Chapitre 5

Coucouu, ce chapitre est super important parce qu'il marque littéralement le début de l'histoire, ça commence réellement maintenant !

Bonne lecture !

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De grandes mains se posèrent sur ses yeux.

— C'est qui ? questionna une voix rauque assez proche de son oreille.

Halse retira les mains de son visage et fit pivoter son tabouret vers son mystérieux interlocuteur.

— Qu'est ce que t'es drôle, ironisa t-elle en plantant son regard dans celui de Christian.

Depuis la soirée du karaoké, ils s'étaient vraiment rapprochés et se considéraient désormais comme de bons amis. Ils avaient passé quelques moments ensemble ces dernières semaines, et étaient de plus en plus tactiles l'un envers l'autre. Les pensées de l'adolescente n'étaient obnubilées plus que par ça : le voir, passer du temps avec lui.

Il était huit heures. Le barman lui tendit son jus d'orange en souriant, pas un mot. Il ne parlait jamais, Halse entendait rarement le son de sa voix.

— Merci, Niño.

Puis, elle se tourna de nouveau vers Christian.

— Debout de si tôt ? s'étonna t-elle en buvant une gorgée.

— Oui, et en forme. Toi par contre, t'as l'air crevée, fit-il, en commandant à son tour un café au barman.

Elle laissa échapper un rire nerveux.

— C'est le cas. Je dois tenir le rythme du gîte, accueillir les clients, et ça fait plus de vingt-quatre heures que j'ai pas vu ma mère. Elle pourrait mourir, je n'en saurais rien. Et un gars un peu bizarre m'a fait douter des intentions de mon propre cousin, et encore, en admettant qu'il le soit vraiment, enfin bref...

Christian se plaça derrière elle, pressa doucement ses mains sur ses épaules et lui fit un petit massage, ce qui la fit sourire. Elle était plus détendue grâce à lui. Elle pouvait sentir sa respiration, presque imperceptible, s'échouer doucement contre sa nuque.

— Entre amis, on se doit bien ça, souffla t-il.

Elle avait pu sentir un sourire narquois se former sur ses lèvres même en ne voyant pas son visage.

Finalement, elle s'écarta et se leva de son tabouret. Elle frôla volontairement la carrure du jeune homme, ce qui provoqua littéralement un séisme de frissons dans l'entièreté de son corps. Elle aimait jouer avec lui de cette manière, c'était plutôt drôle.

Elle se dirigea vers les cuisines, sa silhouette vénitienne s'éloignant de plus en plus jusqu'à disparaître complètement de la vision du jeune homme.


Le soir approchait, Halse venait de passer une journée tout bonnement exténuante, et comme si cela ne suffisait pas, une soirée dansante était encore prévue ce soir.

Son corps était épuisé, mais ses pensées étaient ailleurs, pas fatiguées du tout, elles. Christian, Christian, Christian...

Elle se rendit compte qu'elle ne savait rien de lui. De toute façon, elle ne voulait pas se faire de fausses idées : il n'était que de passage ici, ça n'allait pas durer. Mais tout de même, quel âge avait-il ? D'où venait t-il ? Et sa famille ? Ils disposaient sûrement d'un court temps pour apprendre à se connaître, il fallait en profiter.

Assise sur un banc à la terrasse du gîte, Halse se posait multitude de questions, le regard perdu dans le vide. Elle ne se rendait même plus compte qu'elle avait froid. Le vent secouait ses longs cheveux violets en une vigoureuse tornade.

Une voix la sortit brusquement de ses pensées.

— Euh ?

Elle leva les yeux et aperçut la petite blondinette avec qui elle n'était pas franchement meilleure amie, Ornélis.

— Euh oui ? balbutia t-elle, émergeant de ses rêveries.

— Non rien, t'avais l'air paumée, je viens peut être de te sauver d'une mort cérébrale, d'un AVC ou quelque chose du genre, ne me remercie pas. Souvent les gens victimes de ce genre de choses ont le regard perdu dans le vide et ne sortent plus un mot.

Halse fronça les sourcils.

— Pourquoi tu voudrais me sauver la vie ? Tu ne m'aimes pas.

La blonde, qui s'apprêtait à partir, se retourna, étonnée.

— Qui a dit que je ne t'aimais pas? Je ne sais même pas comment tu t'appelles, arrête tes conneries.

— Donc tu m'aimes bien ? s'agita Halse en se redressant soudainement.

La jeune fille leva les yeux au ciel.

— J'ai pas dit que je t'aimais bien, calme toi.

— Ça me touche. ironisa Halse.

Pour la première fois, Ornélis sembla sourire, puis elle tourna les talons.

— Attends ! s'écria Halse, même si elle savait d'avance la réponse à la question qu'elle allait poser : elle voulait simplement prolonger l'échange, qui n'était pour une fois, pas hostile. Comment vous vous êtes retrouvés dans ce...truc, toi Gaëtan et Constant ?

— Moi, j'ai pas eu le choix, mes parents m'ont forcée. Constant s'ennuyait je suppose, et Gaëtan...c'est juste de la curiosité. Son lycée lui proposait une réduction sur le séjour alors il y est allé.

— Et comment est ce que toi tu me connais ? Le premier jour, tu m'as regardée en prononçant mon nom, questionna Halse, de plus en plus curieuse.

Ornélis s'esclaffa, se moquant ouvertement d'elle.

— T'es vraiment naïve. Tout le monde connaît ton prénom ici. Tout le monde sait que t'es la fille de la gérante. Et puis, on peut pas te louper, vu la couleur de tes cheveux. Tu fais beaucoup parler, répondit t-elle avant de, cette fois ci, s'en aller pour de bon.

Halse haussa les sourcils, surprise. Bien sûr, elle savait que son apparence n'était pas commune, mais de là à ce que tout le monde connaisse son prénom ? Elle se sentit flattée.

Quelques minutes s'écoulèrent, et Halse se décida à se lever pour dire aux cuisines de lancer le repas du soir. Après avoir effectué sa mission, elle essaya de mettre en marche une musique pour débuter la soirée dansante.

Baissée sur les boutons de réglage du volume, une paire de longues jambes vint s'ajouter à son champ de vision.

— Salut, tu veux que je t'aide ?

Halse leva la tête et aperçut en effet une assez grande femme qui la toisait de ses deux orbes d'un magnifique bleu électrique.

— Je veux bien, je galère un peu, accepta-elle. Tu sais comment où il faut brancher ce câble pour que le son arrête de grésiller ?

Tandis que les longues jambes de l'inconnue s'abaissèrent à son niveau pour étudier cette histoire de câble, Halse réalisa qu'elle lui disait quelque chose.

— On se connaît ? questionna t-elle, intriguée par cette sensation de déjà-vu de plus en plus persistante.

— Euh oui, bafouilla la jeune femme, enfin je vous ai vue avec quelqu'un que je connais bien, donc on se connaît un peu indirectement, j'ai réservé ma chambre auprès de vous.

Halse se redressa subitement.

Mais oui, réalisa t-elle.

C'était la femme qui avait l'air vraiment mal en point, l'autre jour. Celle qui lui avait demandé un verre d'eau. Cette rencontre l'avait laissée perplexe.

Elle avait l'impression que, durant ces trois derniers jours, un flot de personnes mystérieuses venait d'envahir le gîte.

— Vous connaissez bien quelqu'un que je connais ? répéta l'adolescente, perplexe.

— Oui, Christian, j'ai vu que vous étiez proches, c'est mon ex, il...

— Attendez. Christian est votre ex ? s'écria presque Halse, abasourdie.

La jeune femme baissa timidement le regard.

— Oui.

— Parmi tous les gîtes et hôtels possibles de France, vous vous retrouvez dans le même que celui de votre ex ?

— Oui, c'est du hasard, je vous assure.

Cette fois, Halse avait complètement abandonné le réglage de la sonorisation. Beaucoup trop de choses se bousculaient dans sa tête, comment une telle coïncidence était possible ? Quelque chose ne collait pas.

— Vous le suivez, soupçonna t-elle.

— Non, promis ! J'étais aussi surprise que vous de me retrouver là, je...appelez moi Alison, balbutia la belle blonde, gênée.

Alison, nota Halse.

— Vous voulez que je m'éloigne de lui pour le reconquérir ? Je vous le laisse, s'amusa l'adolescente.

Elle détourna soudainement son attention d'Alison pour se concentrer à nouveau sur la musique, tandis que la jeune femme continuait de se justifier.

— Non, enfin si, je veux que vous éloigniez de lui, mais pour votre bien, il va... vous jeter comme il l'a fait avec moi, je viens juste vous prévenir. Il va vous faire du mal ! s'exclama Alison.

Ayant abandonné son affaire de sonorisation, Halse se releva, réajusta sa ceinture, replaça correctement ses cheveux, et adressa un sourire explicitement faux à Alison.

— Je n'ai besoin de personne pour m'aider à gérer mes relations amoureuses. Mais merci, c'est gentil.

Elle tourna les talons, empruntant comme direction la salle de restauration.

Il était enfin l'heure de manger, un de ses seuls moments de répit.

En pénétrant dans la grande pièce dominée d'un joyeux brouhaha, Halse aperçut la table de Constant accompagné de ses amis habituels : Ornélis, et le grand métisse de l'autre jour, Gaëtan. Elle s'approcha et leur fit un signe de la main avant de s'assoir à leur table.

— Salut, fit-elle.

Son regard croisa celui du beau métisse, puis celui de Constant.

Cette situation était très inconfortable.

— Salut. Lui répondit aussitôt Ornélis, un peu moins froidement que d'habitude.

Elle avait sûrement du comprendre que, peu importe leur degré d'affinité, elles étaient condamnées à passer beaucoup de temps ensemble. Par conséquent, autant ne pas passer son temps à se haïr.

Halse décida d'engager un sujet de conversation.

— Alors, vous êtes ici pour combien de temps ?

— Deux mois tout pile il me semble. Ma mère, donc ta tante, m'a inscrit dans cette colonie en pensant que ça allait me faire du bien. J'ai rencontré ces deux zouaves, du coup, plaisanta Constant, qui reçut  aussitôt un coup de coude d'Ornélis.

Les mots "ta tante" lui avait fait un effet bizarre. Halse s'apprêtait à lui répondre, mais fut immédiatement coupée par une main se posant sur son épaule droite. m

Elle reconnut tout de suite de qui il s'agissait, et sentit son cœur s'accélérer à une vitesse excessive.

Calme toi, s'ordonna t-elle à elle même.

— Salut, prononça doucement Christian.

Il s'assit sans demander l'avis de personne et se fit dévisager par le reste de la table. En fait, il se faisait plus fusiller du regard qu'autre chose. Tous devaient sûrement se demander qui était cet inconnu qui s'incrustait comme si de rien n'était.

Il posa sa main sur la cuisse d'Halse sans prêter attention aux regards qui l'entouraient. Si il avait envie de rendre visite à son amie, ce n'était pas une bande de jeunes qui allait l'impressionner, bien qu'il n'ait que deux ans de plus qu'eux.

Gaëtan toussota, gêné après le silence qui avait envahi la table, avant de se lever.

— Hum, je vais chercher un dessert.

Quand Halse vit Alison, au loin, se diriger à son tour vers leur table avec son plateau, elle crut qu'elle allait commettre un meurtre.

Qu'est ce qu'elle venait encore faire là, l'avertir que Christian venait de poser sa main sur elle, qu'il fallait faire attention ?

— Regarde qui voilà, marmonna t-elle à l'intention de ce dernier, désespérée.

— Pardon ? Vous vous connaissez ? s'interloqua t-il en faisant le lien entre les deux femmes qui l'entouraient, abasourdi.

Il semblait complètement paniqué, et lançait des regards noirs à la grande femme blonde qui s'avançait dangereusement vers eux, comme si cela allait la repousser d'une force invisible. Il l'avait prévenue de se tenir à l'écart de lui et de sa proie, qu'est ce qu'elle faisait ?

Halse s'apprêtait à lui réclamer des explications sur la venue de celle ci au gîte, mais c'était trop tard, Alison venait de poser ses fesses sur la chaise à leur droite.

— Salut tout le monde, je me présente, je m'appelle Alison, je suis une amie d'Halse et Christian, donc je me permet de venir ! Je n'ai personne avec qui manger, se présenta t-elle, toute souriante.

Constant la dévisagea, suivi d'Ornélis, incrédule.

Une amie d'Halse et Christian?  hallucina Halse.

— On n'est pas amies parce que t'es sortie avec Christian, ça va pas ? lui reprocha t-elle.

Sa phrase interloqua encore davantage Constant et Ornélis, qui étaient désormais complètement perdus.

Un homme complètement inconnu au bataillon se permettait de venir sans se présenter, et maintenant son ex les rejoignait ? Cela n'avait ni queue ni tête.

— On reparle de ça plus tard, miaula Alison en entamant son assiette de pâtes.

Gaëtan revint, une part de gâteau au chocolat à la main, ne comprenant pas trop ce qu'il s'était passé en son absence.

Alison ne perdit pas une seconde pour s'introduire à celui ci.

— Hey, je crois qu'on s'est déjà croisés, mais on ne se connaît pas, je m'appelle Alison, et toi ? débita t-elle comme un robot.

— Gaëtan, enchanté. Répondit-il, embarrassé, sans trop comprendre ce qu'il se passait.

Finalement, il ne semblait pas mécontent qu'elle se soit ajoutée à leur table. Alison était une magnifique jeune femme, et hormis Christian, rares étaient les hommes qui ne désiraient pas sa présence.

L'atmosphère était tendue, tous dévisageaient quelqu'un, quelqu'un de différent. C'était certes un peu étrange comme première rencontre collective, mais tous les six étaient réunis pour la première fois.

Halse, Constant, Ornélis, Gaëtan, Christian et Alison passaient du temps collectivement pour la première fois.

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