentillesse de votre défunte mère !

Hafsa : Merci !

Hermione : Un anniversaire de mort ? dit Hermione avec enthousiasme lorsque Harry fut redescendu dans la salle commune après s'être changé. Il ne doit pas y avoir beaucoup de vivants qui peuvent se vanter d'avoir assisté à ce genre de fête. Ça va être passionnant !

Ron : Fêter l'anniversaire de sa mort, quelle idée ! bougonna Ron qui était en train de faire ses devoirs. Je ne vois pas ce que ça a de réjouissant !

La pluie continuait de marteler les fenêtres d'un noir d'encre. La salle commune, en revanche, était claire et chaleureuse. Le feu qui ronflait dans la cheminée répandait sa lumière dansante sur les élèves assis dans les fauteuils défoncés et occupés à lire, à bavarder ou à faire leurs devoirs. Fred et George, eux, se livraient à une curieuse expérience. Ils avaient donné à manger des pétards du Dr Flibuste à une salamandre et observaient le résultat avec attention. Hafsa était sur le point de raconter à Ron et à Hermione ce qui s'était passé dans le bureau de Rusard, notamment sa découverte du prospectus de VITMAGIC, lorsque la salamandre s'éleva soudain dans les airs et se mit à tournoyer autour de la pièce en crachant des étincelles dans un bruit d'explosion assourdissant. Devant le spectacle de la salamandre entourée d'une pluie d'étoiles qui jaillissait de sa gueule et de Percy qui se déchaînait contre Fred et George en hurlant à s'en casser la voix, Hafsa oublia complètement le concierge et sa méthode VITMAGIC. Lorsque arriva le jour d'Halloween, Harry regretta d'avoir promis un peu hâtivement d'assister à la fête de Nick Quasi-Sans-Tête. Les élèves de l'école se préparaient avec enthousiasme au grand festin qui allait les réunir. La Grande Salle était décorée avec des chauves-souris vivantes, les énormes citrouilles de Hagrid avaient été évidées pour en faire des lanternes où on aurait pu s'asseoir à trois et, d'après les rumeurs, Dumbledore avait fait venir une troupe de squelettes dansants pour assurer le spectacle.

Hafsa : Une promesse est une promesse, de hafsa à Harry d'un ton autoritaire. Et tu as dit que tu irais à cette fête. 

Ainsi, à sept heures du soir, au lieu de se rendre dans la Grande Salle, Harry, Hafsa, Ron et Hermione prirent la direction des cachots. L'étroit passage qui menait à l'endroit où se passait la fête de Nick Quasi-Sans-Tête était éclairé par des chandelles fines et noires dont la lueur bleuâtre leur donnait à eux aussi l'aspect de fantômes. Il faisait de plus en plus froid à mesure qu'ils avançaient. Bientôt, ils entendirent un son épouvantable, comme des centaines d'ongles crissant sur un énorme tableau noir.

Ron : C'est de la musique, ça ? murmura Ron. Derrière un angle du couloir, ils virent soudain Nick Quasi-Sans-Tête qui se tenait dans l'embrasure d'une porte tendue de draperies noires.

Nick : Mes chers amis, dit le fantôme d'un ton lugubre, soyez les bienvenus... Je suis si content que vous soyez là.

Il ôta son chapeau à plume et les invita à entrer en s'inclinant devant eux. Un spectacle stupéfiant s'offrit alors à leurs yeux. Des centaines de silhouettes translucides, d'une couleur gris perle, glissaient autour d'une piste de danse bondée où d'autres formes spectrales valsaient au son terrifiant d'une trentaine de scies musicales jouées par des musiciens rassemblés sur une estrade tendue de noir. Au plafond, un lustre formé d'un bon millier de chandelles noires diffusait une lumière d'un bleu éclatant. Harry, Ron et Hermione virent de la buée sortir de leur bouche. C'était comme s'ils avaient pénétré dans une chambre froide.

Harry : Allons jeter un coup d'oeil, suggéra Harry qui voulait se réchauffer les pieds.

Ron : Fais attention de ne traverser personne, dit Ron d'une voix inquiète.

Ils s'avancèrent alors dans la pièce et passèrent devant un groupe de nonnes à la mine funèbre, un homme en haillons couvert de chaînes et le Moine Gras, le joyeux fantôme de Poufsouffle, en grande conversation avec un chevalier dont le front était transpercé d'une flèche. Harry ne fut pas surpris de voir que le Baron Sanglant, l'horrible fantôme de Serpentard, couvert de taches de sang, restait seul dans un coin, ignoré par les autres spectres.

Hermione : Oh non, dit Hermione en s'immobilisant. Vite, demi-tour, je ne veux pas parler à Mimi Geignarde...

Hafsa : 'mione.....

Harry : Qui ça ? dit Harry tandis qu'ils revenaient précipitamment sur leurs pas.

Hafsa : Elle hante les toilettes des filles, au deuxième étage.

Ron : Les toilettes ?

Hafsa : Oui. Elles ont été inutilisables pendant toute l'année parce qu'elle n'arrêtait pas de piquer des crises en provoquant des inondations.

Hermione : Je n'y vais jamais tant que je peux l'éviter. C'est terrible d'aller aux toilettes et de l'entendre gémir sans arrêt...

Ron : Regarde. A manger, dit Ron.

De l'autre côté du cachot, une longue table était recouverte de velours noir. Ils s'en approchèrent d'un air gourmand mais se figèrent soudain sur place avec une grimace horrifiée. L'odeur qui se dégageait du buffet était parfaitement répugnante. De gros poissons pourris s'étalaient sur des plats d'argent, entre des amoncellements de gâteaux brûlés comme du charbon. Il y avait aussi un énorme hachis grouillant de vers et un morceau de fromage couvert de moisissure verdâtre. Au milieu de la table, à la place d'honneur, se dressait un gigantesque gâteau en forme de pierre tombale sur lequel était écrit en lettres noires : Sir Nicholas de Mimsy-Porpington mort le 31 octobre 1492

Ron : Il vaudrait mieux qu'on ne reste pas trop près, dit Ron. J'ai mal au cœur. Ils avaient à peine fait demi-tour qu'un petit homme jaillit de sous la table et vint flotter devant eux.

Harry : Bonjour, Peeves, dit prudemment Harry.

 A la différence des fantômes qui évoluaient autour d'eux, Peeves, l'esprit frappeur, n'avait rien de pâle ni de transparent. Il portait un chapeau pointu orange vif, un nœud papillon qui tournait sur lui-même et arborait un large sourire sur son visage sournois.

Peeves : Vous voulez grignoter quelque chose ? proposa-t-il aimablement en leur tendant un bol remplis de cacahuètes pourries.

Hermione : Non, merci, dit Hermione.

Peeves : Je vous ai entendu parler de cette pauvre Mimi, dit Peeves, les yeux brillants. Vous avez été grossière avec cette malheureuse Mimi. Il prit une profonde inspiration et hurla : MIMI !

Hermione : Oh, non, Peeves, ne lui répétez surtout pas ce que j'ai dit, elle serait folle de rage, murmura précipitamment Hermione. Je ne le pensais pas, en fait, je n'ai rien contre elle... Oh, bonjour, Mimi... Mimi était un fantôme de jeune fille, petite et trapue avec le visage le plus maussade qu'on puisse imaginer, à demi caché sous de longs cheveux pendants et une paire de lunettes aux verres épais.

Mimi : Quoi ? dit-elle d'un ton sinistre.

Hermione : Comment ça va, Mimi ? demanda Hermione d'un ton faussement enjoué. Ça fait plaisir de te voir hors des toilettes.

Mimi renifla.

Peeves : Miss Granger me parlait de toi, dit Peeves d'un air rusé à l'oreille de Mimi.

Hermione : Je disais simplement que... que tu paraissais en pleine forme, ce soir, dit Hermione en lançant à Peeves un regard furieux.

Mimi observa Hermione d'un air soupçonneux.

Mimi : Tu te moques de moi, dit-elle avec des larmes dans ses petits yeux perçants.

Hermione : Non, non, c'est vrai. J'ai bien dit que Mimi avait l'air en pleine forme, non ? répéta Hermione en donnant un coup de coude à Ron et à Harry.

Harry : Oh, oui...

Ron : C'est exactement ce qu'elle a dit...

Mimi : Ce n'est pas la peine de me mentir, sanglota Mimi qui se mit à pleurer à chaudes larmes tandis que Peeves pouffait de rire derrière elle. Tu crois que je ne sais pas ce que les gens disent de moi dans mon dos ? Le grosse Mimi ! Mimi la moche ! Mimi geignarde, Mimi râleuse, Mimi minable !

Peeves : Tu as oublié « boutonneuse », lui souffla Peeves à l'oreille.

Mimi Geignarde fut alors secouée de sanglots et se précipita hors du cachot, poursuivie par Peeves qui la bombardait de cacahuètes pourries en criant :

Peeves : Boutonneuse ! Boutonneuse !

Hermione : Oh, là, là, dit tristement Hermione. Nick Quasi-Sans-Tête se glissa vers eux en traversant la foule.

Nick : Vous vous amusez bien ? demanda-t-il.

Tous : Oh, oui, mentirent-ils en chœur.

Nick : Belle soirée, dit Nick fièrement. Il va bientôt être l'heure de mon discours. Je vais prévenir l'orchestre.

Mais au même moment, l'orchestre s'arrêta tout seul. Tout le monde fit silence en regardant partout d'un air surexcité. Le son d'un cor de chasse venait de retentir.

Nick : Ah, les voilà, dit Nick d'un ton amer.

Une douzaine de chevaux fantômes traversèrent soudain le mur du cachot, montés chacun par un cavalier sans tête. Les invités applaudirent à tout rompre. Harry se mit à applaudir également, mais il s'interrompit en voyant la tête de Nick. Les chevaux galopèrent jusqu'à la piste de danse, puis s'arrêtèrent au milieu en se cabrant avec élégance. En tête de la troupe, un fantôme de haute stature tenait sous le bras sa tête qui sonnait du cor. Il descendit de cheval, leva sa tête à bout de bras pour jeter un coup d'œil à la foule qui éclata de rire et s'avança ver Nick Quasi-Sans-Tête en enfonçant sa tête sur ses épaules.

??? : Nick ! rugit-il. Comment vas-tu ? Ta tête tient toujours ?

Il éclata d'un rire sonore et lui donna une grande tape sur l'épaule.

Nick : Sois le bienvenu, Patrick, dit Nick d'un ton raide.

Patrick : Ma parole, mais il y a des vivants, ici ! s'exclama Sir Patrick en voyant Harry, Hafsa, Ron et Hermione.

Il fit semblant de sursauter et sa tête tomba à nouveau, provoquant l'hilarité générale.

Nick : Très drôle, dit Nick d'un air sombre.

Patrick : Ne t'inquiète pas, Nick, dit la tête de Sir Patrick qui avait roulé sur le sol. Alors, toujours furieux de n'avoir pas été admis au club ? Mais aussi, regarde-toi un peu...

Harry : Moi, dit Harry, répondant à un coup d'œil appuyé de son hôte, je trouve que Nick est très... effrayant et, heu...

Patrick : Ha ! Ha ! s'écria la tête de Sir Patrick, je parie que c'est lui qui vous a demandé de dire ça, jeune homme !

Hafsa : Non je vous assure la dernière fois, il ma fait tellement peur que j'ai crut que j'allait avoir un arret cardiaque !

Nick : Si vous voulez bien m'accorder quelques instants d'attention, c'est l'heure de mon discours, dit Nick d'une voix forte.

Il monta sur le podium baigné d'une lueur bleuâtre et glacée, mais il eut à peine le temps de prononcer quelques mots : Sir Patrick et ses compagnons venaient de se lancer dans une partie de hockey en utilisant leur tête en guise de balle. Nick essaya d'attirer à nouveau l'attention de ses invités, mais la tête de Sir Patrick lui passa devant le nez sous les acclamations de la foule et il renonça.

Harry : Venez, on s'en va, dit Harry. Suivi de Hafsa, Ron et d'Hermione, il sortit du cachot et tous quatre remontèrent le passage éclairé par les chandelles noires.

Ron : Peut-être qu'il restera encore du gâteau, dit Ron avec espoir en hâtant le pas vers l'escalier qui remontait au rez-de-chaussée.

Ce fut à ce moment-là que Harry l'entendit à nouveau. Et Hafsa avait une vision.

??? : ... déchire... écorche... tue...

C'était la même voix, froide et mortelle, qu'il avait entendue dans le bureau de Lockhart. Il s'immobilisa et tendit l'oreille, en scrutant la pénombre du couloir.

Hermione : Harry, qu'est-ce que...

Harry : C'est encore cette voix. Taisez-vous...

Hafsa : Encore ces fichue visions. Je vois du sang sur un mur on dirait que ca écrit quelque chose !

??? : ... si af amé... depuis si longtemps...

Harry : Ecoutez ! dit Harry.

??? : ... tuer... il est temps de tuer...

La voix devenait de plus en plus faible. Elle s'éloignait, Harry en était sûr. Elle montait quelque part dans le château. Un mélange de peur et d'excitation les poussez en avant.

Hafsa : Par ici ! s'écria-t-elle. Elle monta l'escalier quatre à quatre et se précipita dans le hall d'entrée. Mais le vacarme des conversations qui provenaient de la Grande Salle, où le festin d'Halloween se poursuivait, empêchait d'entendre quoi que ce soit d'autre. Harry monta alors au premier étage, suivi de Ron et d'Hermione.

hermione : Harry, qu'est-ce que...

Hafsa : CHUT !

Hafsa tendit à nouveau l'oreille. Il entendait la voix qui continuait de s'éloigner en montant dans les étages.

Hafsa : ... Je sens l'odeur du sang... L 'ODEUR DU SANG !

Harry : Il va y avoir un meurtre ! s'exclama Harry, l'estomac noué.

Il monta les marches quatre à quatre jusqu'au deuxième, Ron et Hermione sur ses talons, puis il parcourut tout l'étage au pas de course, cherchant désespérément d'où pouvait venir la voix. Enfin, ils arrivèrent dans un couloir désert et soudain, Hermione poussa un cri.

Hermione : Regardez ! s'écria-t-elle. Quelque chose brillait sur le mur, en face d'eux.

Ils s'approchèrent lentement, scrutant la pénombre. Tracée en grosses lettres entre deux fenêtres, une inscription scintillait dans la lueur des torches qui éclairaient le passage :

Hafsa : LA CHAMBRE DES SECRETS A ÉTÉ OUVERTE. ENNEMIS DE L'HÉRITIER, PRENEZ GARDE.

Ron : Qu'est-ce que c'est que ça, là, en dessous ? dit Ron d'une voix tremblante.

Lorsqu'ils s'approchèrent un peu plus, Harry faillit tomber en glissant dans une flaque d'eau, mais Ron et Hermione le rattrapèrent de justesse. Ils se penchèrent alors sur une forme noire qui se dessinait sous le message et tous trois firent aussitôt un bond en arrière, les pieds en plein dans la flaque. Miss Teigne, la chatte du concierge, était pendue par la queue à une torchère. Elle était raide comme une planche, les yeux grands ouverts. Pendant quelques instants, ils restèrent figés de terreur.

Ron : Filons d'ici, dit enfin Ron.

Harry : On devrait peut-être essayer de... suggéra maladroitement Harry.

Ron : Fais-moi confiance, il ne faut surtout pas qu'on nous trouve ici, répliqua Ron. Mais il était trop tard.

Un grondement semblable à un lointain coup de tonnerre, leur indiqua que le festin venait de se terminer. De chaque extrémité du couloir leur parvenaient les conversations joyeuses des élèves repus et le bruit de centaines de pieds qui montaient les escaliers. Un instant plus tard, un flot d'élèves se déversait dans le couloir. Les conversations et les bruits de pas s'évanouirent peu à peu lorsque les premiers arrivants aperçurent la chatte pendue au mur. Harry, Ron et Hermione étaient seuls au milieu du couloir dans le silence qui régnait à présent. Autour d'eux, la foule se pressait pour contempler le sinistre spectacle. D'une voix forte, quelqu'un rompit alors le silence.

Malefoy : Ennemis de l'héritier, prenez garde ! Bientôt, ce sera le tour des Sang-de-Bourbe !

C'était Drago Malefoy, qui s'était faufilé jusqu'au premier rang. Ses yeux froids flamboyaient et son visage habituellement pâle s'était empourpré. Avec un grand sourire, il regarda longuement la chatte immobile, pendue au mur.

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