Son pays sage, enfin, au bout d'un chemin de plus de treize heures. Elle ne reconnaît plus trop les villes, les panoramas ont évolué. Elle se remémore ses racines familiales, la tante de Maribor, l'ex-habitante de la cité phocéenne passe en revue les personnes qu'elle n'a plus visitées. Elle ne pensait plus à elles depuis des lustres bien poussiéreux.

Arrivée à Ljubljana. La ville a été transformée. Inconsciemment Sev essaie de trouver des points communs entre sa cité et Marseille. La guerre n'a pas laissé de stigmates, mais la Slovène ne reconnaît pas vraiment l'agglomération.

Son enfance ne s'est pas toujours déroulée au même endroit, mais elle retrouve des souvenirs. Le faubourg calme. Les paumes de ses mains sont moites à mesure qu'elle se rapproche de son point de chute.

La jeune femme gare sa voiture dans la rue, juste en face de la maison des parents. L'entrée encore absente de son champ de vision, un haut portail en ferraille rouillée garde le foyer. Il a vieilli lui aussi, vert avant son départ, la rouille a pris le dessus. Pas surprise que le portillon ne soit pas ouvert, la nuit tombe et il était incertain que son horaire d'arrivée soit respecté.

Sev imagine déjà sa famille rassemblée sous le porche, prête à l'accueillir. Elle visualise son fils Vedran entouré de ses grands-parents, peut-être un cousin ou un copain à lui. Sa mère a dû lui préparer un bon plat. Elle n'a jamais retrouvé certains aliments de sa région natale à Marseille. Soudain ils lui manquent. Elle a l'eau à la bouche, salive de ce moment de bonheur à venir... enfin les retrouvailles si souvent souhaitées ! La plupart de ses affaires restent dans la voiture, elle viendra chercher plus tard valises et présents. Elle s'empare de son petit sac à main et va d'un pied décidé vers un moment inoubliable.