Chapitre 17 - Moment de crise

Point de vue de Gally

J'hésite à prendre mes responsabilités et voir tomber sur moi la rage de Sophia. Je crois que je préférerais me faire foudroyer par la foudre. Je peux aussi très bien prendre mes jambes à mon cou, mais alors ça veut dire que je suis réellement un lâche. Ou un idiot, sachant qu'elle court plus vite que moi. Je la vois se diriger vers moi, à grands enjambés, les traits déformés par la colère, les poings serrés, la respiration rapide et courte. Je m'imagine déjà prendre la raclée du siècle. Intimidé, personne n'intervient quand la blonde m'attrape finalement par le col de mon haut.

Je dois baisser les yeux pour croiser son regard. Mais comme ça, elle me fait encore plus peur. Le silence nous entoure, je n'entends que sa respiration enragée.

— Si... si jamais ils ne reviennent pas demain, commence-t-elle... Je ne t'adresserais plus jamais la parole. Tu seras aussi important pour moi qu'une brindille sur mon chemin. S'ils ne reviennent pas demain, tu ne seras plus que l'ombre d'un inconnu à mes yeux.

Ses menaces atteignent directement mon cerveau. Je sais qu'elle est sérieuse, je n'ai jamais été autant effrayé que par elle. Pourtant, ça reste un être humain.

— Et, si jamais ce n'est pas le cas ? je demande sachant pertinemment qu'ils ne survivront pas à une nuit dans le Labyrinthe.

Elle ne dit rien, sur le moment, se contentant de me tenir et de me fixer droit dans les yeux. Puis, elle me lâche, prend un air détaché et lance :

— Je vais me reposer...

Je ne dis rien de plus. Soit je n'ose pas, soit c'est parce que je ne trouve rien à dire. Ou les deux.

— Sophia, je... les portes allaient se refermer et je n'ai pas réfléchi. J'ai eu peur de te perdre.

Elle commence à s'éloigner en m'ignorant, lentement, avant que Teresa ne s'approche, posant une main sur son épaule. Finalement, les deux filles se regardent yeux dans les yeux avant de s'éloigner vers les dortoirs. Chuck s'approche alors de moi, le regard empli de déception.

— Sophia aurait pu les aider, souffle-t-il finalement en me contournant et se diriger vers les tentes à son tour.

Newt passe à côté de moi en m'ignorant mais je sais déjà ce qu'il pense à mon sujet. A dire vrai, ici personne ne me supporte vraiment, et je viens de perdre la seule personne qui essayait de me comprendre, c'est-à-dire Sophia. Je reste debout en plan, sans bouger, comme un con. Petit à petit, le groupe se dissipe, tout en m'ignorant ou en me jetant des regards emplis de dédain, cependant, quelques-uns restent à mes côtés.

— Tu as eu raison Gally, me dit l'un d'entre-eux. Sophia est devenue l'une des membres la plus importante et respectée du groupe. Tu as bien fait de la retenir.

Sans doute, je pense au fond de moi. Mais à quoi sert-il de la retenir si ce n'est pas ce qu'elle veut ? Si c'est pour qu'elle reste ici, à mes côtés, et qu'elle soit malheureuse, ça ne m'intéresse pas. Pourquoi ? Parce que je ne serais pas heureux. Je ne pourrais plus rire si elle ne rit pas. Je ne pourrais pas vivre si elle m'en voulait. Et là, elle m'en veut. Serais-je capable de la laisser partir ? Au fond, ce n'est pas à moi de décider de ce qu'elle veut vraiment. Je dois apprendre à mettre mes sentiments de côté et penser plutôt aux siens.

Point de vue de Sophia

Cela fait quelques minutes que je suis assise sans rien dire, le dos appuyé contre un tronc d'arbre. A quelques mètres, le dortoir où Teresa, Newt et Chuck ont pris place sur des tabourets. Ils me regardent depuis ce temps-là, où moi je suis restée muette, les fesses trempant dans l'herbe encore un peu humide, depuis que l'on a arrosé les plantes non loin. Mes pensées tournent dans ma tête à une vitesse proche de celle de la lumière. Je suis enragée et en même temps, profondément calme. C'est... très spécial comme sentiment.

— Ils s'en sortiront, déclare Teresa sans doute pour essayer d'attirer mon attention.

— Personne n'est ressorti vivant du Labyrinthe, lance Chuck, dépité.

— Ferme-la, lui répond Newt. Ce n'est pas ce qu'elle a besoin d'entendre. Je suis du même avis que toi mais...

Je lance un galet dans leur direction qui atterrit juste devant Teresa.

— C'est bon les garçons, dis-je assez fort pour qu'ils m'entendent. J'irais camper devant le mur et attendre leur retour.

— Ce n'est pas une bonne idée, rajoute la brune. Le ciel est gris et c'est possible qu'il pleuve ce soir.

Je réfléchis quelques secondes à sa remarque.

— Elle à raison, souligne Newt tout en récupérant le petit galet toujours en face de la brune. De plus, ça ne les fera pas revenir plus vite.

Dans ma tête, je me dis qu'ils n'ont pas tort. Il est hors de question que je me fasse trempée et, qu'en plus de ça, que j'attrape un rhume.

— Que vas-t-il se passer s'ils ne reviennent pas ? je demande, inquiète. Et puis... Alby avait l'air dans un sale état. Et... c'est notre chef, bon sang !

— Ils reviendront, répète Teresa manifestement très sûre d'elle.

— Mais comment tu peux en être aussi certaine ? s'impatiente Newt tout en se retournant vers elle. Il y a quelque chose que tu ne nous dit pas ?

C'est vrai qu'elle a l'air vraiment persuadée. Serait-ce de l'espoir, ou se rappelle-t-elle de quelque chose dont elle ne nous a pas encore parlé ?

— Si je vous dis quelque chose, ça reste entre nous ? Vous n'irez pas le répéter, et sûrement pas à Gally ? essaie-t-elle de se rassurer.

— Tu n'as rien à craindre, je le lui assure pour la mettre en confiance après l'accord des garçons.

— Et bien, en fait, je me suis rappelée de certaines choses, la nuit dernière. Comment vous le dire... Je crois que Thomas et moi faisions partie de l'organisme qui vous a envoyé ici, dans le Bloc. Je l'ajoute tout de suite, non je ne me souviens de rien d'autre, sauf peut-être que Thomas a insisté pour venir ici et, pour une raison que j'ignore, je me suis glissée dans l'ascenseur avant qu'il ne monte. On a réussi à me gazer, bien-sûr. Mais ça passe plus vite et c'est pour ça que je me souviens de certaines choses.

Elle s'humecte les lèvres avant de reprendre.

— Tout ça pour dire que je connais Thomas, je suis persuadée qu'il sait ce qu'il fait et que, grâce à lui, nous allons pouvoir sortir d'ici.

— Je suis d'accord avec toi. Pour une raison que j'ignore aussi, j'ai la même sensation que toi, lui avoue Chuck alors que nous restons silencieux.

— Bon, les filles, c'est pas que, nous coupe Newt. Mais nous devrions aller reprendre des forces. Je ne sais pas pourquoi, mais je pense que les jours qui vont suivre vont être mouvementés...

J'acquiesce et, au moment où je me lève, mon corps tangue. J'ai juste le temps de regarder Teresa dans les yeux lorsque tout devient noir.

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