Chapitre 12 - Tension
La petite fête organisée pour les nouveaux bat son plein. Les bâtisseurs ont bien tenté de m'intégrer dans les combats, mais je n'avais pas le cœur à ça. Cependant, malgré toute la joie environnante, je remarque l'anxiété de certains des membres du bloc. Après tout, c'est compréhensible. Il y a deux mois, c'était un garçon qui débarquait par la boîte. Et tous les mois auparavant, pareil. Des garçons.
Le mois dernier, c'est la première fille qui débarque. Et, le mois d'après, une fille et un garçon. Il y a comme un vent de changement, dans le groupe. Et tout cela rend l'ambiance électrique. La tension est palpable. Après tout, Teresa, bien que craintive, est une très jolie fille. Et elle attire le regard de beaucoup de garçons.
Je n'arrive pas à m'amuser. Appuyée contre un tronc d'arbre, je soupire, attendant qu'Alby lève la punition de Gally. J'ai du mal à décrire ce que je ressens. Ma poitrine me serre et je ne pense qu'à Gally, enfermé, là-bas. Rien que d'y penser, ça me donne des sueurs froides. Et, ce matin-là, nous étions si proches. Sa proximité me manque.
Ce n'est que quelques minutes plus tard, que j'entends sa voix qui m'appelle :
— Sophia !
Je me retourne et aperçois Gally, trottinant vers moi. Je fais quelques pas dans sa direction quand nous nous arrêtons l'un en face de l'autre. Je le regarde droit dans les yeux.
— Je... pardon, Sophia.
— Arrête de t'excuser.
Je me jette dans ses bras et il accueille mon étreinte avec retenue, tout d'abord. Puis, quand je lui dis, en murmurant :
— Je sais pas ce que je ferais sans toi.
Il enserre alors mon corps avec avidité. Comme un homme égaré dans un désert, n'ayant pas bu depuis trop longtemps, il m'attrape, moi, son eau, comme si j'allais m'échapper. Lorsque nous nous éloignons, je me sens bien. Mais, à la fois, la marque qu'a laissé son absence semble encore à vif. Et, pourtant, il m'a été physiquement inaccessible que pendant quelques heures.
— On devrait rejoindre les autres, je dis pour briser le silence.
— J'aimerais t'emmener loin de tout ça, Sophia. Juste toi et moi, loin du Labyrinthe et de ses griffeurs.
Ses paroles me touche, je ne peux m'empêcher de sourire puis de répliquer :
— Quand on est ensemble, j'en oublie presque le présent. Alors, c'est chose réussie.
Il pose une main timide sur ma joue, puis m'embrasse tendrement le front. Mon sourire s'élargit un peu plus. Enfin, nous nous séparons et rejoignons Newt, Chuck et les nouveaux. Minho se tient un peu à l'écart, avec les coureurs. Le regard qu'il pose sur moi me glace le sang. Je détourne rapidement des yeux, ne comprenant pas la haine qu'il me voue. Soudain, je réalise que son regard n'est pas sur moi, mais légèrement derrière-moi. Sur Gally.
— Sophia ?
— Oui, pardon.
Je suis restée en plan quelques secondes, avant de m'asseoir par terre, contre une souche de bois. Je me colle contre Gally, qui passe un bras réconfortant autour de mes épaules. Je lui en suis reconnaissante. Sa chaleur corporelle me réchauffe légèrement, sans pour autant m'étouffer. Je me blottie un peu plus contre lui.
Trop excités par les nouveaux, les autres garçons ne tiennent plus compte de mon rapprochement avec le maton des bâtisseurs.
Cependant, quelques temps plus tard, on l'interpelle :
— Gally, Sophia, vous venez vous chauffer ?
C'étaient les bâtisseurs. Plus loin, ils s'étaient réunis en cercle et se préparaient à nouveau à se battre. Gally hésite, puis commence à se lever, mais je le retiens.
— Tu ne restes pas ?
Je voudrais rajouter "avec moi" mais les mots restent bloqués dans le fond de ma gorge.
— Je reviens dans pas longtemps, m'assure-t-il. Les gars peuvent pas se passer de moi et de la raclé qu'ils vont recevoir.
Sa voix teintée d'humour, me blesse. Pourtant, j'imagine que ce n'était pas son intention. Gally s'éloigne donc de moi, prêt à en découdre. Les bâtisseurs éclatent de rire et commencent à se battre dans une bonne ambiance, Gally comme juge. Un peu déçue, je reporte mon attention sur Chuck : il monopolise l'attention, fait de grands gestes. Son histoire, sûrement très intéressante, est loin de réussir à me rendre heureuse.
Point de vue de Gally
Je n'ai pas envie de quitter Sophia, cependant, je pense à ma place de maton des bâtisseurs, qui s'est avant tout construite grâce à ces combats amicaux.
D'ailleurs, lorsque je rejoins les gars, je me prends d'office cette remarque :
— T'as assez glandé comme ça, bats-toi !
Ce gars n'est pas resté debout plus de deux secondes. Je repense à Alby qui ne voulait plus que je frappe qui que ce soit et c'est légitime. Cependant, il ne dit rien de ces combats "officiels". Si ça permet de défouler l'équipe et détendre l'atmosphère.
Au bout de cinq minutes, je cherche une faille pour m'extirper et rejoindre Sophia. Je n'ai plus envie de me battre. Je n'aime plus autant ça qu'avant, depuis que Sophia est là. Ces combats, c'était une manière pour moi de me défouler. D'oublier. Mais je n'en ai plus besoin. Quand je suis avec elle, la vie paraît plus simple. C'est tout ce que je demande.
Pas grand-chose, juste elle.
— Gally ? Où tu vas ?
— Laisse-le, il va rejoindre sa copine. Il a plus besoin de nous, maintenant.
— Dis pas n'importe quoi, réponds-je au garçon. Vous êtes mes amis. Et ça, ça changera pas.
Le garçon s'approche, tandis que je fronce les sourcils. Avant, les gars me respectaient assez pour ne pas m'affronter de la sorte. Pourtant, l'approche est brutale. Ils se plantent devant moi et guettent les moindres de mes réactions.
— Si c'est vraiment le cas, reste avec nous. Elle a pas besoin de toi, tu vois bien qu'elle est occupée, ajoute l'un d'eux, montrant Sophia d'un signe de tête.
Je me tourne vers elle. Elle semble discuter avec Newt et Chuck, elle a le sourire et c'est tout ce qui compte. Pour l'instant, elle n'est pas seule et les garçons n'ont pas tort. Etant donné qu'ils n'attendent que que je parte, pour m'évincer, je leur dit :
— Ok. Préparez-vous, ça va chier.
Ils hurlent tous, comme des fous furieux. Des chiens enragés. Des monstres. Et dire que pendant des années, c'est moi qui ai aiguisé leur envie du combat. Je leur ai donné une raison de se lever le matin. Maintenant, si je leur tournais le dos, je ne donnais pas chère de ma personne. Sans doute auraient-ils cherché à me jeter en pâture aux Griffeurs.
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