Chapitre 22
Cela faisait vingt quatre heures. Vingt quatre heures que Gaëtan se creusait le cerveau pour trouver une solution. À chaque fois qu'il aboutissait à une possible issue pour savoir où Halse se trouvait, un détail manquait toujours et il devait revenir au point de départ.
Il l'avait appelée cinq fois. Cela raccrochait toujours aussitôt.
Par conséquent, si elle avait suivi le plan, Halse ne se trouvait pas loin, dans un rayon assez restreint.
C'était un fait, mais la suite du plan, il ne l'avait pas trouvée. Il n'était pas encore parvenu à raccrocher les deux bouts.
Finalement, après l'épisode des toilettes, Ornélis, Constant et lui même savaient qu'ils n'avaient aucune issue exceptée celle de rentrer au gîte et de réfléchir de manière concise, rapide et efficace. Chercher Halse dans tous les bâtiments de la ville n'aurait servi à rien, cela aurait été comme chercher une aiguille dans une botte de foin. De plus, Gaëtan devait se soigner et se reposer un minimum s'il voulait éviter un évanouissement à cause de sa blessure. Ce dernier devenait fou. Porter des bonnets tous les jours pour camoufler son énorme blessure au crâne devenait insupportable.
Le bruit de la porte qui s'ouvrit le sortit de sa réflexion. Il s'assoupit sur son lit et enfouit sa tête dans ses mains.
Il savait qui venait d'entrer dans la pièce sans même regarder.
— Iris, devina t-il.
Il venait de se rappeler qu'il devait lui parler. Il l'avait complètement oublié avec les récents évènements, mais il fallait en finir. Cela allait être assez dur comme ça pour lui de lui annoncer, et il était conscient que plus il allait retarder la rupture, plus elle allait souffrir.
Il n'y avait pas d'alchimie dans leur relation, pas réellement d'amour, et il n'avait pas l'impression qu'il était seul à ressentir cela. Elle ne semblait pas attirée par lui au delà du sexe, lorsqu'ils étaient tous les deux la conversation tournait toujours autour de ça, ou d'Ornélis.
Il se redressa et Iris s'avança tout sourire déposer un baiser sur ses lèvres. Complètement désemparé, Gaëtan ne bougea pas d'un millimètre. Elle se mordit la lèvre inférieure.
Oh non, pitié, songea t-il, complètement désemparé face à la situation qui dérapait.
Il la connaissait par coeur maintenant, ce qui allait arriver était fort prévisible.
Elle souleva son t-shirt, qui laissa apparaître une lingerie parfaitement découpée pour la forme de sa poitrine. La main de la jeune fille attrapa celle du grand métisse et l'approcha doucement de son soutien gorge.
Gaëtan eut un mouvement de recul, paniqué.
— Je suis vraiment désolé, Iris. Je peux pas.
Le visage de celle ci se décomposa.
— Ok, sympa, merci, murmura t-elle, vexée.
— Non, pas dans ce sens là, t'es magnifique, ça n'a rien à voir. Je ne veux juste plus être en couple, je suis désolé. C'est fini.
Elle hocha de la tête.
— T'as envie d'être indépendant.
Le jeune homme, étonné qu'elle ne s'énerve pas et qu'elle fasse preuve d'autant de compréhension, approuva en lui souriant tendrement.
— Exactement.
Iris ricana, ce qui le laissa perplexe.
— Indépendant, c'est tout seul, pas avec une pauvre blonde qui pue la cigarette, s'énerva t-elle subitement en envoyant valser son t shirt sur le torse de celui ci. De toute façon, je t'ai trompé.
Elle quitta les lieux à toute vitesse, avant de se retourner une dernière fois.
— Et les bonnets, ça te va pas ! lui cria t-elle depuis le couloir.
Gaëtan se retrouva seul dans sa chambre, interloqué. Il ne pensait pas que cela serait aussi rapide. Il écarta le t shirt qu'il s'était pris dans la figure et ne put se retenir d'éclater de rire.
Décidément, les filles avaient vraiment deux visages. La Iris avec laquelle il avait été pendant quelques jours n'avait rien à voir avec celle qu'il venait tout juste de quitter.
Le fait qu'elle lui ai avoué avoir été infidèle avait définitivement effacé tout résidu de culpabilité dans le cœur du jeune homme. Il voulait presque la remercier de l'avoir fait rire alors qu'il était dans tous ses états avant qu'elle ne vienne.
— Elle est folle.. murmurait t-il en s'affalant sur son lit, son portable à la main.
Il décida d'écrire un message à Ornélis.
"Je viens de quitter Iris. Elle est super énervée."
Il attendit sa réponse, impatient. Pourquoi elle mettait aussi longtemps? Enfin, le ding de son portable venait de se faire entendre. Il se précipita pour regarder l'écran.
"Je sais. Elle vient d'entrer dans ma chambre pour me dire que t'es nul au lit."
Le début du message l'avait fait rire, mais la fin l'avait un peu vexé. Il fallait qu'il trouve la réponse parfaite. Il hésita longuement, très longuement, quant à sa réponse. Il voulait lui répondre quelque chose d'osé, mais il ne voulait pas qu'elle se sente bousculée.
— Et puis merde, jura t-il avant d'envoyer sa réponse et de balancer son téléphone à l'autre bout du lit.
"Viens vérifier si elle a raison."
Il avait beau jouer celui qui avait confiance en lui, si elle se pointait là maintenant à sa porte, il allait vite perdre ses moyens. Son écran s'alluma à nouveau. Surexcité, il s'empressa de regarder sa réponse.
"Tu me donnes pas d'ordres."
Suivi d'un deuxième message quelques secondes après :
"Donc non."
Gaëtan poussa un râle en jetant de nouveau son portable à l'autre bout de son lit, décidément maltraité. Il fallait s'y attendre, le caractère trempé d'Ornélis n'avait rien à voir avec la docilité d'Iris.
— Quelle défaite, s'amusa t-il. Quelle défaite.
•
Assis à table avec Ornélis et Constant, l'ambiance était au plus bas. Le repas du diner semblait clairement immangeable. Constant, la capuche de son pull rabattue sur sa tête comme à son habitude, tripotait les choux de Bruxelles dans son assiette d'un air dégouté.
— Donc là, tout le gîte continue de fonctionner normal alors qu'Halse n'est pas là ? sonda Ornélis.
— Oui, le service minimum offert par la mairie ne peut pas s'arrêter tant que la mère d'Halse n'en a pas donné l'ordre, c'est toujours sa propriété. En attendant, tout le monde s'inquiète, tout à l'heure j'ai entendu des mecs de la cuisine discuter, ils pensent tous qu'elle a fugué à cause de ses problèmes, affirma Constant, le regard vide.
Gaëtan soupira.
— On dit rien à personne. La police ne pourra rien faire, à part se mêler de nos affaires et découvrir que j'ai frappé Christian et que c'est pour ça qu'il s'est taillé avec Halse. On sera jugés comme complices, c'est trop risqué, annonça t-il.
— Je ne pense pas, rétorqua aussitôt Constant en levant les yeux de son assiette. Si il arrive quelque chose à Halse et qu'on aura rien fait, ni appelé personne, on va l'avoir sur la conscience toute notre vie. Je pense qu'il serait plus sage de les appeler à ce stade là.
— Depuis le début, on a pas affaire à des gens sages du tout, et j'ai voulu agir de manière réfléchie pour ne pas leur ressembler. Ça a échoué. Maintenant on arrête les résonnements logiques et sensés, on va trouver ce psychopathe et si il nous tombe sous la main, on le tue. Point, attesta Gaëtan.
Ornélis leva les yeux au ciel en soufflant, agacée des propos du grand métisse.
— Arrête de dire ça, t'es con ou quoi ? Si tu veux finir en prison, ça sera sans nous, s'énerva t-elle en haussant légèrement le ton.
Gaëtan la fusilla du regard.
— Ça marche, j'irai tout seul. Si vous pensez qu'appeler la police sauvera Halse, c'est bien. Vous constaterez quand vous déciderez de le faire que c'est la pire idée du siècle.
— J'ai la conscience plus tranquille sans avoir commis de meurtre perso, mais bon, lâcha Ornélis.
— Je ne t'ai pas demandé de me raconter ton introspection. Il n'est pas question de notre bien être, il est question de notre sécurité et de celle d'Halse, s'impatienta t-il en cessant de manger, énervé.
— Ça y est, tu vas commencer à utiliser des mots compliqués pour avoir l'air intelligent, lâcha Ornélis en levant les yeux au ciel d'un air excédé.
Constant, qui les regardait se disputer une nouvelle fois, soupira. Il coupa court à leur échange qui, selon lui, ne rimait à rien :
— Dans quel endroit pensez vous qu'on a le plus de chances de la trouver ?
— Hmm...réfléchit l'adolescente. Là, comme ça, je dirais dans un entrepôt, comme dans les films. Ou dans un coffre.
Gaëtan la scruta d'un air perplexe.
— Un coffre ? Donc tu veux qu'on fouille toutes les Clios du coin alors qu'on a même pas les clés ? T'es intelligente, toi.
— Il me pose une question, je lui réponds, si t'es pas content, c'est ton problème.
Avant que cela ne dégénère de nouveau, Constant intervint en s'adressant à son ami, cette fois.
— Et toi ?
— Un sous sol ou un bâtiment abandonné. En tout cas, un endroit où il ne risque de croiser personne, donc pas une voiture garée sur le bord de la route, suggéra Gaëtan en dédiant cette dernière petite pique à Ornélis.
— C'est vrai que ça me semble plus rationnel qu'un coffre, je pense qu'on peut rayer cette idée, approuva l'adolescent à capuche. Et Halse est grande, à part la plier en quatre je vois pas comment il aurait pu la rentrer dans un coffre.
— Merci de le reconnaître, avisa le jeune métisse, fier d'avoir quelqu'un de son côté, tandis qu'Ornélis faisait mine de ne rien entendre.
Au loin, Gaëtan aperçut Iris avec son plateau et quelques amis. Lorsqu'elle le vit, elle lui jeta un regard noir avant de s'assoir à une table juste à côté de la sienne.
— Tiens, quel hasard, plaisanta Constant, à qui son ami avait annoncé la nouvelle au téléphone quelques heures plus tôt.
— Elle te suit encore ? s'inquiéta Ornélis, qui s'était pourtant sentie soulagée de s'être enfin détachée de l'omniprésence de la belle antillaise.
Gaëtan lui jeta un regard entendu qui la fit frémir de la tête au pied. Un rictus s'empara de ses lèvres, tandis que ses pupilles se dilatèrent lorsqu'il prononça ce simple mot.
— Non.
Puis, il mit brutalement fin à ce court instant d'une précieuse intensité, laissant Ornélis perturbée.
— Elle va juste manger avec ses amis, se justifia le concerné. Enfin bref, demain on fouille tous les endroits que l'on peut. Jusqu'à ce qu'on la retrouve. On empruntera une voiture, pour changer.
Ses deux amis acquiescèrent et il se levèrent tous les trois de table.
Ils ignoraient que, non loin de là, quelqu'un avait déjà un coup d'avance sur eux.
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