Chapitre 5 - Le poignard

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Le claquement sec, annonçant la fermeture des portes du labyrinthe, me fait sursauter.

— Voilà. Maintenant, tiens, me dit-il.

Alby récupère un couteau à sa ceinture et me le tend. Je le récupère, perplexe et il me fait signe de le suivre, jusqu'à nous rapprocher un peu plus du mur, à côté des portes fermées. Là, j'aperçois, gravés sur la paroi rocheuse, une multitude de prénoms. J'aperçois facilement celui de Gally et je comprends aisément ce que je dois faire.

Je grave ensuite mon prénom, Sophia, trouvant une place à côté de celui de Gally.

— Parfait, dit Alby. Maintenant, je te laisse avec Chuck. Gally, viens avec moi, on doit parler.

Je rejoins donc le jeune garçon, que j'aperçois emplie d'une telle timidité, qu'il a le visage tout rouge. Avant de m'attarder davantage sur lui, mon regard croise un instant celui de Gally.

— Bienvenue parmi nous, me dit-il, avant de rejoindre Alby.

— Merci.

Je porte enfin mon attention sur Chuck, le visage si rouge qu'on aurait dit une tomate. Il m'a l'air si jeune, c'est sans doute le plus jeune garçon que j'ai vu ici. Ses cheveux bouclés mal coiffés me font ressentir une forte empathie pour lui.

— Bonsoir, Chuck. Bon, tu me fais faire un tour, ou quoi ?

— Ou... Oui, bégaie celui-ci, tournant immédiatement les talons et se dirigeant vers les campements primitifs. Suis-moi.

Lâchant un petit rire, je le suis. Chuck me fait donc une rapide visite du camp. Les dortoirs sont faits de bois, de lianes et de tissus reçus par la boîte. Il y a plusieurs robinets d'eau disposés un peu partout dans le Bloc. Un, est situé près de la serre pour l'alimenter quand il le faut. Un deuxième, est près des dortoirs pour les différentes toilettes, niveau intimité c'est potable.

Il me montre également les cuisines – où se trouve même un lave-vaisselle, qui aurait pu le croire ? – et le moyen réfectoire.

Alors que Chuck et moi revenons à la place centrale, je remarque l'agitation. Certains garçons font à manger tandis que d'autres disposent des tables à l'extérieur. Je regarde Chuck qui a tout de suite le sourire. Il va parler quand quelqu'un l'interrompt.

— Chaque nouveau se voit offrir une fête pour son arrivée, déclare une voix derrière nous. Je ne sais pas si Chuck a eu le temps de te le dire.

Je me retourne et croise le regard neutre de Gally. Chuck, surpris se retourne également et regarde le blond d'un mauvais œil. Finalement, il s'en va, me laissant seule avec le blond que j'ai agressé plus tôt dans la journée. Visiblement, ces deux-là n'ont pas l'air de s'entendre.

— Tu as fait vite, j'annonce, surprise.

Je lis sur son visage de l'étonnement. Il élude d'un geste mes paroles et annonce :

— Chuck a-t-il eu le temps de te présenter ? me demande-t-il, croisant les bras contre sa poitrine, me scrutant gravement.

— Non, il m'a juste fait faire un tour rapide de l'installation.

— D'accord, dans ce cas, je vais te présenter aux autres, propose Gally. Suis-moi, dit-il en s'approchant du premier groupe qui installe les tables.

Pendant bien cinq minutes, il fait les présentations, bien que j'aie déjà oublié la moitié des noms et presque la totalité des visages. Il m'a expliqué, en même temps, les différents métiers du bloc : les sarcleurs, qui s'occupent des potagers et dont j'allais faire partie dans un premier temps. Newt, celui que j'ai assommé devant la fosse, est le maître des sarcleurs. Il y a également les trancheurs, eux s'occupent des bêtes.

Un autre groupe, moins nombreux ceux-là, se présentaient dans les meds jack. Ils s'occupent notamment de soigner les blessés. En avant-dernier, Gally m'a présenté ses collègues bâtisseurs, lui étant le maître des bâtisseurs. Ce sont ceux qui s'occupent de construire, mais aussi d'élaborer des plans des différents bâtiments, de les réparer et les entretenir sur le long terme. Ma tête est prête à exploser, à vrai dire, avec toutes ces informations.

Alors que nous nous dirigeons vers un autre groupe, je l'arrête, l'attrapant par le coude afin qu'il se retourne. Je le lâche, puis, le fixant les yeux, je lance :

— Gally, lui dis-je en m'appuyant contre un arbre. Stop. Pourquoi vouloir me présenter individuellement ? On a qu'à faire ça quand tout le monde sera regroupé ce soir, je propose à mon tour.

— Tu fais partie des blocards désormais, Sophia. C'est important que tu te fasses une idée de ceux avec qui tu vas cohabiter, allez viens, c'est le dernier groupe ceux-là, dit-il en me faisant signe de la tête de le suivre.

Il n'a pas tort, finalement. Je le suis jusqu'au dernier groupe se trouvant près de la porte. Nous avions déjà vu une quarantaine de garçons, je confonds déjà tous les prénoms. On s'arrête face au groupe et il commence les présentations. Cette fois, je reconnais le garçon qui m'a aidé à me porter et que j'ai assommé avant d'enfermer Gally dans la fosse, il me semble qu'Alby m'a dit son prénom... impossible de m'en souvenir.

— Voici Newt, me présente-t-il.

— Enchantée, Newt, lui dis-je, je m'appelle Sophia. Et je suis désolée pour le coup, j'ajoute tout en voyant un bleu sur son épaule dénudée.

— C'est rien, me répond-t-il sans grand intérêt.

Alors que j'allais rentrer aux dortoirs accompagné de Gally pour qu'il m'attribue un lit, deux garçons arrivent à notre hauteur. Dont un garçon, très mignon je dois dire, aux traits asiatiques. Il est accompagné d'un autre garçon, d'environ son âge, la peau très claire et les cheveux bouclés. Ils sont tous les deux habillés de la même manière.

— Ce sont des coureurs, m'annonce Gally. Ce sont eux qui sont formés pour aller dans le labyrinthe et nous chercher une sortie. Là, c'est Ben, me dit-il en me montrant le garçon aux cheveux bouclés. Et lui...

— Je m'appelle Minho, déclare celui-ci, en me faisant un petit signe de la main. Alby m'a dit que tu te souvenais déjà de ton prénom... Sophia, c'est ça ? Bienvenue parmi nous. Ce n'est vraiment pas courant, en plus que tu sois une fille, relève-t-il.

Sur ses mots, tous les autres garçons aux alentours qui l'ont entendu se retournent vers nous et je me sens tout de suite un peu mal à l'aise.

— Y a rien à voir, déclare froidement Gally, ce qui a pour effet de faire retourner tous ces voyeurs à leurs occupations.

— Un vrai chien de garde, rigole Newt tout en s'essuyant les mains avec un chiffon sale. Tu vas de pair avec la sauvage.

Je le regarde avec de gros yeux, c'est sûr qu'avec une entrée comme la mienne, on allait encore en parler pendant plusieurs jours. Minho et Ben rigole allègrement de la pique. Mais Gally ne semble pas le voir de cet œil.

— Fait attention à ce que tu dis, Newt, le menace le blond. Allez, viens Sophia. Je vais te montrer ton hamac.

— Sophia !

Je me retourne, sous l'appel de Minho.

— A plus tard !

Je lui réponds d'un simple signe de la main.

Nous quittons donc les garçons, pendant que le chef des bâtisseurs et moi faisons lentement route vers les dortoirs. Gally, qui était pourtant assez bavard, est soudainement muet. De plus, je le trouve assez tendu. Je dis, tentant de briser la glace :

— Les seuls noms que j'ai retenu sont le tien, celui de Newt, Minho, Ben et Alby, ainsi que Chuck. J'ai déjà oublié le reste, j'avoue honteusement.

— Vraiment ? Cela dit, j'ai déjà oublié le tien, c'est quoi déjà, So... Sauvage ? Ah non, je crois pas que ce soit ça... se moque-t-il.

Je le regarde avec un air de défi, lui observe toujours droit devant lui bien qu'un mince sourire se forme sur ses lèvres. Je lui donne un coup sur l'épaule et celui-ci fait mine d'avoir eu mal. Je souris à mon tour, me tournant finalement vers le reste du bloc, en soupirant. Mon sourire s'affaisse et une légère angoisse me prend.

— J'ai peur de ne pas avoir ma place ici. Vous avez tous l'air si proches.

— Ne t'inquiète pas, me rassure-t-il. D'ici une semaine, tu seras déjà bien intégrée. Tu n'as qu'à respecter les règles et tout ira bien. Bien-sûr, si tu as le moindre problème tu peux aller voir Alby.

— Et toi, je pourrais venir te voir, si besoin ? je demande sans aucune arrière-pensée.

— Ça dépend pour quoi... répond-t-il sur un ton rempli de malentendu tout en se grattant la gorge. Bref, voici ton hamac, Chuck l'a installé pour toi donc si tu tombes pendant la nuit, tu pourras lui botter les fesses, ou lui piquer son propre lit. Ou les deux. C'est toi qui vois.

Je regarde mon lit de fortune sur lequel j'allais dormir désormais. Ça me fait bizarre, mais en même temps, ça ne me dérange pas. Comment vivais-je avant d'arriver ici ? Dans un environnement similaire ? Je regarde Gally qui resserre les liens de mon hamac. Finalement, il ne semble pas si désintéressé de mon confort. C'est qu'il est gentil finalement.

— Chuck t'as aussi placé quelques vêtements, qui étaient dans la boîte en même temps que toi. Bref, je te laisse t'installer mais avant ça... murmure-t-il cette dernière phrase en se rapprochant de moi.

Il est légèrement plus grand que moi, si bien que je suis obligée de lever les yeux pour croiser son regard bleuté. Qu'est-ce qu'il veut, encore ?

— Tiens, me dit-il en me passant discrètement un poignard affûté. Utilise-le d'abord pour ton travail et... autrement si quelqu'un venait à toucher à ton intégrité. Si je ne t'avais pas vu mettre deux garçons à terre ce matin et un en cage, j'aurais dû te surveiller pour qu'il ne t'arrive rien, chuchote-t-il. Mais tu n'as clairement pas besoin de moi, ni de personne ici. Je veillerais à ce que les garçons respectent de nouvelles règles avec Alby, je suis sûre qu'il ne t'arrivera rien, Sophia.

Il cherche une quelconque approbation dans mon regard.

— Pour être sincère avec toi, je connais à peu près toutes les têtes ici. Je ne crois sincèrement pas que tu puisses être en danger à cause de quelqu'un ici. Mais... vaux mieux prévenir que guérir, pas vrai ?

— Si tu le dis, je réponds pas du tout rassurée.

Il s'éloigne finalement de moi, me regardant droit dans les yeux.

— Merci, pour tout Gally, j'ajoute avec un mince sourire.

Il me sourit, si on peut appeler cette grimace comme ça, avant de me tourner le dos et de s'en aller. Je cache mon poignard replié dans ma botte tout en m'asseyant sur un petit tabouret. Ce soir, j'allais découvrir comment les blocards font la fête... si blocards rime avec fêtards alors c'est possible que l'on s'entende bien. 

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