Cette nuit là...
Coucou,
Ce chapitre ne se déroule pas à l'intérieur du gîte Merlin. Il introduit de nouveaux personnages très importants, vous allez voir pourquoi et lesquels :)
Bonne lecture !
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Une semaine plus tôt...
Alison se tenait là, un soir d'hiver, assise par terre, emmitouflée dans son blouson d'un bleu profond.
Elle attendait patiemment Christian depuis une bonne trentaine de minutes, celui qu'elle considérait comme l'amour de sa vie et qui lui avait donné rendez vous dans cette petite rue étroite pour une "surprise".
Surexcitée, Alison vit une silhouette apparaître au bout de la ruelle. Elle se redressa aussitôt, son coeur se mit à battre à cent à l'heure. C'était lui, il était là. Elle l'aimait d'une force inégalable.
Son petit corps, glacé à présent, vint se blottir dans les bras musclés de Christian.
— Tu es là, murmura t-il à son oreille, ému.
Elle haussa un sourcil sans pouvoir réprimander un petit sourire.
— Comment ça ? Bien sûr, que je suis là. Pourquoi cet endroit ?
Un rire mélodieux s'échappa de la gorge de Christian, il posa son doigt sur les lèvres gercées d'Alison.
— Ne pose pas trop de questions, mon cœur.
Il la conduisit ensuite dans une petite rue encore plus étroite que la précédente. Cette fois ci, Alison commençait à se poser des questions, mais Christian prit la parole avant même qu'elle ne puisse prononcer le moindre mot.
— J'avais peur que tu ne viennes pas. Tu sais, à cause de... Je pensais que tu aurais peur que je te veuille du mal, voilà, articula t-il, hésitant.
Elle savait bien de quoi il parlait. De ses crises de folies qui s'emparaient de lui régulièrement, qu'Alison ne pouvait plus supporter, durant une période.
Un jour, elle lui avait dit qu'elle n'accepterai plus jamais d'être seule avec lui, peu importe l'endroit.
Pourquoi ? Il lui avait mutilé le bras droit, pendant une dispute qui avait dérapé. Puis il s'était excusé de toutes les manières possibles. Et elle l'avait pardonné, comme toute femme aveuglément amoureuse l'aurait fait à sa place. L'amour l'avait empêchée d'y voir clair.
Les choses s'étaient arrangées, et elle était revenue sur ses paroles, mais une méfiance presque sourde demeurait toutefois dans l'esprit de la jeune femme.
Pendant toutes ces dernières années, il l'avait supplié de ne rien dire à personne au sujet de ces mystérieuses crises, ou tout le monde le prendrait pour un fou. Elle lui avait juré qu'elle garderait tout cela secret, au nom de leur amour.
— Je t'ai promis de faire impasse sur tes crises que tu ne contrôles pas. Je tiens toujours mes promesses, lui rappela t-elle en fronçant les sourcils.
Il sourit, rassuré.
— Christian, je commence vraiment à avoir froid, là. Pourquoi m'avoir amenée ici ? s'agaça la jeune fille, plutôt impatiente de nature.
— Alison ?
— Oui, quoi ? rétorqua t-elle illico, vraiment inquiète cette fois ci. Tu me fais peur, qu'est-ce qu'il y a ?
— Elles n'ont pas disparu.
La main de Christian lâcha celle d'Alison, et tout signe de tendresse, manifestement, disparut également. Qu'était t-il en train de se passer ?
Alison chercha aussitôt une issue pour s'extirper de cette maudite rue... pas moyen. Elle se tenait dans un cul de sac, et Christian se tenait debout, face à elle.
— Alison, regarde moi.
— Non ! hurla t-elle en plaçant maladroitement ses bras devant son visage, même si elle savait bien que cela ne servait à rien.
Une flamme inquiétante jaillit dans les yeux du jeune homme. Il n'allait quand même pas faire ça ? Depuis leur rencontre, il avait réussi à se contenir. Les souvenirs qu'ils s'étaient créés ensemble, leur relation si idyllique, tout allait s'écrouler, là, maintenant ?
— Christian ! Tu m'avais promis ! s'écria t-elle, une larme roulant le long de sa joue, le cœur se brisant en mille morceaux.
— Je suis désolé, Alison. J'éprouve le besoin de te tuer, je dois le faire. Sinon, tu me connais... Tout va s'empirer. Je t'épargne de quelque chose.
Il sortit un couteau de sa poche de manteau, et un cri transcendant déchira le silence glacé de la nuit. En quelques secondes, tout s'était anéanti. Brutalement.
Le froid glacé de la nuit claqua contre la main de Christian. Cette main à présent dénuée d'humanité.
Si Alison était encore consciente, elle dirait que ce qu'il venait de se passer, c'était la plus grosse crise que Christian n'ait jamais faite. Mais elle n'était sûrement plus là. Doucement, une ombre furtive se dessina dans les ruelles de la petite ville. L'ombre, un couteau dans la main, prenait la fuite.
Christian venait tout bonnement d'abandonner le corps gisant de sa petite amie au fin fond d'une ruelle. Il espérait l'avoir tué, et que personne ne la retrouve. Cependant, tous ses espoirs tombèrent à l'eau dès la seconde où il entendit une sirène de police au loin.
Quelqu'un avait dû entendre le cri d'Alison et appelé les secours. Paniqué, il se précipita dans sa voiture, stationnée sur le bord du trottoir un peu plus loin.
Il vérifia une dernière fois sur son téléphone l'adresse où il avait prévu de passer beaucoup de temps, et où il comptait réaliser le coup de sa vie.
Gîte Merlin, 18 route de Genevienne.
Il se rendit dans sa voiture, et s'efforça de reprendre ses esprits. Sa main, agitée de tremblements, ne parvint même pas à démarrer le moteur.
— Qu'est ce que je viens de faire, putain ! hurlait t-il en frappant sur le volant, hystérique.
Une fois le moteur correctement mis en marche, il emprunta l'autoroute en tentant tant bien que mal de se calmer. Ses mains tachées de sang eurent énormément de mal à manier le volant. Il avait l'impression d'être ivre, pourtant il n'avait pas ingurgité une seule goutte d'alcool. Peut être était-il simplement fou ?
Au bout d'une vingtaine de minutes de route, un gigantesque manoir envahit son champ de vision. Une longue rangée de buissons structurait celui-ci, et de nombreuses voitures étaient garées sur le parking de la demeure.
Ça ressemble à ça, vraiment ? Se questionna Christian.
Si la réponse était oui, alors il allait passer un séjour assez effrayant. Il se ravisa aussitôt en se rendant bien compte qu'il n'avait pas le choix.
— Le truc ressemble à un putain de manoir hanté, maugréa le jeune homme en se stationnant maladroitement.
Il descendit du véhicule et, oubliant totalement qu'il venait de poignarder quelqu'un quelques minutes auparavant, il pénétra dans le gîte après s'être soigneusement essuyé les mains avec du sopalin qui trainait dans sa voiture.
À sa plus grande surprise, l'intérieur était tout simplement magnifique et chaleureux, illuminé par d'immenses lustres. Un long tapis rouge accueillait les visiteurs, qui s'achevait juste devant le bureau d'accueil. Il tapota la poche de son jean, et constata avec satisfaction que l'argent nécessaire pour son séjour était toujours bien conservé dans celle ci.
Une jeune fille postée devant la grande porte d'accueil s'approcha de lui. Il l'examina. Il était quasiment sur qu'il s'agissait d'elle. Ses longues recherches sur internet l'avait amené à un profil correspondant exactement à la jeune femme qui se trouvait en face de lui.
Assez grande, elle avait de longs cheveux violets qui lui arrivaient juste au dessus des fesses.
Original, songea Christian.
— Bonjour, vous venez d'arriver ? Vous avez réservé une chambre ? Bienvenue au gîte Merlin, récita celle ci sans grand enthousiasme, comme une poésie qu'on l'avait forcée à connaître sur le bout des doigts.
Elle semblait ennuyée par son propre discours.
Il jeta un coup d'œil autour de lui, puis reporta machinalement son regard sur la fille aux cheveux violets.
— Une chambre, s'il vous plaît, commanda t-il.
— D'accord, venez avec moi, je vais vous donner les clés.
Ils s'avancèrent jusqu'au bureau d'accueil, et la fille aux cheveux violets fouilla rapidement dans les tiroirs de celui ci.
— Tenez, lâcha t-elle en jetant une clé sur le bureau. Chambre cinquante-sept. Vous restez une nuit ?
Il acquiesça avant d'ajouter :
— Peut être un peu plus. Je sais pas encore, je veux dire.
Elle leva les yeux vers lui, et leurs regards se croisèrent l'espace d'un quart de seconde. Ce fut bref, mais pas pour autant intense, ni ambigu. Juste... assez étrange.
— Je vous fais payer la nuit seulement pour le moment, alors. Cinquante euros, s'il vous plaît, annonça t-elle.
Il lui tendit une masse de billets très volumineuse dépassant très largement la somme demandée. Même pour plusieurs nuit consécutives cela faisait beaucoup trop, cette liasse devait contenir au moins trois cent euros.
Les yeux de la fille aux cheveux violets s'écarquillèrent aussitôt d'émerveillement, comme une enfant à qui l'on venait d'offrir des friandises.
— Gardez l'argent, murmura Christian, un sourire aux lèvres.
— Je... merci, balbutia t-elle, consternée face à cette situation inédite.
— Pas de quoi.
— Bon séjour... souffla la jeune fille aux cheveux violets en reprenant ses esprits.
Mais Christian ne s'en alla pas. Il ne cillèrent pas, l'un face à l'autre.
Il posa son regard sur ses vêtements. Elle portait une jupe noire, et des baskets tout ce qu'il y a de plus ordinaire.
— Comment vous appelez-vous ? lui demanda t-il, afin de vérifier pour de bon si il s'agissait bien d'elle.
Lorsque quelques minutes auparavant l'adolescente menait la conversation, la situation s'était vite inversée.
— Halse.
— Halse... répéta t-il dans un écho, comme pour lui même.
— Oui, Halse, confirma la jeune fille en haussant un sourcil, intriguée par cette drôle de rencontre. On se connaît ?
— Non, du tout.
— D'accord. Dans ce cas, bon séjour.
Il la remercia d'un léger signe de tête et s'engagea vers les longs escaliers, un peu plus loin devant.
Nous étions le 3 janvier 2015, 23h35, et, sans aucune valise, les mains vides et surtout ensanglantées, Christian venait de faire ses premiers pas dans le gîte Merlin.
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