Chapitre 13 - Jalousie
Cependant, le temps passe et Gally ne revient pas. Ivre et de combats, ne voyant pas le temps passer, je l'aperçois de temps à autre, mettre des garçons au tapis ou se prendre une raclée. Pourtant, la vie continue et je reprends ma conversation avec les nouveaux :
— Et donc, me battre avec les blocards volontaires et m'entraîner avec les coureurs sont nécessaires pour moi. Sinon, j'ai vraiment l'impression de rouiller. Certes, après je suis crevée mais ça me fait réellement un bien fou, j'explique tranquillement à mes interlocuteurs.
— Et tu n'as jamais de courbatures ou de foulures ? me demande Newt qui est jusqu'à lors resté en retrait. Il faut dire qu'il n'y a pas un jour où tu es restée en repos, même le dimanche où l'on donne quelques heures de répit au groupe. On dirait que tu es... infatigable, commente-t-il de manière très sérieuse.
— Ouais enfin, sauf quand elle dort, rajoute Minho dans mon dos. Des fois, on a l'impression qu'elle est morte mais certaines nuits... elle ronfle comme un camion.
J'ouvre grand les yeux, même pas outrée. Je suis plutôt gênée de l'intervention de Minho. Depuis qu'il m'a invité à passer du temps avec lui, il n'a cessé de m'éviter. Il s'installe non loin de moi, me donnant un petit coup dans l'épaule.
— Ce n'est pas une honte de ronfler, je réponds faisant mine d'être offusquée, tout en rigolant.
Je passe outre, pour l'instant. Je n'ai pas envie que nos histoires influent sur l'ambiance joyeuse du groupe.
— Ouais, sauf quand tu réveilles tout le monde à cent kilomètres à la ronde, confirme Newt.
Je le regarde avec des yeux que je veux menaçant. Il rigole, faisant mine d'être apeuré et de s'éloigner, par peur de représailles.
— Vous ne perdez rien pour attendre, vous deux. Oh, et puis, je suis bien contente de ronfler si ça vous empêche de dormir !
Minho se penche devant moi, tapant dans la main de Newt, comme pour fêter une victoire. Cette discussion a pour effet de nous faire rire et, ça y est, depuis le départ de Gally, je me sens mieux. Il aura fallu l'intervention de Minho. Voilà longtemps que j'avais rigolé avec Newt et Minho et franchement, je suis contente que nos relations s'améliorent un peu. Les nouveaux, eux, s'intègrent lentement mais je ne leur permets pas de rigoler, pour la peine, je regarde Newt qui masse légèrement son bleu qui doit être encore douloureux.
— Dit moi, Newt. Tu aurais de ce mélange Made by Gally, qu'on pourrait le faire goûter aux nouveaux ? Je demande tout en me penchant vers lui, puis je murmure suivit d'un clin d'œil. Qu'on rigole un peu, tiens.
Newt répond à mon clin d'œil, un sourire en coin et s'éclipse sans un bruit. Pendant que nous continuons de discuter jusqu'à son retour, Minho un peu en retrait joue avec une branche dans mes cheveux. Lorsqu'il revient, Newt s'avance d'abord vers Teresa avec un gobelet, et donne le bocal au nouveau. Enfin, il revient à côté de moi.
— Allez, buvez tout d'une gorgée, les incite Minho. Vous verrez, cette boisson nettoie fortement les intestins.
— Il est hors de question que je bois ça, grimace la nouvelle en regardant d'un air douteux le contenu de son verre.
— Moi non plus, je ne toucherais pas à ça, ça ressemble à de la pisse votre truc, rajoute le nouveau tout en tendant son bocal pour le rendre à Newt.
Je rigole doucement tout en repensant à mon arrivée ici, alors que c'est Gally qui m'avait proposé cette boisson. J'avais répliqué exactement les mêmes mots avant de finalement en boire une gorgée. Quelle horreur, encore aujourd'hui, je ne suis pas habituée.
— Aller, les encourage le chef des coureurs tout en poussant le bocal du nouveau d'une main. A trois... un, deux...
Et sans attendre le trois, sans doute pour en finir rapidement, les nouveaux portent leur récipient à leur bouche et en boivent le contenu... pour finalement recracher le tout en face d'eux, c'est-à-dire sur le feu. Minho, Newt et moi, ainsi que Chuck, éclatons de rire à cause de leur grimace. Tandis que la nouvelle s'essuie la bouche, le nouveau se lève tout en se dirigeant vers la table afin de se servir de l'eau. Je le regarde faire en riant, quand Minho me tapote l'épaule avec son doigt.
Nos regards se croisent quelques secondes, quand il me fait un signe de tête vers un arbre, un peu plus loin.
— On peut discuter ? me murmure-t-il.
Intriguée, j'acquiesce. Minho se lève et prends une hachette, en disant :
— Je vais couper du bois pour le feu. Sophia, j'aurais bien besoin de ta force pour porter tout ça.
— D'accord, je te suis.
Ainsi, tandis que les autres sont toujours occupés à rire et s'embêter, dans une ambiance bon enfant, je suis Minho jusqu'à l'arbre. Derrière, sur une souche, il y place quelques bûches, qu'il fend. Il semble tout faire pour retarder le moment.
— Bon, Minho. Qu'est-ce qu'il y a ?
— C'est Gally.
D'un coup, il rabat sa hachette avec une telle puissance, qu'elle traverse la bûche sur toute sa longueur et vient se planter avec force dans la souche. Minho lâche l'arme, comme si elle l'avait brûlée et se tourne vers moi, haletant.
— Depuis que tu es arrivé, il t'as comme... privatisé. Empêché tout le monde de chercher à te connaître, rien que par sa présence. Et j'en ai marre de faire semblant ou de me ratatiner, parce que ça pourrait créer des tensions, ou je ne sais quoi.
— Je... Minho, je ne comprends pas ce que...
— Sophia, tu me plais.
Je m'arrête brusquement de respirer. Nous nous regardons pendant de longues secondes. Quand ma respiration revient, je suis toute rouge.
— Je...
— Non, ne dit rien. Tu dois me prendre pour un fou. Mais ne croit pas que... que mes sentiments débarquent comme ça du jour au lendemain. Quand je t'ai vu dans cette boîte... je sais pas. C'est après, quand tu t'es défendu contre nous. Je t'ai trouvé si... forte. Si impressionnante. Et puis, un peu tous les jours, juste le fait de te voir, même si on ne se parlait pas beaucoup... j'apprécie vraiment ces moments, même s'ils sont courts.
Il baisse les yeux, récupère sa hachette d'un geste sec. Il continue, tout en faisant se refléter la clarté de la lune dans la lame :
— Si je te dis ça maintenant, c'est parce que tout peut s'arrêter brusquement. à chacune de mes sorties, dans le Labyrinthe, je peux me faire embrocher par un Griffeur. Au moins, si je meurs demain, j'aurais eu les couilles de tout te dire. Pour ce que ça vaut. Mais bon, ça, c'est que des mots.
Il s'approche lentement de moi, toujours les yeux baissés. Je ne recule pas, comme tétanisée et sous le choc de ce qu'il vient de me dire. Je n'aurais jamais imaginé tout ce qu'il pouvait éprouver pour moi. J'étais bien trop occupée, obnubilée par Gally, pour m'en rendre compte. Mais, moi, qu'est-ce que je ressens pour Minho ?
— Repousse-moi, si tu le souhaites.
Arrivé à ma hauteur, il ne s'arrête pas et pose directement ses lèvres sur les miennes. Sa peau est douce et chaude. Mon cœur s'emballe, bien trop vite à mon goût et il me prend comme une sensation de vertige. Combien de temps se passe-t-il, exactement ? Je suis perdue, lorsque c'est finalement Minho qui met un terme à ce baisé. Je suis complètement paumée, tellement que je ne sais plus ce que je fais ici.
Soudain, tout me revient en pleine face.
Gally.
Je fixe Minho d'un regard éberlué. Il me dit :
— Je vous ai vu dans la forêt. Je voulais me donner ma chance, avant qu'il soit trop tard.
Sur ces mots, d'un regard satisfait ainsi qu'un petit sourire complaisant aux lèvres, il me tourne le dos et revient vers le groupe.
Mon dieu. Gally. Faites qu'il n'ait pas vu ça. Et pourtant, c'est son regard que je croise, quelques secondes plus tard. Je me rends à grandes enjambées vers lui, mais au lieu de venir vers moi, il va vers le nouveau. Minho, lui se dirige vers Newt qui semble aussi n'avoir rien raté. Est-ce que... est-ce qu'il était au courant ?
Je n'ose rien dire à Gally. Son visage est beaucoup trop impassible. S'en est presque... effrayant.
Gally s'approche du nouveau, assis près de Teresa et Newt. Je ne comprends pas trop ce qu'il lui dit, mais je suppose qu'il lui propose un combat. Ce soir, le blond est particulièrement hargneux, il met au tapis ses adversaires en deux secondes.
J'allais voler au secours du brun quand Newt me retient par le bras.
— Ne t'inquiète pas pour lui, dit le chef des sarcleurs en me ramenant sur mon siège. Alby l'a prévenu, il n'osera rien faire. En même temps, ça nous permet de voir ce qu'il vaut.
— Okay, dis-je en me relevant, voyons ça de plus près dans ce cas.
J'avais besoin d'une distraction. Tout, pour que je ne pense plus à ce que Minho m'a fait. à ce qu'il a provoqué en moi. Sur ces mots, les autres me suivent et nous nous mettons en cercle autour du blond et du brun. Ils se tournent autour, Gally le regarde déterminé, pour autant le brun n'a pas l'air effrayé.
— Aller le nouveau, le premier qui sort du cercle a perdu, lui explique-t-il. Prêt ?
Le brun acquiesce, puis fonce sur ce dernier pour le pousser et le mettre hors-jeu. Malheureusement, le chef des bâtisseurs a plusieurs heures de travail derrière lui, et il faut s'appeler Sophia pour pouvoir le battre. Comme convenu, Gally riposte et pousse fortement le nouveau qui s'étale de tout son long sur le sol, sa tête se cognant fortement dans la terre.
Sur le choc, Chuck se cache les yeux, tandis que nous grimaçons, essayant d'imaginer la douleur qu'à dû ressentir le brun. Celui-ci reste allongé, puis se relève, lentement tout en gardant les yeux longuement ouverts, la bouche entrouverte. On croirait qu'il vient de découvrir l'invention du siècle.
— Thomas... dit-il d'abord, plus pour lui-même que pour nous. Thomas ! hurle-t-il ensuite pour que nous soyons tous témoins de ce qui vient de se passer. Je m'en souviens maintenant. Je m'appelle Thomas ! confirme-t-il tout en nous regardant tour à tour fièrement.
— Le nouveau s'appelle Thomas ! hurle le groupe en sautillant comme pour une victoire.
Prise par l'euphorie, je rejoins les blocards et hurle à mon tour, suivie rapidement par Chuck, Newt, Minho et Teresa. Lorsque le silence revient plus ou moins, le combat allait reprendre. Sauf que Teresa s'avance au milieu du cercle où se tient Thomas et, un peu plus loin, Gally.
— Et moi, je m'appelle Teresa, annonce-t-elle tout en me fixant dans les yeux.
D'abord surpris, le groupe reste silencieux.
— La nouvelle s'appelle Teresa, je hurle en espérant entraîner les autres avec moi.
Succès, les blocards me suivent et, en deux secondes, tous hurlent en cœur alors que je m'approche de Teresa. Instinctivement, sans trop comprendre pourquoi, je la prends dans mes bras. Au même moment, Thomas nous rejoint, il ne se joint pas à notre étreinte mais pose une main sur mon épaule. Je lève les yeux pour croiser son regard, quand je tourne légèrement la tête. Gally me jette un regard noir, avant de me tourner le dos et de s'en aller. Espérons que, demain, pour l'initiation des nouveaux au travail au Bloc, l'ambiance soit plus naturelle.
Je n'ose affronter, pour l'instant, ni Gally, ni Minho. Alors, pour l'instant, je préfère oublier.
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