Chapitre 3 - Georges
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Je me retourne et croise Gally du regard. Il se tient appuyé à un grand arbre, que je n'avais pas encore remarqué. Pourtant, il est immense, il est un peu comme le roi des arbres. Ses sujets semblent se plier sous sa volonté. Quoi qu'il en soit, un large cercle, fait de racines, de boue et de feuilles mortes, entoure ce mastodonte.
Gally est donc légèrement surélevée et je me sens toute petite.
— De quoi il est mort ? je demande d'une petite voix, restant bien plantée sur mes jambes.
Le blond soupire, avant de baisser les yeux. Lentement, il me rejoint et dit en même temps :
— Georges a été l'un des premiers. De par son fort caractère, car c'était un leader, il a fini par s'imposer comme le chef. C'était un soulagement pour Alby, qui a vécu trop de temps seul, ici. Il a failli devenir fou.
— Alby ?
— Oui, celui que tu as failli stériliser.
Je rougis de honte. Ma réaction a été vraiment démesurée. Je suis contente qu'il ait réussi à m'éviter. Je pense cependant aux garçons que j'ai assommés, devant la fosse. Eux, par contre, n'ont pas eu cette chance.
— Et qu'est-il arrivé à Georges ?
— Il est allé dans le Labyrinthe. Il en est mort.
— Le Labyrinthe ?
Je me suis tournée vers Gally. Il se tient à un mètre de moi, pendant qu'il fait face à la tombe de Georges. Il semble plongé dans ses pensées. Je soupire et demande :
— Vous étiez proche ?
— Non, pas tellement. Cependant, Georges est comme un fantôme ici. On le voit souvent passer dans les yeux des plus anciens, lorsqu'on se rassemble tous. Personne ne parle de lui, mais il est avec eux, malgré tout.
Un courant d'air me passe soudainement sur la nuque et j'en frissonne. Gally me regarde finalement, avec un air conciliant :
— Bon, tu es prête à rejoindre les autres, maintenant ?
— Non... non, pas encore.
Sur ces mots, je me retourne et me dirige vers le grand arbre. Je m'y adosse, puis m'assieds. Ce n'est pas très propre mais, au point où j'en suis, ça ne peut pas être pire. Je prends le temps d'inspecter ma peau. Elle est écorchée à certains endroits. Et ce n'est pas que parce que je suis tombée. En effet, j'ai dû me prendre les jambes dans des ronces, sans m'en rendre compte. Mes vêtements sont en partie déchirés. Je suis dans un sale état.
Gally est toujours face à la tombe de Georges. Il se retourne vers moi, viens s'asseoir à quelques mètres, en contrebas et attends. J'en suis soulagée. Cependant, j'ai besoin de me confier.
— Je... je suis vraiment désolée pour ma réaction, toute à l'heure. Je ne voulais blesser personne. C'est si... déroutant.
J'avale difficilement ma salive. Gally dit calmement :
— Si ça peut te rassurer, ce n'est pas la pire réaction qu'on a pu avoir. On en a vu des vertes et des pas mûres, ici.
— Même, je ne peux pas m'empêcher de culpabiliser.
Je soupire, avant de lâcher la question qui me brûle la langue depuis que je l'ai vu, même si je n'avais pas encore eu l'occasion de la poser.
— La cicatrice, que tu as sur ton visage, tu te l'ai faite ici ?
— Non. Je l'avais déjà. Classe, pas vrai ? Elle me fait une belle face de fion, d'après les autres.
Même s'il a voulu utiliser un ton sarcastique, j'entends également une amertume tenace. Qu'il semble éprouver.
— Ce sont des idiots, je lâche du tac au tac, avant de rougir.
— C'est aussi ce que je pense.
Il finit par lâcher un petit rire, pendant que je souris. Nos regards finissent par se croiser et mon coeur se gonfle. Il arrête même de battre, le temps d'un instant. Je détourne les yeux et soupire.
— Je ne veux pas retourner dans ce trou...
— Tu n'iras pas, m'assure-t-il. Il faut juste que tu arrêtes d'agresser les garçons. D'accord ?
— D'accord, dis-je en me redressant.
Je suis légèrement stressée. Pourtant, il faut bien que je les affronte. Au moins, je me sens moins seule. Gally n'a pas l'air d'être un méchant garçon. Au contraire, il a l'air de quelqu'un de sensible et patient. Quelqu'un a qui on peut se confier. Il se lève aussi et commence à se diriger dans la forêt. Je le suis, quelques pas derrière.
Alors que l'orée est visible, il lance :
— Elle est avec moi ! Pas de gestes brusques, ok ?
J'ai l'impression que cette remarque m'est autant destinée qu'aux autres. Je soupire. Nous sortons de la forêt et les garçons forment cette fois un cercle un peu plus disparate. Surtout, ils sont beaucoup moins nombreux. Et, ça, ça me rassure.
Le garçon le plus âgé, fait signe à d'autres de venir vers moi. Je me crispe instinctivement. Non. Pas ce trou.
— Elle est calme, Alby. Elle m'a suivi de son plein gré.
— Alors, elle ne nous causera plus de soucis ?
— Non, affirme sereinement Gally. Je m'en porte garant.
Je soupire de soulagement. Alby fait signe aux deux garçons qui voulaient m'emmener au trou.
— C'est bon, leur émet-il. Toi, dit le chef en me désignant. Tu veux bien me suivre ? Qu'on puisse parler dans le calme au lieu de faire preuve de... violence.
J'acquiesce et commence alors à suivre mon interlocuteur. Avant de me retourner pour de bon, je regarde dans la direction du blond qui, je dois l'avouer, a réussi à me convaincre et à me rassurer. Je croise son regard quelques secondes avant qu'il ne détourne les yeux. Il reste là, en plan, et regarde maintenant d'autres garçons du bloc, avec qui il se met à discuter. Ils s'éloignent ensuite, vers un grand et large bâtiment.
Je le fixe encore quelques instants avant de suivre le chef jusqu'à une sorte de tour faîte main. De ce que j'ai pu voir, les constructions ici sont primitives. Faîte de matériaux simples, bois, lianes, je me demande vraiment si ça peut tenir et si ça ne va pas s'écrouler. Surtout, je me demande le temps qu'il leur a fallu pour construire tout ça.
Je ne pose pas plus de questions et monte les derniers escaliers nous menant jusqu'au sommet. De là, je reste bouche bée. Je reconnais l'endroit où je me suis réveillée et où j'ai frappé Gally. Puis la fosse, là où on a voulu me mettre, afin que je finisse par me calmer. Bien-sûr, rien ne s'est passé comme prévu. Le potager, la forêt, mais aussi et surtout, cet immense mur qui nous encercle. Je fais un tour sur moi-même. Je ne sais pas quoi dire, ça semble évident. Nous sommes enfermés ici et à tous les coups, personne ici ne sait ce qu'il y a de l'autre côté, ni qui nous envoie par cet espèce d'ascenseur.
Puis, je pense aux mots de Gally : "Il est allé dans le Labyrinthe. Il en est mort." C'est donc cela, le fameux Labyrinthe ?
— Petite, m'interpelle alors Alby, me sortant brutalement de mes pensées. Je ne sais pas si j'aurais réponse à toutes tes questions mais, si tu en as, je serais apte à te répondre.
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