Chapitre 15
- Victoria !!
Cette fois-ci, ce n'est pas que de la surprise que j'entends dans la voix de ma mère. Elle est accompagnée d'une gêne certaine et presque d'une pointe de culpabilité. Maxon me regarde les traits tendus, sans rien dire.
- Kile est votre fils, je reprends. C'est de lui que vous parliez. Vous l'avez conçu à la fin de la Sélection la nuit qui a précédé votre dispute. Mais quand il est né, vous étiez déjà séparés, Maxon était déjà marié à Kriss, ma mère allait se marier avec mon père. Vous aviez déjà tourné la page et cet enfant ne pouvait pas faire partie de vos nouvelles histoires. Maman, tu l'as confié à Marlee. Tu me l'as dit ! Tu m'as dit que tu lui avais confié ce que tu avais de plus cher ! Tu lui as confié votre enfant pour lui créer une fausse histoire juste avant de rejoindre papa et de faire sombrer cette histoire dans l'oubli. Kile est votre fils.
Après cette longue tirade, je reprends à peine mon souffle et attends leur réponse. C'est étrange, mais je commence presque à m'habituer à l'idée que ma mère et Maxon ont eu un enfant ensemble. Après tout, ça fait maintenant un petit temps que je l'ai appris et j'ai eu le temps d'assimiler la nouvelle. Par contre, je suis toujours aussi frustrée de ne pas être sûre de la vérité. Peu à peu, j'ai compris l'existence de cet enfant et tout m'a amené à comprendre qu'il s'agissait de Kile, le simple garde qui aurait été le dernier à être soupçonné. Mais j'ai besoin de l'entendre. Besoin d'entendre ma mère me le confirmer.
- J'ai raison ?, je demande parce qu'aucun des deux ne daigne me répondre sans doute trop abasourdis pour réagir.
Il se passe encore de longues secondes avant que ma mère ne se tourne complètement vers moi et ouvre enfin la bouche. Ses cheveux roux contrastent avec son visage devenu pâle pendant mon discours. Cependant, même si elle paraît tout sauf à l'aise, elle entreprend de m'expliquer enfin :
- Tu as raison sur une chose. Maxon et moi avons eu un enfant ensemble.
J'attends la suite.
- Mais ce n'est pas Kile.
Je souffle. Pas Kile…
- Pas… Mais… Vous avez eu un enfant ensemble ?, je répète un peu tremblante.
A ce moment, Maxon intervient. Il s'est reprit du mieux qu'il pouvait et s'est redressé. L'air bien plus responsable que je ne l'aurais imaginé, il me dit :
- Comment as-tu appris cela Victoria ? En nous écoutant ?
Je hoche la tête mais m'empresse de rajouter :
- Pas que. J'ai découvert une photo dans le dernier tiroir de votre bureau.
Ma mère fronce les sourcils mais Maxon semble comprendre immédiatement de quoi je parle.
- Quelle photo ?, s'exclame ma mère. Pas celle…
- Si, la coupe Maxon. Je suis… - désolé. J'avais promis de ne pas la conserver pour que personne ne puisse la retrouver mais je n'ai pas pu m'y résigner.
Ma mère ne lui reproche pas. Elle doit sentir que c'est inutile maintenant. Maxon baisse la tête et je lance :
- Vous pouvez m'expliquer ? Je… Je sais que c'est du passé maintenant mais…
Je ne trouve pas d'autres arguments, et pourtant j'ai la surprise d'entendre ma mère me répondre :
- C'est du passé, c'est vrai. Mais il est toujours là. J'imagine qu'ayant découvert une partie de l'histoire tu es en droit d'en demander des précisions…
Elle s'adosse à un arbre. Son visage a retrouvé quelques couleurs mais un poids énorme pèse sur ses traits. Elle respire un peu difficilement et commence son histoire :
- Nous n'avons rien fait pendant la Sélection.
- Mais vous ne vous êtes pas revu après !, je m'exclame sous le choc.
- Nous ne nous sommes pas revu après que je sois retournée avec ton père. Et je suis retournée avec Aspen plus de deux ans et demi après la fin de la Sélection.
J'écarquille les yeux. Plus de deux ans et demi ! C'est énorme ! Mes parents nous ont toujours dit qu'ils s'étaient mis ensemble plus ou moins après la fin de la Sélection. Alors quelques mois… - d'accord, mais plus de deux ans et demi ?!!
Malgré tout, je ne dis rien. Elle est trop bien partie pour que je l'arrête sur sa lancée.
- Je suis restée longtemps en Caroline en rentrant de la Sélection. J'étais épuisée. Je venais de vivre une rupture plus qu'éprouvante, et pour couronner le tout, à cause des messages qu'a reçu Maxon quand il a insinué que la Sélection n'aboutirait pas, j'ai dû rester au palais avec Kriss plusieurs jours dans l'attente, sans que Maxon ne vienne me parler une seule fois, et sans que je ne comprenne ce qu'il se passait.
Je la questionne :
- Mais tu étais au courant pour les menaces qu'il avait reçu ?
Ma mère hausse les épaules et dit :
- Pas sur le moment, il me l'a dit bien plus tard. Mais on va y venir.
Elle reprend le fil de son récit :
- Bref, j'étais effondrée et je suis rentrée chez moi. J'y suis restée longtemps, en proie à diverses émotions… Heureusement, j'ai pu compter sur le soutien de Céleste, qui m'a été d'une grande aide. Et surtout de Marlee. Marlee est venue me rendre visite plusieurs fois, elle s'est occupée de moi, presque comme de son propre enfant. Je ne sais pas ce que je serais devenue si elle n'avait pas été là… Je me suis peu à peu reprise. J'ai recommencé à travailler, je me suis pris un appartement près de chez ma mère mais de façon à ne plus être à sa charge. La vie a repris son cours. Et puis il y a eu cette lettre…
La voix de ma mère se brise. Maxon s'approche un peu plus d'elle et la prend par les épaules pour la soutenir. Elle continue :
- Environ deux ans et demi après la fin de cette Sélection qui avait fini sur un désastre, j'ai reçu une lettre. Une lettre du palais. On m'invitait à une fête qui aurait lieu en l'honneur d'une nouvelle caste venant d'être créée : la caste 0.
Un éclair explose dans mon crâne.
La caste 0 ! Les italiens ! La famille Arnaldi !! Tante May ! Je le savais !!! Je le savais depuis le début !!! La reine Kriss elle-même me l'a dit !! Je suis trop idiote ! JE LE SAVAIS !! ILS SE SONT REVUS DEUX ANS ET DEMI APRES LA FIN DE LA SELECTION ET JE LE SAVAIS !!!
Comme un flash soudain, un souvenir défile devant mes yeux et je me maudis de ne pas y avoir pensé avant…
Flash-back (extrait de La Sélection de Victoria ; Descendance. Chapitre 12)
Alors que moi et mes deux camarades s'affairons à notre tâche, je parcours la liste des invités. Au bout d'un moment, j'aperçois un nom qui me frappe.
- La famille Arnaldi. Six personnes, je lis pour moi-même avant de demander : On n'a pas déjà parlé de cette famille dans vos cours Mme Killvan ? Ce nom me dit quelque chose.
Rose hausse les épaules et secoue la tête. Mais la reine Kriss intervient :
- C'est tout à fait normal que tu connaisses ce nom. C'est le nom du fils d'un riche marchand italien qui avait –et qui a toujours– d'excellents contacts avec la noblesse. Son fils est venu au palais environ deux ans et demi après la Sélection de mon mari, à l'occasion d'une fête donnée en l'honneur de la naissance de la caste 0. C'était une grande fête, tous nos alliés étaient présents et… Enfin bref. A cette fête, il a fait la connaissance de quelqu'un que tu dois bien connaître…
Je soupire, je sens venir la suite alors je la devance :
- Laissez-moi devinez majesté… Ma mère ?
Je vois la reine esquisser un sourire d'amusement.
- Oui c'est vrai. Mais pas seulement : il y a également rencontré sa sœur, ta tante May, qui est par la suite devenue son épouse.
May ? Je réfléchis quelques instants. Oui c'est bien vrai. J'ai en effet une tante qui s'appelle May et qui est partie vivre en Italie. Je n'y avais pas pensé… Il faut dire qu'à cause de la distance, je ne l'ai jamais beaucoup vue. Elle est bien venue quelquefois mais rarement. En tout cas, cela va être drôle de la revoir dans une situation tout à fait décalée du contexte familial ! …
…
…
… Voilà. Je le savais… Sur le coup, j'avais été un peu interloquée mais sans plus, puis j'ai complètement sorti cette information de ma tête.
- Je pensais que l'enfant ne pouvait qu'être Kile en raison de son âge. Mais vous n'avez rien fait lors de la Sélection. C'est pendant cette fête-là que ça s'est passé. Deux ans et demi plus tard. Votre fils n'est pas Kile. C'est Louis.
Maxon et ma mère rougissent tous les deux plus ou moins et maman hoche doucement la tête. Un petit temps de silence survient, jusqu'à ce que Maxon se décide enfin à reprendre la parole :
- Nous nous sommes retrouvés ce jour-là, c'est vrai. Et c'est sans même se concerter, presque inconsciemment, que nous nous sommes isolés de la fête et que nous sommes allés hum… -un peu loin…
Les joues du roi s'empourprent un peu plus. Je ne sais pas si c'est de la gêne ou juste l'inconfort d'évoquer un tel souvenir. Quoi qu'il en soit, il se reprend vite pour continuer :
- C'est seulement après cet acte que nous nous sommes vraiment parlé pour la première fois depuis notre séparation. Nous avons finalement décider qu'après tout ce temps, et tout ce qui s'était passé, on ne pourrait plus jamais revenir en arrière, et qu'il était temps pour nous de vraiment tourner la page.
Je comprends. Ils ont entre guillemets fait la paix et le deuil de leur relation. Seulement, ils s'y sont pris un peu tard…
- J'ai appris peu après que j'étais enceinte, dit ma mère doucement. Je me suis à nouveau effondrée. Je ne savais pas vers qui me tourner ! Personne ne devait savoir ! Mais je ne pouvais pas porter ça toute seule. C'est pourquoi je me suis tournée vers Aspen.
Mon père…, je pense en baissant la tête.
- Quand je suis allée chez lui, je ne savais pas comment il me recevrait. Je ne lui avais pas parlé depuis si longtemps… Et je ne savais même pas ce qui se passerait ensuite. Son accueil a été au-delà de mes espérances. Il m'a promis de m'aider, puis après m'avoir hébergée quelques temps, il m'a proposé de me soutenir davantage, en portant avec moi le poids de cet enfant.
C'est donc à ce moment qu'il l'a demandé en mariage…
- La suite, tu la connais. Voilà. Ton… Ton frère Louis est mon fils, finit le roi dans un souffle. Notre fils.
A ce moment, un craquement se fait entendre à quelques pas de nous. Nous nous retournons tous en même temps, et juste à temps pour voir une silhouette s'enfuir entre les arbres.
Notre discussion coupe court et Maxon s'avance l'air soudain alerte pour voir plus précisément le dessin de la silhouette qui court dans le bois.
- Oh non…, murmure-t-il.
Ma mère et moi dans l'attente, nous l'interrogeons du regard.
- C'est un journaliste, lâche-t-il dans un grognement. Il n'était pas là par hasard. Il a dû entendre toute notre conversation…
Un froid glacial semble s'insinuer dans ma tête quand il dit ça. Un journaliste qui aurait tout entendu ? Ce n'est pas très bon signe… J'essaie de dédramatiser la situation :
- Bon… Et puis quoi ? Au pire et bien… -votre histoire sera révélée au grand jour. Bon je sais ce n'est pas terrible mais…
- Victoria, ça va faire du bruit, me coupe ma mère l'air grave.
Je reprends :
- Les gens seront surpris mais ils ne vont pas vous en tenir tant rigueur… Enfin peut-être un peu évidemment mais… Enfin au fond, même si vous êtes de la famille royale Maxon, tout ça c'est votre vie privée, la population ne doit pas avoir à s'en mêler.
Maxon me fixe un instant intensément et rétorque :
- Et bien justement si, dans ce cas particulier, elle serait totalement en droit de s'en mêler.
Je vois presque une goutte de sueur couler lentement sur son front.
- Parce que Louis est plus âgé que Joshua.
- Et alors ?, je lâche sans comprendre.
C'est ma mère qui me fait rendre compte de la gravité de la situation :
- Nous fêtons en ce moment même le futur couronnement de Joshua. La loi sacrée stipule que seul le premier enfant du roi d'Illeà à le droit de monter sur le trône. Seul le premier enfant. Ce que Joshua n'est pas.
Je ferme les yeux un instant, assimilant ce que je viens d'entendre. Je repense au journaliste et à sa fuite. J'imagine le pire.
- Vica, tu es sûre que ça va ? Tu es complètement pâle ?
Maxime a fini par sortir de sa cachette en voyant que je n'arrivais pas. Il a retrouvé les autres filles et tout le petit groupe est parti à ma recherche, s'inquiétant un peu. J'ai fini par tomber sur eux en sortant du bois et je me suis excusée en prétendant que je m'étais sentie mal et que j'avais interrompu mes recherche quelques minutes. Ils m'ont cru.
Maintenant, une heure de plus a passé et le discours de la famille royale est pour très bientôt. Joshua va devoir s'exprimer sur son prochain couronnement, et promettre à son peuple de s'en montrer digne. Moi, je suis en stress complet.
Maxon a essayé de retrouver le journaliste du bois : impossible. Et pour lui, s'il ne se montre plus nulle part, cela ne peut signifier qu'une chose : il prépare un mauvais coup. Alors voilà. Cela fait environ une heure que je tremble comme une feuille à l'idée de ce qui pourrait surgir dans la fête à tout moment.
- Ça va, je mens sur les nerfs à Maxime. Je dois simplement être un peu fatiguée.
Le petit prince me fixe l'air septique :
- T'étais pas trop fatiguée pour la bataille d'eau et le début du cache-cache. T'es sûr de ce que t'avances ?
Heureusement, je n'ai pas à lui répondre. Une sonnerie nous indique le moment où nous devons tous nous réunir devant la petite estrade montée pour Joshua. C'est le moment du discours.
- Viens Maxime. Nous devons y être avec les autres.
Il ne bouge pas, dans un premier temps, mais finit par m'emboiter le pas. Quand je marche, mon cœur cogne contre ma poitrine. Jusqu'à maintenant le journaliste ne s'est pas manifesté, s'il attendait le bon moment pour le faire, c'est sûrement maintenant… Je tremble presque quand j'arrive près de l'estrade et que j'y monte pour m'y installer à côté des Sélectionnées de l'Elite.
Alors que Joshua a le micro en main et qu'il s'apprête à s'adresser aux invités, le pire survient. Derrière nous, nous entendons une autre voix. Une voix masculine qui clame :
- Je m'oppose, entendez-moi bien, je m'oppose à ce discours qui va être prononcé. C'est le discours d'un futur roi. Et il s'apprête à être prononcé par un prince, qui n'est pas légitime à la couronne. La couronne doit revenir à quelqu'un d'autre.
Tout le monde se tourne vers la voix, mais personne ne peut dire de qui elle provient. Elle sort simplement d'une enceinte située dans le parc.
Là, le cauchemar commence. Des clameurs montent du public, des murmures indignés, surpris aussi. Qui, mais alors qui ose faire une telle annonce ? Erronée en plus ? La couronne devrait revenir légitimement à quelqu'un d'autre ? C'est insensé ! C'est du moins ce que semble croire la plupart des personnes présentes. La voix l'avait apparemment prévu puisqu'elle rajoute :
- Non. Le prince Joshua Schreave n'est pas légitime à la couronne. Il n'est pas l'aîné du roi ! Oh oui, il est l'aîné du couple royale, mais je vous rappelle à tous la loi sacrée : seul le premier fils DU ROI –s'il est en capacité de régner– a le droit de monter sur le trône. Maxon a eu un fils avant le prince Joshua. Et il est ici aujourd'hui. Je vais vous le prouver !
Et là, sous mon air horrifié, un petit clic se déclenche. Prélude des ennuis qui nous attendent… : nos propres paroles retentissent. Les miennes, celles de ma mère, et celle de Maxon.
- Victoria… Qu'est-ce qu'il se passe ?
C'est la voix de Mélisandre qui arrive à mon oreille. Elle a reconnu ma voix. Je ne réponds pas. Je la laisse elle, comme les autres, comprendre d'eux-mêmes par l'enregistrement diffusé. Quand il se finit, nous tombons tous aux Enfers…
- C'est la cata… C'est la cata…
Ma mère secoue la tête. La fête a été interrompue en vitesse, nous avons dû faire évacuer Louis très rapidement pour éviter qu'il se fasse assaillir par la foule. Après l'annonce, un bordel monumental s'est ouvert. La reine Kriss a rejoint en courant le palais, Maxon s'est précipité après elle, ils doivent encore être quelque part, en train de s'expliquer. Ma mère a amené Louis à l'intérieur et mon père est monté sur l'estrade pour faire une annonce. Il a rapidement déclaré que la fête connaitrait là une petite césure le temps qu'on éclaircisse toute cette histoire. Il a demandé aux invités de se tenir calme en attendant, puis il nous a emmené moi et les filles, Jojo et Maxime dans le palais, jusqu'au bureau de Maxon. Je dois dire qu'il m'a impressionné sur ce coup-là. Je sais que mon père était au courant que Louis était le fils de Maxon, et c'est sans doute pour cela qu'il n'a pas été paralysé par la surprise. Mais je ne l'aurais pas cru capable d'agir aussi vite et aussi efficacement.
Bref, nous sommes maintenant moi, l'Elite, Joshua, Maxime, Louis et mes deux parents cloitrés dans le bureau. Ma mère, mon père et moi essayons de trouver une solution. L'Elite s'est assise dans un coin, ruminant ce qu'il vient de se passer sans vraiment arriver à se persuader que tout ça n'est pas un rêve. Joshua et Louis sont tous les deux assis par terre, contre le mur, à quelques mètres l'un de l'autre, complètement dans un autre monde. J'ai bien essayé de leur parler, de les rassurer, mais il semble qu'il m'est pour l'instant impossible de les atteindre. Valentine et Maxime sont assis près du prince Schreave mais ne semble pas savoir quoi dire non plus. En clair : tout le monde est sous le choc…
Au bout d'un moment, la porte du bureau s'ouvre. Je me tourne affolée, craignant que ce soit quelques invités qui auraient réussi à passer la barrière de gardes et à nous rejoindre. Mais heureusement, il s'agit de Maxon et Kriss.
Apparemment, le roi est parvenu à calmer plus ou moins son épouse. Mais je vois dans les yeux rougis de la reine qu'elle a dû verser beaucoup de larme avant d'en arriver là. Quand elle entre, elle jette un coup d'œil autour de la pièce, elle aperçoit ses deux fils avec Valentine sur le côté et se précipite vers le petit groupe pour se mettre en retrait avec eux.
- Ça va bien ici ?, souffle Maxon en s'avançant vers mes parents.
- Moyennement, répond mon père. Heureusement que nous avons pu tous nous retirer de la fête. Nous n'avons pas eu de problème d'émeute, c'est déjà ça.
Le roi hoche la tête l'air grave et à la fois très reconnaissant :
- Aspen vous avez toute ma gratitude d'avoir réagi aussi vite. J'ai entendu de loin votre annonce alors que je courais pour chercher Kriss dans le château.
Mon père essaie sans grande conviction de sourire et j'interviens doucement :
- Elle va bien ?, je chuchote presque.
Maxon me répond sur le même ton :
- Elle… Elle supporte on va dire… On… On va devoir en reparler plus tard.
Je n'en dis pas plus. Cela doit déjà être assez difficile pour lui.
- Bon, conclu Maxon. Il m'est impossible de demander à Joshua de faire une annonce maintenant, je suppose.
Il tourne son regard désolé vers son fils anéanti quand il dit ça.
- Je vais en faire une. Dire aux invités que nous avons besoin d'un peu de temps pour réfléchir à tout ça. Nous ne pouvons pas faire durer la fête plus longtemps. Et puis je vais m'expliquer bien sûr. Reconnaître…
Il ne finit pas sa phrase. Maintenant il n'y a plus à discuter ; il n'y a plus qu'à agir. En attendant, je m'éloigne d'eux, je laisse mon père qui tient ma mère par la taille avec un air protecteur et Maxon qui semble au bord du gouffre. Je jette un coup d'œil à mon prince mais juge qu'il est plutôt bien entouré… Ce n'est peut-être pas le moment d'aller le voir, je devrais sans doute le laisser avec sa mère qui a l'air autant choquée que lui, son petit frère et son amie d'enfance.
A la place, je me dirige vers la seule personne qui est restée seule jusqu'à là. Je m'approche de Louis. Je m'assieds près de lui et enroule mes bras autours de ses épaules pour le soutenir avec toute mon affection. Il ne dit rien. Il attrape juste d'une main mon avant-bras devant lui et s'y agrippe comme à sa vie. Il me serre si fort que la pression me fait mal mais je ne dis rien. Je le regarde. Ses yeux sont ailleurs. Tellement loin…
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