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L'inscription 

Mlle Elizabeth EMERALD -> Deux de Caroline

Je me regarde dans la glace, avec satisfaction. Mes cheveux blonds sont parfaitement bouclés, mon maquillage est incroyablement bien réalisé, et ma robe met parfaitement en valeur ma beauté naturelle. Elle me rend sexy sans tomber dans la vulgarité, tout en me conférant une élégance sans-pareille. Le seul petit défaut que je pourrais me trouver est j'ai la peau un peu sèche sur les jambes. Heureusement, j'arrange vite ça à l'aide d'une lotion parfumée que je trouve dans un tiroir.

Je jette un regard satisfait à mon miroir et je sors de la salle de bain. Je descends l'escalier, aussi vite que je le peux avec des talons éguilles d'une dizaine de centimètres.

Mère m'attends à la porte. Je la regarde, interloquée. Elle finit par me dire qu'elle m'accompagne déposer mon inscription, pour me prodiguer des conseils de pose pour la photo. Je lève les yeux au ciel et me détourne pour attraper une veste sur un portant. Depuis quand ai-je besoin de conseils en matière de mannequinat ? Je pratique l'art de la pose depuis ma plus tendre enfance et je n'ai, en aucun cas, besoin de conseils. Surtout, s'ils viennent de ma mère : je n'ai jamais vu plus incompétent qu'elle en matière de mode et de mannequinat !

Nous sortons et montons à l'arrière de la limousine. Mère presse le chauffeur, elle a un tournage dans moins de deux heures.

Lorsque nous arrivons finalement au bureau administratif de Caroline, j'ouvre de grands yeux. Il y a des gens absolument partout ! J'ai l'impression que toutes les jeunes filles de Caroline sont venues, et accompagnées par une dizaine de gens de leur famille, à minima. Mère pousse un grognement à l'idée de devoir attendre. Nous descendons de la voiture et je commence et me dire qu'elle n'a pas tort d'être agacée par le monde : on va faire la queue pendant des heures, à bas mot !

Je suis habituée à attendre longtemps sur les plateaux de télévision mais avec des chaises, parasols, snacks et des Six aux petits soins. Alors, l'idée d'attendre des heures entières debout à faire la queue, me répugne affreusement. Heureusement, Mère prends les choses en main. Elle fend la foule avec aigreur et contourne le bureau d'inscription. Je l'entends utiliser son téléphone portable pour appeler quelqu'un mais je ne prête pas attention à ses paroles, trop occupée à juger les autres participantes. Je ricane tellement elles sont pathétiques : entre celle qui est recouverte de boue et celle qui a du rouge à lèvres sur les dents, je n'ai pas trop de souci à me faire. Je me détends en comprenant que je suis sûre d'être la candidate de Caroline.

Soudain, j'aperçoit une jeune brune qui approche du bureau d'inscription et je commence à m'inquiéter. Il semblerait que certaines possèdent leur chances... Je grimace de dépit. Je tente de me rassurer en me disant que, de tout manière, je suis celle qui maitrise l'art de la pose le mieux et que je saurai me mettre en valeur à la perfection pour la photo.

Mère interrompt mes réflexions en me tapotant le bras doucement. Elle me désigne l'homme en costard qui vient d'apparaitre et m'ordonne ne le suivre. J'obéit et il me fait passer devant la file. J'aperçoit des regards envieux et haineux mais je les ignore.

Je rentre dans le bâtiment et dépose mon dossier avant de signer un registre au guichet. Puis, je patiente quelques instants et on me fait rentrer dans une seconde pièce. Le photographe me fait signe de me dépêcher de m'installer mais je prends mon temps. Je m'assoie sur le siège et offre mon plus beau sourire à la caméra. 

Mlle Joana LACROIX -> Quatre du Kent

« -Avance, Joana ! me demande ma mère, mi-figue mi-raisin. On s'est fait doubler. » Je soupire, mais garde les épaules droites et obéis docilement, juste avant que ma mère ne se défoule sur nos voisins de devant « Vous vous croyez où, à doubler les gens comme ça ! Et sans gêne, en plus ! Mademoiselle, on ne va pas vous laisser passer parce que vous avez plus de peinture sur votre visage que sur un tableau de quatre mètres carrés, et ce n'est pas le prince d'Illeá qui va me contredire ! » La passion de ma mère: juger les gens, à la différence qu'elle leur le dit en face. Sauf ceux qui ont bons goûts en matière de bijoux. Je crois que c'est d'elle que je tiens ma sincérité. Toujours en est-il que la malheureuse baisse les yeux et nous laisse passer, se tordant les mains et se mordant ses lèvres d'un rouge profond. « -Toi, ma chérie, le mascara a suffit, tu ne devrais pas avoir ce problème, dit-elle en jouant avec les perles de mon collier fait maison. »

En vérité, non, ça n'allait pas vraiment. Ma tresse sophistiquée me parait exagérée, et ma robe bleue pèse une tonne. Mes perles, en revanche, j'en raffole. C'était celles de ma grand-mère. Par ailleurs, je crois que je suis la seule à m'être habillée avec des couleurs vives. Toutes les autres m'ont l'air si triste avec leurs nuances grises, trop foncées ou pales à en être blanches. La queue avance, et moi aussi, machinalement. « -Lacroix, Joana, demande un garde d'un ton neutre. » Ma mère me masse les épaules comme un entraîneur masse un sportif avant un combat avant de me chuchoter à l'oreille: «- ton profil droit est le meilleur, ne montre pas tes dents sur la photo, et surtout, souris à l'objectif comme sourirait une reine. » L'ignorer n'est pas une option envisageable, alors je l'écoute. Cependant, juste avant de poser, j'enlève l'épingle qui retenait ma tresse pour laisser mes cheveux au naturel, sourde à la frustration de ma mère. Je les préfère comme ça. Alors je souris à l'objectif comme sourirait quelqu'un qui espère sauver son frère, sortir du destin familial et devenir épouse du prince.

Mlle Zephyra UKKO -> Cinq de Likely

Lorsque j'arrivai, seule, devant le bureau administratif de Likely, je ne fus pas surprise d'y voir une bonne centaine de jeunes filles, le plus souvent accompagnée de leur mère. Je soupirai. Et dire que je vais passer ma matinée à attendre au lieu d'aller travailler pour me permettre de manger à ma faim ce soir. Je me plaçai dans la file, baissant les yeux pour éviter tout contacte avec les autres. Je détestai me retrouver à milieu d'une foule brillante, mais je devais le faire, pour mes rêves, pour la petite fille que j'étais. Telle avait été mon mantra depuis que j'avais reçu la lettre royale à la porte de ma miteuse, mais agréable maison. Je ne reculerai pas maintenant, pour rien au monde, c'était ma seule chance de me faire aimer. J'en avait même écrit un poème hier soir :

Je vogue dans le monde,

Mon cœur imitant une onde,

Et cherchant de mes yeux cyan,

L'amour, mon prince charmant.

Je joue de mon archer sur les cordes vibrantes,

Chantant ma peine par la voix de mon violon.

Peine de mon cœur,

Peine de mon être abandonné sans aucune émotions.

Quand un beau jour pluvieux,

Se présenta l'inimaginable heureux : Une place au palais,

Une chance d'amour, de joie et d'amitié.

Dans un autre monde j'entre soudainement,

La tête haute, un sourire aux lèvres,

Ma chance et mon corps tremblant.

Tenant mon bonheur avant qu'il ne parte en courant comme un lièvre.

J'arrive dans une prison,

Ou dans ma nouvelle maison ? 

Alors que les minutes, comme les heures, je ne saurais le dire, s'écoulaient je réussis à faire abstraction des discussions aux alentours. Jusqu'au moment où une en particulier m'alerta : 

- Oui, ils prennent des photos, j'ai entendu une jeune demoiselle Deux en parler il y a quelques jours, disait une jeune femme aux cheveux coupés court de caste Trois, au vu de ses habits luxueux sans l'être trop.

Je regardai ma propre tenue, ça aurait pu être pire ; un pantalon en toile noire et un haut à manches longs bleu délavé. Une de mes meilleures, puisque je comptais passer chez un de mes riches clients. Alors que mon tour allait arriver, je lissai comme je le pouvais mes cheveux noirs. Je regardai du coin de l'œil une fille de 6ème caste en larmes, après être sortie de sa mini séance photo. Sa tenue de travail boueuse faisait peine à voir. J'entrai enfin dans le bâtiment.

Mlle Camila Foster -> Trois de Dominca

Aujourd'hui, c'était le grand jour. C'était aujourd'hui que j'allais déposer ma candidature pour la Sélection au bureau administratif de Dominca. J'avais entendu dire qu'on allait nous prendre en photo, alors je m'étais habillée pour l'occasion : j'avais enfilé une jolie robe bleue que je ne portais en général que pour les grandes occasions, et portais un maquillage simple et discret. Ma mère et ma sœur Ashley étaient avec moi dans la file d'attente. J'étais un peu stressée, mais aussi heureuse. J'espérais de tout cœur faire partie des Sélectionnées. Oui, j'étais en réalité une grande romantique, d'où mon envie de participer à la Sélection. Je regardai autour de moi et vis les autres filles de castes inférieures me jeter des regards méprisants. Certaines étaient encore en tenue de travail, ce qui me laissa penser qu'elles n'étaient pas au courant pour la photo. J'avais choisi de m'habiller ainsi car je pensais que toutes les filles seraient informées, sans faire de distinction entre les castes. J'avais l'impression d'avoir été privilégiée grâce à mon statut de Trois, et ça me gênait. Ma mère me passa une main dans les cheveux afin de remettre une mèche rebelle en place. Je lissais nerveusement les plis de ma robe avant de rentrer. Je me mis à relire tout ce que j'avais écrit dans le formulaire. J'avais choisi de ne pas mentir sur mes capacités, et j'espérai que cela suffirait. De toute façon, il était trop tard pour changer quoique ce soit. La file avançait de plus en plus rapidement, et bientôt, ce fut à mon tour de rentrer dans le bureau administratif. Je leur donnai mon formulaire d'inscription et me mis en place pour me faire prendre en photo. J'adressai au photographe mon plus radieux sourire et le flash se déclencha.

Mlle Aya RUSSO -> Quatre de Paloma

- "Tu es magnifique Aya"

- "Merci Ewan...

Mais tu dit ça car je suis ta sœur pensais-je, et puis quoi ce n'était que la vérité, j'avais entendu que ils prendraient une photo donc j'avais fait l'effort de ne pas manger hier midi pour pouvoir m'acheter un pantalon propre et neuf... Mais ce n'était pas comme toutes les autres filles. Je m'étais donc habillée d'un pantalon beige clair en je ne sais quelle matière... et d'un petit pull noir suivie de mes basket blanches. Pour mes cheveux, je ne les attachait pas. Les autres filles étaient toutes magnifique, comment voulez vous que je pense avoir une chance alors qu'il y a ces magnifiques filles qui participent... Je marchais à l'arrière de Loïs et Ewan qui m'avaient accompagnée. Mon sentiment ? Stress et peur. De toute façon, ces 2 sentiments faisaient partie à part entière de ma vie. Je voyais déjà les autres filles se moquer de moi... Mais je doit le faire ...pour les garçons...pour qu'ils puissent avoir un ballon comme leurs amis...ou même des vêtements neufs et propres...et puis surtout qu'ils mangent à leur faim...

Une fois arrivé, j'eu une déconvenue, une masse de personnes était regroupée devant le bureau administratif, pas besoin de savoir pourquoi, la Sélection était dans toutes les bouches du pays. Je me plaçai derrière la longue file d'attente et balança a mon plus jeune frère 

- T'a vu comment elles sont belle toutes ses filles ?

- Beurkkkk elles sont moches ! Mais toi tu es la plus belles Ayaaa ! 

Je passa ma main dans ses cheveux pour le remercier, et aperçu Ewan me fixer 

- Qu'y a t'il ?

- Non rien, je me rend juste compte que ma grande sœur va peut être devenir reine un jour....et se marier ...

- Hey .. stop , déjà tu as vu toute ses bombes ! Tu devrais en mater quelques une au lieu de remettre ton existence en question, et puis , je n'ai presque aucune chance Ewan ! Tu devrais bien me regarder ! Avec tes 14 ans , tu sais bien si une fille est belle ou non ? 

- Mademoiselle Russo ?!

- Ah euh oui c'est moi ! 

- Venez je vais vous prendre en photo.

Elle me fit m'asseoir sur un tabouret et cadra son appareil sur mon visage. Je plaçai ma mèche de cheveux sur ma mâchoire pour cacher ma tâche de naissance, par manque de moyen , je n'ai pas pu acheter du fond de teint

 - Faites un effort ! Souriez !

Je cherchai mes frère du regard et vit Loïs sur les épaules de Ewan en train de rire au éclats. Un sourire d'émerveillement prit forme sur mon visage, un flash me sorti de mes pensées. Arhhhje ! Je suis sûre qu'on a pu voir toutes mes dents ...

Mlle Leyla LABARDAT -> Trois d'Angeles

Non, non...non ! Par pitié, pas aujourd'hui ! Pourquoi ma malchance a-t-elle décidé d'attendre LE jour le plus important pour pointer le bout de son nez ?! Je râle dans ma barbe en retournant ma chambre à la recherche de ces fichus escarpins blancs que ma mère m'a offerts pour l'occasion. Ils étaient censés s'accorder parfaitement avec ma robe couleur neige pour compléter la tenue, mais pas moyen de les trouver dans tout ce bazar.

Les habits s'agglutinent autour de moi à mesure que je vide ma commode, désespérée. Puis, une idée germe dans ma tête et ma conscience me chuchote que peu importe ce que je chausse puisque la photo officielle ne sera pas prise de plain pied ! Je me frappe le front, hébétée de ne pas y avoir songé plus tôt. J'attrape mes boots noires préférées, les enfile et m'élance vers le rez-de-chaussée, soulagée de ne pas devoir porter ces engins de torture jusqu'au bureau administratif d'Angeles.

Lorsque j'entre dans le salon, ma mère m'attend, agacée par mon retard. Elle se tourne vers moi et son regard descend vers mes bottes de cuir sur lesquelles elle lance un regard réprobateur. Je devance ses remarques et m'explique en essayant d'être convaincante :

– Désolée, mais je ne mets plus la main sur tes escarpins, ils se sont volatilisés.

Je la gratifie d'une moue d'excuse.

– Je ne t'achète pas de nouvelles chaussures pour que tu les perdes le jour même, Leyla ! Et pourquoi mets-tu ces épaves, elle pointe son doigt vers mes chaussures préférées. Elles ne sont même pas cirées !

– Ça n'à pas d'importance elles ne se verront même pas sur la photo ! C'est juste histoire d'être à l'aise sur le chemin. Et elles sont cirées, pour ta gouverne."

Ma mère a des tendances maniaques concernant les apparences et elle ne supporte pas que je lui tienne tête. Je l'aime et je déteste nos disputes mais ces chaussures sont un cadeau de Vera et je me dois de les défendre. 

– Ne me parle pas sur ce ton !

Elle souffle, exaspérée par mon entêtement. Je lève vers elle un regard résigné.

– D'accord, je t'autorise à les porter mais seulement parce que ce sont des futilités et que nous sommes très en retard.

Mes yeux s'arrondissent de surprise. Je ne m'attendais pas à la voir capituler si facilement. Je lui souris, reconnaissante. Ma mère s'approche de moi, ses hauts talons claquant sur le parquet. Elle lève sa main et pousse mes cheveux derrière mes oreilles délicatement. Ses yeux s'adoucissent et elle me murmure doucement :

– Tu es magnifique ma chérie.

– Merci, maman. Toi aussi.

Elle rigole doucement, puis jette un œil à sa montre en argent et écarquille les yeux avec une expression horrifiée.

– Mon dieu, Leyla, mais nous ne serons jamais à l'heure ! Allez, on y va !"Je la suit dehors et nous nous empressons de marcher jusqu'au bureau d'administration après avoir rejoint Vera qui nous attendait devant chez elle.

Elle remarque mes chaussures et exprime sa surprise avant que je ne lui explique toute l'histoire. Quelques minutes plus tard, nous nous retrouvons dans la file d'attente longue de plusieurs kilomètres. Bon, j'abuse peut-être un peu mais elle est géante ! J'observe les jeunes filles de mon âge autour de moi. Certaines ne cachent pas leur excitation et chuchotent entre elles en poussant des petits cris d'enthousiasme ; d'autres ont le visage crispé d'anxiété. Quant à moi, je tente de garder un visage neutre comme m'à appris ma mère. Je masque ma nervosité sous un masque de confiance et de suffisance. Le pass VIP de ma mère — elle a sûrement des connaissances parmi les organisateurs — nous permet de contourner la queue sous les regards contrariés des candidates qui me jettent des coups d'œil indiscrets. Je sais que je me démarque des autres. Ce n'est pas le statut ou la classe sociale qui nous distingue moi et ma mère ( il y a beaucoup de Deux et de Trois à Angeles ) mais notre prestance de danseuses. Nous marchons gracieusement, la tête droite et les épaules en arrière. Ma robe blanche m'arrive aux genoux et fait ressortir ma peau bronzée et mes cheveux flottent derrière moi. Arrivée devant caméra après avoir déposé mon dossier d'inscription, mes doigts tremblent nerveusement. Ma mère me rassure du regard et je me détends, souris et braque mes yeux émeraude vers l'appareil photo avec défi.

Mlle Iliya GALO -> Sept de Sumner

Je me tiens là, juste derrière Moon, Elion et Aria, les yeux perdus dans la foule de filles qui attendent. Chaque geste semble si calculé, chaque regard semble peser, et moi, je me sens comme une étrangère dans cette atmosphère parfaite. Les autres filles sont si différentes de moi. Certaines portent des robes en tissu délicat, d'autres des jupes taillées au millimètre près, toutes impeccablement coiffées, leurs cheveux lissés comme des serpents. Elles semblent sûres d'elles, comme si elles savaient exactement ce qu'elles font ici. Leurs gestes sont mesurés, leurs regards se croisent, s'évaluent. Et puis il y a moi, avec ma chemise en soie bleu ciel, fluide, qui glisse presque trop facilement contre ma peau. Les manches évasées semblent voler sous la brise, mais j'ai l'impression qu'elles trahissent ma nervosité. Mon pantalon pâte d'éléphant blanc est élégant, mais je n'arrête pas de me dire que les plis ne tombent pas parfaitement. Mes bottines sont trop simples, trop terre-à-terre à côté de leurs talons aiguille. Et je vois comment elles se déplacent, comme si le sol leur appartenait. Moi, j'ai l'impression de traîner mes pieds, de m'alourdir à chaque pas. Je jette un coup d'œil furtif aux filles devant moi, leurs yeux brillants de confiance. Je suis trop timide, trop maladroite dans mes gestes. Mes cheveux bouclés tombent en une masse brune indomptable, tandis qu'elles ont des chignons parfaits ou des coiffures tirées à quatre épingles. Leur calme me fait l'effet d'une onde qui me submerge, et je me demande si je vais réussir à tenir, à ne pas m'effacer sous ce regard collectif. Je remarque les petites chaînes en argent, en or, autour de leurs cous. Rien de voyant, mais tout semble tellement calculé, précis. Moi, je porte une petite clé. Elle cliquette doucement sous ma blouse, presque comme un rappel de ma simplicité. Est-ce suffisant, cette clé ? Est-ce suffisant pour me définir, pour me faire exister ici ? Mon esprit court, tourne en rond. Je me demande si je suis assez bien, si je fais le bon choix en étant là, parmi elles.

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