Aussitôt que je rentre chez moi, je saute sur le canapé et allume la télévision. Une voix française sort du téléviseur, annonçant les nouvelles du jour.

- Samuelle c'est toi ?!

Je soupire, met le son en sourdine et réponds à ma mère qui est dans la cuisine.

-Oui maman toujours au rapport !

Je fais un signe de la main qu'elle ne verra pas. Je l'entends qui soupire (surement de mon humour vraiment douteux hérité de mon père) et elle prononce d'une voix pourtant enthousiasme :

- Et bien viens voir ma chérie !

Je m'approche donc de la cuisine et regarde ce que ma chère mère me tend : une enveloppe avec le seau royal ! Je réfléchis à toute vitesse et me rappelle que mes amies en parlait tout à l'heure. La lettre pour l'inscription...

-Maman sérieusement, tu ne crois pas que je vais m'inscrire ?!

Ma mère hausse un sourcil, l'air de se demander comment elle a pu hériter d'une fille aussi... parfaite que moi ! Je plaisante bien sûr, personne n'est parfait pas même moi. Et sur ces pensées philosophiques, je partais m'enfermer dans ma chambre pour lire.

- Franchement Ben, dit lui !

Mon père relève les yeux de sa soupe, pas du tout intéréssé. Il soupire, et imitant la voix de ma mère il dit :

- Franchement Samuelle, c'est la chance de ta vie ! Saisis la mon poulain !

On explose de rire ensemble, tandis que mon grand frère esquisse un sourire amusé et que mes petites sœurs se disputent un bout de pain.

Ma mère se lève et monte à l'étage. Je fronce les sourcils en pensant qu'à l'étage, il n'y a que ma chambre, celle de mes sœurs et une salle de bain... Alors à moins que ma mère est soudain envie d'une douche froide, je ne vois pas pourquoi elle monterait !

Pourtant elle redescend, l'air satisfaite, et brandit un carnet. J'écarquille les yeux et me renfrogne sur mon siège. Bien la famille, merci !

-Je t'avais dit que tu n'avais pas le droit de le lui dire Gabriel.

- Voyons Sam ! T'as du talent ce n'est pas ma faute !

Mon père hausse un sourcil et prends le livre que ma mère lui tend. Rien de bien original, c'est juste un carnet en cuir rouge, trouvé au marché aux puces. Il le feuillette et je le vois lire attentivement un passage. Je me mordille les ongles en pensant à ce qu'il va me dire après. Soudain il se tourne vers moi, regarde ma mère et se retourne vers moi.

- C'est décidé, tu vas aller t'inscrire !

J'ouvre grand les yeux et proteste ardemment. Il n'a pas le droit ! Je n'ai aucune envie de me retrouver loin d'eux, et quand bien même je serais prise ! Je ne me sentirais pas à ma place là-bas. Je ne suis qu'une 5 après tout.

- Pense à ton rêve de devenir écrivaine ! Même si tu ne seras surement pas l'épouse du prince, vu ton caractère ! Tu seras quand même célèbre ! Et ça ma petite, ça apporte bien plus que tu ne le crois.

Mon frère rajouta même avec un clin d'œil en ma direction

-Puis je serais là pour te protéger sœurette ! Je reprends mon poste dans trois semaines.

Je ronchonnais pour la forme mais au fond de moi je me demandais déjà comment j'allais faire chier ce prince. Bon et bien inscriptions me voilà !

Mes petites sœurs, enthousiasmées à l'idée d'avoir bientôt une « princesse » dans leur famille, me font un joli chignon et je m'habille un peu plus attentivement que d'habitude. Jupe bordeaux et pull gris en laine, mon frère Gabriel ne voulant absolument pas que je sois « moche » sans pour autant faire « pouffiasse », merci frérot...

Et voilà, ni une ni deux, je suis inscrite pour la Sélection. Une belle aventure qui s'annonce !