Fuite éperdue

Salut à tous! J'espère que vous avez passé un merveilleux Noël! Voici un petit chapitre, j'espère que ça vous plaira ;-)
Sinon, profitez bien de votre famille et de vos amis pendant cette période de fêtes! Bonne lecture :-D
Alk

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Aarius se dépêchait en direction de la place centrale de la ville, espérant ne pas arriver après le discours du si redouté Commandeur. Ce qui avait de paradoxal avec cet homme, c'est qu'il était autant craint qu'aimé par la population. Il pouvait être très effrayant et cruel, surtout si l'on ne rentrait pas dans les rangs ou qu'on lui déplaisait. Il en découlait que trois-quarts du peuple humain l'adulait tout en lui léchant les bottes et que le quart restant le haïssait tout en faisait l'hypocrite à côté. Et parfois, la cruauté du Commandeur retombait sur des innocents. Enfin, parfois... Régulièrement plutôt.

Aarius soupira. Cet homme, ce puissant, était l'un de ceux qu'il abhorrait le plus dans le panel de ses employeurs. Il était le prototype même de l'homme que l'on ne peut que détester, dans les histoires humaines. Gros, gras, aimant l'argent et la bonne chère, il aimait se vanter et exposer aux yeux de tous, même des plus miséreux, sa richesse et son opulence. Il ne croyait qu'en son argent et se permettait à peu près toutes les privautés, pensant régner sur le monde.

Souvent, les missions qu'il confiait à Aarius étaient dégradantes, inutiles et, le plus souvent, concernaient de pauvres gens qui avaient eu le malheur de lui déplaire. Cette antipathie était réciproque entre les deux hommes, car le Commandeur faisait toujours en sorte de le mépriser et de le rabaisser, quelle que soit la façon.

Aarius, pour ces diverses raisons, était bien content que sa fuite tombe au moment où ce gros balourd trainait en ville. Ainsi, la faute retomberait sur lui, le plus haut gradé présent au moment des faits. Parce qu'il avait beau se figurer être le centre du monde, ses supérieurs tiraient les ficelles au-dessus. Ils le laissaient faire joujou avec ses babioles mais le manipulaient aisément. ''Celui qui se croit marionnettiste est en fait la marionnette''. Ce vieux proverbe idragonian convenait parfaitement à cette situation pleine de faux-semblants. Le plan, maintenant, c'était que le Commandeur ne le repère pas, tout comme les soldats qui l'entoureraient certainement. Il écouterai ce qu'il pourrait et prendrai ensuite la fuite. Enfin, si on le laissait faire. Il en venait à suspecter Zeika de s'être fait passer pour morte afin de pouvoir s'évader...

Cela l'amena à repenser à Salia. Pourquoi avait-elle réagi ainsi ? Il s'était rendu, après avoir manifesté une évidente envie de tuer ses proches, les dernières personnes chères qui lui restait. Il lui avait laissé l'occasion de se venger, de le faire payer pour tout ce qu'il lui avait fait. Mais au lieu de lui ôter la vie (comme toute personne trahie l'aurait fait), elle l'avait assommé. Bon, elle l'avait aussi laissé par terre, en pleine rue, à la merci de quiconque passerait par là... Mais elle lui avait laissé la vie sauve... Cela, il avait du mal à le comprendre. Si jamais il venait à la recroiser, il l'interrogerait sur ce point-là. Il s'en fit la promesse. Enfin, s'il avait cette chance.

Aarius soupira, pour la centième fois depuis son réveil, lui semblait-il. Le jeune homme ne savait même pas si elle accepterait de lui pardonner un jour. L'Alfide qui avait ravi son cœur était devenue plus mature mais surtout, elle s'était endurcie. Y'avait-il, au fond d'elle, encore un peu de la petite fille tendre qu'elle était avant ? Il n'en savait rien et n'osait pas s'avancer là-dessus. Mais il espérait, au fond de lui, que ce soit le cas. Sinon, il aurait perdu toute chance de pouvoir à nouveau revenir à ses côtés un jour. Peut-être même que ce serait déjà le cas...

Il continua à cogiter, marchant dans les rues étrangement désertes. Le seul moment où cela arrivait, c'était la nuit, aux heures les plus noires. Sauf que là, il faisait jour. Plein jour, même, maintenant. On ne devait pas être très loin de midi, le soleil étant quasiment à son paroxysme.

Une dernière chose concernant l'Alfide qui avait ravi son cœur le tracassait. Quels seraient ses plans, à présent ? Elle avait récupéré son père, était revenue dans leur monde et était sans doute en route pour la capitale. Mais après ? Se contenterait-elle de revenir à ses habitudes ? Redeviendrait-elle la Salia qui s'entrainait pour dépasser son père le Général ?

Il ne le pensait pas. Selon lui, elle n'en resterait pas là. Elle chercherait à avoir le fin mot de l'histoire. Il prit alors une folle décision. Il la rejoindrait et il lui donnerait ce qu'elle cherchait. Peu importe comment ou le prix à payer pour cela. Il savait que tout miser là-dessus était dangereux mais dès à présent, il n'avait plus le choix ; s'il échouait, il n'aurait plus qu'à mourir.

Quelques dix minutes après, il arrivait aux alentours de la place. Celle-ci était bondée, remplie de la totalité des humains de la ville. C'était la plus grande place de l'agglomération, prévue pour ce genre d'occasions. Mais même ainsi, la foule débordait dans les rues adjacentes, qui menaient à l'espace dégagé. Au centre de celui-ci, au vu et au su de tous se tenait le Commandeur, perché sur une estrade. Il était entouré de gardes et tenait un micro. Sur les façades des bâtiments environnants, de grands panneaux retransmettaient son images, histoire que tous les citoyens puissent profiter de sa grandeur.

Le Commandeur se pavanait sur ses planches, déambulant le micro à la main. Apparemment, il venait à peine de commencer, et faisait l'introduction. Aarius leva les yeux au ciel devant tant de faste inutile puis alla se mettre dans un renfoncement de porte. Ainsi caché par l'ombre de la porte cochère, il continua à observer son prétendu supérieur et essaya de récupérer des informations utiles de ce discours éthéré. En gros, l'homme expliquait que de nouvelles réformes seraient mises en place, que c'était pour le bien du peuple, qu'il y aurait des taxes mais que non, non, elles ne seraient pas aussi dures que les précédentes, que suite à une intrusion dans la ville, de nouvelles patrouilles seraient demandées. Comme le peuple grondait en entendant cela, le Commandeur se mit à faire son petit numéro. Il expliqua à ses auditeurs que, vraiment, cela lui fendait le cœur d'avoir à agir ainsi mais que c'était pour le bien et la sécurité de tous et oui, sincèrement, il espérait que cela change quelque chose.

Le seul Alfide de la foule soupira, pas dupe pour un sou. Il allait se remettre à écouter quand il vit, autour de la place, des gardes qui semblaient chercher quelqu'un. Il fronça les sourcils. Que se passait-il ? Soudain, l'une des gardes mima à un autre des oreilles en pointes et désigna une toiture bleue puis ses cheveux. Une sueur glacée coula dans son dos et un présentiment le figea sur place. Ils le cherchaient !

Il n'avait plus de temps à perdre. Il enfila discrètement sa cape et baissa sa capuche, cachant ainsi son visage. Ensuite, se glissant parmi les badauds, il prit la direction de la porte Est de la ville, près des usines, endroit qui serait totalement déserté. Derrière lui, la foule avait remarqué le manège des gardes et l'on commençait à chuchoter. Aarius pressa le pas. Il devait fuir, à tout prix.

Le bruit d'une poursuite dans son dos, le dernier Alfide de la ville s'empressa de disparaitre entre les étroites ruelles. Dans le ciel, le soleil arrivait à son point culminant. Il était midi et la fuite d'Aarius commençait.

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