Chapitre 14
Halse s'enferma dans sa chambre en claquant la porte.
Elle se dirigea vers le tiroir de son armoire, l'ouvrit et le fouilla entièrement, tremblante.
Elle en sortit un jeu de clés, lorsqu'elle l'aperçut elle posa une main sur son coeur, la gorge nouée. Chambre 57.
Elle repensa à leur rencontre si banale et leva les yeux au ciel pour empêcher les larmes de couler. Il fallait faire vite, pas le temps pour ça.
Elle sortit de sa chambre et longea le couloir en courant. Elle se tenait devant la porte. Ses doigts poussèrent la clé dans la serrure qui se déverrouilla dans un petit cliquetis.
Elle pénétra dans la pièce et marqua une seconde de pause, comme si son cerveau s'était arrêté et qu'elle ne savait pas ce qu'elle était en train de faire. Aussitôt elle se reprit en main : son corps se précipita vers l'armoire qui se trouvait au centre de la pièce. Paniquée, elle ouvrit les deux grandes portes de bois avec précipitation.
Seulement, il y avait un problème... une seule chemise noire se trouvait dans l'armoire de Christian.
— Il m'avait dit qu'il en avait plusieurs... murmura t-elle en maintenant son regard méfiant sur la chemise qui se tenait face à elle.
Fébrile, elle parcourut l'entièreté de la pièce. Elle explora son lit, secoua la couette, mais rien d'anormal ne s'y trouvait. Elle s'orienta finalement vers la salle de bain, et un élément l'interpella dès qu'elle posa le bout de son pied dans celle ci.
Un petit sac en plastique était posé sur le bord du lavabo. Étrange. Elle s'approcha de celui ci et enfouit sa main à l'intérieur en se mordillant la lèvre inférieure.
Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'elle découvrit son contenu.
Des dizaines, et même des vingtaines d'habits, tous empilés les uns sur les autres en vrac. Les étiquettes étaient toutes là, tout était neuf. Tous ces vêtements venaient d'être fraîchement achetés, mais pourquoi ?
Ayant du mal à contrôler son souffle, elle posa ses mains contre sa poitrine et s'accorda quelques secondes de pause.
— Mon dieu, mon dieu, qu'est ce que c'est que ça... chuchotait-elle en boucle sans pouvoir s'arrêter de fouiller frénétiquement l'intérieur du sac.
Elle enfonça une dernière fois sa main dans l'énorme sac blanc et en extirpa un jean noir, retroussé aux niveau des chevilles. Elle l'examina: rien d'anormal. Un jean neuf. D'une marque assez connue.
Sauf qu'une personne normale n'achetait pas tant d'habits d'un seul coup.
Une voix grave provenant de la pièce voisine l'interrompu dans son inspection. Elle relâcha brutalement le jean et se précipita dans la chambre en s'efforçant d'adopter un air naturel.
— Bonjour ? résonna la voix rauque, qui s'approchait doucement d'elle.
Halse fit quelques pas, pour enfin apercevoir la personne qui lui parlait.
Lorsqu'elle se trouva face à l'inconnu, elle bafouilla quelques mots afin de trouver une excuse à sa présence ici. Elle ne savait pas qui était cet homme, mais une chose était sûre : elle n'était pas supposée être là.
— Euh, j'étais en train de nettoyer, un client m'a demandé... de nettoyer sa chambre. Je suis Halse, la fille de la gérante.
L'homme qui se tenait devant elle fronça les sourcils en lui présentant une petite pancarte.
— Je me présente, inspecteur des lieux, je suis de la mairie. Je viens vérifier que le service minimum est opérationnel. En tout cas, vous n'avez aucun droit de visiter les chambres des clients pour les nettoyer, ce rôle appartient aux femmes de ménages, la gronda t-il.
— Oui, je suis vraiment désolée... s'excusa t-elle en quittant la pièce à pas de loups.
L'homme l'observa s'éclipser en fronçant ses sourcils épais, et elle disparut rapidement de son champ de vision.
Une fois sortie de la pièce, Halse s'assoupit contre le mur et inspira en fermant les yeux. Son téléphone vibra et son visage se décomposa lorsqu'elle aperçut le nom d'Alison s'afficher sur l'écran. Avec précipitation, elle fit glisser son pouce sur l'écran.
— Allô ? s'exclama t-elle, le téléphone complètement collé à son lobe.
Elle se fit couper par une voix calme, sûrement d'une femme d'une quarantaine d'années.
— Mademoiselle...
La voix hésita un instant avant de reprendre.
— ... Halse ? Vous le savez sûrement déjà, mais Alison est décédée il y a quelques jours. Je vous appelle du poste de police, je suis navrée de vous annoncer que nous n'avons rien trouvé sur le lieu du décès d'Alison. Nous vous informerons de la date de son enterrement, vous et seulement vous, ainsi que sa famille. J'ai cru comprendre que vous étiez avec des amis lorsque vous l'avez découverte, ce sera donc votre rôle de les en informer. Je vous souhaite bon courage et une très bonne fin de journée. Encore toutes mes condoléances.
Cette fois ci, le coup était dix fois plus fort que lorsqu'elle avait appris l'overdose de sa mère. Le coup de couteau invisible qu'elle venait subir était d'une puissance indescriptible.
De plus, c'était Alison qui l'avait aidée à aller mieux la dernière fois, à se remettre des émotions que lui infligeaient sa vie.
Là, elle était seule. Certes, il y avait Constant, Ornélis ou encore Gaëtan, mais rien au monde ne pouvait apaiser la souffrance qui s'insinuait en elle comme du poison. Elle se sentait terriblement seule. Abandonnée.
— M...Merci, bafouilla t-elle.
Elle raccrocha, le regard vide, n'ayant même plus la force de pleurer. Sa main replaça lentement le portable dans le fond de sa poche. Elle avait du mal à respirer, mais parvint tout de même à atteindre sa chambre.
De loin, une ombre l'observait sans ciller.
Cachée derrière la plante décorative, celle ci l'observait silencieusement. Le mystérieux espion écarta discrètement quelques feuilles, sans faire de bruit, pour l'avoir davantage dans son champ de vision.
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