Coucou :)
C'est jusque là le chapitre le plus long de Merlin avec 2700 mots, installez vous confortablement et bonne lecture !
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Alison marchait d'un pas rapide vers la chambre 57. Tout semblait lui appartenir, elle avait la sensation de revivre. Parvenue devant la porte, elle sortit le couteau de sa poche, le cœur battant.
Elle toqua trois fois. Christian apparut dans l'encadrure de la porte, encore en caleçon, pas réveillé du tout.
Lorsqu'il la vit, ses réflexes reprirent immédiatement le dessus et il lui attacha violemment les poignets derrière le dos en la désarmant de son couteau. Elle se débattut, mais rien n'y fit : il avait bien plus de force et de réflexes qu'elle.
— Lâche moi ! cracha t-elle avant de se faire entraîner à l'intérieur de la pièce.
Il la projeta violemment sur son lit sans lâcher ses poignets.
— Alison, putain...
Ce n'est que maintenant, face à son ex qu'il pensait morte en train de se débattre de toutes ses forces en dessous de lui, qu'il réalisa qu'elle était là.
Vivante.
Il appuya un peu plus sur ses poignets jusqu'à ce qu'elle crie de douleur et cesse de se débattre.
— Calme toi, ordonna t-il d'une voix grave.
— Non ! Tu es complètement fou, t'as de sérieux problèmes, va te faire soigner ! hurla Alison.
— Crie encore une seule fois et le couteau que tu as ramené en pensant que tu allais m'avoir comme une petite garce va enfin servir à quelque chose.
Elle éclata en sanglots.
— Je te hais, gémit-elle, plus doucement cette fois. J'ai fini aux urgences à cause de toi, je ne te pardonnerai jamais ça Christian.
Il eut une once de peine pour elle mais ne laissa rien paraître. Il n'avait pas joué la comédie, il avait réellement aimé cette femme de toute son âme.
Mais il ne contrôlait pas ses pulsions, et il était impossible de revenir en arrière cette fois. C'était plus fort que lui, il n'avait pas pris ses cachets ce soir là, il devait la tuer, alors il l'avait fait. Du moins, il avait essayé.
Ses orbes sombres plantés dans les siennes ne flanchèrent pas un instant.
— Alison, écoute moi. Je suis désolé, s'excusa t-il en changeant soudainement d'humeur, comme à son habitude.
— T'es complètement malade, sanglota t-elle. Tu as essayé de me tuer et tu me présentes tes excuses ? T'es un gros sociopathe en manque d'affection, tu-
— J'ai quelqu'un en vue ici, la coupa t-il. Il est hors de question que tu gâches ça. Ce que tu vas faire c'est que tu vas la fermer et il ne t'arrivera rien, d'accord ?
Elle secoua énergiquement ses jambes et ses bras dans tous les sens. Bien que Christian ne fut pas très grand, ses muscles développés lui accordaient une force hors norme. Alison était coincée.
— Tu vas la tuer ! Tu vas essayer de la tuer ! s'écriait t-elle, nageant mentalement dans la panique et l'angoisse la plus totale.
De peur que quelqu'un de l'extérieur n'entende ses supplications, il plaqua sa main contre sa bouche tandis que le reste de son corps fermement appuyé contre elle l'empêchait de bouger.
— Alison, écoute moi. Je lui ferai aucun mal, promit-il, à seulement quelques centimètres de l'oreille de la jeune femme.
— Tu m'as dis la même chose, parvint t-elle à articuler malgré la pression sur sa bouche, des larmes coulant à flot le long de ses joues rosées.
Des pas se firent entendre le long du couloir. Christian attrapa le couteau qu'il avait jeté non loin de là, et le pointa en direction de la tête de la jeune fille.
— Quelqu'un approche. Tu cries, je te poignarde et je sors par la fenêtre.
Elle hocha la tête, tremblante et pétrifiée de peur. Elle qui pensait gagner la partie cette fois, elle avait oublié à quel point Christian était puissant et stratège malgré tout.
Penser entrer dans sa chambre, et prendre sa revanche comme si de rien n'était avec un simple couteau, d'abord en supposant qu'elle en avait le courage, elle qui n'avait jamais agressé personne, était sûrement l'une des idées les plus naïves qu'elle n'ait jamais eu.
Après une minute de silence, à sa plus grande surprise, il se décolla d'elle et la laissa libre de tout mouvement.
— Lâche le couteau, supplia Alison en se relevant du lit, à bout de forces.
— Non. Si tu tentes quoi que ce soit, tu sais ce qui t'attends.
En prononçant ces mots, il jouait avec le couteau de sa main droite.
— Comment est ce que tu t'en es sortie ? demanda t-il dans le plus grand des calmes en changeant complètement de sujet.
— Ça ne te regarde pas, lui cracha t-elle en prenant de grandes inspirations, ta place est en hôpital psychiatrique, pas ici.
Christian avait bien vu le bandage qui transparaissait en dessous de son débardeur. Elle avait probablement dut se faire sauver in extremis par les soignants.
— Ok. Quand t'auras envie de me parler, tu reviendras vers moi, asséna t-il en prenant place dans un confortable fauteuil juste derrière lui.
— C'est ça. Laisse moi partir.
Il se leva brusquement.
— N'essaye même pas de t'échapper. Tu sais ce que va t'arriver, sinon.
— Tu n'oserais pas. Pas une deuxième fois, le défia t-elle, à bout de souffle.
— Ah bon ?
Il se dirigea à grand pas vers elle et elle recula avec précipitation jusqu'au fond du lit. Il se trouvait à deux centimètres d'elle.
— Christian. Fais pas ça.
— Je t'épargne pour cette fois, mais évite de me contrarier. La première étape pour t'en sortir vivante, c'est de rester calme.
Elle lui lança un regard assassin tandis qu'il s'éloignait d'elle. Il reprit place sur son fauteil et la dévisagea.
Il ne l'avait pas vue depuis longtemps. Elle s'était encore embellie, son visage avait gagné un certain charisme.
— C'est qui ? demanda t-elle après un petit silence.
— Qui ça ?
— La fille. Tu en as forcément une en tête, je me trompe ? La suivante après moi, je suppose.
Il rit.
— Grande, teinture violette. Si tu tentes de l'approcher pour lui dire quoi que ce soit...
— Je sais, c'est bon tais toi. Tu vas la tuer, de toute façon. Tu finiras ta vie en prison, gros porc que tu es, tu mérites rien d'autre que...
Elle n'acheva pas sa phrase et se précipita vers la fenêtre qui était grande ouverte, donnant directement sur le toit.
Elle entendit Christian hurler dans son dos et crut enfin pouvoir s'échapper, jusqu'à ce que des mains lui attrapent les hanches et la projettent de nouveau contre le lit.
— Ça me rappelle nos parties de jambes en l'air, lança t-il, amusé, son corps de nouveau appuyé contre le sien pour qu'elle ne puisse pas bouger.
— Tu me dégoûtes.
Elle reprit ses esprits et inspira un bon coup.
— Laisse moi partir. S'il te plaît. Je ne reviendrai plus, promis.
Il s'esclaffa encore plus fort que la fois précédente.
— Pour que tu ailles aussitôt me dénoncer parce que ta revanche a échoué ? Non, tu vas plutôt garder ta chambre ici, de façon à ce que je puisse te surveiller pour que tu ne fasses pas n'importe quoi. Et tu pourras finir de te rétablir correctement dans ce gîte, tu diras qu'un inconnu t'a poignardé dans la rue. C'est clair ?
Elle laissa exploser un petit rire nerveux en secouant la tête, des mèches de cheveux lui atterrissant dans le visage.
— Me rétablir. Comme si ma santé t'importait.
Pour la première fois, elle crut voir sur son visage qu'il était blessé, mais ce n'était peut-être qu'une impression.
— J'ai déjà une chambre, reprit
Alison. Laisse moi y aller, je veux sortir d'ici.
Il se décolla un petit peu d'elle, juste assez pour la laisser se redresser de quelques centimètres.
— Si tu parles, je dirai à la propriétaire que tu as débarqué ici avec un couteau à la main, et crois moi, t'auras de gros problèmes. Y'a sûrement des caméras de surveillance dans les couloirs, mais pas dans les chambres. T'as aucune preuve que c'est moi qui t'ai fait ce que t'as au ventre. Donc ne joue pas à ce genre de jeu. Ou alors essaye, mais tu vas perdre. File.
— Christian, est ce que je peux te poser une question ?
Intrigué, il hocha la tête.
— Est ce que tu m'as vraiment aimée ?
Le regard fuyant pendant quelques instants, il répondit finalement.
— Oui je t'ai vraiment aimée. Pars.
Les yeux embués de larmes, elle lui tourna le dos, sortit de la pièce et claqua la porte derrière elle. De son côté, il rangea soigneusement le couteau dans un tiroir et s'assoupit sur son lit, épuisé. Ça allait être une longue journée qui débutait très mal.
•
À l'heure de midi, Halse repéra la table de Constant et ses amis. Cette fois, elle espérait pouvoir lui parler sérieusement, même si ces deux dernières semaines ils avaient un petit peu discuté. Ils avaient fait connaissance et s'envoyait quelques sms, il était vraiment gentil. Elle espérait vraiment pouvoir s'intégrer dans son petit groupe d'amis.
Elle s'avança vers eux avec son plateau et se fit une petite place à la table. Constant discutait avec son amie au carré blond nommée Ornélis, et un métisse qui avaient l'air très grand, ses longues jambes étant étroitement repliées sous la table.
— Salut, lança Halse à l'intention de tout le petit monde présent, mais surtout de Constant.
— Hey, on part dans quinze minutes visiter la ville, tu peux nous rejoindre si tu veux, proposa ce dernier.
Ornélis prit aussitôt la parole.
— Je ne pense pas qu'elle puisse s'incruster dans notre groupe de colonie. Si tout le monde ferait ça, ça serait un énorme bordel.
Un métisse plutôt silencieux, assis non loin de loin, des cheveux bouclés lui retombant sur son front, toussota avant de prendre la parole.
Il portait une paire de lunettes rondes et abordait un air très classe, une chemise blanche légèrement déboutonnée recouvrant le haut de son corps. Tous les regards se tournèrent vers sa personne.
— Faisait ça. la corrigea t-il.
— Oui, excuse nous. fit la blonde en levant aussitôt les yeux au ciel.
Halse ne savait pas vraiment comment s'intégrer dans ce groupe d'amis, qui semblaient déjà assez proches les uns des autres.
— Constant, je pense avoir envie de t'aider, chuchota t-elle d'une voix basse, car elle ne considérait pas que toute la table avait besoin de savoir ça. Sincèrement, je ne pense pas qu'on va réussir à trouver grand chose, mais t'es mon cousin, donc... Je veux bien essayer de t'aider.
Elle rit mais Constant ne la suivit pas. Il avait l'air d'avoir quelque chose à dire. Il finit son verre d'eau et s'approcha d'elle.
— D'accord, mais ne t'attends pas forcément à découvrir des nouvelles incroyables du style ton père est encore vivant comme dans les films, Halse. Soit prête à affronter la réalité.
À ces mots, les yeux de la jeune fille se remplirent de larmes et elle abandonna soudainement la table pour aller aux toilettes, sous les regards perplexes des trois amis.
Le deuil de son père n'était pas achevé. Elle le savait, et elle en avait honte. L'évocation de sa personne lui infligeaient toujours des crises d'angoisse plus ou moins fortes, elle essayait en vain de corriger cela mais c'était extrêmement compliqué.
Elle se passa de l'eau sur le visage et s'efforça de calmer sa respiration en se scrutant dans le miroir. Cela lui faisait ça assez souvent, après tout ça ne faisait que deux ans qu'il était parti.
Il avait l'habitude de calmer ses crises d'angoisses, maintenant qu'il n'était plus là elles étaient multipliées par deux et elle devait les gérer seule.
Halse avait toujours été plus proche de son père que de sa mère. Quand elles deux avaient des différents, il suffisait d'aller voir son paternel pour qu'il arrange calmement les choses...son décès créait un vide entre elles. Rien ne pouvait le combler.
Quelqu'un toqua à la porte des toilettes, et Halse pensa immédiatement qu'il s'agissait de Constant.
— Oui, entre, fit-elle en essuyant le reste de larmes qui demeuraient le long de sa joue, gênée.
La porte s'entrouvrit, et elle eut la surprise d'apercevoir non pas Constant, mais une silhouette très imposante. La personne s'avança timidement.
— Ça va ?
Le jeune homme qui venait de pénétrer dans la pièce était le grand métisse assis à la table quelques minutes plus tôt. Halse le reconnut aussitôt et esquissa un sourire.
— Oh, c'est toi. Je pensais que c'était Constant, mais oui, ça va. C'est gentil de venir me voir.
Il referma la porte derrière lui.
— C'est normal. Ça doit être douloureux pour toi, compatit t-il, les yeux baissés.
— Oui, il est parti il y a deux ans. Je pensais pas que tu écoutais notre conversation, fit-elle remarquer en souriant.
Sa respiration s'était largement calmée, elle respirait normalement à nouveau.
— Ah, je fais partie des personnes qui écoutent tout autour d'elles sans se faire remarquer.
Cette fois, le jeune homme lui sourit. Il avait l'air de se détendre au fil de la conversation.
— Je ne connais même pas ton prénom ! s'exclama Halse.
— Gaëtan. Toi, c'est Halse je
me trompe ?
— Euh, oui en effet, bégaya t-elle, troublée du nombre d'informations que détenait le grand métisse.
— Tu me permets de te dire quelque chose que je juge important ? la sonda t-il d'un air sérieux, adossé contre le mur.
Halse, intriguée, fronça les sourcils avant d'approuver d'un léger hochement de tête.
— Je ne connais Constant que depuis deux bonnes petites semaines, depuis qu'on est arrivés ici, avec la colonie, tu sais. Tu le connais aussi depuis très peu de temps. Je pense que tu devrais te méfier. Vraiment. Pourquoi penses tu qu'un membre de ta famille débarque, comme ça, à l'improviste ?
— Je...je suppose que ça l'intéresse d'en savoir plus sur son histoire familiale ? tenta t-elle d'une voix faible.
— Halse, j'ai un flair pour sentir si les arrières pensées des gens que je côtoient sont bonnes ou mauvaises, et là...
Le regard du jeune homme était sincère, elle le décelait dans ses pupilles. Il était d'une extrême beauté non commune, c'était difficile à expliquer. Mais il ne l'attirait pas pour autant.
En même temps, elle avait déjà quelqu'un en tête qu'elle ne parvenait pas à sortir de ses pensées... Sa soirée avec Christian d'il y a deux semaines lui était inlassablement restée en tête.
Elle venait de parler pour la première fois seulement à Gaëtan, et pourtant, son flair à elle aussi parlait : c'était quelqu'un de confiance, et d'extrêmement intelligent.
Soudain, le regard de celui ci s'éclaira.
— Ton père était riche ?
Elle comprit immédiatement ce qu'il sous entendait. Elle tenta de formuler une réponse, mais bafouilla maladroitement. Ce que venait d'évoquer Gaëtan l'avait frappé en plein visage, comment avait-elle pu être si aveugle ?
— C'est probable, continua le jeune homme, je dis bien c'est probable, qu'avec tout l'argent accumulé avant son décès grâce au gite qui a beaucoup de succès, ton père n'ait pas tout légué à ta mère et qu'il y ait un donc héritage conséquent qui te revienne. Comme ça, en estimation rapide, compte tenu du nombre de clients par année et du prix de vos chambres, je dirais une dizaine de milliers d'euros, voire beaucoup plus. À l'âge de tes dix huit ans, ton héritage te reviendra, ainsi qu'à ta mère. Halse, quel âge as-tu ?
— Je... J'ai dix sept ans. Dix huit ans en août.
Il tapa victorieusement son poing dans sa paume de main, bingo. Il vint l'agripper par les épaules et la sentit tremblante entre ses grandes mains.
— Si je peux te dire une chose pour ta sécurité, c'est de te méfier des gens qui s'approchent de toi sans raison apparente. C'est trop étrange pour être vrai, tu le sais aussi bien que moi.
Il quitta la pièce et laissa Halse seule, déboussolée.
Peut être qu'il avait raison, que Constant ne l'approchait que pour son argent. Mais si il avait tort ? Il n'avait aucun moyen d'accéder à l'héritage de son père. Si celui ci voulait simplement la connaître elle, pour une fois ?
Pour la première fois de sa vie, elle s'entourait de personnes qu'elle intéressait, dont elle attirait le regard. L'idée de laisser passer cette occasion l'attristait profondément.
En laissant échapper un soupir, elle sortit des toilettes en trainant derrière elle un voile d'hésitations.
Elle n'allait pas gâcher tout ça.
Gaëtan avait peut être raison, mais elle était assez forte pour se protéger des personnes nocives. La mort de son père lui avait forgé une carapace indestructible.
Pour une fois dans sa vie, allait se laisser porter.
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