Chapitre 23 - Renoncement

Nous restons un moment, l'un avec l'autre, dans le silence. Au bout de quelque temps, j'ai les fesses endolories et je ne sais pas dans quelle position me mettre. Gally le remarque et ouvre ses bras. J'apprécie sincèrement et finit par m'y glisser. Une lourde torpeur s'empare de moi et je m'endors.

Point de vue de Gally

Voilà quelque temps que Sophia n'a plus bougé. En penchant légèrement la tête en avant, je remarque ses yeux fermés et sa respiration profonde.

Elle s'est endormie.

Je ferme les yeux et pose ma tête sur ses cheveux. Ils sont doux et sentent bon. J'apprécie son odeur et, j'ai beau l'avoir déjà senti, je l'aime toujours autant à chaque jour qui passe.

Oh, oui. Il s'en est passé des jours. Mais tout à tellement changé en l'espace de quelques heures. Je me suis habitué à mon quotidien, à ma vie ici, en collaboration avec les autres. Et je ne suis pas le seul à avoir accepté cette manière de vivre.

Nous sommes nombreux... mais ne faisons pas partie de la majorité. Mais, surtout, Sophia n'adhère pas à cette idée.

Et malgré tout ce qu'elle a pu me dire...

"Je ne veux pas t'abandonner... tu le sais ça ? Il faut que tu me fasses confiance, que tu me suives".

Je repense à ses mots et à l'intensité de sa voix. Elle ne veut pas m'abandonner, ça ne veut pas dire qu'elle resterait si je refusais. Rien qu'à l'idée de penser au labyrinthe et ces murs étroits me donne la nausée. Voir plus que ça. Mon cœur se serre, j'ai du mal à respirer et surtout, je n'arrive plus à penser.

Instinctivement, c'est mon corps qui décide et pas ma raison. Je dois absolument me tenir le plus loin possible de ce labyrinthe. Y mettre un pied signerait mon arrêt de mort. C'est ce qu'on me répète depuis mon arrivée ici, au bloc.

Oh, mon arrivée. ça n'a pas été rose tous les jours, mais je me suis adapté. Et tout allait bien... jusqu'à l'arrivée des nouveaux. De Thomas. Jusqu'à l'affront de Minho.

Ils ont tout gâché ! Se sont-ils passés le mot pour nous mettre des bâtons dans les roues ?

Sophia bouge contre moi. Je commence à lui caresser l'épaule, appréciant la légère brise rafraîchissante qui passe sur mon visage. Non. Je ne pourrais pas aller dans le labyrinthe.

Mais je ne peux pas pour autant laisser Sophia. Je ne peux m'imaginer sans elle. Alors, comment ?

En fait, peut-être que c'est moi qui peut la convaincre, coûte que coûte. Peut-être que si Thomas n'était plus là... que si Minho disparaissait...

Au même moment, des cris nous interpellent, au loin.

— Sophia ! Gally !

Je ne reconnais pas à qui appartiennent ces voix mais, soudain, j'ai envie de prendre Sophia et de m'enfuir. Rien que tous les deux. Courir à toute vitesse en espérant que cela effacerait ce maudit bloc et ce labyrinthe. Cependant, l'urgence que je ressens dans ces appels me ramène à la raison.

Je secoue donc légèrement Sophia pour la réveiller.

Point de vue de Sophia

— Qu'est-ce qui se passe ? je demande, Teresa arrivant en courant, l'urgence se lisant sur son regard.

Nous venons de quitter la forêt. Gally me tient la main et je n'ai pas ressenti le besoin de m'en séparer. J'ai besoin de lui à cet instant. Sinon, je pourrais m'effondrer. Physiquement, je sens qu'à tout moment, je pourrais lâcher. Je me sens si... faible... ça ne me ressemble pas. Et, surtout ça me fait peur. C'est maintenant plus que jamais que j'ai besoin de ma super force !

— C'est Alby, me dit la brune. Il s'est réveillé... Les autres sont déjà avec lui.

Quand nous arrivons tous les trois, moi, Teresa et Gally qui me tient toujours la main, nous trouvons Alby. Il est toujours dans l'infirmerie, assis sur son lit et les yeux dans le vague, entouré de Minho, Chuck, Newt et Thomas. Notre chef a bien meilleure mine et c'est rassurant.

— Alby, souffle Gally. Je suis content de te voir, mon pote.

Il s'approche, quand Teresa s'adresse à Thomas :

— Il a dit quelque chose ?

— Non...

Soudain, Alby lève les yeux, comme reconnecté à la réalité.

— Alby, lance Minho. On a trouvé une porte de sortie. On peut s'en aller. Il faut que tout le monde rassemble ses affaires. On a enfin trouvé.

— Non.

Tout le monde, dont moi, est surpris par le ton qu'il a employé. Comme résigné. De la peur se lit maintenant sur ses traits.

— Non, on ne sortira pas. Personne ne partira.

Puis, il se tourne vers Thomas.

— Thomas. Et Teresa. Ils font partie de ceux qui nous ont envoyé ici. Nous ne pouvons pas leur faire confiance.

Un silence pesant s'empare de l'assemblée.

— C'est fini, rajoute-t-il. Tout est fini.

Je sens la main de Gally se resserrer dans la mienne. J'allais prononcer quelque chose, quand Zart passe la tête dans l'entrebâillement de la porte.

— Euh... faut que vous veniez voir ça.

En même temps, un brouhaha commence à se faire entendre de l'extérieur. De plus en plus fort, de plus en plus virulent. Tout le monde se précipite à l'extérieur.

La nuit commence à tomber. Et, bizarrement, les portes du Labyrinthe ne se sont toujours pas refermées. Nous rejoignons le reste des blocards face aux portes.

— Qu'est-ce qu'on fait ? demande Gally, tendu comme un fil. Qu'est-ce qu'on va faire si les portes du labyrinthe ne se ferment pas ?

Au même moment, un éclat horrible se fait entendre, me rappelant la toute première fois que j'ai vu les portes se refermer. Lorsqu'on a jeté Ben pour la première fois hors du labyrinthe.

Sur l'instant, j'ai l'infime espoir que les portes se referment, mais tout s'effondre finalement...

Horreur. J'en frissonne lorsque je vois les trois autres portes s'ouvrir, les unes après les autres. Une partie du groupe se sépare pour se disperser.

Je regarde Gally, horrifiée. Sa lèvre inférieure tremble. Il a peur. Non, plus que ça. Il est tétanisé.

La nuit tombe complètement lorsque le premier griffeur hurle. Suivi d'un deuxième... et d'un troisième. Après, j'ai arrêté de compter.

— Des griffeurs ! Il y a des Griffeurs ! crient quelqu'un dans le bloc.

Là, c'est la panique.

— Cachez-vous ! Allez vous cacher !

Là, tout le monde part dans tous les sens. Je sers plus fort la main de Gally et nous nous précipitons dans les champs de maïs. Je me tapis au plus près du sol. Il y a quelques autres garçons avec nous, Thomas, Minho mais aussi Teresa.

Personne ne se parle. Je sers Gally de toutes mes forces.

Au bout d'un moment, le silence est tel qu'il en devient mortifiant. J'arrête de respirer quand j'entends un étrange bruit métallique. Thomas nous fait signe à tous de nous taire. On le voit grâce à un des garçons qui tient une torche. J'espère que les griffeurs ne sont pas sensibles à la lumière...

Je me blottie contre Gally, tremblant comme une feuille. Il n'est pas dans un meilleur état que moi mais me ressers davantage contre lui, comme pour me protéger.

Des cris de nos camarades résonnent, plus ou moins loin, nous plongeant dans l'effroi.

L'éclat métallique se fait de plus en plus fort, de plus en plus proche. Un horrible son guttural nous surprend alors, un des garçons se tenant le plus loin se fait subitement emporter, embrocher par une immense pince. Celle d'un griffeur. Il disparaît dans la pénombre. Ça a été si subite qu'il n'a pas eu le temps de crier.

Mais nous, si. Maintenant découvert, nous n'avons pas d'autre choix que de fuir. 

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