Chapitre 7 - Premier réveil au bloc

Lorsque épuisée, ce soir-là, je m'effondre dans ma couche, je ferme les yeux. Aussi, je repense à cette journée plus que mouvementée, il faut se l'avouer.

Amnésique, me souvenant uniquement de cette femme aux yeux bleus gris et de mon prénom, j'ouvre les yeux et me retrouve face à une cinquantaine de garçons, dont le premier que j'ai vu, Gally. Après cela, je réussis à m'enfuir et aussitôt je m'étale sur le sol, puis me fait rejoindre par Gally, qui me convainc finalement de les rejoindre. En effet, ils ont besoin de tout le monde qu'il leur envoie. Car, en plus d'être bloquée ici, la seule sortie semble être au milieu des dangereuses galeries qui nous entourent.

De plus, la main d'œuvre et les connaissances de chacun sont primordiales pour garantir la pérennité de leur communauté. Quoi qu'il en soit, j'ai fais la connaissance des différents garçons : Newt, que j'ai assommé, Minho, au joli regard et sourire, Alby, le chef, Gally le balafré... en voilà un groupe, très hétéroclite qui, c'est sûr, allait m'en faire voir de toutes les couleurs.

Tout en cherchant une position confortable pour m'assoupir, je repense à Gally. Pourquoi lui ? Je ne le sais pas vraiment. Peut-être que c'est parce que c'est avec lui que j'ai le plus parlé ? Au début ça n'a pas été simple. Je pensais qu'après l'avoir humilié, il m'aurait détesté. Au lieu de cela, il m'a suivi et, sans jamais me brusquer, m'a amené à me confier. Puis, après avoir discuté avec Alby, notre chef, il m'a fait visiter.

Aussi, c'est grâce au blond que je dois mon intégration rapide et ma nouvelle réputation ici. J'ai mis au tapis une vingtaine de garçons, avant d'être trop épuisée pour continuer. En plus, le maton des bâtisseurs m'a même donné un couteau, que je garde à côté de moi, de sorte à ne pas me blesser, mais aussi pour pouvoir me défendre, au cas où.

Cette nuit, avant de m'endormir, je fais le bilan de cette journée. Je m'appelle Sophia, alias la sauvage, la plupart des garçons me craignent ou me respectent et un d'entre eux, entre les deux semble... différent. Il s'appelle Gally. Je soupire et je pense aux différentes sensations qui naissent dans mon corps lorsque je pense à lui.

Cependant, j'ai mis à terre plein de gars et, maintenant, mes membres sont lourds et j'ai l'impression que mon corps pèse une tonne. Le sommeil ne tarde pas à me venir tant je suis épuisée.

Le lendemain, j'ouvre difficilement les yeux. Je suis courbaturée à cause des combats de la veille et je suis encore fatiguée.

— Debout, Sophia !

Je reconnais la voix de Gally. Puis, mon hamac se met légèrement en mouvement.

— Allez... insiste-t-il.

Je grogne en me retournant de l'autre côté mais Gally, plutôt en forme, bascule le hamac et, en deux secondes, je me retrouve par terre. Mais je suis tellement fatiguée, que le fait de m'allonger à nouveau, me plonge dans une épaisse torpeur.

— Ne peux-tu donc pas vivre sans moi ? je grogne de mécontentement et m'étend sur le sol, dans le but de me rendormir.

— Mais qu'est-ce que tu fais ? rigole Gally, toujours aussi amusé. Aller la paresseuse ! On se lève, on va t'initier au boulot qu'il y a faire ici. Aller, tocarde !

— Okay... laisse-moi deux secondes, je lui demande.

Point de vue de Gally

Après dix minutes, déjà de meilleure mine que tout à l'heure, Sophia nous rejoint avec Newt et Chuck. En arrivant à notre hauteur, la sauvage me jette un regard meurtrier. Je lui souris alors qu'elle détourne les yeux, blasée. Je voulais lui expliquer moi-même comment on fonctionne ici, mais Alby m'appelle.

— C'est bon, me previent Newt, Chuck et moi on va lui montrer. De toute façon, tu es un bâtisseur. Tu n'as pas à venir bosser ici.

— Je pense changer d'orientation, je lui confie alors qu'il a l'air mécontent.

— Sûrement pas ! crache-t-il, sarcastique. Va donc voir ailleurs, si j'y suis.

Je le remercie tout de même tandis que Sophia me regarde, intriguée. Elle se demande bien ce qu'Alby me veut. Je lui fais un petit signe puis rejoins notre chef. Une fois dans sa tente, je sais déjà de quoi il va me parler.

— Alors, tu sais comment Sophia se sent ? me demande-t-il de but en blanc, alors que j'ai passé l'ouverture de sa tente circulaire.

— Elle m'a tout l'air fatiguée, je réponds franchement, avant d'ajouter, enfin, ça ne l'a pas empêché de se lever et venir bosser, c'est tout ce qui compte.

Puis, Alby s'approche de la longue table de bois, au centre et s'y appuie de ses deux bras, penchant son corps vers l'avant, il me fixe.

— Je ne sais pas comment tu as fait, mais elle a l'air bien plus détendue qu'hier.

— Eh bien, c'est tant mieux, j'imagine...

— Gally... je ne crois pas que ce soit une bonne idée, pour le bien commun, que Sophia soit plus proche d'un gars que d'un autre.

Mais ça me rend hors de moi. Et d'ailleurs, cette remarque me pique au plus profond de moi. Sans trop comprendre pourquoi.

— Comment ça ? Elle a le droit de vivre sa vie, comme tout le monde, non ? C'est normal d'avoir des affinités. C'est la vie, qui est comme ça. Regarde, je suis loin d'être le plus apprécié ici.

— Gally... l'arrivée d'une fille pourrait créer des conflits au sein du bloc. Et ça, il faut qu'on l'anticipe. Je pense même que ça pourrait diviser le groupe.

— C'est du bidon, je réponds avec plus de hargne. Elle est arrivée hier, laisse-là vivre, tu ne vas pas non plus l'enfermer dans la fosse sous prétexte que tu as peur de ce qu'il puisse se passer.

Là, le visage d'Alby se fige. Il baisse les yeux, soupire.

— Gally. Ils ne nous ont jamais envoyé de fille. Qu'est-ce que ça veut dire ? Et puis, regarde déjà les changements que ça engendre. D'habitude, tu es toujours le premier levé pour motiver les troupes et là ? Tu demandes même à laisser dormir Sophia un peu plus longtemps, pour toi-même aller la réveiller, alors que c'est le rôle de Chuck. Tu t'en rends compte, tout de même ?

— Je m'en fiche de ce que tu peux dire, c'est de la paranoïa pure et simple. Et tu ne peux pas me demander de garder mes distances ou que sais-je. Moi, tout ce dont je suis sûr, c'est qu'elle me fait du bien. J'ai plus l'impression... d'étouffer.

Je suis étonné de m'être ainsi confié. à la fois, je suis gêné, car ça n'était jamais arrivé. Enfin, si. La première fois, c'était avec Sophia, dans les bois.

Troublé et, dans l'incapacité de continuer cette discussion, je tourne le dos à Alby et sort de la tente.

Point de vue de Sophia

Chuck et Newt ont mis une dizaine de minutes à m'expliquer où se trouvent les outils de jardinage, comment couper les différentes pousses, fruits et légumes mûrs. Ils m'ont rapidement expliqué où trouver du fumier dans la forêt. Heureusement, grâce à mon escapade de la veille, c'est plus simple pour moi de m'orienter mentalement.

— Bon, fait Newt. On t'a dit l'essentiel. Aujourd'hui, j'ai envie d'agrandir la serre, donc on va tailler des petites branches avec un bout pointu afin de pouvoir les piquer dans le sol. Ensuite, il faudra lier les différentes brindilles entre elles, à l'aide du cordage. Le tuteur ainsi créé, pourra s'occuper d'accueillir les pousses de haricots.

— Je m'occupe de tailler les branches en pointes, dis-je en sortant le couteau que le blond m'a donné hier, tout en l'exhibant fièrement.

— Où est-ce que tu as trouvé ça ? s'énerve-t-il. Ce n'est pas à toi, ce couteau appartient à...

Au même moment, Gally qui est revenu intervient. Il se positionne entre Newt et moi, tout en le regardant dans les yeux.

— Je lui ai donné mon poignard hier afin qu'elle puisse se défendre, au cas où, au lieu de vouloir la traiter de voleuse, tu aurais pu attendre que je revienne, le réprimande-t-il calmement.

— J'aurais très bien pu lui répondre, Gally !

Je sais déjà que Newt ne m'apprécie pas trop, mais là, ça se confirme. Il me jette un regard noir avant de faire demi-tour et participer à un autre groupe de travail. Chuck, qui est resté spectateur depuis le début, se retourne vers moi et me fait signe qu'il me soutient. Gally prend ensuite la parole.

— Ne t'inquiète pas, ça lui passera. Newt est quelqu'un qui ne fait pas facilement confiance, mais d'ici une semaine ou deux il aura changé d'avis à ton sujet. Aller... au boulot. Ces légumes ne vont pas se cueillir tout seul.

Il s'apprête à s'en aller, quand je lui demande :

— Où vas-tu ?

— Eh bien, la sauvage, maintenant c'est toi qui ne peux plus vivre sans moi ? se moque-t-il. J'ai un travail à assurer, moi aussi, avec les bâtisseurs.

— Oh, d'accord.

On se fixe tous les deux quelques secondes. Je m'apprête à lui tourner le dos, lorsqu'il ajoute rapidement :

— Mais... je peux venir te voir à la pause, si tu veux.

J'acquiesce tranquillement, tout sourire. Cependant, lui, baisse les yeux, comme gêné. Il essaye d'ajouter quelque chose, recommence plusieurs fois sa phrase, avant d'abandonner. Il me quitte quelques secondes plus tard, sous le regard intrigué de Chuck.

— Je l'avais jamais vu comme ça... lance ce dernier dans un souffle.

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