Chapitre 17
De retour au gîte...
Gaëtan se tenait face à Halse, la regardant de haut de son mètre quatre vingt dix. Ensemble, ils venaient de comprendre que quelque chose chez Christian n'allait définitivement pas.
— Exactement. J'ai découvert tout son plan, c'est fou, il me manque quelques éléments mais j'ai la moitié, ce gars est incroyablement intelligent, débita Gaëtan. Assieds toi.
Halse prit place sur le rebord de son lit tandis qu'il demeura debout face à elle pour tout lui expliquer.
Attentive, son coeur battait à cent à l'heure et elle avait extrêmement chaud, sûrement à cause de l'angoisse qui dévorait chaque parcelle de son corps à une vitesse effrayante.
Gaëtan était tout aussi paniqué, il faisait les cent pas devant elle et prenait de petites inspirations en entrouvrant les lèvres, pour au final ne rien dire : il était trop agité, impossible de savoir par où commencer.
— Je t'explique d'abord comment j'ai compris ? la sonda t-il.
Elle hocha vivement la tête, captivée.
— Bien. Tout d'abord, c'est un mythomane. J'ai lu des livres sur ça. Beaucoup. Il ment comme il respire, mais ses mensonges ne sont pas décelables. Y'a pas une seule putain d'étincelle de mensonge dans ses yeux. Si tu le rencontres comme ça et qu'il te débite n'importe quoi tu le crois, tu sais pourquoi ?
— Non... laissa échapper t-elle échapper presque imperceptiblement, murmure happé un souffle décontenancé.
— Parce qu'il ne se rend même plus compte lui même qu'il est en train de mentir. J'en suis presque sûr.
Elle hocha encore plus vivement la tête, complètement absorbée. Sa respiration se coupait par moment, elle voulait tout retenir, conserver toutes les précieuses informations qu'il lui léguait en tête.
— Il se trahit avec des mensonges futiles. Par exemple, il prétend que tu te sens mal à cause de nausées : faux. C'est simple, mais fréquent chez lui. Si il ment pour ce genre de choses, pour quoi d'autre en serait t-il capable ?
Elle se leva à son tour pour prendre la parole, se triturant nerveusement les poignets. Gaëtan effectua un léger signe de tête pour l'inciter à parler.
— J'ai des choses à te dire aussi, affirma t-elle. Pour ce qui est des mensonges, il cache beaucoup de choses, dont le fait que depuis plusieurs jours, il enfilait la même chemise. Je suis partie fouiller dans sa chambre, il vient de faire une tonne de courses...
Il la coupa aussitôt.
— Rien n'est inutile! dis moi ce que tu sais et je fais de même. Il faut qu'on forme une équipe. Pour qu'on le fasse tomber.
Elle approuva en essuyant sa joue mouillée du revers de sa manche.
— J'ai un autre élément super important, j'espère que tu vas te souvenir de ce moment. Reprit le jeune homme. Tu te rappelles de lorsqu'on était partis les chercher lui et Alison? Dans la voiture, tu avais appelé le numéro de Christian, et c'était un autre homme qui avait décroché en expliquant que ce numéro n'appartenait à aucun dénommé Christian. Tu t'en souviens?
— Je m'en souviens, confirma Halse.
— Changer de numéro plusieurs fois par an, comme changer d'adresse, c'est une méthode utilisée par les tueurs, dans les films, certes, mais aussi dans la réalité pour ne jamais pouvoir se faire retracer par personne. Ils s'inventent une nouvelle identité, ils changent de numéro et d'adresse, et n'ont pas de papiers. Ils vont à tel endroit faire leur affaire, partent, et bam, ils se créent une nouvelle identité. Personne, ni toi, ni moi, ne pouvons retrouver Christian si il décide de partir du gîte là, maintenant. Faudrait t-il encore qu'il s'appelle réellement Christian.
Halse prenait de grandes inspirations, des larmes dévalant abondamment le long de ses joues rosées. Elle n'avait retenu qu'un seul mot de son discours.
— Un...un tueur ? bafouilla t-elle.
Gaëtan s'octroya un instant de réflexion, concentré. Cela lui brisait le cœur de voir tant de déception dans les yeux de son interlocutrice, mais il n'avait pas le choix. Il devait être honnête avec elle.
— Je n'en suis pas sûr, quelques éléments restent flous. Mais je serais prêt à parier qu'il a tué Alison, balança t-il finalement, une boule de stress désagréable lui obstruant le fond de la gorge.
Halse n'en revenait pas, mais malgré tout elle avait une énorme confiance en lui et ne pouvait s'empêcher de le croire.
Elle lui avait accordé toute cette confiance dès leur rencontre. Dès ce moment, dans les toilettes, où il était venu l'avertir des potentiels dangers qui la menaçaient d'ores et déjà. Il voulait son bien, et elle le sentait.
— Qu'est ce qui te fait dire ça ? balbutia t-elle, tremblante.
— Ornélis, un soir, a trouvé Alison par terre, la gorge mutilée par une trace de couteau. Elle lui a raconté qu'elle se mutilait à cause de problèmes de famille, mais personne ne se mutile la gorge. C'est trop visible, tout le monde y compris ses proches peuvent le voir, à part pour lancer un énorme appel à l'aide elle n'aurait eu aucune raison de se faire ça. C'est Christian. Je n'ai aucune preuve mais c'est lui, j'en suis sûr. Il s'est passé quelque chose de grave entre les deux avant leur arrivée au gîte, Alison n'aurait pas suivi son ex sans raison. Tu me suis ?
Halse lui coupa aussitôt la parole, une illumination lui avait traversé l'esprit:
— Lorsqu'elle venait d'arriver, Alison était venue m'avertir que Christian était dangereux, qu'il allait me faire du mal, se rappela t-elle soudainement.
Elle qui avait enfoui cette scène dans les décombes de sa mémoire.
Il lui attrapa doucement les mains en la regardant dans les yeux.
— Christian lui a fait quelque chose avant, il est venu ici pour te faire la même chose et elle est venue te protéger. Les seuls éléments qu'il nous manquent sont les suivants, qu'est ce qu'il lui a fait et pourquoi il veut se rapprocher de toi. Halse, on est des génies.
À bout de souffle, elle se laissa tomber sur son lit. Elle venait d'apprendre qu'elle se trouvait dans une relation avec un potentiel tueur, et pourtant elle ne s'était jamais sentie aussi soulagée. C'était peut être la vérité qui la faisait planer. Depuis quelques jours, une anxiété indescriptible lui tiraillait les entrailles, et elle savait enfin d'où elle provenait.
Enfin, ses angoisses étaient éclairées, elle se sentait comprise. Elle avait Gaëtan à ses côtés, et c'était déjà beaucoup.
Désormais, c'était elle qui contrôlait la partie aux côtés de son ami. Et ils allaient tout faire pour la gagner.
•
Ornélis tentait d'embraser le bout de sa cigarette, en vain. La flamme refusait de s'extraire de son briquet, ce qui la fit souffler.
— Putain... grogna t-elle en portant ses deux paumes de main à ses lèvres.
Elle sentit une présence derrière elle et souffla de plus belle. Elle avait juste envie d'être seule.
— T'es sortie avec mon copain ?
La voix aiguë d'Iris la fit sursauter, elle n'était pas du tout prête à ce genre de questions.
Elle était arrivée comme un screamer. Cette pensée arracha un sourire furtif à Ornélis. Elle se retourna de manière à apercevoir son interlocutrice et lui adressa un petit sourire gêné.
— Euh, non, lui répondit Ornélis sans lui prêter davantage d'attention avant de retenter d'allumer sa cigarette.
Enfin, la flamme se décida à embraser le bout de celle ci et un sourire illumina le visage de la petite blonde.
Iris la fixait d'un air sage.
— Tu l'aimes ? forca la belle martiniquaise.
— Non, s'énerva Ornélis en la fusillant du regard. J'aime pas Gaëtan, je vous souhaite tout le bonheur du monde et je suis super contente pour vous. Tu peux partir ?
Iris leva les yeux au ciel et passa une main nonchalante dans sa masse de cheveux blonde.
— La dernière fois, je lui avais parlé de toi et il avait l'air un peu trop intéressé.
Ornélis adopta un petit air surpris en tirant sur sa cigarette.
— Ah bon ? Cool.
— Oui, enfin pour moi c'est pas si cool du coup... J'ai fait comme si c'était une blague, et il avait l'air carrément rassuré.
— Bah faites une thérapie de couple. Tu viens me demander des conseils, alors que tu crains que je te le pique ? fit la blonde, détachée de cette conversation qui n'avait aucun sens.
Iris fronça ses sourcils d'une moue boudeuse.
— Bah oui, vu que tu viens de me dire que tu l'aimes pas.
Ornélis manqua de s'étouffer. Elle éclata de rire sous l'incompréhension de la belle métisse. Hilare, il lui était impossible de s'arrêter.
Elle lui donna une tape sur l'épaule, jeta son mégot par terre et l'écrasa avec le talon de sa basket avant de s'engouffrer dans le gîte, toujours pliée de rire.
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