Chapitre 16 - Rester, ou sortir ?

Le lendemain, nous sommes tous réunis sous la tente d'Alby, où une vingtaine de personnes s'agglutinent pour prendre une décision. Je prends place à côté de Chuck et de Teresa. à deux, nous avons réussi à lui rendre son sourire. J'aperçois Gally, un peu en retrait. Il a l'air en colère. Alby fait taire les murmures et prend la parole.

— Minho et moi allons nous rendre au Labyrinthe afin de remonter la trace de Ben, afin de déterminer où il a été piqué. Quelqu'un y voit une objection ? demande-t-il tout en croisant les bras contre sa poitrine.

Face au silence pesant, Alby quitte la petite estrade, rassemble ses affaires et quitte sa tente en compagnie du chef des coureurs. Gally prend aussitôt sa place et s'adresse à l'assemblée encore sous le choc de ce qui est arrivé la veille.

— Les gars, ça n'a pas été facile ces derniers temps. On vous laisse votre journée, faîtes ce que vous voulez, reposez-vous, on en aura bien besoin... déclare-t-il.

Cette simple annonce a pour effet de redonner le sourire à certains. Gally s'en rend compte alors que certains se rapprochent de lui pour le remercier. Il me regarde et je lui fais signe que c'est cool, qu'il a bien fait. Il m'affiche un maigre sourire, alors que je détourne les yeux. Mon regard tombe sur Thomas qui semble nerveux.

Il fait signe à Teresa et nous sortons, prenons une place à l'écart du groupe.

Ils s'assoient les uns à côté des autres, dans l'ordre, Chuck, Newt, Thomas, Teresa puis un mètre plus loin, Gally qui me regarde fixement. Je m'installe non loin de Thomas, qui prend la parole :

— On ne peut pas rester comme ça, à crever un par un, il faut qu'on sorte d'ici.

Gally rit nerveusement :

— Tu ne sais pas de quoi tu parles, le nouveau.

— Mais nous devons établir un plan pour sortir d'ici, ajoute-t-il, ignorant Gally. Après m'être fait attaquer par Ben, je ne me sentirais plus en sécurité. Et la nuit dernière ? Avec tous les cris de ces... choses... j'ai eu du mal à trouver le sommeil.

— On ne sortira pas d'ici parce que ça fait quatre ans qu'on est là et que nous n'avons rien trouvé, explique Gally en se levant à son tour et s'approchant de nous. On est bloqué. Nous sommes des blocards et ce qui t'es arrivé n'aurait jamais dû se passer. Alors soit un peu courageux, Thomas, dit-il en insistant sur chaque syllabe pour le narguer. Ou alors on sera obligé de t'enfermer dans...

Je suis à deux doigts d'intervenir. Gally sera le prochain à se retrouver au trou s'il continue comme ça.

— Gally ! s'énerve Newt tout en se levant à son tour tout en se mettant entre les deux hommes. Tu n'as pas fini de menacer tout le monde à chaque fois qu'ils évoquent leur envie de partir ? C'est normal, bon sang.

— Non, ce n'est pas normal, s'énerve-t-il tout en agrippant Newt à son col. Je suis le seul ici qui voit les choses en face. On va mourir ici quand on sera vieux ! Il n'y a aucune sortie, et vous arrêterez de souffrir quand vous vous en rendrez compte.

— C'est bon, ça suffit, dis-je en posant une main sur Gally. Lâche-le.

Gally halète mais ne se calme pas.

— Lâche-le ! dis-je plus fort en le poussant.

Sur ces mots, il lâche Newt en le regardant avec dédain. Puis il soupire. Tout le monde est tendu et sur les nerfs depuis le départ de Ben. Surtout Gally. Depuis que Minho m'a embrassé, il n'est plus le même. Je n'aurais pas dû, mais j'étais loin de contrôler la situation à ce moment-là. En effet, je le trouve plus... fébrile, fragile. Je le regarde avec insistance pour qu'il se calme, un geste de trop, et c'est lui qui passera la nuit dans la fosse. Et si Alby met ses menaces à exécution, il subira le même sort que Ben. Et, ça, je ne le supporterais pas.

— Je me tire, déclare Newt tout en se retournant, suivi par Teresa.

— Moi aussi, déclare Chuck tout en jetant un regard noir à Gally.

— Tu viens avec nous ? me demande Thomas tout en me fixant.

Mon regard jongle entre lui et Gally, qui a le regard planté au sol, il ne cligne pas du tout des yeux. Il attend sans doute ma réponse. Il a les poings tellement serrés que la jointure des doigts blanchie, et ses veines ressortent à un tel point qu'on croirait qu'elles noircissent, tel que pour un infecté. Gally est au bout du rouleau et il a besoin de moi.

— Non merci, je lui dis tout en souriant poliment. Je vais rester avec notre sauvageon, je rigole tout en tapant doucement sur l'épaule de celui-ci.

J'ai refusé, parce que je me sentais mal et que Gally avait besoin de moi. Je tiens à lui et le voir dans cet état ne m'enchante pas. Dès que j'eu terminé ma réponse, Thomas soupire tout en rejoignant les autres, tandis que les mains du blond se relâchent, pendant qu'il reprend son souffle.

Sous la tension, il a presque oublié de respirer. Il relève sa tête vers moi, mon regard croise le sien. Il me sourit et je sais que j'ai fait le bon choix. Il passe un bras autour de mes épaules, me ramène vers lui, puis nous nous dirigeons sous une des tentes ouvertes. Je me laisse tomber contre le mur, il s'assoit par terre, moi à côté de lui, son bras derrière mon cou pour oreiller. J'aimerais qu'il me parle. ça a l'air tellement dur pour lui d'évoquer ou de penser à une vie à l'extérieur du bloc.

Mais pas maintenant. Il me parlera quand il se sentira près... je ferme les yeux, inspire profondément, et profite simplement de ce moment ensemble. Nous attendons, dans le calme, le retour de Minho et Alby.

Cela fait quelques minutes que Gally et moi sommes assis l'un à côté de l'autre. Le regard perdu dans le rideau de la tente nous faisant face, sans mots dire. La dernière fois que nous nous sommes retrouvés seuls, c'était tout à l'heure, face aux portes du Labyrinthe.

Je suis contente d'être avec lui, au calme avec l'opacité du rideau, nous avons presque l'impression d'être intimes.

— Et toi, tu en penses quoi de tout ça, me demande-t-il sans tourner la tête. Tu es plutôt pour, ou contre trouver une sortie ?

— A vrai dire, je ne suis ni pour, ni contre. Mon avis est plutôt mitigé. Bien que Ben ne me fait pas peur, le fait que personne n'ait vu à quoi ressemblent les Griffeurs, nos premiers ennemis, ça me fait peur. Je me dis, peut-être que les personnes qui ont construit cet endroit l'on fait dans le but de nous protéger, ou de nous préparer... j'essaie d'expliquer mon point de vue tout en m'étirant les bras.

— Nous préparer à quoi ? m'interroge-t-il soudainement intrigué. Qu'en penses-tu ? ajoute-t-il tout en se retournant vers moi.

J'en fais de même et nous sommes si proches l'un de l'autre que je sens sa respiration contre la mienne. Je me mets à murmurer alors que personne ne peut nous entendre.

— Et si, pour une raison ou une autre, on nous préparait à survivre en milieu hostile. On est peut-être des agents surentraînés ou une future génération de ce genre... ou alors... le monde a été détruit et des milliers de Griffeurs y ère dans le but de décimer la population restante.

Après ces mots, ma peau est parcourue de frissons. Sur mes bras, mes poils se lèvent comme s'ils voulaient se détacher de moi. Gally y pose une main sans doute pour les retenir pour autant je ne suis pas rassurée.

— Alors, j'espère que tu as tort, m'avoue-t-il. Ce que tu dis me fout les jetons. Je suis persuadé qu'on peut vivre ici, regarde, la boîte nous a toujours envoyé des provisions et...

— Oui, mais si un jour ça s'arrêtait ? Il faut bien survivre, on sera bien obligé de trouver la sortie.

— Mais non, Sophia. Je suis sûr qu'on peut vivre sans. Ce sera sans doute un peu compliqué au début, mais c'est juste le temps de s'adapter. J'en suis persuadé, admet-il. On est en sécurité ici.

— Bien-sûr que non qu'on ne l'est pas, Gally. Thomas s'est fait attaqué par Ben, et ce n'est pas le premier, ni même le dernier, je le lui rappelle toujours en murmurant.

Gally soupire longuement. Je pense qu'il n'a plus rien à dire, mais non, il a plutôt réponse à tout. Il est borné.

— Ben est un coureur. Il s'est fait piqué parce qu'il est parti dans le Labyrinthe, comme tous les autres. Il faut absolument qu'on évite cet endroit. Il nous porte malheur ! dit-il plus fort, commençant à s'énerver.

— C'est bon... arrêtons de parler de ça, je lui propose. Où on va finir par s'entre-tuer.

— D'accord, mais avant, j'ai une question à te poser, demande-t-il comme s'il venait de faire une bêtise. Si tu avais le choix entre partir du Labyrinthe ou rester avec moi, qu'est-ce que tu choisirais ?

Je reste muette quelques secondes. Je ne sais pas trop quoi répondre. Ma réponse semble pourtant évidente mais je ne veux pas le blesser. Je prends sa main dans la mienne.

— Je sortirais... tout en te traînant par la peau des fesses pour que tu me suives, je déclare très sérieusement.

Il rigole à cette remarque, mais resserre sa main dans la mienne tout en reprenant son sérieux.

— Ça ne risque pas. Je t'enfermerais avant qu'il ne se passe quoi que ce soit. Il est hors de question que tu risques ta vie là-dedans et que... et que je te perde.

Son regard devient froid, déterminé. Le même regard qu'on ceux qui n'ont plus rien à perdre. J'en ai froid dans le dos.

— J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? il me demande soudainement l'air affolé.

— Tu m'as légèrement menacé de m'enfermer comme le ferait un psychopathe à sa victime, sinon tout va bien, je dis tout en dégageant ma main de la sienne.

— Non ! Ne le prends pas comme ça, rigole-t-il. On va faire comme ça : au moment fatidique, on laissera l'autre décider comme il l'entend. C'est ce que feraient deux adultes responsables, donc faisons ça.

J'acquiesce sans pour autant me sentir rassurée. Mais au fond, il dit ça et agit comme ça uniquement parce qu'il m'aime et qu'il tient à moi. Il reprend finalement ma main dans la sienne pour la caresser du bout de ses doigts. Au même moment, la pluie diminue jusqu'à s'arrêter, progressivement.

— Il est bientôt dix-huit heures, m'annonce-t-il. Allons attendre le retour d'Alby et de Minho, me propose-t-il.

— Le dernier arrivé est une couille molle, dis-je tout en me levant pour prendre de l'avance.

— C'est pas du jeu ! s'écrie-t-il tout en rigolant mais se prenant tout de même au jeu.

Nous courrons donc jusqu'aux portes ouvertes du Labyrinthe, d'où devraient bientôt revenir nos deux coureurs. Bien-sûr, j'arrive avant Gally qui se voit offrir un nouveau surnom pour la prochaine semaine. Il me taquine en me chatouillant mais arrête subitement. Les garçons devraient déjà être rentrés. L'anxiété se fait sentir dans le groupe qui se pose mille et une questions. Finalement au bout d'une minute, Minho fait son apparition, tenant Alby, inconscient, à bout de bras.

Au même moment, la porte du Labyrinthe commence à se refermer. Je ne perds pas une minute et me lance à l'intérieur pour aider à traîner Alby. C'est sans compter que Gally essaie de me retenir, sous mes cris désespérés. Me croyant folle d'entrer, d'autres garçons viennent aider à me maîtriser. Je regarde les portes se refermer lentement, alors que des larmes d'impuissances brouillent ma vue.

— Gally, lâche-moi ! je hurle en le griffant sauvagement au visage. Je suis plus forte que Minho, je peux porter Alby !

Au dernier moment, Thomas se glisse entre les portes du Labyrinthe qui se referment dans un bruit sourd. Les garçons me lâchent finalement alors que je me jette sur la paroi, j'y tape de toutes mes forces, pensant peut-être la faire céder. Mais je me fais plus mal qu'autre chose et ça, la douleur, ça me rend folle. Je tape, encore et encore, sauf que ça ne sert plus à rien...

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