Chapitre 85

PDV Madjiguène

J'ai mis l'une de mes plus belles taille basse car je sais qu'Abdoul adore me voir dedans.Il dit même que je devrais mettre plus de tenues africaines parce que ça me va super bien.
Je me parfume longuement puis me maquille avec précision comme me l'a si bien enseigné ma soeur.J'avais des connaissances en make up mais elle les a améliorées.
Je peigne mes extensions noirs et longs.

C'est sûr qu'il ne me résistera pas ainsi.

Mais qui j'essaie de leurrer ?Quand il saura tout c'est sûr qu'il ne voudra plus de moi et se fichera définitivement de comment j'suis habillée.

Je pars en cuisine pour voir où elles en étaient avec les amuse-bouche et elles disent que ce sera bientôt prêt,super!

Je vais à la terrasse et trouve des hommes occupés à installer des panneaux que j'ai commandés.
Je pense qu'il est temps de passer à l'énergie solaire et soulager un peu mon père.
Il dépense énormément pour mes factures d'électricité.J'ai jamais eu l'occasion d'en voir une puisqu'elles sont directement livrées chez lui mais je le devine bien à cause de tous les appareils électroménagers que j'ai.

J'entends sonner, c'est sûrement eux.

Je me passe un dernier coup de peigne puis descends.
J'ai donné des consignes très claires à mes employés,ils vont donc bien les accueillir.

Je prends place au salon mais je suis rapidement gagnée par l'impatience de le voir.

Je me rends dehors et tombe sur lui.

Étrange,il ne semble pas heureux de me voir.
Est ce que j'ai mis assez de blush ?Ou alors la taille basse ne me va pas ?

J'ignore tout ça et lui fais un gros câlin.

Sauf qu'il me rejette et exige que je le suive à l'intérieur.

-Enfin qu'est ce qui te prend ? Pourquoi tu es aussi tendu et où est notre invité ?Vous vous êtes disputés ? Enfin Abdoul !

Il parle d'une voix plus basse lançant qu'il ne voulait pas m'humilier et qu'on aille à l'intérieur.

Je ne comprenais pas mais finis par le suivre.

Dès qu'on est au salon,il attaque par ces termes :

-Alors comme ça ton ex est revenu depuis un temps et il te courait après ?Tu me déçois tellement.Je te croyais beaucoup plus honnête que ça.

Qui lui a raconté ça, Rockaya ?

Impossible, elle ignore toute cette histoire.Mais je n'oublie pas tous les SMS que j'ai reçus.Je sais qu'elle est derrière cette histoire même si elle l'a nié.

-Comment l'as tu su Abdoul,je te jure que je comptais t'en parler aujourd'hui même, après le départ de ton ami.Je suis tellement désolée que tu l'apprennes ainsi.Au début,je ne ressentais rien pour lui mais plus le temps passait et plus mes sentiments se réveillaient.J'ai longtemps été dans le doute puis le déni mais j'ai fini par comprendre.Je suis tellement désolée bébé.Tu sais que je t'aime aussi et beaucoup.

Je lui donne le plus d'explications possible espérant qu'il me croit mais ce que je voyais dans son regard était le contraire.

Putain qui est allé lui raconter tout ça ?

En tout cas,si c'est Rockaya, cette fois elle peut dire adieu à son visage pour de bon,tant pis pour les conséquences.

Je suis perdue,je ne comprends pas ce qu'il raconte qui est ce lui qui s'est autant joué de lui que moi et quand il m'éclaire sur l'identité de cette fameuse personne, j'ai l'impression d'avoir reçu une décharge électrique sur le corps.

Il a osé faire cela ?

Non c'était impensable.
Quelqu'un d'aussi doux que lui ne pouvait pas s'abaisser de la sorte.

Il y'a forcément une explication.

Hélas mon scepticisme énerve encore plus Abdoul qui décide de s'en aller.

J'essaie de le supplier de ne pas le faire,qu'on n'en avait pas fini avec cette discussion mais trop tard,il est parti sans se retourner.

Mon cœur se brise en deux.

Je ne voulais pas que ça se termine ainsi.

Par contre,je pleurerai sur mon sort plus tard.
Là,je dois régler des comptes avec quelqu'un.

Je compose le numéro de ce batard et dois attendre une éternité avant qu'il ne daigne enfin répondre.
Je regrettais de ne pas connaître l'adresse de son oncle car j'aurais débarqué là bas.

Il peut pas faire une telle atrocité  et ne pas s'attendre à m'affronter.

-Allô, fait-il d'une voix fatiguée.

-Hé je te veux tout de suite à la maison.Espèce d'enfoiré,qui t'a donné l'autorisation de raconter tout ça à Abdoul ein?Je comptais m'en charger moi même et de surcroît,t'as osé t'approcher de lui en te faisant passer pour son pote,quel batard, fulmine-je.

-Madji,je comprends toute ta colère mais je pouvais pas arriver jusqu'à chez toi et le laisser découvrir la supercherie,je voulais t'épargner,lance-t-il sur un ton doux croyant m'apaiser ainsi.

-La boucle, espèce de couillon.Je te veux tout de suite chez moi.

-Je peux pas ton mec m'a bien amoché et j'ai si mal aux côtes,il m'a fallu faire un tour à l'hosto et on m'a mis des perfusions.

-Abdoul a super bien fait et je me fous de toutes tes douleurs,je te veux chez moi et tout de suite,grogne-je.

-Madji......

Je coupe et monte me rechanger.

J'ai envie de tout casser mais je ne le fais pas.
Je veux pleurer mais me retiens.Je dois me montrer forte face à cet imbécile.

Il ne doit déceler aucune tristesse.


L'enfoiré m'a fait poireauter durant trois heures de temps et j'arrivais même pas à la joindre au phone.


-Imbecile, c'est seulement maintenant que tu arrives,l'agresse-je en le voyant se planter devant moi.

Il allait expliquer mais je lui mime de la fermer et de s'assoir.

Je quitte mon fauteuil,vais jusqu'à lui et le gifle encore et encore jusqu'à ce qu'il saisisse ma main.

-Lache moi,je hurle énervée.

-Seulement si tu cesses de me taper.Je pense avoir assez mal, déclare-t-il sur un ton ferme.

J'acquiesce et il me lâche enfin la main.

-Comment tu as pu Bouba ?Je ne t'aurais jamais cru capable de cela.

-J'étais désespéré Madjiguène et ça ne sert à rien de t'énerver contre moi.Ce n'est pas cela qui fera revenir Abdoul.Tu l'as perdu donc accepte le.

-Je vais te tuer, dis-je prête à recommencer les claques.


-Madji,je veux pas me montrer brutal avec toi donc calme toi.Je crois que tu as besoin de temps.Je vais donc t'en laisser autant que nécessaire mais réfléchi à tout ça s'il te plaît et prends la bonne décision.Notre histoire ne date pas d'aujourd'hui et si elle s'est arrêtée,ce n'est pas parce qu'on ne s'aimait plus ou que l'un a trompé l'autre mais parce que je devais partir et pour toujours.Si je n'étais pas sûr de mes sentiments pour toi et que je n'étais pas persuadé que tu m'avais complètement oublié,je ne serais jamais revenu.Je ne suis pas ton ennemie et je ne veux surtout pas te nuire.



Je le regardais perplexe ne sachant pas quoi répondre.

Avait-il raison ou était-ce seulement du bluff pour me perturber ?

-Tire-toi,dis-je d'une voix tremblante.

-Je m'en vais mais sache que j'attends une réponse même si elle dure à venir,lance-t-il.

Cette fois,je ne peux pas retenir mes larmes, elles coulent à flot.

Pourquoi ai-je autant tardé à tout dire à Abdoul ?
Dieu seul sait s'il me pardonnera un jour.

J'appelle les filles en quête de réconfort et en reçois beaucoup.
Elles insultent aussi plusieurs fois Bouba,Astou principalement.

-Mais Madjiguène et Fatou,interroge subitement ma cousine.

-Comment ça Fatou,je demande perdue.

-Tu ne lui as encore rien dit et si elle l'apprend par Abdoul,......

-Oh Mon Dieu mais tu as raison,je n'y ai même pas pensé.Les filles,je vous rappelle plus tard,je m'exclame alarmée.

-Ok à plus et courage, fait Ami.

-Merci.

Je cherche Fatou dans mes contacts.
Oh mon Dieu pour vu qu'Abdoul ne m'ait pas précédée sinon je suis doublement fichue.


PDV Fatou

J'étais au salon,en compagnie de mes parents.
Je chattais pendant qu'eux discutaient des temps d'autrefois qu'ils trouvaient bien meilleurs que ce qu'on vivait aujourd'hui.Ils disaient que leurs générations savaient mieux vivre que la nôtre, savaient mieux s'amuser, étaient plus avisés.

Évidemment, j'intervenais de temps à autre car je ne pouvais pas laisser ma génération perdre la face ainsi.

On est forcé de tout arrêter en voyant subitement Abdoul traverser le salon tel une furie nous saluant à peine.

-Quelle mouche l'a piqué,lance maman interloquée.

-Il devait pas dîner avec Madjiguène,interroge mon beau père.

-Si laissez moi aller voir, dis-je en me levant et en laissant mon smartphone sur le fauteuil.

-Abdoul,l'appelè-je.

Mais il continue de franchir les escaliers.

-Abdoul réponds moi enfin,repris-je déjà essoufflée,la course n'est vraiment pas faite pour moi.

Il s'enferme dans sa chambre.

-Enfin Abdoul,on est plus des gamins.S'il y'a un problème,on en parle et on essaie de trouver une solution.S'enfermer et ignorer les autres n'y changera rien,je tente de le raisonner.


-Va-t-en Fatou j'suis pas d'humeur et peut être que t'étais au courant et que t'as rien voulu me dire,explose-t-il.

-Abdoul,ouvre cette porte pour qu'on puisse discuter en face to face.Je ne sais même pas de quoi tu parles.

Pas de réponse !

-Tu me connais de ce fait,tu sais pertinemment que je ne bougerai pas d'ici avant d'avoir su ce qu'il se passait.

Quelques instants s'écoulent sans que rien ne se passe puis je l'entends enfin ouvrir la porte.

J'entre directement et vais m'assoir.

-Alors,fis-je.

Il regarde ailleurs.

-Abdoul !

-Madjiguène s'est bien foutu de moi et lui aussi.Oh je suis tellement énervé bordel de merde !

-Abdoul,si tu me disais tout ?Je pourrai mieux t'aider ensuite,je suggère calmement.

Il souffle.

-Tu te souviens de mon nouvel ami ?Celui avec qui je devais partir voir Madjiguène, m'interroge-t-il.

J'acquiesce, attendant impatiemment la suite.

-Il s'avère que c'est l'ex de Madjiguène,lance-t-il.

-Quoi,dis-je en haussant le ton et en écarquillant les yeux.

-Et il veut se remettre avec elle, ajoute-t-il me choquant encore plus.

-My God et il a attendu que vous vous retrouviez tous là bas pour te le dire ?Quel mesquin,je m'exprime furieuse.

-Non il me l'a dit bien avant qu'on parte et tu devines toute la colère que j'ai ressentie,il m'a raconté leur histoire,qu'ils se sont séparés parce que sa famille et lui partaient en Angleterre et que rien ne garantissait qu'ils reviennent.

Il poursuit donc ses explications sur le passé assez tumultueux de Bouba et ses motivations pour qu'il revienne reconquérir sa belle.


-J'arrive pas à y croire.Madjiguène a dû être choquée d'entendre tout ça la pauvre,je fais.

-Si elle était choquée, c'était seulement qu'à moitié.Elle était au courant de son retour et il faisait tout pour la convaincre, fait-il furieux.

-Qu'est ce que tu dis,je demande incrédule.

J'émis une pause puis enchaîne :

-Elle a pu te faire ça ? J'arrive pas à y croire et elle m'a rien dit en plus !Bon sang de brouette en bois !Elle me prouve une fois de plus qu'on n'est pas amies, j'explose.

-Dis pas ça,tu es ma frangine.Tu pouvais pas savoir tout ça et te taire,affirme mon frère.

-Quand bien même,je suis aussi son amie bref laisse tomber.Tu souffres assez.Je m'occuperai de cela plus tard.

-Fatou va pas te disputer avec elle s'il te plaît.Ce que je lui ai dit suffit largement.

Je me mis à réfléchir et me souviens subitement de quelque chose.

-Je la sentais angoissée pendant un temps et j'ai cherché à en découvrir la raison sauf qu'elle m'a sorti le divorce de ses parents mais maintenant que j'y pense,je doute vraiment que ce soit ça.Ce divorce l'attristait mais elle le savait depuis assez longtemps ou le pressentait.La douleur et la peur avaient donc chuté.




-Fatou, arrête oublie tout ça, fait Abdoul.

Je le trouve vraiment chou de vouloir défendre Madjiguène malgré ce qu'elle lui a fait mais même cela ne peut m'attendrir.
Je suis trop énervée et déçue.

J'allais répliquer mais j'entends aussitôt maman m'appeler disant que mon téléphone sonnait.

Je me hâte d'aller répondre et découvre que l'appelant n'était autre que Madjiguène.

Un sourire cynique se dessine sur mon visage.
C'est maintenant qu'elle m'appelle ?Et pour me dire quoi ?

Est ce qu'elle mériterait que je réponde même ?

Et puis merde faut bien qu'on est cet échange tôt ou tard.

-Allô ça va Fatou ?Je dois te parler de quelque chose.Je veux d'abord m'excuser.J'aurais dû te le dire depuis longtemps.




-Laisse- moi deviner,ce ne serait pas cette histoire d'ex,fis-je sarcastiquement et avec énormément de colère.


Elle ne répond rien.



-Allez Madji,ne fais pas ta timide!Tu l'as bien dit à Ami et Aby et depuis le début donc vas y raconte moi!Tu m'as une fois de plus prouvé que je ne comptais pas,que je n'étais qu'accessoire dans ta vie mais t'inquiète je l'ai compris et plus jamais je n'essaierai de m'en mêler ou d'exiger quoi que ce soit de ta part,tu me dois rien.







-Je t'en prie Fatou attends. Si je ne t'ai pas parlé c'est parce que tu étais la sœur d'Abdoul,tu ne pouvais pas savoir une chose pareille te te taire.





-C'est vrai que je le lui aurais dit mais seulement après avoir maintes fois essayé de te convaincre de le faire. Rien ne vaut la vérité.Je remarque par la même occasion que tu manques de confiance en moi mais bon tant pis. Peut être qu'Abdoul et toi parviendrez à régler ce problème, d'ailleurs je te le souhaite car je sais que tu l'aimes vraiment. En revanche,me concernant, c'est fini, j'ai compris que nous n'étions que des copines et je vais prendre mes distances.



Je raccroche aussitôt et éteins mon téléphone.

Des larmes coulent de mes yeux mais je les sèche promptement.

À quoi bon pleurer pour une personne qui n'en a rien à faire ?

Je vais retrouver mon frère et fais tout pour lui remonter le moral.

Pauvre mec,son après midi de rêve a viré en cauchemar sans qu'il s'y attende 💔💔.

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