Chapitre 33

La nuit tombait en un magnifique coucher de soleil, dégradé de jaune et d'une lueur orangée que contemplaient Gaëtan et Ornélis, assis sur un banc.

Ils avaient passé leur journée dans une zone industrielle non loin de là. Ils avaient inspecté chaque recoin du lieu en criant le nom de la disparue, sans omettre de demander à chaque livreur de camion qui s'y arrêtait si il n'avait pas vu quoi que ce soit de suspect. Mais malheureusement, leurs recherches n'avaient pas abouti. Ils étaient retournés au centre ville, pantelants. Ils avaient décidé qu'ils allaient inspecter la seconde zone industrielle ainsi que la forêt qui se trouvait juste à côté le lendemain.

Pour le moment, la priorité était de trouver un endroit où dormir. Assis sur un banc depuis un bon quart d'heure, ils ne disaient pas un mot, reprenant des forces en grignotant quelques gâteaux que Gaëtan avait emporté dans son sac.

Ils étaient épuisés. Ornélis leva ses pupilles bleutées vers le jeune homme.

— Qu'est ce qu'on fait, maintenant ? questionna t-elle, à bout de forces.

Il soupira, le regard rivé vers l'horizon.

— On a deux choix. Il faut que je te t'avoue quelque chose... J'ai volé de l'argent à un animateur. Pour qu'on puisse se loger un minimum.

Ornélis pencha la tête en arrière en encerclant son visage de ses mains.

— Constant a intérêt à bien nous couvrir, sinon on est morts, rouspéta t-elle.

Il ne répondit rien, ce qui la troubla. Elle détestait quand il faisait volontairement planer un silence entre eux, comme pour faire grimper une sorte de tension. Mais parallèlement, elle aimait cela, c'était... étrange.

Gaëtan se tenait assis, les jambes écartées et les bras accoudés sur le rebord du banc, enroulant presque de son bras droit les épaules d'Ornélis. Cette constatation la fit sourire discrètement. Au bout de quelques secondes, les deux lèvres charnues du jeune homme s'entrouvrirent doucement.

— On peut prendre une chambre pour ce soir, ou on dort dehors. Sachant que si l'on prend une chambre dès maintenant, on dormira à la rue après. Et inversement. On devra forcément faire les deux, déclara t-il d'une voix grave qui fit tressaillir la petite blonde aux tâches de rousseur.

En constatant que la jeune fille était un peu perturbée, il fit glisser son regard vers elle, intrigué.

— Ornélis ?

Celle ci secoua la tête, en chassant de ses pensées tous les souvenirs de son baiser avec lui sur la terrasse du gîte, l'autre jour.

Il sentait si bon ce soir là, et elle avait tellement apprécié son emprise sur elle qu'elle n'était désormais animée que par une seule envie : que cela recommence.

Elle peina à trouver ses mots, elle n'avait écouté que vaguement ce qu'il lui avait dit, trop concentrée sur la manière dont ses lèvres articulaient les mots qu'il prononçait, dont sa langue humidifiait furtivement celles ci. Ces petits gestes si discrets du garçon la faisaient flancher.

— Euh, oui. Pardon. La chambre, trancha t-elle en baissant le regard.

Il haussa les sourcils.

— Pourquoi la chambre maintenant ? l'interrogea t-il, curieux.

Prise de court, Ornélis ne savait plus où placer son regard. Elle savait, bien sûr, pourquoi elle avait envie qu'ils prennent une chambre là, maintenant, ensemble. Mais le formuler était bien trop embarrassant, alors elle se retrouvait à bafouiller des amorces de phrases sans trop savoir quoi dire.

Gaëtan eut un léger rictus, avant de détourner son visage vers la direction opposée à Ornélis. La vision de sa nuque ne fit qu'accentuer les pulsions de celle ci. Il laissa échapper un petit rire en hochant la tête.

— J'ai compris, lui confia t-il.

Puis, il se leva soudainement, à la plus grande surprise de la jeune fille. Il l'incita d'un signe de tête à se lever.

— Viens, lui ordonna t-il d'une voix grave, mais paradoxalement douce.

Il commençait à faire froid, et le beau coucher de soleil laissait place à des nuages sombres d'une couleur grisée.

— On va où ? questionna Ornélis en décollant à son tour son fessier du siège en bois.

Au lieu de lui répondre, Gaëtan fit glisser sa grande main dans la cambrure du bas de son dos, et y exerça une ferme pression, agrippant pleinement sa chair de ses doigts. Ornélis tressaillit en prenant appui contre son torse.

— À ton avis ? lui murmura t-il en relâchant son étreinte, un rictus provocateur accroché aux lèvres.

Elle lui lança un regard presque suppliant, ce qui provoqua une décharge de frissons dans le corps du jeune homme. Sans plus attendre, ils s'engagèrent d'un pas rapide vers le centre ville.

Durant leur recherche de logement à prix modeste, Gaëtan lançait des regards furtifs et lourds de sous entendus à l'adolescente.

Ils ne pouvaient tous les deux plus attendre, à tel point qu'au croisement d'une petite ruelle, Ornélis agrippa le poignet du grand brun et l'entraîna avec elle entre les deux murs étroits qui n'étaient séparés que de quelques centimètres.

Il plaça ses grandes mains contre le mur et dévora le cou d'Ornélis de suçons, en laissant s'échouer son souffle chaud contre son oreille.

— G...Gaëtan... Je peux plus attendre... gémit t-elle en s'ondulant contre lui tandis que les lèvres de celui ci parcouraient charnellement sa peau.

— Moi non plus, lâcha t-il dans un grognement avant de placer sa main derrière sa nuque si fermement qu'elle en eut un mouvement de surprise.

Oh mon dieu, songea t-elle.

Elle ne l'avait jamais vu aussi déchaîné. La lueur presque animale qui animait ses yeux témoignait de son envie de plus en plus pressante.

D'habitude, il se contentait de rester calme et aguicheur, de faire usage de son sourire si charismatique. Là, elle pouvait voir qu'il mourrait d'envie de s'emparer d'elle, sa dominance se déployait dans toute sa splendeur face à elle.

Il l'embrassa passionnément pendant de longues minutes encore en resserrant davantage son étreinte sur sa nuque, ses doigts emmêlés dans ses beaux cheveux blonds. Ses lèvres jouaient malicieusement avec celles d'Ornélis en les frôlant légèrement avant de les mordre d'une férocité qui n'appartenait qu'à lui.

Essoufflée, elle plaça ses mains sur son torse pour le faire légèrement reculer.

— Il faut... qu'on trouve quelque part où dormir, souffla t-elle, les joues rosées par cet échange intense.

Il se redressa et lui lança un regard si profond et intense que les membres de la petite blonde en devinrent aussitôt fébriles. Ses pupilles dilatées parlaient à sa place.

— Tu vas me rendre fou, souffla t-il d'une voix agréablement rauque en fourrant ses mains dans ses poches.

Ils s'extirpèrent de la petite ruelle et trouvèrent assez rapidement un motel assez modeste où la nuit n'était qu'à une vingtaine d'euros. Après avoir payé et récupéré les clés de la chambre, ils découvrirent ensemble l'endroit où ils allaient passer leur nuit.

Ornélis plaça une mèche de cheveux derrière son oreille en jetant un coup d'œil au lit double et à la minuscule salle de bain intégrée à la chambre. Cet aménagement lui rappelait les chambres du gîte Merlin. Soudain, elle se sentit un peu nostalgique.

Elle s'était légèrement remise de ses émotions depuis son échange avec Gaëtan dans la petite ruelle, et parvenait maintenant à articuler une phrase complète sans bégayer. Miracle.

Elle se tourna vers lui. Il se tenait debout derrière elle, les mains dans les poches comme à son habitude. Il l'avait laissée pénétrer dans la pièce en première. Ornélis lui adressa un petit sourire.

— Bon, c'est pas incroyable, mais c'est déjà ça, constata t-elle en haussant les épaules.

Gaëtan approuva d'un petit hochement de tête. Puis, d'un geste lent mais sûr de lui, il ferma la porte à clé derrière eux. Le rythme cardiaque d'Ornélis ne cessait de s'accélérer malgré sa volonté.

Pourquoi ce simple geste la rendait folle ? Pourquoi elle louchait sur les doigts de Gaëtan, qui s'enroulaient si fermement autour de cette poignée de porte ?

De sa stature imposante, il vint déposer son sac à dos sur le lit, avant de se dégourdir les épaules. Puis, il vint se placer face à l'adolescente, à seulement quelques millimètres de son corps.

Son pouce vint caresser le menton d'Ornélis, qui se laissa faire en fermant les yeux. Lentement, il fit fondre la pulpe de son pouce contre la lèvre inférieure de la jeune femme. Satisfait de cette vision d'Ornélis, les lèvres entrouvertes, qui s'offrait à lui, il expira bruyamment.

— C'est largement suffisant pour ce que je compte te faire, murmura t-il.

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