Chapitre 26 : Notre famille

MOI Julie White, fais la promesse de protéger cette... MA famille jusqu'au bout.

Je reste allongée sur les marches d'escalier en méditant les yeux fermés. Je fais le tri dans mes pensées et me prépare mentalement à devenir une vraie White. On s'est attaqué à ma famille, je ne peux plus laisser ça passer, je dois changer. Jason arrive et m'observe en silence, je reste imperturbable, immobile comme une statue. Il me soulève et me porte jusqu'à ma chambre. Il me dépose délicatement sur mon lit et dégage les quelques mèches fines de cheveux qui couvraient mon visage puis dépose un baiser sur mon front.

Julie_ je sais que ton travail de maire te demande beaucoup de temps et que tu as quand même décidé de venir car tu t'inquiétais pour moi.

J'ouvre les yeux pour croiser son regard.

Julie_ mais aujourd'hui tu n'auras plus besoin de te faire du souci car les choses vont changer.

Jason_ changer ?

Julie_ Julie Aiguon était la servante innocente et faible mais Julie White est très différente. Je vais faire en sorte de ne plus être une honte pour vous, je ne serai plus un moyen de pression que les autres utilisent pour vous atteindre.

Jason_ tu n'es pas une honte pour nous.

Julie_ pourtant Jacob est en train de perdre l'entreprise à cause de moi.

Jason_ tu n'es pas responsable Julie, c'est Zen le fautif dans tout ça.

Julie_ je ne lui donnerai plus de raison de s'en prendre à vous, je vais devenir quelqu'un qui mérite sa place dans cette famille autant que lui.

Jason_ moi j'aimais Julie la servante, j'aimais quand tu n'avais pas grand-chose mais que ça te convenait. J'aime quand tu es triste, apeurée, vulnérable et que j'ai envie de te protéger. Quand tu es romantique et amoureuse avec des étoiles plein les yeux, quand tu es sexy et séductrice à m'en faire tourner la tête. Lorsque tu es en colère, insolente à rendre fous tous ceux qui te tiennent tête. Lorsque tu es forte confiante et impressionnante, que tu es capable à toi toute seule de guérir les blessures les plus graves, de faire sourire ceux qui ont perdu foi au bonheur, de faire taire les jaloux et d'imposer le respect à tous ceux qui ont un jour douter de toi.

Julie_ ?

Jason_ j'aime toutes les facettes de ta personnalité alors quoi que tu fasses, qui que tu deviennes je te soutiendrai toujours moi, Jason White, ton mari qui t'aime tant.

J'ai tellement de la chance de l'avoir près de moi. C'est parce que j'ai cette force qu'ils ont placés en moi que je peux tout faire. C'est avec ce feu de détermination nouveau que je termine ma nuit, le sang d'ores et déjà bouillant. Le lendemain je me rends dans la chambre de Jacob. Il est toujours cloué au lit pour se remettre de son agression.

Julie_ bonjour.

Jacob_ c'est toi...

Nous nous échangeons un long regard silencieux. Le ton est monté hier, au lieu d'être soudés nous nous sommes pris la tête pour des futilités. Je dépose son plateau déjeuné sur la commode, les mots ne veulent pas sortir... Je me sens trop coupable.

Julie_ je te sers du café ?

Jacob_ j'ai appris que tu avais licencié Cal.

Julie_ oui... Tu m'en veux ?

Jacob_ non, tu es la Maîtresse de la maison tu as le droit d'embaucher ou de renvoyer qui tu désires.

Julie_ je prends l'entière responsabilité du départ de Cal, je trouverais quelqu'un d'autre pour le remplacer, je vais même prendre sa place le temps qu'on trouve une nouvelle personne.

Si je me sens trahie c'est ma faute, je n'aurais pas dû accorder ma confiance aussi facilement. Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même.

Julie_ tu avais raison.

Jacob_ ?

Julie_ c'était Cal l'espion de Zen. Oxia n'avait rien à voir dans cette histoire...

Encore une fois elle passe entre les mailles du filet.

Julie_ j'avais tort et tu avais raison...

Jacob_ viens près de moi mon amour.

Je dépose la tasse de thé que je serrais fermement pour aller me réfugier dans ses bras.

Jacob_ tu as dû beaucoup souffrir de sa trahison.

Julie_ pourquoi les gens sont-ils capables de vendre leurs âmes pour de l'argent ?

Jacob_ ce sont les règles de ce monde.

Julie_ c'est dans ces conditions que vous avez toujours vécu ? Devoir vous méfier de tout le monde par peur d'être utilisé... C'est horrible.

Jacob_ c'est pourquoi on doit être soudés.

Julie_ oui, la famille, c'est le plus important.

Je me redresse et fixe Jacob sérieusement.

Julie_ c'est pourquoi je vais arranger la situation, je me battrais jusqu'au bout pour toi.

Jacob_ je n'aime pas trop ce regard... Qu'est-ce que tu manigances ?

Julie_ je veux m'entretenir seule avec ton grand-père.

Il reste sans voix une seconde en attendant que je lui dise que je plaisante mais dommage ! Je suis très sérieuse.

Jacob_ ce n'est pas une bonne idée, Grand-père a des valeurs très, trop conservatrices. Il pourrait prendre ce geste comme une offense.

Julie_ je n'abandonnerais pas !

Jacob_ ...

Julie_ je suis prête à camper devant chez lui jusqu'à ce qu'il accepte de me recevoir !

C'est peut-être la pire des idées mais je tente le tout pour le tout. Soit ça passe, soit ça casse.

Jacob_ si tu sombres tu nous entraînes tous dans ta chute.

Julie_ j'en suis consciente.

Jacob_ ...

Je prends ce risque.

Jacob_ c'est ça la famille.

Julie_ ?

Il appuie sur son beeper et Marcel entre dans la chambre.

Jacob_ Marcel planifiez un entretien avec mon grand-père.

Marcel_ êtes-vous en état ?

Jacob_ ce n'est pas pour moi mais pour Julie.

Marcel_ pour Madame ?

Il nous regarde confus.

Jacob_ maintenant.

Marcel_ o-oui Maître. (S'incline)

Ils me font confiance, à moi d'assurer ces négociations ! Une semaine plus tard Monsieur White Sénior accepte la rencontre. Je me rends donc seule à sa résidence en montagne pour m'entretenir personnellement avec lui. Ses domestiques me font entrer dans son bureau où il reste assis en silence à me fixer froidement. La dernière fois que je l'ai vu il m'a insulté, il ne ressentait que du mépris pour moi ou plutôt de l'indifférence. Mais aujourd'hui il va devoir me voir telle que je suis. Je suis une tête de mule.

Julie_ hum...

Grand-Père_ je suis celui qui a engagé Robert lorsqu'il n'était qu'un jeune apprenti.

Julie_ je vous remercie pour ça, grâce à vous mon grand-père et moi avons beaucoup appris de vous.

Grand-Père_ si j'avais su que sa petite-fille aurait le culot d'épouser mon petit-fils, je ne l'aurais pas fait.

Julie_ ...

Au moins c'est clair.

Julie_ vous me méprisez mais vous ne me connaissez pas.

Grand-Père_ je n'ai pas besoin de vous connaître.

Julie_ ce qui compte c'est votre famille, votre entreprise, ai-je tort ? Vous savez qu'il n'y a pas meilleur candidat au poste de président que Jacob. Mon époux a travaillé toute sa vie pour en arriver là, il s'est donné corps et âme pour cette entreprise.

Grand-Père_ il a défié mon autorité, trahi ses ancêtres. Il n'a le droit à rien du tout.

Julie_ le problème est clairement moi, n'est-ce pas ?

Sans moi, cette discussion n'aurait même pas lieu.

Julie_ n'y aurait-il un moyen d'arranger tout ceci ?

Grand-Père_ Jacob ne peut être marié à une servante.

Julie_ très bien.

Grand-Père_ vous allez demander le divorce ?

Julie_ non.

Grand-Père_ non ??

Julie_ j'aime votre petit-fils et je resterais à ses côtés quoi qu'il arrive. J'ai vraiment envie de respecter vos traditions ancestrales mais en ce qui concerne cette règle d'épouser une personne pour son rang et son titre et non pas par amour, je ne peux vous donner raison.

Grand-Père_ absurde, vous me faites perdre mon temps. Faites-la sortir d'ici.

J'avance et tape sur son bureau. Toutes les personnes présentes dans la pièce sont choquées par mon geste, lui compris.

Julie_ je ne partirais pas tant que vous ne m'aurez pas écouté jusqu'au bout !

Je ne renoncerais pas, non ! Devant ma détermination il fait signe à ses employés de ne rien faire. Je poursuis.

Julie_ vous ne pouvez pas m'accepter à cause de ma condition actuelle et c'est très compréhensible. Je suis moi-même déçue de mon parcours incomplet et insatisfaisant. C'est pourquoi je vous demande juste de me laisser un peu de temps avant de céder vos parts à qui que ce soit.

Grand-Père_ du temps pour quoi ?

Julie_ pour vous prouver que je suis digne d'être l'épouse de votre petit-fils.

Il réfléchit tout en m'observant. Je suis sûrement folle et suicidaire mais je ne lâche rien.

Grand-Père_ vous osez vous présenter devant moi avec votre statut inférieur et vous avez l'audace de me faire une telle requête dans ces conditions ?

Julie_ oui Monsieur.

Grand-Père_ vous êtes insolente et peu raffinée.

Julie_ je le suis.

Je ne vais pas nier l'évidence, je suis comme je suis, il va falloir faire avec.

Grand-Père_ ...Très bien, je vous accorde ce temps.

Je me mords la lèvre inférieure pour m'empêcher de crier de joie puis je joins les mains et m'incline pour le remercier.

Grand-Père_ vous n'aurez pas de deuxième chance.

Julie_ merci infiniment, je ne vous décevrai pas !

Je ne dois pas crier victoire trop vite, c'est maintenant que le véritable défi commence. Les jours qui suivent je me remonte les manches et me mets au travail tout en conciliant mon rôle de grande sœur et tutrice.

Nikko_ la réponse est 2√5 tu t'es trompée dans l'énoncé.

Julie_ je vérifie sur internet et... C'est vrai, bon travail Petit.

Nikko_ (rire) c'est drôle d'étudier avec toi. On dirait que c'est moi le professeur.

Julie_ ne prends pas la grosse tête Petit et d'ailleurs tu vas me résoudre tous les problèmes de cette page.

Nikko_ des équations du second degré, trop simple !

Julie_ hum... Tu te dois de respecter tes aînés alors fais-moi plaisir et fais quelques fautes de temps en temps.

Mon rôle de maîtresse de maison...

Julie_ les haies doivent être coupées dans le jardin et il faut dégager les rosiers, ils ne sont pas assez exposés à la lumière du soleil. Au fait la nouvelle porcelaine est arrivée ?

Marcel_ elle vient d'arriver ce matin.

Julie_ il faut y faire très attention c'est un cadeau de Madame Patricia, il ne faudra pas oublier de la ressortir lorsqu'elle viendra nous rendre visite.

Marcel_ bien Madame.

Julie_ qu'y-a-t-il au menu ce soir ? Jason suit un nouveau régime imposé par son agence, il faut que la liste des ingrédients à bannir soit transmise au chef.

Marcel_ je me chargerais personnellement de vérifier les plats avant le repas.

Mon rôle d'épouse.

Jason_ je devrais envisager de rentrer plus tôt si tu m'accueilles toujours comme ça.

Je le pousse sur le lit puis le chevauche pour le couvrir de baisers.

Jason_ tu es en forme ce soir, comment tu fais pour être infatigable avec tout ce que tu fais la journée ?

Je déboutonne sa chemise progressivement.

Jason_ pas que je m'en plaigne... Surtout pas.

Pour faire glisser ma langue sur son torse.

Jason_ mais tu n'étais pas supposée dormir avec Jacob ce soir ?

Julie_ il n'est pas rentré, il travaille encore.

Jason_ et ça te dérange ? C'est pour ça que tu es plus agressive que d'habitude ?

Julie_ tu veux qu'on parle de ton frère ou tu veux me retirer mes vêtements ?

Jason_ je veux retirer tes vêtements. (Sérieux)

Julie_ alors qu'est-ce que tu attends ?

Il me saisit par la taille et me retourne d'un geste brusque.

Et enfin ma vie professionnelle.

A chaque moment de la journée j'en profitais pour travailler sur le projet que je prépare depuis des jours. Je prends tout ça très au sérieux, il le faut, pour que je garde de la crédibilité. Je dois être sûre de moi à presque 100%, je n'ai pas le droit à l'erreur. Je m'attaque à un poisson bien plus gros que moi, si je ne veux pas me faire dévorer toute crûe je dois mettre toutes les chances de mon côté et être bien préparée avant de plonger dans les fonds marins.

Clara_ Maîtresse avez-vous besoin de quelque chose ?

Julie_ non, ne t'occupe pas de moi. Concentre-toi sur Nikko d'accord ?

Clara_ oui mais... Si vous avez besoin de quoi que ce soit n'hésitez surtout pas à me solliciter, je peux m'occuper du jeune Maître tout en vous servant vous savez.

Julie_ ça ira Clara mais merci pour ton aide.

Je tape la dernière lettre et m'éloigne de mon ordinateur pour prendre du recul. Je l'ai relu une bonne vingtaine de fois, je l'ai corrigé et recorrigé maintenant je ne dois plus rien toucher. Je vois mal comment je pourrais faire mieux, il n'y a plus qu'à croiser les doigts et espérer que mon plan marche. J'ai tout misé dessus, je n'ai pas de plan B. C'est ma dernière chance.

Julie_ Clara il y a bien quelque chose que tu peux faire pour moi.

Clara_ oui Maîtresse, tout ce que vous voulez !

Julie_ fais préparer la voiture, je me rends aux Entreprises White.

Clara_ ?

Je me rends immédiatement à l'entreprise pour jouer ma dernière carte.

Secrétaire_ Monsieur une personne s'est présentée à l'accueil et souhaite obtenir un entretien avec vous.

Jacob_ je n'ai pas le temps, voyez ça avec mon assistante.

Secrétaire_ cette personne est très... Insistante.

Jacob_ et qui est la personne qui vous intimide tant pour venez me déranger en plein travail ?

Il ne décolle pas son regard de ses documents.

Secrétaire_ Madame White.

Jacob lève la tête.

Après avoir attendu un petit moment on me laisse entrer dans le bureau de Jacob. Il est dos à moi regardant par la vitre qui donne une vue incroyable sur toute la ville.

Jacob_ tu aurais pu m'appeler si tu tenais à me voir.

Julie_ je ne suis pas là pour des raisons personnelles.

Il se retourne.

Jacob_ alors pourquoi as-tu demandé un entretien avec moi ?

Julie_ j'ai une proposition d'affaire à te faire.

Jacob_ une proposition ?

Julie_ je suis ici en tant que potentielle associée et non en tant qu'épouse alors j'aimerais que tu me traites de façon professionnelle tant que je serais dans ce bureau.

Jacob_ ...

Je le regarde avec beaucoup de sérieux, je ne suis clairement pas là pour plaisanter et j'aimerais qu'il ne me prenne pas à la légère.

Jacob_ très bien assieds-toi.

Il s'assoit dans sa chaise et je m'installe dans le canapé en face de lui.

Jacob_ alors ?

Je déglutis nerveusement.

Jacob_ qu'est-ce que tu peux apporter aux Entreprises White ?

Il me lance un regard froid et impartial. Je suis immédiatement déstabilisée, envahie par un sentiment d'incertitude et d'intimidation. C'est donc ce que l'on ressent quand on est confronté à un grand PDG ? Ce n'est pas le moment d'être impressionné ! Il faut que je reprenne mes esprits je suis venue ici pour une bonne raison. Je me lève et lui tend un dossier.

Julie_ je sais que l'année dernière votre compagnie s'est attaquée au marcher de la restauration, votre chaîne a connu un franc succès mais pas assez important pour concentrer vos efforts là-dessus. Ce n'est pas votre domaine de prédilection, c'est normal mais les chiffres témoignent tout de même d'un commerce assez lucratif.

Il feuillète le dossier sans me regarder. J'ai fait des études de management avant de m'orienter ailleurs, je sais que je dois bien choisir mes mots et les points que je voudrais souligner. Je n'ai pas beaucoup de temps pour le convaincre donc mes premiers arguments seront décisifs !

Julie_ tout cela montre que le fait d'élargir vos environs est bénéfique pour l'entreprise. Alors pourquoi ne pas étendre encore plus votre influence et ne pas seulement se limiter au secteur de la restauration.

Jacob_ viens en aux faits.

Julie_ j'aimerais ouvrir un hôtel.

Il dépose le dossier sur la table et croise les bras.

Julie_ le projet sera financé par l'entreprise et son nom y sera associé. Si cela marque un vrai succès pourquoi ne pas vous étendre la chaîne à l'échelle nationale ou peut-être même international dans quelques années ?

Jacob_ tu me poses la question ?

Julie_ non, le fait est que ce sera très bénéfique pour l'entreprise si ce projet est mené à bien...

Jacob_ tu as fait ça toute seule ?

Julie_ oui... Je ne suis pas une experte mais j'ai une base en économie et management qui remonte avant mon orientation en hôtellerie et ce projet réunit mes deux compétences...

Jacob_ pourquoi tu me proposes ça ?

Julie_ ...

Je soupire en baissant la tête, inspire profondément puis le regarde de nouveau.

Julie_ je veux hisser les Entreprises White, augmenter leur notoriété et leur chiffre d'affaires même si c'est de peu... Je veux être utile à l'entreprise.

Jacob_ pourquoi ?

Julie_ ainsi je prouverais à ton grand-père que je suis digne d'être ton épouse.

Jacob_ ?

Julie_ et tu ne perdras pas ton poste à cause de moi.

Jacob_ Julie...

Julie_ ton grand-père m'a accordé plus de temps pour faire mes preuves.

Sûrement pour se moquer de moi et trouver encore plus de satisfaction à nous écarter ma famille et moi de son business.

Julie_ non, pas cette fois, cette fois je ne reculerai pas devant des gens qui me croient incapable de réussir par moi-même. Je leur prouverais qu'ils se trompent.

Jacob_ ?

Julie_ je te demande une chose : crois en moi.

Jacob_ ...

Il reste silencieux. Qu'est-ce que je peux être naïve... Lui dire de tout risquer en misant sur moi... Moi qui n'ai aucune expérience dans la gestion d'un hôtel, qui ne connait rien et ne possède rien. Tout ça car je veux prouver ma soi-disant valeur. Je comprendrais qu'il m'envoie balader, je l'aurais fait à sa place.

Jacob_ (sourire) tu es bien ma femme.

Julie_ ?

Jacob_ qu'est-ce tu attends de moi ?

Julie_ oh hum... (Se redresse) Je veux que tu valides et finances mon projet. Que je réussisse ou non je te rembourserai jusqu'au dernier centime !

Jacob_ très bien j'accepte.

Julie_ c'est vrai ??

Je n'arrive pas à croire qu'il ait dit oui !

Jacob_ mais je veux un rapport tous les mois, je me réserve le droit de te fixer des objectifs et un seuil à atteindre, si tu n'es pas à la hauteur dans les délais impartis je mets un terme au projet sur le champ.

Julie_ o-oui Boss.

Jacob_ (sourire)

Julie_ ça faisait longtemps.

On dirait bien que je travaille de nouveau pour lui... Je souris et je me lève.

Julie_ je ne vais plus te prendre de ton précieux temps.

Jacob_ tu vas t'en aller comme ça ?

Julie_ ne me dis pas qu'en me voyant débarquer dans ton bureau tu t'attendais à autre chose. Ce n'est pas convenable Monsieur le Président.

Jacob_ je ne suis pas comme Jason.

Julie_ non, tu es pire. Et ça il n'y a que moi qui puisse l'affirmer.

Jacob_ (sourire)

Julie_ (rire)

Jacob_ tu ne cesseras jamais de me surprendre.

Julie_ je ferais n'importe quoi pour toi.

C'est pour ça que j'ai commencé à me donner corps et âme à ce projet. Quelques mois plus tard j'étais à la tête du tout premier hôtel de luxe White en plein cœur de la ville et j'apprenais petit à petit à le diriger et à le voir grandir et évoluer. Les premières étapes sont les plus déterminantes et Jacob est d'une sévérité à la hauteur de sa réputation. Il m'a envoyé balader une dizaine fois lorsque je lui proposais de nouvelles choses mais ça m'a beaucoup aidé à m'améliorer. J'ai fait plusieurs nuits blanches pour en arriver là et aujourd'hui nous allons voir si mes efforts ont payé... Si j'ai pris la bonne décision, si je suis capable d'accomplir de grandes choses. Jacob et moi nous sommes rendus à la montagne pour présenter à son grand-père les résultats des premiers mois de mise en application de mon projet pour voir s'il est assez rentable pour lui et c'est avec une grande surprise que nous sommes tombés sur Zen, accroché au bureau du grand-père comme une sangsue.

Jacob_ qu'est-ce qu'il fait là ?

Zen_ je suis le futur Président de la compagnie, je dois être informé de tout ce qui concerne l'entreprise.

Grand-Père_ dépêchons.

Il analyse les rapports, les statistiques et documents officiels que je lui fournis pendant que j'essaye de lui résumer mes actions lors des mois passés.

Julie_ en quelque temps l'hôtel a déjà beaucoup gagné en notoriété, il jouit d'une clientèle sélecte et fidèle. J'admets que le nom White joue un grand rôle dans son succès donc j'ai joué de cet aspect très "familiale" pour dynamiser notre image et la rendre plus moderne, tendance et actuelle. J'ai préféré faire participer Jason en priorité pour la promotion de l'établissement. D'ailleurs si vous regardez sur cette page vous verrez que c'est sa photo sur les brochures et il attire une clientèle nouvelle, plus importante et diversifiée du fait de sa double carrière de modèle et de maire.

Zen_ il n'y a pas de quoi être fier.

Julie_ pour l'instant il a mieux réussi que toi.

Zen_ (croise les bras)

Grand-Père_ qu'est-ce que tu en penses Jacob ?

Jacob_ quel que soit le nom et l'image associé à l'établissement, une affaire ne dure que si la gestion de celle-ci est irréprochable donc j'ai été pointilleux et impartial sur cette question.

Julie_ ...

Jacob_ et les résultats le montre, Julie est une très bonne gérante.

Zen_ ?

Jacob_ c'est un fait, ce projet est un succès.

Mes mains tremblent tant la tension est élevée. J'ai fait tout ce que j'ai pu, est-ce suffisant ?

Grand-Père_ il semblerait que cela pourrait rapporter à l'entreprise.

Nous restons tous silencieux dans l'attente de son verdict...

Grand-Père_ c'est du bon boulot.

Jacob et moi, nous regardons tout de suite.

Julie_ est-ce que ça veut dire que je vous ai convaincu ?

Grand-Père_ je ne m'attendais pas à ça honnêtement... Disons que tu m'as surpris.

Zen_ ne vous laissez pas avoir Grand-Père, il est évident que Jacob est derrière tout ça. Il se cache derrière son épouse et maquille tout pour que ça ait l'air prometteur.

Jacob_ je n'ai eu aucun rôle à jouer dans ce projet, tout ce que j'ai fait est garder un œil sur cette collaboration. Julie a tout géré toute seule de A à Z.

Grand-Père_ et ça a payé, elle est talentueuse.

Julie_ merci !

Grand-Père_ j'ai d'abord cru que tu essayais de m'insulter en m'envoyant ton épouse pour jouer les avocates mais je ne savais pas qu'elle ferait autant d'effort. Tu as toujours été têtu et insubordonné néanmoins persévérant. Cela ne me surprend pas que tu aies épousé une femme avec le même tempérament.

Jacob_ ...

C'est un compliment ? Je n'arrive pas bien à savoir avec lui...

Julie_ donc... Vous allez changer d'avis ?

Zen_ ?

Il montre une date entourée en rouge sur l'agenda.

Grand-Père_ qu'est-ce que c'est ?

Julie_ nous organisons un gala de charité pour récolter des fonds pour les enfants atteints de cancer, ce sera une grande soirée avec de nombreux invités connus et influents.

Grand-Père_ ce sera le résultat de ton travail.

Julie_ le résultat ?

Grand-Père_ tout se jouera avec cette soirée, si c'est un succès considère que tu as gagné la place de ton époux sur le siège du PDG.

Julie_ alors il suffit que cette soirée se passe bien ??

Il acquiesce. Je manque de sauter de joie tellement je frétille d'impatience.

Julie_ vous pouvez compter sur moi !

Zen_ Grand-Père tu n'y penses sérieusement pas, cette femme est la petite-fille d'un domestique !

Grand-Père_ cette femme travaille pour faire grandir l'affaire familiale, qu'est-ce que ton épouse sait faire à part engloutir ton argent ?

Zen_ ...

Grand-Père_ j'ai dit que je changerais d'avis si elle s'avère être quelqu'un et elle est bien partie pour se bâtir sa propre fortune.

Ne plus être la femme d'un homme puissant mais être une femme indépendante et ambitieuse mariée à un homme puissant.

Grand-Père_ de plus si le bénéfice de son affaire continue d'augmenter je compte sur toi pour lui donner d'autres fonctions plus importantes.

Jacob_ si je juge qu'elle a les capacités d'occuper un poste plus important, je ferais le nécessaire.

Julie_ quoi ? Une promotion ?

Cela me donne envie de me donner encore plus à fond !

Julie_ merci Boss ! Oh tu es bien mon Boss hein ?

Jacob_ (lève un sourcil)

Julie_ à moins que ce soit vous...

Grand-Père_ ... (Observe)

Je regarde Zen.

Julie_ en tout cas ce n'est certainement pas toi. (Fronce les sourcils)

Zen_ Grand-Père écoute moi, Jacob t'a menti, il n'en fait qu'à sa tête. L'entreprise est vouée à sa perte entre les mains d'un homme aussi...

Grand-Père_ j'ai pris ma décision, il suffit.

Zen devient rouge de rage mais se contient de prononcer le mot de trop. Jacob et moi sortons du bureau, je lui saute dans les bras.

Julie_ prends ça dans ta face ! Tu ne seras plus du tout zen après ça hein ?

Jacob me regarde avec un sourire paisible au coin des lèvres.

Julie_ quoi ?

Jacob_ tu es vraiment incroyable.

Julie_ c'est grâce à toi... Merci de m'avoir fait confiance.

Zen sort du bureau en pétard.

Zen_ vous êtes fiers de vous ?

Julie_ plutôt oui.

Zen_ et vous pensez pouvoir regagner la confiance du principal actionnaire si facilement ?

Julie_ exactement, on va y arriver ensemble en utilisant des méthodes honnêtes contrairement à toi qui es désespéré au point de faire n'importe quoi pour obtenir ce poste.

Zen_ tu ferais mieux de tenir ta femme.

Jacob_ ou sinon quoi ?

Zen_ ça ne se passera pas comme ça, crois-moi, je vais t'écraser jusqu'à ce que tu ne puisses plus te relever.

Il sort de la maison en claquant la porte. J'attrape les mains de mon mari.

Julie_ ignore le, concentrons-nous cette soirée plutôt. Tout va se passer à merveille et tu vas pouvoir garder ton poste, les haineux ne nous atteindront pas.

Je me suis donc hâté à la préparation du gala de charité comme si c'était l'évènement le plus important de l'année. D'une part c'est pour une bonne cause et d'autre part ça va nous sauver donc tout doit être parfait. Je suis confiante, prête à faire un tabac mais c'est sans compter sur l'obstination de Zen. J'ai commencé à recevoir des menaces, on m'envoyait des lettres, des mots accrochés sur la voiture, des appels mystérieux, des attaques contre l'hôtel et j'en passe. Une chose est claire : Zen va tout faire pour bousiller mon affaire et c'est normal c'est la dernière chose qu'il peut faire. Cependant je ne vais pas me laisser abattre pour autant, quoi qu'il tente cette soirée sera un franc succès, il ne m'impressionne pas.

Assistante_ Madame.

Julie_ qu'y-a-t-il Lisa ?

Lisa_ il est midi, Monsieur White vient d'arriver pour votre déjeuner.

Julie_ oh déjà ? Je n'ai pas vu le temps passer, j'y vais tout de suite.

Je me lève de ma chaise et me rend au restaurant de l'Hôtel où Jacob m'attendait à une table.

Jacob_ tu es en retard.

Julie_ excuse-moi mais je suis débordée.

Jacob_ tient donc ?

Julie_ c'est toi mon patron, si tu veux que je sois à l'heure allège ma charge.

Il m'embrasse puis nous installons l'un en face de l'autre autour de la table.

Jacob_ comment ça se passe ?

Julie_ très bien, j'ai même réussi à faire venir J-Star, l'étoile de la pop du moment ! Il faut dire qu'il est venu de temps en temps au restau dans lequel j'ai bossé après avoir perdu mon emploi au manoir et j'avais complétement oublié que je l'avais rencontré heureusement qu'on m'y a refait penser.

Amy nous sert du vin puis me sourit et je lui réponds avec un clin d'œil. Dès que j'ai ouvert l'hôtel j'ai tout de suite voulu reprendre mes anciens collègues et amis pour travailler ici. C'était plus simple de diriger une équipe que je connaissais et en qui j'avais confiance.

Jacob_ je ne parlais pas de ça, je suis sûr que tu feras en sorte que la soirée soit un succès.

Julie_ avec ce que j'ai prévu, ce sera mémorable.

Jacob_ je parle des menaces.

Julie_ ...

Je prends une gorgée de mon verre en regardant ailleurs.

Jacob_ Julie.

Julie_ ce ne sont que des tentatives désespérées pour nous déstabiliser mais ça ne marche pas.

Jacob_ tu crois vraiment qu'il est assez bête pour faire des menaces en l'air ?

Julie_ qu'est-ce qu'il peut faire d'autre ? Ecoute, il nous reste moins d'une semaine. Une semaine et ce sera terminé, plus personne ne remettra en cause ta légitimité.

Jacob_ je veux juste m'assurer que tu ne prends pas tout ça à la légère.

Julie_ bien-sûr que non mais je te le dis et te le répète.

Amy et un autre serveur déposent nos plats sur la table.

Julie_ il n'y a pas de quoi s'inquiéter.

Elle soulève le couvercle de mon assiette puis pousse un hurlement de frayeur en voyant ce qui se cachait en dessous. Ce qui semble être une tête de chien mutilée était posé sur mon assiette avec une lame qui la traversait. Je me couvre la bouche et tourne la tête à cette vision d'horreur.

Serveur_ je suis vraiment désolé Madame, nous n'y sommes pour rien !

Julie_ ...

Jacob_ laissez-nous.

Ils prennent l'assiette et retournent en cuisine.

Julie_ c'est horrible... Heureusement que Nikko n'était pas là.

Jacob_ pas de quoi s'inquiéter ?

Julie_ c'est un malade ce n'est pas nouveau.

Jacob_ Zen n'est pas du genre à plaisanter, il t'a clairement pris pour cible. Je ne peux pas prendre de risque.

Julie_ je comprends c'est pourquoi tu m'imposes ton équipe de gorille et je n'ai pas problème avec ça.

Jacob_ il empêchera que cette soirée se passe bien, qui sait de quoi il est capable.

Julie_ on ne doit pas le laisser nous atteindre mon amour.

Jacob_ l faut qu'on annule le gala.

Julie_ quoi ?? Mais tu n'es pas sérieux j'espère !

Jacob_ je le suis.

Julie_ j'ai fait tout ça pour une seule chose et tu veux tout abandonner si près du but ?!

Jacob_ ce gala ne peut avoir lieu.

Julie_ je refuse !

Jacob_ ce sont des menaces de morts !

Il hausse la voix.

Jacob_ tu es plus importante que n'importe quel poste, je ne peux pas te laisser te mettre en danger pour une raison aussi ridicule. Je suis ton supérieur et je t'ordonne d'annuler la fête !

Julie_ ...

Jacob_ ...

Nous restons tous les deux dans le silence. J'ai l'impression que le sol se dérobe sous mes pieds et que je tombe dans un gouffre sans fin.

Jacob_ je ne veux pas risquer de te perdre.

Je sais ce qu'il ressent, j'aurais fait pareille à sa place mais je ne peux m'empêcher d'accuser le coup. Je me tiens la tête.

Julie_ se prendre échec en pleine face... ça fait toujours si mal.

Il se lève et me prend dans ses bras. Ça ne peut tout simplement pas se terminer comme ça. Pas après tout ce qu'on a fait... Je n'ai pu me faire à cette idée donc je me suis rendue en douce au bureau de Zen pour essayer de trouver un accord. Pourquoi doit-on se faire la guerre comme ça alors que nous sommes de la même famille ?

Zen_ je ne pensais pas que tu serais assez folle pour venir me voir de toi-même.

A la seconde où j'ai passé le pas de cette porte j'ai su que j'allais le regretter.

Zen_ la vie est pleine de surprise.

Julie_ pourquoi tu t'obstines tant à vouloir détruire Jacob ? Pourquoi ne pourrais-tu pas accepter les choses, tu as déjà une situation confortable, un très bon poste de vice-président, que te faut-il de plus ?

Zen_ je dois accepter ma condition de second sans rien dire ? Cela se voit bien que tu viens d'un milieu défavorisé, chez nous seuls les numéros un ont le pouvoir.

Julie_ alors premièrement j'ai grandi dans un foyer de classe moyenne comme 2/3 de la population mondiale crétin de riche arrogant et deuxièmement nous sommes censés être une famille. Comment peux-tu ne serait-ce que t'en prendre à nous ?

Zen_ tu ne fais partie de ma famille, tu es l'épouse de celui qui a obtenu ce que j'ai toujours voulu, je mérite autant cette entreprise que lui car moi aussi j'y ai consacré toute ma vie et je n'y ai pas droit à cause de quoi ? D'un ordre de naissance ? Foutaise ! Cette entreprise me revient de droit, je la veux et je la prendrais.

Ma tentative de négociation est vaine.

Zen_ quand je deviendrais Président je me ferais une joie de mettre ton mari chéri au chômage.

Je ne vois aucune compassion dans son regard, il ne reculera devant rien.

Zen_ je ne te raccompagne pas, tu connais bien la sortie.

Julie_ qu'est-ce que tu veux ?

Zen_ quoi ?

Julie_ de l'argent ? Des possessions ? Plus d'actions ?

Je doute qu'il veuille être présent à nos repas de noël alors peu importe son prix, j'accepterais.

Zen_ ?

Julie_ je suis prête à faire n'importe quoi alors... Dis-moi ce que tu veux pour lâcher l'affaire.

Zen_ n'importe quoi ?

Julie_ je crois que c'est évident...

Zen_ tu serais même prête à venir dans mon lit ?

Julie_ pardon ?

Il se lève et s'approche pour s'arrêter juste en face de moi.

Zen_ j'ai dit que la seule chose qui me ferait reculer ce serait de te baiser.

Ma main s'élance par réflexe et je lui donne une gifle.

Julie_ les gens comme toi me dégoûtent au plus haut point.

Il se met à ricaner de sarcasme savourant sa victoire jusqu'au bout. Je me dirige vers la sortie, son rire résonnant dans ma tête comme un écho. Il le hait au point de vouloir l'humilier en se servant de sa femme, c'est à en vomir. Je n'avais jamais été témoin d'autant de méchanceté. Comment un être humain peut faire tant de mal sans jamais avoir le moindre remord ? J'ai promis que j'arrangerais les choses mais qu'est-ce qu'une femme comme puisse faire ? N'ai-je vraiment plus le choix ? Je m'arrête.

Julie_ ...

Jusqu'où suis-je prête à aller pour obtenir ce que moi je désire ?

Julie_ c'est d'accord.

Zen_ quoi ?

Julie_ j'accepte ta proposition mais à condition que tu te retires définitivement de cette compétition et que tu laisses Jacob tranquille.

Zen_ une pute reste une pute hein ?

Julie_ ...

Zen_ marché conclu, je te donnerais le numéro de ma suite. Pour moi ce sera bien plus jouissif que toutes les victoires.

Il affiche un sourire mesquin, plein de jubilation, ça me répugne... Je sors de là le plus vite possible. Je passe la journée entière enfermée à réfléchir. Suis-je désespérée ? Je le suis. Cela pourrait tout changer... Mais au moins Jacob ne perdra rien à cause de moi. Je dois me bouger et arrêter de me planquer derrière des excuses bidon. J'ai décidé toute seule que j'allais changer, devenir plus forte et cela implique prendre des risques alors je sais ce que j'ai à faire. La nuit tombée je me rends discrètement à l'hôtel dans lequel Zen a réservé une suite pour l'occasion. J'ai bien pris le soin de laisser ma montre dans la voiture et de demander au chauffeur de faire des tours dans la ville puis je me suis rendu dans la suite. Zen est seul, un verre de bourbon à la main, le téléphone à l'oreille, assis sur l'énorme canapé en velours rouge qui dominait le séjour. Je me tiens les bras debout au milieu de la pièce, très mal à l'aise. J'ai l'impression de n'être souillée rien qu'en étant dans cet endroit... Il raccroche.

Zen_ excuse-moi je suis un homme occupé (Tapote sur l'écran) si-len-cieux. Bien nous ne serons pas dérangés.

Il me sert un verre.

Zen_ assieds-toi.

Je tente timidement de m'installer sur le canapé d'en face mais il me fait signe de venir le rejoindre. Je n'ai pas d'autre choix que de m'asseoir à côté de lui. Il me tend le verre de bourbon, je le prends et le bois d'un coup.

Zen_ (rire) j'apprécie ta témérité.

Je commence à tousser.

Julie_ c'est fort... tant mieux.

Je tente de finir mon verre mais il me le prend des mains.

Zen_ doucement, je tiens particulièrement à ce que tu rappelles de chaque détail.

Julie_ ...

Mon cœur s'accélère, je n'arrive pas à être calme. Il dépose le verre sur la table puis commence à m'observer attentivement comme s'il découvrait les traits de mon visage pour la toute première fois.

Zen_ quel âge as-tu ?

Julie_ 20 ans.

Il me prend le menton.

Zen_ tu es une jeune et belle. Jacob a du goût.

Il retire mon manteau et dégage ma nuque en faisant glisser les mèches de mes cheveux entre ses doigts... C'est trop. Rien que son contact sur ma peau me donne la chair de poule, mes sens sont offusqués, je ne supporte pas qu'il me touche.

Julie_ attends.

Zen_ quoi ?

Julie_ avant que... Qu'il ne se passe ce qui va se passer j'aimerais juste savoir pourquoi tu as fait tout ça.

Il me regarde avec mécontentement.

Zen_ je te l'ai déjà dit.

Julie_ je ne te crois pas.

Zen_ qu'est-ce que tu veux que ça me fasse ?

Julie_ tu me dois au moins ça.

Il soupire et se sert un verre en s'adossant confortablement contre le dossier du canapé sans m'accorder plus aucune attention.

Zen_ qu'est-ce que tu veux savoir ? (Distant)

Julie_ Cal.

Zen_ qui ça ?

Julie_ l'espion à qui tu as offert un restaurant en échange des informations sur Jacob et moi.

Zen_ oh le domestique.

Julie_ tu devais te montrer bien convaincant pour qu'il accepte de jouer les taupes, tu l'as menacé ?

Zen_ tu crois que je menace tout le monde pour parvenir à mes fins ?

Julie_ je ne sais pas ce que je dois croire. Tout ce que je sais c'est que Cal a servi fidèlement notre famille et qu'il a eu plusieurs opportunités de nous trahir mais il ne les a jamais saisis alors comment tu as fait pour le faire pencher de ton côté ?

Zen_ un employé fidèle c'est rare de nos jours, tu devrais savoir qu'aujourd'hui la loyauté s'achète.

Julie_ je n'arrive pas à y croire...

Zen_ l'argent peut tout acheter.

Julie_ je te dis que c'est faux !

Zen_ ?

Julie_ l'argent n'achète ni le bonheur, ni l'amour. Tu peux acheter qui tu veux, ça ne te rendra pas heureux pour autant.

Zen_ pourtant tu es dans ma suite prête à vendre ton corps pour acheter la place de ton mari au sein de la société.

Julie_ ...

Zen_ j'aurais dû me douter que le domestique était ton camarade, après tout tu étais à sa place il n'y a pas très longtemps. Qu'est-ce tu aurais fait si je t'avais proposé le même accord ?

Julie_ j'aurais refusé.

Zen_ facile à dire lorsque l'on habite dans un manoir gigantesque qui vaut des millions. (Rire) Tu savais que ton petit camarade était endetté jusqu'au cou ?

Julie_ de quoi tu parles ?

Zen_ sa mère est très malade et les frais d'hôpitaux sont exorbitants. Les gens comme lui contrairement à toi, n'ont pas d'autre choix que de se plier aux gens comme moi.

Julie_ ...

Il ne m'a jamais rien dit... J'aurais pu faire quelque chose pour lui, on aurait pu trouver une solution face à son problème mais il a préféré accepter la proposition de Zen. Et à cause ça Jacob et moi avons faillis... Tout ça c'est la faute de Zen, il est même très content de lui.

Julie_ c'est toi a commandité l'attaque dans la voiture et la bombe à la fête.

Zen_ j'ai tout fait pour déstabiliser Jacob mais il n'a jamais bougé d'un pouce. Rien de ce que je pouvais tenter ne semblait l'atteindre, il avait invincible et me frustrait tellement... J'étais au pied du mur, la seule chose qui pouvait me faire accéder à son poste c'était qu'il meurt.

Il a donc essayé de le tuer.

Zen_ mais cette enflure ne se laisse pas tuer facilement même ça c'était compliqué et puis tu es arrivé.

Julie_ ...

Zen_ et j'ai trouvé son point faible, de là il suffisait de l'exploiter de toutes les manières possibles. Si le kidnapping s'était bien passé, je serais déjà PDG à l'heure qu'il est mais ça a échoué et une autre tentative aurait été très délicate pour moi surtout que la presse et les autorités étaient à présent impliqués alors j'ai fouillé dans ton passé et j'ai trouvé la faille. La faille dans la vie parfaite de Jacob, l'ouverture qui me permettrait d'enfin me débarrasser de lui.

Puis il s'est servi de moi pour l'atteindre.

Julie_ tu as été capable du pire juste pour être le Président de l'entreprise ?

Zen_ cette entreprise m'appartient, je serais prêt à envoyer mon père en enfer pour l'avoir.

Julie_ ...

Voici le véritable visage de Zen White.

Julie_ alors pourquoi tu m'as faite venir ici, pourquoi renoncer à ta place aussi facilement ?

Zen_ ce n'était pas si simple tu peux me croire mais finalement je trouve cette situation bien plus amusante que toutes les autres.

Il dépose son verre.

Zen_ maintenant assez parlé.

Puis s'approche de moi et glisse ses mains sous mon haut.

Julie_ a-attends encore quelques questions.

Zen_ non, ferme la je ne veux plus t'entendre.

J'essaye de reculer tant bien que mal mais trop tard... Il s'arrête et pose son regard sur moi.

Zen_ qu'est-ce que c'est que ça ?

Je le repousse et m'éloigne en sortant le micro que j'avais caché sous mes vêtements.

Julie_ tu me prends pour une idiote à ce point pour penser que tu vas abandonner tes désirs de grandeurs rien que pour du cul ?

Zen_ tu n'as pas...

Julie_ j'ai tout enregistré espèce de sale petite merde, tu n'as plus le choix maintenant. Je suppose que c'est ce que tu as dit à Cal pour qu'il fasse quelque chose qu'il ne voulait pas. Qu'est-ce que ça fait d'être dans cette position dis-moi ?

Il se relève en colère.

Julie_ tu as vraiment cru que j'allais coucher avec un mec aussi répugnant que toi ? Rien que d'être dans la même pièce que toi me donne la nausée, tu vas payer pour ce que tu as osés faire à ceux que j'aime.

Zen_ maudite salope.

Je m'apprête à partir en courant mais je me prends malencontreusement les pieds dans le tapis et tombe au sol. Sérieusement ? J'ai une telle poisse ? Il m'attrape la cheville et me tire vers lui. Je me débats le plus possible, il ne faut pas que je perde cet enregistrement, c'est ma seule preuve !

Zen_ si j'ai été assez bête pour croire que tu venais sans intentions cachées tu l'as été encore plus en te pointant ici toute seule.

Julie_ lâche-moi, au secours !

Zen_ tu peux crier comme tu veux, personne ne viendra te sauver.

Il attrape la main dans laquelle je tenais le micro et me la serre avec force. Non, je ne veux pas lâcher, je ne le veux pas ! Toute ma détermination, tous mes espoirs se sont mélangés pour se concentrer dans mon poing. Mais Zen était bien plus fort que moi lorsque je sentais que j'allais lâcher la porte s'est ouverte. Jacob entre, attrape Zen par le col et le tire brusquement en arrière. Les images s'assimilent dans ma tête puis je me relève d'un bond.

Julie_ c-comment... Comment tu...

Jacob_ tu ne peux pas me mentir Julie, personne ne le peut.

Julie_ je...

Il regarde mon haut à moitié déchiré.

Julie_ attends laisse-moi t'expliquer d'abord, ce n'est pas du tout ce que tu crois.

Jacob_ et qu'est-ce je crois selon toi ?

Julie_ heu...

Il se tourne en direction de Zen qui se gratte derrière la tête.

Julie_ j'ai enregistré ses aveux, il ne pourra plus te menacer...

Jacob_ silence.

Julie_ ...

Je ne dis plus rien, je comprends sa réaction je m'attendais exactement à ça en décidant de venir ici mais je l'ai fait quand même.

Julie_ Jacob...

Jacob_ deux secondes.

Julie_ ?

Il donne un coup de poing dans le visage de Zen, je sursaute de surprise. Il prend ensuite mon manteau et me prend par le bras.

Jacob_ on y va.

Julie_ ...

Zen_ s... Stop.

Jacob_ présente-toi dans mon bureau demain à la première heure.

Nous quittons l'hôtel sans s'adresser la parole, il ne voulait rien entendre et m'a demandé de me taire. La seule chose que je pouvais faire était lui donner l'enregistrement. Ai-je dépassé les bornes ? Sans lui j'aurais été dans de beaux draps... Le lendemain il est parti au travail sans qu'on ait eu le temps de d'en discuter. Zen était déjà là-bas. La secrétaire le fait rentrer. Jacob le fixe avec un regard glacial le transperçant presque.

Jacob_ assieds-toi.

Zen s'exécute sans résistance. Jacob dépose un sac en plastique sur la table.

Zen_ qu'est-ce que c'est ?

Jacob_ ton passeport.

Zen_ tu me vires de la ville ?

Jacob_ je crois que tu n'as pas compris la situation dans laquelle tu es en ce moment.

Zen_ j'ai très bien compris je ne suis pas stupide, si je ne fais pas ce que tu dis j'irais en prison alors je ne suis pas en position de refuser.

Jacob_ tu es un grand joueur, tu es même accro au jeu c'est pourquoi tu dois beaucoup d'argent à de nombreux casinos dans le monde mais ne t'inquiètes pas, je me suis arrangé pour que tu rembourses toutes tes dettes dans leur intégralité.

Zen_ tu as fait quoi ?

Zen attrape le relevé de ses comptes et les scrute avec stupeur.

Jacob_ tu es officiellement ruiné et comme une bonne nouvelle n'arrive pas toute seule, tu es viré.

Il lève la tête, sa mâchoire se décroche presque de son visage.

Jacob_ tu n'as plus d'autre choix que de me vendre tes actions de l'entreprise.

Zen_ espèce de...

Jacob_ tu vas quitter cette ville et renoncer à ton nom.

Zen_ as-tu perdu l'esprit ?

Jacob_ tu voulais me détruire, non ? Je vais te montrer ce que veut dire gâcher la vie de quelqu'un. Tu n'as plus un sou, si tu restes ici tu finiras toute ta vie en prison et toute la presse te considéreras à vie comme un meurtrier à soif de pouvoir, la femme que tu t'es acheté va très probablement te quitter et tu vas renoncer définitivement à ton nom pour aller vivre dans un pays très loin avec une nouvelle identité.

Zen_ t-tu n'es pas sérieux.

Jacob_ tu t'es attaqué à ma famille maintenant il faut en assumer les conséquences. Je t'ai laissé faire tes petites tentatives désespérées pour me "détruire" maintenant à moi d'agir.

Zen_ ...

Le regard de Jacob est tellement intimidant que Zen commence à trembler sur place.

Jacob_ tu voulais savoir ce dont un homme de pouvoir tel que moi était capable, tu es servis. Tu n'aurais jamais dû t'attaquer à plus fort que toi. Je vais te virer de cette famille et te retirer tout ce que tu possèdes. Pour moi c'est ça "écraser quelqu'un jusqu'à ce qu'il ne puisse plus se relever".

Zen_ tu es un monstre.

Jacob_ tu te trompes.

Zen_ ?

Jacob_ je suis bien pire que ça.

Zen_ ...

J'ai une migraine atroce à force de tourner en rond dans le hall du manoir. Il avait l'air furax... Je suis la pire des idiotes ! Pourquoi je n'arrive pas à me tenir tranquille deux minutes, je vais toujours trop loin et j'ai peut-être foutu en l'air mon mariage bêtement ! Jacob avait raison, notre couple est plus important que n'importe quel titre. J'ai été obsédée par cette histoire et j'ai peut-être tout gâché... Jacob rentre enfin avec beaucoup de retard par rapport à d'habitude. Mon souffle se coupe lorsque je le vois.

Julie_ tu m'en veux ?

Jacob_ oui.

Julie_ je comptais te le dire après que...

Jacob_ après quoi ?

Julie_ après avoir suivi mon plan.

Jacob_ ton plan ?

Julie_ celui de stopper Zen et de lui soutirer la vérité une bonne fois pour toute.

Jacob referme la porte derrière lui.

Jacob_ et si ce plan avait échoué ? Et si les choses avaient échappé à ton contrôle et que je n'étais pas venu, tu aurais été seule face au danger.

C'est vrai... Mais je ne pouvais pas rester les bras croisés alors qu'ils passent leur temps à me protéger.

Julie_ je l'ai fait pour te protéger.

Il vient vers moi.

Jacob_ pour qu'un mariage tienne la confiance est primordiale, tu ne dois pas faire les choses toute seule. Tu peux compter sur moi, je suis ton mari. Tes problèmes, tes pensées, tes craintes sont les miennes. Nous ne faisons qu'un. Ce n'est pas ce que tu m'as dit lorsque je voulais tout gérer sans que tu sois impliquée ?

Julie_ je suis désolé...

Jacob_ tu as pris trop de risque, je n'allais pas baisser les bras face à lui, j'aurais trouvé un moyen d'arranger ça sans te mettre en danger.

Je baisse la tête. Je n'ai pas réfléchi, j'aurais dû faire confiance à Jacob. Je suis en tort et je le sais. Il relève mon menton.

Jacob_ ne rejoue plus les téméraires comme ça, s'il t'arrive quoi que ce soit je ne sais pas ce que je ferais.

Ses mots me font rougir et se logent profondément dans mon cœur.

Julie_ qu'est-ce qu'il lui arrivé... A Zen ?

Jacob_ j'ai fait le nécessaire, il ne représentera plus jamais une menace pour nous.

Julie_ est-ce que tu as... Fais quelque chose de mal ?

Il plonge son regard sérieux dans le mien.

Jacob_ et si c'était le cas ?

Julie_ ...

Je m'avance pour lui pour l'embrasser.

Julie_ ça me va. Quoi tu fasses, qui que tu te sois. Tu n'as plus besoin de porter le poids des choses difficiles pour protéger cette famille tout seul, donne-moi une partie je te soutiendrais.

Jacob_ ...

Julie_ parce que je t'aime.

Jacob_ je t'aime aussi, Julie.

Nos secrets, nos règles. Nous sommes prêts à tout pour protéger les nôtres, c'est ça une famille.

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