Chapitre 5 ( réécrit )
Le coup de gong retentit tel le glas.
Pendant ces jours de repos, ils avaient pu se remettre un peu, mais l'angoisse de ne pas réussir ce test sur lequel ils jouaient leur avenir les avait frappé de plein fouet.
- Je le sens mal, je le sens mal, répétait en un souffle Edem, tremblant dans les bras d'Edith qui caressait ses cheveux pour la calmer.
- On s'est bouffé la moitié du week-end à réviser, c'est bon, on est tranquilles, objecta Atthes, vérifiant des mots de vocabulaire sur un dictionnaire.
- Mais oui, on va l'avoir haut la main ! s'exclama Oihane.
La suite lui donna tort. Alors qu'ils entraient dans la salle, ils se dirent que l'énorme pile de feuilles qui se trouvait sur chacun de leur bureau ne présageait rien de bon.
- « haut la main », répéta Atthes en ricanant, attirant sur lui le regard furieux de la personne citée.
Elle voulu répliquer mais à l'instar de la petite assemblée dont elle faisait partie, se tut. Leur professeur, ainsi que la Grande Protectrice, venait d'entrer dans la pièce.
- Bonjour et bienvenue dans votre salle d'examen ! Vous pouvez dès à présent vous installer à votre table, expliqua Natural. Tous les noms sont marqués.
L'ambiance de la pièce se fit surréaliste. Des vapeurs vertes s'enroulèrent autour des colonnes, englobèrent les étudiants, fouillant la moindre poche, caressant leur visage, enregistrant chacun de leurs traits.
- Je vous rappelle que cet évaluation sera la seule, clama Yanassëlle. Si vous la ratez, vous n'aurez plus rien à faire ici. Refaire l'année ne sert à rien, vous serez toujours en retard. Mais cela, vous le comprenez, évidemment.
Un haut-le coeur d'injustice fut tué dans l'oeuf par la douceur des paroles. De toute façon, ils avaient mieux à faire que de contester quelque chose établi depuis si longtemps. Le brouillard vert, les nuages des pensées, cela s'agrégeait petit à petit. Etre des gens supérieurs se méritait.
Ils clignèrent des yeux et des aiguilles de peur se plantèrent en eux. Un œil géant avait remplacé les vapeurs.
- Au cas où certains s'étaient dit qu'ils pouvaient se permettre de tricher. Nous n'évaluons point votre malhonnêteté mais votre intelligence.
- En effet, on risque pas, fit Atthes, prenant Lane à parti, la déridant un peu.
Le professeur entendit et choisit de l'ignorer.
- Vous pouvez commencer. Vous avez la journée, ainsi que quatre quarts d'heure de pause que vous pouvez prendre jamais à plus de trois. Vous serez accompagnés par vos aînés qui vous surveilleront. Bonne chance.
Et un silence religieux s'installa. Dix heures à tout donner. Les pauses passaient si vite, surtout pour ceux qui les passaient à pleurer.
Des maux de crâne s'installèrent rapidement, les écritures se brouillèrent à mesure que l'horloge installait sa temporelle suprématie.
Manger et boire faisaient un bien fou pour leurs jambes tremblantes, mais c'était blêmes qu'il retournaient pousser leurs cerveaux à bout dans des questions complexes qui n'en finissaient pas.
Ils n'avaient comme lumière que la certitude qu'après, tout serait fini. Ils ne s'attardèrent pas plus longtemps sur leurs souffrances et continuèrent méthodiquement d'essorer les connaissances de leurs esprits.
Même une fois l'examen fini et les copies rendues, ils ne dirent pas un mot, ne firent pas un geste, tous assis sur les deux longs bancs à l'entrée de la salle.
Que fait-on lorsque l'on n'a même plus les capacités de parler ? Ils attendirent.
- Je suis une passoire, cria Lane au bout d'une heure.
Quelques rires nerveux lui firent écho. Pas longtemps certes, mais cela suffit à relancer le mouvement des rites sociaux chez ces jeunes épuisés.
- Pas trop fatiguée ?
- Où est-ce que t'as le mieux réussi toi ?
- La question quatre petit b était absolument atroce, je m'en remet toujours pas.
Ce genre de petites phrases s'échangèrent un peu partout, orientant la conversation sur un débat non-argumenté sur les matières les plus dures, les capacités de réflexion et de concentration du groupe étant devenues celles de nouveau-nés.
Ils réussirent toutefois à faire silence quand Natural arriva, porteur de nouvelles bonnes comme mauvaises.
- Bien ! Sur les trente personnes présentent ici, vingt-deux ont décroché leur diplôme, expliqua-t-il en distribuant des petits badges gris à ceux qui avaient échoué. Si vous possédez un badge, dirigez-vous vers le bureau de la Grande Protectrice. Pour les autres, toutes mes félicitations !
Des soupirs, les uns de tristesse et d'autres de soulagement, déferlèrent dans les rangs.
- Je vais maintenant annoncer les trois premiers. En troisième, Atthes ! Savais-tu que le comportement en cours rajoutait des points bonus que tu n'as, par conséquent, pas eu ?
- Oh non, sérieux, s'énerva Atthes outré, c'est pas possible !
- Ensuite, Oihane. Parce que passer la moitié de son temps libre à la bibliothèque à faire absolument tout sauf réviser, même avec tes capacités, ne te garantira jamais une meilleure place que celle d'éternelle deuxième.
Oihane encaissa le coup et baissa les yeux.
- La première est donc Edem, et c'est amplement mérité car tu as fourni plus que tout le monde et ça a payé.
Une vague de gêne envahit la gagnante, tandis que les applaudissements duraient beaucoup trop longtemps à son goût.
Le professeur calma l'assemblée, et continua de l'informer de la suite des événements.
- Vos cours avec moi sont dès à présent suspendus, et finis pour ceux qui ne possèdent aucun pouvoir magique. Vous allez désormais évoluer avec Chan. Son message est celui-ci : « Demain matin, sept heures pile, en rang par trois devant l'armurerie. Huit heures de sommeil recommandées. » A propos de sommeil, les futurs mages parmi vous auront des rêves étranges les nuits pendant cette semaine. Ils sont là pour vous préparer à l'éveil d'un des quatre éléments en vous. Sur ce, je vous souhaite une excellente nuit !
Il hocha brièvement la tête et nous laissa.
- Attendez, il a dit demain sept heures, se remémora Itxian. Il nous faut huit heures de sommeil.
- Et bien, oui, répondit Lane, ne comprenant pas où il souhaitait en venir.
- Il est vingt-et-une heures cinquante-cinq, s'écria Oihane, suivant la logique de son ami. On a exactement cinq minutes pour s'endormir !
L'idée fit son chemin dans les esprits exténués d'un coup.
Ils se pressèrent du mieux qu'ils le pouvaient vers leurs chambres, où ils s'endormirent à peine arrivés dans leurs lits.
Son écharpe autour du cou et trois pulls enfilés les uns sur les autres, Edem se sentait comme en été, debout avec un chocolat chaud sur le paysage enneigé. Les nuages partaient au rythme des conversations qu'elle entretenait avec ses voisins. Sa mère était plus loin, souriante. Le soleil éclaira puissamment le blanc dont tout était recouvert. Tout se fit un peu faux, les lèvres bougèrent sans dire mots. L'astre de lumière pulsait sur ses tempes, son cœur accéléra. De la fatigue, d'un coup.
A six heures précises, la cloche fit sortir les élèves de leur sommeil de plomb. Epuisés de la veille, se lever fut dur, surtout sans informations détaillées sur leur future activité.
Edem sentait encore les reflets aveuglants résonner dans les veines de son crâne, dictant presque les battements de son coeur. Sa confusion fut forte mais courte, la réalité la ramenant doucement en son sein quand Lane posa sa main sur son épaule.
- Hé, Edem, t'as l'air un peu déboussolée ? T'inquiète pas je comprends, moi aussi ça me stresse d'aller dans un cours sans avoir vu la prof dernièrement.
- Je suis rassurée de ne pas être la seule, sourit l'interpellée, Olivier n'a pas vraiment montré d'émotions particulière en nous disant les instructions. On a un peu rien quoi.
- Si on comble pas notre retard, actuellement, on va surtout connaître sa capacité à punir ! Dépêche-toi, je t'attends ! Au fait, n'oublie pas qu'il faut les gants de combat !
Ce disant elle brossait ses cheveux en une unique tresse serrée.
Son amie comprit immédiatement l'urgence, et s'habilla en vitesse, puis fit le nécessaire à sa bonne forme.
Elles sortirent de la chambre et arrivèrent finalement à l'heure, s'annexant au groupe.
Atthes leur fit signe d'approcher, les guidant ainsi vers leurs amis.
Les discussions se mirent en place, tranquillement, jusqu'à sept heures pile.
- En rang par trois s'il vous plaît, s'époumona une voix agressive qu'ils reconnurent de suite comme étant celle de Chan.
Ils s'exécutèrent dans la minute, malgré la fatigue qui flottait encore en eux.
- Je vais pas prendre la peine de me présenter, vous me connaissez déjà et vous savez que vous allez en baver ! La première séance elle est toujours tranquille, histoire de vous échauffer un peu, expliqua leur nouvelle tutrice, portant sa voix dans le moindre recoin des oreilles des élèves. Vous allez vous lier à l'arme qui vous convient le mieux, c'est un système magique que je ne peux pas vous expliquer, étant donné mon absence de pouvoir et de goût pour la magie.
Elle ne fournit aucune autre information, concluant son discours par un geste impatient de la main leur faisant signe d'entrer dans l'armurerie.
Bien organisés, la troupe redécouvrit l'armurerie. C'était toujours la même chose, la chaleur se ressentait toujours autant, les mannequins, le nécessaire au renforcement musculaire, les deux portes à gauche, la forge au fond à droite, le cercle d'écritures étranges au milieu de la pièce.
- On sait toujours pas ce que signifie ce charabia au sol, murmura pour elle-même Oihane.
Un fois entrés totalement, ils se mirent à nouveau par trois, le regard brûlant de Chan ne voulant pas les quitter.
- Comment elle fait pour tous nous regarder en même temps, bredouilla Itxian, ça fait stresser...
Atthes ouvrit la bouche pour lâcher une réplique moqueuse à l'égard de son ami, mais il fut stoppé par une autre élévation de voix de sa professeure.
- Le choix des armes, c'est un par un et c'est moi qui décide ! Peu importe les volontaires, je veux voir aucun faux-cul le bras en l'air. Je fais ça totalement au feeling, donc réfléchissez pas et laissez-vous guider, c'est la clef !
Ce disant, elle pointa un doigt vers Edem.
Une onde de panique enfla dans la poitrine de la jeune femme, mais sachant qu'elle ne pouvait s'y soustraire, elle avança courageusement, les joues en feu et la peur au ventre.
Chan l'accompagna jusqu'à la première porte de gauche, lui faisant signe d'entrer.
Les quelques minutes qu'elle y passa semblèrent durer des heures au petit groupe.
Elle ressortit finalement avec une lance aussi grande qu'elle, au manche simple mais aux extrémités détaillées avec patience et décorées magnifiquement. Il n'y avait non pas une mais cinq lames, les deux majeures du haut du manche soutenues par deux autres en croissant de lune, s'inversant l'une par rapport à l'autre. La dernière était en bas du manche, très petite, à peine la taille d'un couteau à beurre mais acérée en losange.
Atthes siffla d'admiration.
- T'as vraiment la classe, s'exclama Oihane.
Edem sourit, un peu gênée par cet agréable sentiment qui suit toujours un compliment.
- Les Elus, puisque vous l'ouvrez, vous allez montrer l'exemple et tous venir en premiers ! Toi le mec qui siffle, c'est à toi, ordonna l'armurière.
Le reste du groupe fut soulagé d'apprendre que leur tour viendrait plus tard, certains commencèrent même à s'asseoir.
Atthes fit un clin d'oeil à ses amis, profitant du fait que Chan s'était mise à faire bouger les personnes qui se détendaient un peu trop, puis passa la porte.
C'est avec un ensemble de poignards et de dagues qu'il se présenta aux yeux étonnés de sa classe.
- Pourquoi ça ne m'étonne pas, soupira Edith.
- Si tu manies aussi bien tes armes que les lames acérées de l'ironie, tu vas vraiment commencer à me faire stresser tu sais, ajouta Itxian.
- Ait pas peur, je retournerai pas ça contre toi petit poète du dimanche. Pas encore en tout cas, répondit l'interpellé, narquois.
Le choix des armes continua, donnant à Lane des tonfas, un avec de l'acier pointu au bout et l'autre sans. Les poignées étaient en croissant, dont l'un inversé, augmentant la maniabilité, rendant moins complexe le long apprentissage complexe que nécessitait cet équipement.
Itxian fit dans la simplicité, revenant avec un khépesh, une épée recourbée courte, de quarante-cinq centimètres. Il s'accompagnait d'un grand bouclier couvrant la moitié de sa taille.
Puis vint le tour d'Edith. Elle approcha elle aussi de la porte, mais marqua une hésitation due au stress.
- Rentre et ne t'inquiète pas, ça va bien se passer petite peureuse, ricana Chan.
Puis elle referma la porte sur la jeune adolescente.
Edith s'avança lentement dans la pièce.
Tout était encombré d'outils de toute sortes. Se frayant un passage, elle accommoda petit à petit ses yeux à l'obscurité quasi-totale de la pièce. Elle se sentit perdue d'un coup.
Comment était-elle supposée trouver son arme dans ce fouillis sans aucune organisation ni indication ?
« Trouve-moi, Elue, je suis ton arme ! »
La blonde sursauta et tourna la tête dans tous les sens.
« Ensemble, nous formons le concept oriental d'équilibre, du bien dans le mal et du mal dans le bien !
La voix semblait à la fois intérieure et extérieure.
- Tu veux dire, le yin et le yang ? Tu es une arme en anneau plat, recourbé à l'intérieur, dont les moitiés se complètent parfaitement ?
« Mon nom tu dois trouver pour te faire guider par ma lumière! »
- Je dois trouver le nom exact ? Bon, concentration...
« Nous venons d'Inde, nous sommes aérodynamiques, découper l'air n'est pour nous pas un problème ! »
Edith réfléchit. Elle ne trouverait jamais si elle fouillait toute seule sans indications.
« Notre nom, qui signifie roue, disque, n'est pas sans rappeler sept points spirituels ! Ceci est mon dernier indice, soit sans doutes et tu trouveras ! »
- Des points spirituels ? Ces armes viennent d'Inde... L'hindouisme ? Attends, sept ? C'est les chakras ça non ?
Aucune réponse ne lui parvint.
- C'est une variante du mot chakra... L'hindouisme vient du sous-continent indien... Quelle était la langue parlée à ce moment-là ? C'est le sanskrit il me semble... Roue ? Disque ? Le mot pour ça... Qu'est-ce que ça peut bien être...
Soudain, la solution illumina son esprit.
- Un chakram ! Vous êtes deux chakrams ! Ensemble, vous formez un rond qui ressemble trait pour trait au yin et au yang !
« Bien joué ! Viens à nous. »
Une douce lueur blanche prit forme dans son dos, légèrement à droite.
Elle se dirigea vers elle et découvrit ses deux chakrams. Emboîtés, ils faisaient environ vingt-cinq centimètres de diamètre. Elle en prit un dans chaque main, et les admira pendant deux longues minutes.
- Ils sont magnifiques... J'ai l'impression qu'ils ont été faits pour moi ! Le bois n'est ni trop fin ni trop large, ma paume l'englobe parfaitement ! Ce côté tranchant a l'air de pouvoir faire des prodiges... J'ai si hâte d'apprendre à m'en servir !
Euphorique, elle sortit de la pièce un sourire gigantesque aux lèvres.
Oihane bondit, félicitant son amie, et commença à s'avancer vers la porte.
- Jeune fille, tu es bien impatiente. Pour la peine, tu passes dernière, punit Chan.
L'adolescente voulu protester contre cette injustice, mais se rendit compte immédiatement qu'elle ne ferait pas changer d'avis une impulsive têtue comme l'était la maîtresse d'armes.
Elle attendit donc patiemment son tour.
Tout le monde passa la porte, rapportant à chaque fois des armes différentes. Ils admirèrent tous les particularités de leur nouvel équipement, de l'épée bâtarde de l'un aux chakrams d'Edith, en passant par le simple bâton et les poignards d'Atthes.
C'est dans cette heureuse cohue qu'Oihane pris son temps pour aller et revenir de la salle.
A la simple vue de ce qu'elle avait ramené, Chan ordonna sèchement le silence, qui se fit immédiatement.
Son air narquois était devenu stupéfait.
Oihane, sa francisque qui faisait sa taille à la main, essaya de cacher sa tête derrière la double hache.
- Impossible... murmura Chan. C'est censé être un homme qui...
Voyant qu'elle parlait tout haut, elle s'interrompit.
- Suis-moi. On va voir Yanassëlle. Maintenant. Les autres, je veux pas qu'on me rapporte une seule défaillance de votre part quand on reviendra, compris ?
Elle prit Oihane par le bras et l'entraîna au pas de course vers le bureau de sa supérieure.
[ Hey !
Ce chapitre a pas trop de retard normalement, à peine quelques jours.
Pour ceux qui relisent ce chapitre, oui, les armes ont changées ! Et c'est quand même bien plus logique comme ça, vous ne trouvez pas ?
Vous avez pu vous représenter toutes les armes ? Si non, dites-le, je vous ferais un complément en images. Hésitez pas !
D'ailleurs, lâchez vos meilleurs commentaires + votes, ça me motive de savoir que des gens lisent encore mon histoire. C'est vraiment important pour moi, pas besoin que ça soit des pages entières, juste un petit «:) » me suffit !
Dans deux mois, un nouveau chapitre sort. Mes DMs sont ouverts, passez me voir si vous souhaitez !
Joyeux Noël et bonne année, même si bon, 2021 a l'air pire que 2020, ça va être la merde mdrrr
Sur ce, à plus bande de gens !
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