Chapitre 19
Les chuchotements autour d'eux s'étaient éteints.
Le silence ornait la pièce comme un diamant. De loin, Gaëtan venait juste de comprendre ce qu'il venait de se passer. Les autres, à ses côtés, étaient perdus.
Une demande de promesse de mariage, il ne pensait pas Christian capable d'aller aussi loin. Là, il l'avait bluffé. Il n'avait jamais entendu de demande comme celle ci de toute sa vie. Il n'était même pas sur que cela existait, est ce qu'il y avait vraiment des personnes qui se promettaient de se fiancer ?
Il se fraya un chemin à travers la foule pour se rapprocher d'Halse, mais se refusa à intervenir.
Si il se mettait entre eux deux, il allait tout gâcher. Absolument tout. Christian allait se rendre compte qu'ils savaient qui il était réellement, et allait sûrement se métamorphoser en une bête enragée incontrôlable.
Il remarqua le regard en détresse d'Halse, et effectua un hochement de tête qui voulait dire "peu importe ce que tu réponds, on va trouver une solution." Elle ferma les yeux et prit une grande inspiration.
Constant, ahuri, était en panique.
— Mais putain, il fait quoi, là ? s'énerva ce dernier en scrutant Ornélis, qui n'en savait pas plus que lui.
Halse ne savait pas quoi dire. Elle allait opter pour la solution la plus humiliante pour lui, mais la plus efficace pour elle et Gaëtan.
— Je suis... J'ai besoin de réfléchir. bafouilla t-elle en retirant brusquement sa main de son emprise, sous les regards curieux des visiteurs du musée.
Elle se précipita hors de la foule et courut le plus vite possible pour s'enfermer dans les toilettes, haletante.
Il lui demandait de lui promettre qu'ils allaient se fiancer ? C'était insensé. Elle avait l'impression d'être dans un cauchemar.
Elle se pencha au dessus de la cuvette des toilettes et rejeta dans un violent haut-le- cœur le peu de choses qu'elle avait ingurgité ce matin. Les lèvres entrouvertes et les mains tremblantes agrippées sur le rebord de la cuvette, elle ferma les yeux en s'efforçant de calmer le rythme de sa respiration.
Derrière elle, des pas résonnaient. C'était encore lui. Un haut le cœur la fit vaciller et un nouveau vomissement se fit entendre.
La personne était silencieuse, pourtant elle était sûre que c'était lui.
Est ce qu'il allait la tuer, parce qu'elle n'avait pas dit oui ?
Paniquée, elle se dit que c'était impossible, pas ici. Pas avec autant de gens autour. Elle ferma les yeux et s'assoupit contre le rebord de la cuvette.
— Halse ? Tu vomis ? questionna Christian d'une voix inquiète qui la fit sursauter.
— Oui. J'ai du manger un mauvais truc ce matin. Désolée, articula t-elle avec difficulté.
— Putain... Je peux entrer ? fit-il d'air air soucieux.
Sans attendre sa réponse, il ouvrit doucement la porte. Halse restait les yeux fermés, appuyée contre les toilettes.
Un vacarme la fit soudainement sursauter, et l'entièreté de son corps se raidit.
Quelqu'un venait d'entrer à son tour dans les toilettes et de fracasser la porte contre le mur d'une violence inégalable. Elle entendit un cri rauque provenant de Christian, et se retourna brusquement.
— Elle est mineure ! Regarde dans quel état tu la mets ! hurlait Gaëtan en serrant le cou de Christian de plus en plus fort, enragé. Le grand métisse faisait trois têtes de plus que lui, leur force n'était pas comparable.
Christian n'arrivait plus à respirer, les veines qui ornaient le long de son cou enflaient et son visage était devenu entièrement rouge.
— Gaëtan ! Gaëtan, s'il te plaît, arrête... Il va mourir, supplia Halse, complètement anéantie contre le carrelage glacé des toilettes.
— Je pourrais le tuer comme il a tué Alison. Mais je suis pas comme lui, cracha Gaëtan en désserant son étreinte.
Christian tomba brutalement sur le sol, les deux mains au cou.
— Alison ? T'es malade ? marmonna ce dernier en reprenant son souffle.
— Écoute moi bien, menaça le grand métisse en le regardant droit dans les yeux. Tu t'approches plus d'Halse, tu la laisses tranquille. Tu restes ici, mais si tu tentes de partir je te trouverai, c'est clair ?
Christian se releva avec difficulté en le foudroyant du regard.
— Non. Je ne sais pas pourquoi tu veux que je m'éloigne d'elle. Je l'aime, lâcha t-il nonchalamment, visiblement que très peu perturbé par la violence que lui avait fait subir l'adolescent quelques secondes plus tôt.
La haine emplissait petit à petit les yeux du jeune homme à la peau matte. Il enfonça son poing dans le torse de Christian et le frappa violemment à plusieurs reprises. Halse hurlait, mais rien n'y faisait. Du sang se déversait abondamment de la bouche de Christian, qui était désormais à bout de forces.
Quand Gaëtan l'eut épuisé et que Christian fut évanoui contre le sol, il s'accroupit avec précipitation auprès de la jeune fille.
Lorsqu'il la vit, son coeur se déchira littéralement en deux. Pâle, elle sanglotait les yeux fermés, secouée dans tous les sens par des sursauts incontrôlables.
— Halse ? chuchota t-il en enroulant sa main autour de sa nuque. Halse, c'est moi, c'est Gaëtan. Je suis là. Regarde moi.
— Où est Christian ? articula t-elle malgré les larmes qui trempaient son visage, et les sursauts incontrôlables que subissait son corps.
Il baissa les yeux.
— Par terre. On est hors de danger.
Elle plongea son regard dans le sien et sourit douloureusement.
— T'es peut être très intelligent, mais là, t'as été le pire des cons. Tu viens de frapper à mort un homme dont tu n'as aucune preuve de la culpabilité. Tu sais où tu vas finir, maintenant.
— Christian n'est pas mort, se justifia t-il, paniqué. Il est pas mort, je suis certain qu'il est vivant. On va trouver une solution. Il faut qu'on s'échappe de cette pièce, vite.
— Il est mort, s'effondra de nouveau la jeune fille. On devait trouver un plan pour prouver que c'était un tueur et l'arrêter, maintenant, le seul tueur ici, c'est...
Elle n'acheva pas sa phrase et laissa tout son corps basculer sur sa gauche, inerte.
Gaëtan la rattrapa de justesse et la secoua énergiquement. Il fallait qu'elle reprenne ses esprits, maintenant, avant que quelqu'un ne se mette à sa recherche en s'apercevant de son absence.
— Non, non ! Halse, regarde moi. J'ai fait ce qui était juste. Je te le promets. Il mérite de mourir, mais je ne l'ai pas tué. Lève toi.
— Non, articula t-elle. Tu...
Elle n'eut jamais l'occasion de finir sa phrase.
Le corps imposant de Gaëtan s'écroula sur elle de tout son poids, inerte.
Immobile.
Mort...?
Elle s'apprêta à hurler, à appeler à l'aide à pleins poumons, mais elle n'eut pas le temps de le faire.
Une main s'était déjà brutalement abattue sur sa bouche, l'empêchant de dire quoi que ce soit.
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