Chapitre 2 ( réécrit )


Yanassëlle était une de ces personnes qui aimaient être au centre du monde, donc produire leur petit effet. Ainsi, elle laissa un instant de flottement sur ses dernières paroles. Puis elle reprit en souriant :

« - Sur ce je vais vous présenter vos professeurs. L'un vous enseignera les bases en langues, sciences, histoire et littérature, puis magie, l'autre s'occupera de votre maîtrise des armes.

Les jeunes la suivirent alors qu'elle empruntait un escalier de marbre, ses talons résonnant dessus comme un glas pour nos héros. Ils descendirent en se tenant à la barre en bois fossilisé, pour se rassurer. Elle ne leur avait rien fait de mal et paraissait même soucieuse de leur fournir une éducation.

Oihane repensa au fait qu'elle avait déjà visité et étudié dans un lycée. Cette femme les avait empêché de continuer leur scolarité. L'information entraîna aussitôt des vagues de joie qui aurait parues forcées pour quelqu'un qui aurait eu ses souvenirs, mais la jeune femme au cheveux noirs de le remarqua pas. Quoi qu'il en soit, on lui offrait une possibilité qui lui était réservée ! Avec six compagnons seulement elle prenait conscience de la rareté de sa chance et finit par oublier un peu vite le côté négatif d'une telle proposition.

En allant vers les étages inférieurs, ils rencontrèrent quelqu'un sur un palier de marbre donnant sur deux gigantesques couloirs où des portes en bois cuivrées, dotées de poignées en cuivre enjolivées de dorures, parsemaient l'immensité des corridors aux arches splendides.

De haute stature, encore un peu plus grand que Yanassëlle malgré l'âge qui commençait à se faire sentir dans sa colonne vertébrale, des cheveux grisonnants, un sourire aux lèvres qui se transforma en moue surprise en nous voyant, des yeux bleus sombres avec un éclat de chaleur qui inspiraient confiance, une longue robe stylisée entièrement orange qui piquait les yeux d'Oihane et ses compagnons et un gros livre sous la main ; ils étaient en face d'un homme d'âge avancé respirant la bonne humeur.

Yanassëlle sourit.

- Professeur Natural ! Nous vous cherchions justement. Voici les jeunes recrues auxquelles vous aller enseigner vos savoirs dans la semaine qui suit !

- Enchanté, les jeunes, s'exclama l'enseignant tout content. Vous serez une quarantaine dans ma classe. J'espère que l'on s'entendra bien et que vous vous plairez ici ! Maintenant si vous m'excusez, poursuivit-il d'un air contrit en désignant son livre, j'ai énormément à faire. Bonne visite !

Il partit en marchant plus vite, montant les escaliers trois à trois avec une énergie qu'un homme de son âge ne semblait pas pouvoir avoir.

Notre directrice frappa dans ses mains.

- C'est parfait, nous n'aurons pas à aller tout au fond puis remonter. L'armurerie se trouve juste en-dessous, c'est là notre destination.

Les adolescents parvinrent à leur but en quelques minutes, en effet il suffisait de continuer sur une demi-volée de marches pour arriver en face d'une porte lourde, cloutée à linteaux, avec un heaume en son centre, puis derrière lui en diagonale une hache et une masse entrecroisées.

Non sans mal leur dirigeante ouvrit l'entrée de l'armurerie, une salle de taille moyenne plutôt dénudée de meubles ou décorations, avec des serviettes ça et là, des épées à nettoyer suspendues sur les murs et en dessous plusieurs bassines d'eau neuve, deux petites portes à gauche, un cercle faisant la moitié de la salle en plein milieu délimité par des écritures inconnues, des mannequins un peu partout et le nécessaire pour une séance de sport intensif.

Il y faisait une chaleur assez étouffante mais qui restait supportable, qui venait sûrement de la forge qu'on pouvait distinguer au fond à droite, si l'on avait de bons yeux ; mais personne ne l'avait remarqué car leur regards s'étaient fixés sur autre chose de bien plus choquant.

Une femme, se situant sûrement dans la trentaine, une blonde à ras d'un côté et une tignasse tellement méchée de couleurs différentes qu'on se demandait sa vraie couleur de cheveux qui lui retombait sur l'œil droit, des habits noirs cloutés et déchirés mettant en valeur sa silhouette visiblement très musclée, des yeux bleu outremer pénétrant qui ciblaient un papier sur une cible... Qui ne représentait rien d'autre que leur cheffe.

Plusieurs couteaux y restaient plantés, deux dans les yeux, trois dans le cou.

Oihane n'avait, certes, pas de mémoire. Mais si elle était sûre d'une chose, c'est que ça n'était pas normal.

Un sixième fut lancé et se ficha entre le nez et la bouche. La personne se retourna, imposante, et s'approcha des jeunes adultes d'un air déterminé, s'arrêta.

- C'est eux ? Vraiment, ria-t-elle, je m'attendais à mieux !! Des brindilles !

Elle regarda de plus près Atthes.

- Lui encore il a l'air plus en chair. Un peu trop même, ricana-t-elle.

Puis avant même qu'Atthes ne puisse répliquer elle se présenta.

-Je suis Chan. Prof de combat. Profitez de vos moment avec Natural parce qu'avec moi vous allez en baver, je ferais en sorte de vous épuiser ! Je n'ai pas de pitié pour les faibles.

Ce disant elle regarda Yanassëlle tellement insolemment que les six jeunes ne purent s'empêcher de se décaler, cette dernière respirant la colère.

- On va dire que je passe l'éponge et on va mettre ton comportement sur le fait que ton sadisme envers les nouveaux venus t'empêche de réfléchir. Au revoir Chan.

Elle poussa les adolescents vers l'extérieur de la pièce pendant que résonnait le rire de l'armurière en arrière-plan, puis remonta les escaliers furieusement.

Ils peinèrent grandement à la suivre, la colère décuplait ses forces et courbaturés de leur réveil, ils la perdirent de vue, pour finalement la retrouver en haut de l'escalier qui menait sur un couloir simple, pour la Secte.

Ici, point de dorures en tous genre, de petites décorations argentées seulement, tournoyant autour de colonnes finissant par une petite sculpture géométrique et symétrique ; il y avait également ces dessins brillants doucement en haut des portes, toutes dans des teintes de bleu différentes.

Voyant que la charismatique personne qui les guidait ne continuait pas dans sa lancée, la petite troupe se plaça légèrement en retrait derrière elle, n'osant avancer.

Elle se tourna vers eux et désigna de son doigt une inscription sur l'entrée en arc de cercle qui menait à ce couloir qu'ils venaient d'apercevoir. On pouvait lire : « Apprentis ».

Avec un sourire glacial qui les rendit mal à l'aise, la Grande Protectrice prit la parole.

- Une chambre pour deux. Mixité prohibée. Votre choix peut s'étendre sur toutes les chambres qui ne sont pas occupées. Sur ce, je vous laisse, et choisissez vos options pour demain treize heures.

Et en effet, elle partit en un coup de vent.

Les deux garçons se mirent ensemble, n'ayant pas beaucoup le choix de toute manière. Edem, toujours aussi timide, n'avait pas exprimé de préférence, mais Lane la prit immédiatement dans ses bras signifiant qu'elle, contrairement à sa nouvelle colocataire, en avait une certaine. Les deux filles restantes se sourirent en haussant les épaules puis, à l'exemple d'Atthes et Itxian, prirent une chambre au hasard vers le fond, voyant de la lumière dans la plupart des chambres et souhaitant être les plus proches possibles les uns des autres.

Edith entra avec Oihane dans la pièce moyenne aux murs bleu marine, où étaient disposés de manière à créer le plus d'espace possible un lit superposé bleu ciel, une commode bleu nuit, une armoire bleu turquoise, des bureaux cyan... Tous les meubles étaient dans une bonne cinquantaine de nuances de bleu, qui s'harmonisaient plus ou moins.

Découvrant tout cela, la blonde s'approcha d'une fenêtre tout juste assez grande pour éclairer la chambre et finit d'ouvrir le volet qui ne l'était qu'à moitié, dévoilant un paysage splendide. Des montagnes s'étendaient à perte de vue, de clairs ruisseaux se rejoignaient dans un lac translucide en contrebas, entouré d'herbe verdoyante et d'une flore des plus belles, aux délicates couleurs blanches, bleues et rosées contrastant avec de grosses mais rares fleurs jaunes éclatantes sous le soleil. Un isard – Comment savait-elle ce qu'était un isard ? - gambada joyeusement quelques secondes, avant de se figer et de s'en aller. Peut-être avait-il entendu un bruit fugace, et préféré s'enfuir, sentant un danger ? En tout cas, elle ferma la fenêtre à ce moment, et n'entendit pas le coup de feu.

Bien qu'elle découvrait l'endroit pour la première fois, Oihane eut une étrange sensation de familiarité. Un souvenir lui passa et parti trop tôt, ne laissant aucune trace dans sa mémoire. Elle ne le saurait jamais, mais il avait la forme d'un angélique isard.

Elle tourna la tête et soupira en voyant la pile d'une dizaine de feuille qui lui fallait remplir. Edith s'exclama, soulagée :

- Heureusement, c'est dix pour deux ! On va en avoir cinq chacune.

- C'est certes pas dix, mais cinq ça fait beaucoup de paperasse... J'ai pas envie, répliqua Oihane découragée.

- Ce sont des formalités, tu pourrais faire un effort d'au moins lire avant d'abandonner, soupira son interlocutrice en parcourant son dossier.

- J'avoue être assez curieuse. Tu m'a convaincue, sourit la fille au teint pâle en commençant sa lecture. Bienvenue dans la Secte, etc. Ils sont sérieux ? Il y a deux pages sur ce que la Grande Protectrice nous as déjà dit ? Ah, tout de même, il y a les autorisations et interdictions à la fin. Et ça continue sur le recto de la troisième apparemment.

- Regarde les deux dernières, c'est ça qu'elle appelle les options. Alors, c'est quoi... « Options cours : anglais, espagnol, allemand, chinois, russe. Trois minimum. Autres langues disponibles : japonais, tchèque, etc. Cours obligatoires : maths, français, histoire du monde et de la magie, physique, chimie, biologie, géologie. Durée : cinq mois. »

Les deux filles se regardèrent, trouvant déjà l'emploi du temps quelque peu chargé. Leur cerveau pourrait-il seulement suivre la cadence, qu'elles devinaient déjà infernale ? Le papier organisant leurs futures semaines d'études paraissait pour le moins aussi difficile à déchiffrer que s'il était dans une langue inconnue. Cela n'était pas moins de douze heures qu'elles allaient passer en dehors de leurs chambres, et malgré les pauses d'une heure qui éclaircissaient un peu le tableau tout était coloré selon les matières qu'elles avaient vues citées.

- C'est cinq mois seulement pour tout apprendre regarde ! pâlit Edith. Je me sens défaillir...

- Courage ma pauvre... Au moins nous serons ensemble dans cette galère. Et puis, voyons le bon côté des choses, on dormira bien ! tenta de relativiser Oihane pour faire rire sa colocataire.

Cela n'eut évidemment pas l'effet escompté, mais la jeune fille arracha un sourire à la blonde anxieuse, qui reprit toutefois sa lecture :

- Options maniements d'armes : armes blanches, magiques ou non, de courte portée ou a distance, tous types. Combats en équipe et en duels. Durée : six mois ( neuf si aucun don magique ).

- Six mois ? C'est ridiculement court pour manier une arme, protesta faiblement l'autre fille de la pièce qui était passablement lassée de tout cela. Et puis pourquoi nommer cela « options » ? Ça m'a tout l'air d'être obligatoire...

Oihane n'écoutait qu'à moitié. Son esprit divaguait, imaginant ce à quoi pouvait ressembler une arme magique. Elle rêvait d'aura verte électrique, de coups si puissants qu'ils envoyaient léviter les corps. Qu'importe le laps de temps donné, ils savaient bien ce qu'ils faisaient ; ils n'étaient pas restés autant de temps à diriger l'école et à former des étudiants sans savoir comment s'y prendre après tout.

Edith soupira devant le regard manifestement perdu de sa comparse, et prit la suite de la lecture :

- Options de magies : Terre, Eau, Feu et Air, doublées de cours intensifs de repos spécial les deux premières semaines, récita-t-elle. Les cours de repos ça existe vraiment ? En voilà une excellente nouvelle ! Mais bon, concentrons-nous.

- Sur quoi ? Interrogea Oihane.

- Les langues que l'ont va prendre voyons. C'est tout de même à rendre dans l'heure.

Elle fit un léger mouvement de tête vers la fiche et la jeune fille aux cheveux noirs s'y pencha précipitamment pour vérifier, avant de s'écrier :

- Mais c'est beaucoup trop rapide ! Cependant, en y réfléchissant... J'ai un penchant inexpliqué pour l'espagnol, l'anglais et le russe. Je ne sais expliquer ce sentiment, mais ça me satisfait intérieurement de prendre ces langues.

- J'ai la même sensation, acquiesça étonnée Edith. Mais je me dirige plus vers l'anglais, l'italien et l'espagnol. Deux langues aux consonances similaires, ça rassure un peu je suppose. L'accent est presque pareil... Le tout c'est de ne surtout pas confondre.

Deux coups secs sur la porte, puis le bruit de cette dernière entrebâillée empêchèrent leur discussion de continuer.

C'était les autres qui venaient, leurs fiches en main.


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[ Salut !
Je vous invite à critiquer ce chapitre en commentaire, comme tous les autres.

Vraiment, n'hésitez pas à signaler votre présence, ça m'aide beaucoup !

À plus les biscottes à la banane ! ]

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