Chapitre 11
Une fois de plus, nous voilà sur le devant du palais, devant une rangée de plusieurs limousines. Mais cette fois, ce n'est pas pour accueillir mais pour assister au départ de nos invités.
Après le petit déjeuner, les trente-cinq familles ont toutes fini leurs bagages pour rentrer dans leur région respective. Le prince a hésité à prolonger l'invitation mais il a finalement choisi de rester sur son premier choix et d'attendre déjà les premières réactions du peuple qui surviendront après la diffusion de son discours de la veille, dans la journée.
En attendant, trente-cinq familles en moins, c'est pas mal ! Le palais a l'air de se vider tout d'un coup, aussi vite qu'il s'est rempli, c'est plutôt drôle.
- Ça nous a fait du bien de voir un peu de monde, souffle Neena.
Je la regarde en coin. Neena nous a déjà confier que sa famille lui manquait parfois, je crois qu'elle se sent un peu isolée du reste du monde certains jours. Je suis contente que ces derniers jours ont pu lui changer un peu les idées.
- C'est vrai, mais du coup on n'a pas vraiment pu passer du temps ensemble, et avec le prince Joshua, rétorque Clémence qui ne voit apparemment pas les choses de la même manière.
Alors que nous rentrons peu à peu dans l'enceinte du château, sous les flash des journalistes et après avoir fait nos derniers au revoir aux invités, mon amie rajoute, rayonnante :
- Ce petite intermède était super, et c'était sûrement une bonne chose pour la popularité de Joshua, mais maintenant prenons un petit temps pour passer à autre chose et nous reposer tous ensemble de ces derniers jours ! J'ai une petite idée !
Je lui souris et attends la suite. Silou, Lena, Lucia et Neena, qui sont les plus près, se rapprochent aussi pour entendre ce qu'elle a à proposer :
- Un pique-nique ! J'ai l'impression que ça fait une éternité qu'on n'en a pas fait. Voilà qui nous permettrait de nous relaxer un peu et de passer un bon moment ensemble. Entre Sélectionnées, et avec la famille royale.
Après un silence et un bref regard vers moi, elle ajoute :
- Et avec la famille de Vica si elle veut aussi. Un bon moment convivial : c'est tout ce dont nous avons besoin maintenant je pense!
J'émets un petit rire devant son enthousiasme.
- C'est une chouette idée, approuve Lena.
- On pourrait même passer l'après-midi dehors, je propose à mon tour. Il fait tellement beau. Et si au lieu de pique-niquer on dressait un buffet froid dans le parc et qu'on passait le reste de la journée au soleil, à s'amuser ensemble tout en grignotant !
C'est avec joie que je lance cette proposition. Je remercie vraiment Clémence d'avoir eu cette idée car c'est exactement ce dont j'ai besoin en ce moment : une bonne activité tous ensemble pour me changer les idées. Silou s'esclaffe de son rire si cristallin habituel.
- En principe ce n'est pas très bon de grignoter toute l'après-midi, n'est-ce pas Victoria ? Mais là je suis totalement pour !
Je souris, satisfaite et heureuse. Lucia dit à son tour :
- Lena et moi on s'occupe de préparer plein d'hors d'œuvre ! On pourra trouver tout ce qu'il nous faut aux cuisines.
Lena approuve et Clémence continue :
- Alors je me charge des cocktails. Je sais que je pourrais compter sur Mélisandre : elle m'aidera.
Silou se propose avec Neena pour s'occuper des tables, des nappes et des meubles d'extérieur. Je me porte alors volontaire pour trouver des idées d'activités et de jeux à faire dehors.
- Le prince Maxime pourra y réfléchir avec moi. Il en sera forcément ravi, je lance joyeuse.
C'est avec le cœur léger que nous rentrons dans le château.
L'idée de la journée buffet dans le parc a plu à tout le monde ! Joshua a accepté sans hésiter et le roi Maxon a même proposé de faire appel à des musiciens du palais pour compléter l'ambiance. Quand ma mère l'a su, elle s'est dépêchée d'aller demander à ce qu'on lui apporte un violon pour se joindre au petit orchestre.
Nous voilà maintenant tous réunis dans les jardins : Maxon et Kriss, l'air bien plus détendu maintenant que le conseil s'est passé et bien passé, Joshua et son frère –en m'aidant à choisir les activités, le petit diable m'a confié qu'il cacherait des pistolets à eau un peu partout dans le parc… Ça promet !–, l'Elite au grand complet, et ma famille accompagnée de mon amie Myriam. La famille Woodart est là aussi. Marlee m'a confié qu'elle raterait pour rien au monde une après-midi pendant laquelle ma mère aurait ressorti son violon. Je peux la comprendre : même si maman joue moins que dans sa jeunesse depuis qu'elle n'est plus une cinq, les rares fois où elle nous régale de ses mélodies sont des plus agréables ! M. Woodart a accompagné sa femme également et même Kile qui n'est pas de service a pu venir.
Après avoir pris une bonne partie de la matinée restante pour préparer tout ça, le parc s'est remplie de longues tables aux nappes blanches proposant mille et un hors d'œuvres, de monde et de musiciens jouant pour cette belle journée.
Cette belle journée, parfaite pour me changer un peu les idées, et me sortir toutes ses pensées négatives et ses réflexions torturantes de la tête le temps de quelques heures au moins !
Je regarde ma mère, les yeux remplis de fierté, alors qu'elle fait glisser majestueusement son archet sur le violon qui lui a été prêté. Sa mélodie douce, celtique, va vraiment bien avec le parc ensoleillé et toute la nature qui le constitue. En entendant ses notes, je me surprends à penser qu'elle n'aurait pas dû arrêter son travail de musicienne. Elle a tellement de talent !
- Ta mère joue vraiment bien. Ça n'a pas changé.
Je tourne la tête. La reine Kriss s'approche de moi, le sourire aux lèvres. Je lui souris à mon tour en lui demandant :
- Vous l'aviez déjà entendu jouer ainsi ?
Kriss s'arrête à mes côtés. Ses yeux noirs fixent ma mère, des petites rides se formant à leurs coins. Elle semble essayer de faire remonter au mieux un souvenir.
- Elle a joué pour moi lors de la Sélection. Un honneur. C'était un très beau cadeau.
Je fronce les sourcils.
- Un cadeau ?
- Oui, confirme la reine. Un cadeau pour mon anniversaire.
Je l'écoute en rabattant une mèche de cheveux rebelle derrière mon oreille.
- Je vois. Elle devait jouer encore mieux à l'époque. Elle a beaucoup moins de temps pour s'exercer aujourd'hui, elle a sûrement un peu perdu.
La reine me regarde et hausse les épaules :
- Peut-être un peu oui. Mais si son entrainement est moins régulier, son talent est encore bien présent.
Je suis contente pour ma mère d'entendre ça. Je sais que la musique lui tient à cœur, même si celle-ci est sortie de sa vie professionnelle.
Kriss se tourne à nouveau vers la violoniste qui joue maintenant une nouvelle danse celtique en frappant du pied élégamment. C'est vrai que ma mère a de l'allure ainsi. Tout en écoutant la musique, je me concentre davantage sur la reine. Je lui jette un coup d'œil discret en me demandant de quoi elle avait l'air lors de sa Sélection. Et quelle était sa relation avec le prince ? C'est assez paradoxal mais finalement, l'histoire a presque davantage retenu que ma mère et Maxon ont été très proches mais que ça n'a pas abouti, que ce qu'il en était de la reine actuelle. Leur histoire a pourtant dû être très forte aussi. Sinon elle n'aurait pas fini sur un mariage.
Je baisse la tête en me rappelant de la révélation de Maxon quelque temps auparavant : Maxon s'est marié avec Kriss pour éviter un soulèvement. S'il avait eu le choix, il serait resté seul. J'ai cru comprendre que malgré cette situation, il n'avait aucun regret aujourd'hui, mais sur le coup, ça n'a pas dû être facile. Pour lui, évidemment, mais je pense aussi à la reine Kriss. Savoir que quelqu'un ne nous épouse peut-être pas pour les bonnes raisons doit être difficile.
Je me demande soudain comment elle le vit. Aujourd'hui elle doit le vivre plutôt bien. Avec le temps, Maxon et elle se sont réellement attachés et ont eu des enfants adorables… Je repense alors à l'enfant mystérieux. Kriss est-elle au courant ? Je scrute son visage alors qu'elle ne me regarde toujours pas et j'essaie de déceler le moindre indice. Ridicule. Ce n'est pas en la fixant ainsi que je comprendrais quoi que ce soit de cette histoire je suppose. Pourtant… Si seulement ces petits débuts de rides pouvaient me raconter quoi que ce soit au sujet d'une vieille histoire secrète, enterrée profondément, à propos enfant caché…
- Vica !
La voix de mon amie Myriam me tire vite de mes pensées :
- Les filles et les deux princes ont lancé un jeu de mime. Tu viens participer ?
Je me retourne vers ma mère qui joue toujours avec un son aussi beau et un sourire presque nostalgique sur le visage. Puis je regarde une dernière fois la reine Kriss qui n'a pas bougé avant de répondre :
- Volontiers. J'arrive.
- Un chef d'orchestre !
Jojo baisse les bras :
- Un point pour toi Maxime, confirme-t-il en souriant.
Je suis assise en compagnie de Myriam, de l'Elite et des deux princes. Joshua a fait installer un cercle de fauteuil d'osier dans une partie du parc à l'ombre et nous nous levons chacun notre tour pour jouer.
- Cool !, s'exclame le petit diable. C'est à moi !
Des petits rires se font entendre devant son enthousiasme. Maxime se lève et se dirige vers le bocal remplie de petit papier qu'on n'est censés tirer au sort. Juste avant de l'atteindre, il s'arrête.
- Oh ! J'ai une trop bonne idée ! Je peux choisir le mime que je fais plutôt que d'en tirer un au hasard ?
Nous nous regardons les uns les autres, nous consultons du regard. Après que la plupart d'entre nous aient approuvé, une des filles lance :
- Oui vas-y, pourquoi pas.
Maxime se met alors dans son personnage. Il se tait et commence à bouger sans faire un bruit. Je comprends dès les première secondes qu'il s'agit d'une personne. D'un humain je veux dire. Peut-être même… -de quelqu'un que je connais… On dirait quelqu'un qui participe à une de ces soirées officielles qui se déroulent au palais. Il va d'invité en invité pour les saluer poliment, il se tient droit, noble, souriant et le regard… -princier. D'un coup, il se dirige vers Lucia et du regard, semble l'inviter à danser. Il lui montre même d'un geste du bras une piste de danse imaginaire.
A son attitude assurée et très noble, plusieurs d'entre nous commence à reconnaitre…
- Ce n'est pas Joshua ?, essaie Clémence.
Nous commençons à rire. Maxime l'a tellement bien imité !
- Gagné ! Un point pour Clémence !
Nous repartons en riant de plus belle alors que Jojo prend une tête un peu vexé. Je suis sûre que même lui s'est reconnu.
- Et j'en ai plein d'autres des comme ça !, continue le petit diable avant de se lancer sans même nous concerter dans une nouvelle imitation.
Nous partons tous bientôt dans de nombreux fous-rires alors qu'il mime si bien la démarche sûre et énergique de Clémence, la délicatesse et le petit rire cristallin de Sissi, le regard rêveur de Mélisandre.
Par contre, mes yeux s'écarquillent quand, emporté dans son élan de pitrerie, je vois le petit diable se lancer dans un mime de glissade et de cassage de gueule en criant :
- Tiens ! Ça c'est pour toi Vica ! Si je me souviens bien tu n'as jamais raconté la vrai raison pour laquelle tu t'es…
Il n'a pas le temps de finir. J'attrape un de mes coussins et lui balance en pleine tête. Pas question qu'il révèle à tous l'accident qui m'a poussée à marcher une semaine en béquille ! J'entends plus loin Jojo qui éclate d'un rire sûrement incontrôlable. Les filles ne comprennent apparemment pas vraiment ; d'ailleurs elles n'ont pas le temps de se poser de question : Maxime réplique à mon attaque en balançant au hasard un coussin qui atterrit dans le ventre de Lena. En moins de temps qu'il ne le faudrait pour dire "quidditch", la guerre des polochons est lancée !
La partie de mime –et par la même occasion la guerre de coussins– se terminent dans la bonne humeur. C'est avec le sourire aux lèvres que je balaie le parc du regard pour apercevoir les autres : je vois plus loin mes trois frères assis à une table en compagnie de Kile qui n'est apparemment pas de service et qui leur montre ce qui semble être quelques photos. Je décide d'aller les rejoindre pour passer un peu de temps avec eux.
- J'ai failli gagner la bataille de coussin ! Vous auriez vu ça, vous auriez été fière de votre sœur !, je lance à Louis, Janvier et Maxence d'un ton amusée en arrivant près d'eux.
Je salue également Kile d'un sourire et d'un petit signe de main. Celui-ci s'exclame :
- Nous avons vu ça de loin. J'en connais un qui se serait bien joint à vous.
Comme je vois qu'il regarde mon plus jeune frère avec un sourire en coin, je me dirige vers celui-ci et pose une main sur son épaule en disant affectueusement :
- Tu aurais pu venir Maxence. Il ne fallait pas avoir peur.
Le petit rouquin prend un air un peu boudeur.
- Mais j'ai peur de rien moi ! C'est juste que j'écoutais les histoires de tonton Kile le garde et du coup, bah je ne suis pas venu même si vous aviez l'air de vous amuser comme des chimpanzés…
Je lève les sourcils avec un sourire tordu. Maxence a l'habitude de comparer les attitudes ou les expressions des gens à des animaux, mais il a déjà fait plus flatteur… Par ailleurs, le nouveau surnom de Kile me plait beaucoup ! Il lui va beaucoup mieux que le fameux "K.W" avec lequel je le désignais quand je ne connaissais pas encore son nom et que je me référais à sa plaque de garde.
- Et bien, je commence. "Tonton Kile le garde" était en pleine histoire ? J'interromps peut-être quelque chose…
Louis rigole alors que le jeune garde baisse la tête. Mon grand frère m'explique :
- Il nous racontait les grandes lignes de son parcours au palais, et il nous montrait des photos.
Je hoche la tête et m'assieds à leur côté en lui faisant signe de continuer sans s'occuper de moi. Alors qu'il continue, nous sommes bientôt rejoints par ma mère et son amie Marlee, la mère de Kile. Comme moi avant elles, elles s'installent simplement à la petite table de jardin avec nous pour écouter ce qui se dit. Parfois, Marlee fait de petites réflexions sur la fierté qu'elle éprouve devant la progression de Kile en tant que garde. Ma mère ne dit rien mais regarde Kile avec des étoiles dans les yeux, certainement plus que contente pour son amie de la voir aussi enjouée de l'épanouissement de son fils.
- Et donc tu auras ton prochain grade quand ?, le questionne au bout d'un moment Louis l'air vraiment intéressé par son parcours.
Kile secoue sa tête en répondant :
- Ou là… Pas tout de suite. Ça ne fait pas longtemps que je suis en grade de service 1 déjà. Trois-Quatre ans seulement.
Marlee intervient l'air enjoué :
- Oui. Ta nomination était superbe d'ailleurs ! Tu n'as pas la photo ?
Il farfouille dans son petit album et en sort une petite photo sur laquelle je le reconnais, bien qu'il ait l'air plus jeune de quelques années.
- C'était la veille de ma nomination. L'anniversaire de mes 20 ans. On fait souvent les nominations après les anniversaires puisqu'elles se font en fonction de l'âge.
Bien sûr, Kile n'a pas son costume de garde sur la photo puisqu'il fête son anniversaire en famille et avec quelques amis que je ne reconnais pas. Mais il a tout de même plutôt belle allure sur le cliché. Ma mère a l'air de penser la même chose, je la vois fixer quelque secondes Kile avec un immense sourire.
- Donc après les grades de novices, il y a les grades de service, récapitule mon aîné. Le premier est à 20 ans, le deuxième du coup est…
Un éclair me traverse la tête. D'un coup, je me redresse et n'écoute mon frère plus que d'une oreille. Une pensée vient de me traverser l'esprit…
- Maman je…, je commence avant même de savoir ce que je veux dire.
Elle tourne sa tête vers moi mais je me ravise. Un détail m'a frappé subitement et m'a replongé dans le mystère du bébé de la photo. Un détail qui pourrait peut-être changer la donne sur cette histoire ; il me faut plus d'info ! Maintenant. Mais évidemment, je ne peux pas aborder le sujet n'importe comment. D'ailleurs, je ne devrais peut-être pas l'aborder du tout devant tout le monde.
Je baisse la tête un instant. Je ne peux pas en parler à maman. Je voudrais avoir confirmation de ce qu'elle m'a dit cette nuit, sur le fait qu'elle n'ait été en contact avec Maxon que par téléphone pendant toutes ces années. Je sens que quelque chose m'a échappé dans cette histoire. Mais en réfléchissant, je me demande si ça ne m'avancerait pas plus d'en parler avec une autre personne au lieu de relancer cette conversation avec elle.
- Maman ? Tu sais où est papa ?
Peut-être pourrait-il m'éclairer davantage… Si je lui pose ma question subtilement…
Ma mère m'indique la place de la fontaine du parc où elle a laissé mon père devant les musiciens. Je m'excuse auprès de mes frères et des Woodart et me lève précipitamment.
Jusqu'à présent, les paroles de ma mère et de Maxon ainsi que mes déductions personnelles m'avaient amené à penser que la seule occasion pour le couple brisé d'avoir conçu un enfant aurait été pendant l'ancienne Sélection. A la fin de celle-ci notamment. Sauf que, toujours d'après mes déductions, cet enfant ne pourrait être que Louis. Et bien non ! Ça ne colle pas… Je viens d'apprendre qu'il n'a pas le bon âge.
Louis a 21 ans. Jusqu'à maintenant je ne savais pas exactement en quelle année la Sélection de ma mère s'était terminée mais je viens de récolter un bel indice !
En effet, en nous parlant de son parcours tout à l'heure, Kile nous a dévoilé qu'il avait tout juste 20 quand il a accédé à son dernier grade, et cela il y a, je cite, "trois-quatre ans seulement". J'en déduis qu'il est plus âgé que mon grand frère et qu'il est né deux ou trois ans plus tôt que lui. Hors, Kile est le fils de Marlee : une ancienne Sélectionnée ! Il est donc forcément né après la Sélection. Au minimum quelques mois plus tard. Louis est né plusieurs années après Kile… Donc Louis est né plusieurs années après la fin de la Sélection.
Neuf mois.
C'est approximativement le temps qui s'écoule entre la conception et la naissance.
Neuf mois.
Pas "plusieurs années".
Donc si Louis est l'enfant secret, il n'a pas été conçu pendant la Sélection mais bien après. Et dans ce cas, ma mère et Maxon m'ont menti : ils se sont bien revus.
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