Chapitre 9

Le corps de Christian s'étira difficilement. Il se redressa sur son lit, les cheveux en bataille. Sa main vint attraper son portable situé au bout de son lit.

Huit heures sept. Parfait.

Il enfila en vitesse sa chemise habituelle un peu humide qu'il avait lavée hier soir et qui n'avait pas vraiment eut le temps de sécher.

Il croisa son reflet dans le miroir et s'arrêta pour scruter les contours de sa barbe : une catastrophe. Cette matinée allait aussi lui valoir un passage chez le coiffeur, apparemment.

Il sortit de sa chambre et ferma précautionneusement la porte à clé. Tout était à l'endroit parfait : le couteau dans sa poche de jean droite, les clés et sa plaquette de cachets dans la gauche. Cela lui décrocha un petit sourire satisfait.

Il parcourut le couloir, et passa devant la chambre d'Alison, comme tous les matins. Il gardait toujours un oeil sur elle. Mais quelque chose n'allait pas.

La porte était entrouverte.

— Alison, qu'est ce que tu fous ? grogna t-il, intrigué, en lui octroyant un petit délai de réponse.

Aucune réponse de la part d'Alison.

Impatient, il n'attendit pas une seconde de plus pour pénétrer dans la chambre en ouvrant violemment la porte, ce qui provoqua le claquement assourdissant du bois contre le mur.

La chambre était vide. Il savait reconnaître sa présence à des kilomètres à la ronde, et, en l'occurrence, Alison n'était pas dans la pièce.

Son téléphone était posé sur son lit, elle n'allait sûrement pas tarder à revenir. D'un coup de main rapide, Christian balaya tout ce qu'il trouva sur son passage. Le plus souvent, il s'agissait de magazines de télé-réalité ou de mode. Un stylo trainait sur son lit, ainsi que quelques boules de papiers chiffonnées.

Donc elle s'amuse à écrire des romans, maintenant ? nota le jeune homme, énervé.

— Qu'est ce que c'est que ce bordel... articulait t-il en balayant tout sur son passage sans s'attarder davantage sur les boules de papier qui parsemaient son lit.

Un élan de rage s'empara de lui, une haine indescriptible le ravageant de l'intérieur. Alison n'était pas dans sa chambre, donc elle lui cachait sûrement des choses.

Il fallait absolument qu'il la retrouve. Où qu'elle soit, cela ne présageait rien de bon pour lui, rien.

Furieux, il parcourut les longs couloirs du gîte en long et en large en marmonnant une bonne dose de "putain" agacés. Soudain, en passant devant la chambre d'Halse, il l'aperçut.

Alison était sur le point de toquer à la porte de l'adolescente. C'en était trop, elle lui désobéissait ouvertement et sans aucune discrétion, pour qui le prenait t-elle ?

Quelques mètres le séparait désormais d'Alison, qu'il réduisit très rapidement.

Seule, devant la porte, la grande femme prenait de grandes inspirations. La fenêtre projetait sur ses cheveux blonds une lumière hâlée. Elle bougeait nerveusement ses longues jambes. Christian avait bien comprit qu'elle comptait parler à sa cible, en l'occurence à Halse.

— Fais tes adieux, la menaça t-il clairement en posant ses yeux sur le visage de la grande blonde.

Pour la première fois depuis son arrivée dans ce gîte, Alison ne sursauta pas à l'entente du timbre de sa voix. Elle sentait son aura autour d'elle, et cela la terrorisait, mais elle décida de ne rien laisser paraître.

— Je viens prendre des nouvelles de sa mère. Aucun rapport avec toi. Pars, implora t-elle.

— Arrête de me mentir. Tu cherches des prétextes pour la protéger à tout prix.

Il lui empoigna brutalement l'avant bras.

— Je ne mens pas. Laisse moi rendre visite à Halse et pars, supplia t-elle, les yeux fermés.

Il haussa les sourcils.

— Le couteau que tu m'as gentiment offert le premier jour est encore avec moi, gronda t-il.

Sans lui laisser le temps de répondre, il lui empoigna la taille d'un geste ferme et bâillonna sa bouche avec sa main, ce qui étouffa son cri. Alison se débattit et tenta de le griffer, d'atteindre son visage, mais n'y parvint pas. Ses membres tremblaient de manière incontrôlée et elle ne parvenait même plus à penser correctement.

Il la traîna jusqu'au au parking du gîte, en canalisant les mouvements déchaînés de son corps qui tentait désespérément de se défaire de son emprise.

Il réfléchit à toute vitesse.

En passant par l'issue de secours en cas d'incendie : c'était le seul endroit où il n'y avait, à coup sûr, aucune caméra.


Gaëtan s'approchait de la chambre d'Ornélis. Il prit trois grandes inspirations avant d'avoir le courage de toquer.

— Entre ! hurla t-elle à travers la cloison.

— Arrête de crier, tu vas réveiller tout le monde. Il est neuf heures, soupira t-il en pénétrant dans la chambre de celle ci.

— Qu'est ce que j'en ai à faire ? râla t-elle en enfonçant sa tête dans son oreiller.

Ne sachant pas trop où se mettre, le jeune homme demeura debout au milieu de la pièce. Il s'ennuyait, alors il avait décidé d'aller la voir sur un coup de tête, mais n'avait en fait pas grand chose à lui dire.

— Donc, pourquoi tu voulais me voir ? questionna Ornélis d'une petite voix fatiguée qu'il trouva adorable.

— Je n'ai pas de raison valable.

Elle sortit vivement sa tête de l'oreiller. Il la trouvait attirante, avec ses cheveux blonds clairs coupés un peu maladroitement en une sorte de carré, et ses tâches de rousseur parsemées aléatoirement sur ses pommettes. Elle avait un visage vraiment atypique, qui ne le laissait pas insensible.

— Ah ? fit Ornélis en baillant, tentant tant bien que mal de s'extirper de sa couette bien trop confortable.

— Je m'ennuyais, donc je suis venu, balança t-il spontanément.

Elle poussa un long soupir agacé.

— Tu me parles parce que tu t'ennuies. Sympa.

— Je m'excuse, mauvaise formulation.

Elle lâcha un rire nerveux, ce qui détendit l'atmosphère. Cependant, le regard de la jeune fille s'accrocha à un point invisible, dans le vide, et un air soucieux s'afficha sur son visage.

— Un problème ? s'inquiéta Gaëtan, pourtant content d'avoir lancé la conversation.

Un petit silence s'installa entre eux, et Ornélis avança sa main devant elle comme pour schématiser ce qu'elle allait dire.

— Attends, Gaëtan.

— Oui ?

— Rassure moi, commença t-elle en se mordillant la lèvre. Rassure moi juste sur le fait que... Tu sais, le compliment que je t'avais fait la dernière fois ? Que t'étais beau ? Tu sais que je te disais ça amicalement, hein ? Entre amis, on se fait des compliments, enfin... Rien de plus, tu le sais ça ? Je voudrais pas que tu penses que je cherchais à te draguer, où...

Le regard de l'adolescent se posa sur le sol et ne s'en décrocha plus. Cela voulait tout dire. Un énorme malaise s'installa lourdement dans la pièce et Ornélis souffla doucement en fermant les yeux.

Merde, regretta t-elle. Elle tenta aussitôt de rattraper ses paroles.

— Je suis déso...

— Je vais y aller, la coupa t-il.

— Ouais, vas y, pas de souci.

Il s'écarta doucement.

— Halse est rentrée, l'informa t-il, Donc si tu veux la voir, elle...

— T'inquiète, j'irai, je... Ouais.

Après avoir fini de se couper mutuellement la parole, il s'adressèrent un salut de la main sans se regarder et Ornélis se retrouva de nouveau seule dans la pièce. Elle s'assoupit sur son lit et enfouit son visage dans ses mains, abasourdie.

— Merde, pourquoi ce genre de trucs n'arrivent qu'à moi, jura t-elle à voix haute.

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