Devoir n°1 : Jeena Osvald


C'est pour des moments comme celui-là que je vis. Car la vie n'est qu'Art. L'art, toujours éphémère, est l'unique once de beauté dans ce monde d'hypocrisie et d'apparence. Ou d'apparences hypocrites. Les deux le plus souvent.

Je me suis levée à 5 heures 30 pour travailler. Cela fait donc deux heures et demi que je passe à fabriquer ce bijou. Mais ça ne me dérange pas; de toute façon, j'ai le sommeil léger. Et puis, j'ai mon petit paradis ici. L'Atelier.

C'est une petite pièce à côté de la boutique. Ses murs sont presque entièrement recouverts de peintures de couleurs différentes; ses étagères sont pleines à craquer de tubes de gouache, de pinceaux de toutes formes et de toutes tailles, de pots d'émaux colorés ou transparents, d'instruments de polissages, de métaux rares ou de pierres précieuses.

Je n'ai même pas retiré mon pyjama. J'ai juste revêtu une vieille blouse toute tachée pour travailler sur ce bijou. J'ai d'abord fait mes croquis en plusieurs exemplaires, dont un pour les archives, puis j'ai commencé la partie pratique.

C'est un petit cœur à ajouter sur un plastron d'or aux motifs sophistiqués. Je commence par casser le petit quartz pour qu'il est la forme demandée. Puis je le polis, le débarrasse de ses impuretés et l'époussette. J'utilise ensuite un email d'or pour les contours et un vernis transparent pour le centre. Enfin, j'ajoute des pointes d'or tout autour, et contemple le résultat de mon labeur.

C'est ce moment là que choisis ma mère pour entrer. Elle a un don pour savoir quand je suis à l'atelier des le matin.

Elle s'approche sans parler de mon oeuvre, cherchant de minuscules impuretés. De toute façon, les clients n'y connaissent rien en joaillerie, et ils ne verraient pas la différence entre un vrai et un améthyste factice. Mais de toute façon, elle n'en trouve pas, car elle me dit:

-Joli! Viens manger.

J'attends qu'elle soit parti pour me précipiter vers la salle à manger, attenante à notre petite cuisine. J'ai plus faim que j'en a l'air.

J'entends le courrier tomber dans la boîte au lettres et ma mère se lève. Quand elle revient, elle a deux lettres dans les mains: une facture de l'importation de minuscules émeraudes en provenance des mines d'Italie, et ...une enveloppe marquée du sceau d'Ilea! Mon cœur s'emballe. Une commande royale? Ce serait génial! Çà ferait remonter le prestige de la joaillerie familiale que nous tenons.

Les secondes qui passent me paraissent des heures entières. Je ne peut plus résister à mon envie de savoir ce que contient cette lettre et je dis:

-Alors?

Ma mère ne se fait pas prier, et se racle la gorge. Ce qui est totalement inutile, puis nous lie les paragraphes qu'elle a sous les yeux.

Quand elle a finit, je ne peut m'empêcher de pousser un soupir de déception. Alors, c'est juste ça? La sélection?!! Mes parents non plus ne cachent pas leur déception. Mais une phrase me revient en tête: "La famille de chaque candidate recevra une compensation généreuse pour services rendus à la Couronne."

Aussitôt je m'exclame:

-Je peut participer?

Mes géniteurs me regardent avec des yeux ronds, gros comme des rondelles de citron. Finalement, c'est mon père qui répond.

-Ok. Mais alors tu vas travailler ton français. Le prince ne veut pas d'une illettrée. ajoute-t'il en même temps qu'un clin d'œil.

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Mon père m'emmène à l'endroit ou sont censés nous prendre en photo des photographes professionnels, et ou nous devont rendre nos formulaires. Je me rends compte que toutes les filles de la région sont déjà-là. Heureusement, pour passer le temps, une télévision est installée devant la longue file, ou on peut voir une star de la pop vomir des chansons ahurissantes.

Enfin, c'est mon tour, après deux heures de queue! Je donne le formulaire, et puis pose pour la photo. Je sais qu'ils ne choisissent pas en fonction de la photo, et que c'est tiré au sort, mais je n'ai pas put m'empêcher de mettre mon unique robe somptueuse, pour faire bonne impression.

En fait, elle n'est pas vraiment très jolie, mais je l'adore. Son joli blanc-beige épouse mes formes -enfin, plutôt mon peu de formes-. Et j'ai choisis de l'accorder avec une petite pochette irrésistible. J'ai revêtu une bague de diamant - faux- et d'or que j'ai fabriqué moi même. Je ne me suis pas attachée les cheveux, et leur dégradé de brun ondulé tombe sur mes épaules bronzées. Puis je fais mon plus beau sourire au photographe, et le sort en ai jeté. Je ne sais pas encore à quel point ma vie va se métamorphoser en conte de fée, pour le bon et pour le mauvais.


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