Sev se penche sur son fils pour l'embrasser. Pas encore aussi grand que sa mère. Il ressemble à son père. Mal à l'aise, l'émotion des retrouvailles l'empêche de se lâcher complètement. Et puis... Vedran est crispé. L'adolescent, en cet instant plongé dans l'enfance, a envie devant sa mère de redevenir ce bébé abandonné. En se redressant, Sev lui demande où sont ses grands-parents. La mine triste, l'enfant baisse le regard puis pointe son doigt vers le ciel. Il n'y a jamais eu d'étage ou de grenier, aucune ambiguïté sur la signification du geste. Vedran n'est pas à sa place, annoncer à sa mère la mort de la sienne. Un malaise perceptible les refroidit. Muet, empoté, comment se sentir autrement dans une telle situation, le garçon voudrait se trouver ailleurs.

Un voile blanc recouvre l'esprit de Sev, foudroyée par la nouvelle. Elle vacille, laisse glisser son sac le long de son flanc, ses genoux plient, pour ne pas tomber ses mains se posent sur les épaules de son fils. Sans un mot elle s'accroupit devant lui. Sev prend Vedran dans ses bras et le serre puissamment. La mère sent son le corps du jeune adolescent sangloter au creux de son cou. Elle souhaite rester forte et laisse perler ses propres larmes en silence. Elle se remémore la dernière lettre reçue de ses parents à peine quinze jours auparavant. Son cerveau se vide, ses pensées deviennent transparentes. Leurs larmes de joies et de tristesses se mêlent.

La maison des parents fermée depuis quelques jours déjà, la sœur de Sev ne pouvant ni la joindre, ni rester avec Vedran, avait déposé ce dernier au point de rencontre convenu.

Perdue et désorientée, Sev prend son fils par la main et l'emmène à la voiture. Le garçon a avec lui une mallette d'affaires rassemblées par sa tante. Ils partent chercher un hôtel où passer la nuit et s'arrêtent en chemin dans un restaurant.