Chapitre 38 - Foudroyé

Après une autre longue et fatigante journée au travers de ces terres arides recouvertes de sable ardent, nous nous arrêtons en plein milieu de nulle part. Le prochain bâtiment ne semble pas si loin, mais le groupe est trop exténué pour continuer. Nous nous mettons donc d'accord pour aborder ce nouvel endroit, une fois que tout le monde sera reposé.

Il faudra être en forme et capable d'user de toutes nos forces, si nous devons tomber face à des fondus enragés.

Je dors très mal, ce soir-là. Je ne fais que de me réveiller et mes rêves intempestifs, se changeant en cauchemar, peuplent mes pensées. Je me réveille tantôt en sueur, tantôt en larmes incontrôlées. De plus, je frissonne car j'ai froid et, par honte ou encore par égo, je n'ose pas me coller aux autres pour me réchauffer.

— Tu dors pas, tocarde ? demande une petite voix.

— Newt ? fais-je en murmurant.

— Ouais, les temps sont durs pour tout le monde. Tu penses à Gally ?

Mes yeux s'habituent à l'obscurité et j'aperçois Newt, allongé sur le côté et tourné vers moi. Il a une sale mine. Je m'approche de lui et m'allonge, sans pour autant le toucher. Cette proximité nous permettra de parler sans pour autant réveiller les autres.

— Ouais, soufflé-je. Il me manque terriblement...

Il acquiesce, l'air sombre.

— Oui, j'imagine. Enfin, j'essaye... depuis qu'on a quitté Winston, mes pensées se dirigent irrémédiablement vers lui... j'peux pas penser à autre chose.

— Je ne lui avais pas beaucoup parlé... pourtant, ça me rend triste. Alors, j'imagine pas pour vous.

Un silence réconfortant s'installe entre nous. Je finis par me mettre sur le dos, car je suis plus à l'aise comme ça. Je regarde le ciel, couvert, qui nous cache les étoiles. Je dis :

— Tu sais Newt, on est peut-être pas les plus proches, mais si jamais tu te sens mal et que tu veux en parler, ma porte te sera toujours ouverte. à toi, comme aux autres.

— C'est réciproque, tocarde. Toi... tu étais si proche de Gally, dans le bloc. Je sais que ça pouvait déranger certains mais, moi, je m'en fichais. Si vous étiez heureux comme ça - et il faut voir comme Gally changeait à vue d'oeil à chaque fois que vous étiez ensemble - alors c'était tant mieux. Alors, si jamais tu veux en parler...

— Merci, Newt. Merci pour tout.

Ainsi rapprochée des autres et, moins exposée à la brise, je peux mieux me réchauffer. Confortée par la discussion que j'ai eu avec Newt, je m'endors de manière plus paisible.

Pour finalement être réveillée, je ne sais pas combien de temps après, en sursaut. L'esprit embrumé, j'ai du mal à me connecter à la réalité. Pourtant, il le faut, car la voix pressée de Thomas hurle d'urgence.

— Réveillez-vous ! Tout le monde, allez !

Quelques secondes plus tard, bien qu'encore dans le coltard, je suis d'attaque. Je ramasse mes affaires, que je place sur mon dos et regarde dans la direction que pointe Thomas. Il fait encore nuit, pourtant dans le ciel, au loin, se sont formés d'immenses nuages noirs, parsemés d'éclairs puissants. L'orage gronde et ce spectacle lugubre se rapproche vite.

Les nuages s'étirent jusqu'au sol et finissent par se mélanger au sable, qui tournoie de plus en plus vite. Une immense tempête de sable se dirige droit sur nous ! Je me mets à courir en même temps que les autres, vers le bâtiment que nous avons aperçu plus tôt.

Les premiers vents chargés de sable nous rattrapent bien assez vite, nous fouettant le visage. Je dois fermer un peu plus mes yeux, pour les protéger. Mais, forcément, ma visibilité est moins bonne et je dois ralentir.

Malgré moi, je cherche Minho du regarde. Mais, les grains de sable vont si vite qu'ils sont serrés, formant un rideau opaque.

Heureusement, comme nous nous rapprochons du bâtiment, ce dernier nous offre une modique protection. Cependant, nous devons encore nous mettre à l'abri. Les éclairs frappent le sol si vite, provoquant un bruit de détonation intense, que j'en ai des frissons.

L'armure que j'ai à l'intérieur de mon corps vibre et semble réagir à l'électricité ambiante. Pour la première fois, je sens ce que j'ai à l'intérieur de mon corps. Je sens tout.

Un orage fend le ciel, à proximité. C'est bien trop proche. Quand je me retourne, j'aperçois brièvement la lance électrique fondre vers mes amis. Minho, juste en-dessous, prend l'éclair de plein fouet.

La lumière est si vive que je ferme les yeux. Quand je les ouvre à nouveau, je vois Minho allongé sur le sol, inerte. Je me précipite vers lui.

— Minho ! je crie dans l'orage, mais c'est inutile. Putain, Minho !

Son corps est encore parcouru d'électricité et, quand je le touche, je me prends des coups de jus. En même temps, j'ai l'impression que ça me donne de l'énergie. Beaucoup d'énergie.

Je regarde autour de moi, mais mes amis semblent avoir disparus. Où sont-ils ? Ont-ils réussi à se mettre à l'abri ?

Le sol tremble et les nuages grondent à mes côtés, la tempête de sable est à son paroxysme. C'est arrivé si vite.

— Je vais te sortir de là, Minho.

Usant de ma force herculéenne, j'attrape Minho sous les bras et tente d'avoir une bonne prise qui peut me permettre de courir. Je finis par avoir un bras sous ses épaules, un autre sous ses genoux. Je m'élance vers là où devrait être le bâtiment. Car, à vrai dire, je ne vois plus à moins d'un mètre.

— Tiens bon, Minho !

J'arrive face à un mur, que je longe tant bien que mal afin de trouver une issue. L'état de Minho m'inquiète. Il est toujours inerte, en plus de saigner du nez.

— Sophia !

C'est Thomas, il est dans l'embrasure d'une porte. Lorsqu'il me voit porter Minho, il tend le bras et nous tire à l'intérieur, avant de refermer derrière-nous.

Aussitôt, j'allonge Minho sur le sol, posant sa tête sur mes genoux. Tous les autres garçons se penchent à son chevet.

— Que s'est-il passé ? demande Newt, inquiet.

— Il s'est pris la foudre. J'ai rien pu faire, gémis-je. Minho, Minho si tu m'entends, réveille-toi.

Je lui tapote la joue, bien que ça ne serve à rien. Sa peau a noircie à certains endroits et je ne le vois pas respirer.

— Minho, implore le reste du groupe. Minho, allez... nous lâche pas, mec, ajoute Fry.

Aris et Teresa sont un peu plus en retrait.

— Minho, je t'en supplie... Minho, continué-je, ma gorge se serrant d'appréhension.

Le temps se rallonge à l'infini. L'attente est insupportable. Cependant, rien à faire. Caressant son visage du bout des doigts, je prie pour qu'il ouvre enfin les yeux.

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