Chapitre 11 - Éloignement

Point de vue de Gally

Cela fait à peine quelques minutes que je moisis tranquillement dans la fosse. Alors que le silence m'entoure, je suis surpris par des bruits de pas se dirigeant vers ma direction. Je pense tout de suite à Sophia, bien que mes pensées ne tournent plus qu'autour d'elle depuis qu'elle est arrivée. Même si je commence à la connaître, j'ai toujours peur quand elle me regarde avec cette expression-là au visage, vous savez ? Celle qui vous donne envie de vous cacher dans un trou et d'y rester longtemps. Très longtemps.

— Pourquoi tu as frappé Newt ? me demande-t-elle, accroupie face à l'ouverture grillagée.

— Parce qu'il l'a cherché, je réponds sans m'étendre sur le sujet.

Elle me jette un regard si noir que ça m'en fait froid dans le dos. Je ne sais pas si c'est parce que ça fait longtemps que je n'ai pas vu de femme, mais celle-là me fait peur quelques fois. Bien que mes sentiments envers elle soient controversés, car il faut dire que je l'admire beaucoup, je lui fais confiance mais surtout, je pense que je suis amoureux d'elle.

Mais vu comment je me comporte, et comment elle agit avec les nouveaux depuis qu'ils ont débarqués, je me demande si je ne vais pas rapidement passer au second plan. Cette idée me donne la nausée. De toute façon, je n'ai besoin de personne. Et, si elle veut partir, je ne la retiendrai pas.

— Tu te comportes comme un idiot, Gally. Je ne sais pas comment ça se passait avant, mais notre but est de nous entraider, pas de terrifier les nouveaux. J'essaie de les intégrer, donc, quand tu vas sortir, je te pris d'arrêter de faire le con, s'énerve-t-elle en resserrant ses doigts contre la grille de bois.

Ce n'est même pas moi qui l'ai effrayé. C'est vrai que je n'ai pas cherché à le rassurer, et encore moins à le retenir de courir je ne sais où. Mais, et alors ? En quoi le bien-être de ces deux là les préoccupe tant ? Est-ce une raison pour me faire la morale à moi, Gally, celui qui l'a accueilli et épaulé ? Celui qui lui a avoué ses sentiments et qu'elle a failli embrasser ? Putain ! Nos lèvres se frôlaient tout juste lorsque l'alarme retentit. Je me sentais si proche d'elle et, maintenant, elle me semble à des années lumières.

Ce maudit labyrinthe et ces maudits nouveaux vont me rendre dingue.

— Sophia ? demande Alby qui vient d'arriver. Tu peux nous laisser s'il te plaît ?

Après un dernier regard de travers, la blonde soupire. Je peux voir une once de déception dans ses yeux. Son regard s'adoucit rapidement, cependant. Elle passe ses doigts à travers les barreaux et je viens les toucher, de ma propre main.

— Reviens-nous vite. J'aime pas te savoir là-dedans, murmure-t-elle, de sorte que je sois le seule à l'entendre. Je... je n'aurais pas dû dire ça sur Georges...

— Je suis désolée, Sophia, bafouillé-je, le coeur battant à cent à l'heure.

Sans un dernier mot, elle se lève puis je la vois s'en aller en direction de la tour. C'est au tour du chef de s'accroupir face à moi mais, contrairement à Sophia, il m'ouvre la porte.

— Gally... soupire-t-il visiblement gêné. Je croyais qu'on avait réglé tes problèmes d'impulsions et d'envie destructrice... Promet-moi que ça ne se reproduira plus ou je serais obligé de te tenir éloigné du groupe, aussi longtemps qu'il le faudra.

— Okay, je n'aurais jamais dû frapper Newt. Mais s'il pouvait arrêter de pousser les gens à bout je...

— Gally, me gronde-t-il en me rappelant à l'ordre. La seule personne ici qui pousse à bout tout le monde, c'est toi ! Bien que je sois heureux de l'amélioration de ton comportement depuis l'arrivée de Sophia, je n'hésiterais à prendre des décisions catégoriques s'il le faut. Donc, je te laisse sortir mais c'est la dernière fois, tu entends ? C'est la dernière fois que tu frappes quelqu'un.

— Mais...

— Pas de mais. Dès que quelqu'un évoque Sophia, tu te transformes. T'es plus le même. Et tu deviens imprévisible, c'est dangereux. Geroges était dangereux, lui aussi et on s'en est occupé. Tu t'en souviens ?

Je ne sais plus quoi dire. Il prend mon silence pour des excuses et, satisfait, il s'en va. De mon côté, je reste longtemps à réfléchir avant de finalement me décider à sortir de la fosse. J'aurais sans doute dû y rester...

Point de vue de Sophia

Je viens à peine de terminer leur visite aux nouveaux accompagnés de Chuck, que Teresa me demande déjà de discuter en privée. Je laisse donc l'autre jeune homme accompagné de mon ami, regardant aux alentours que Gally ne vienne pas l'enquiquiner. Qui sait. Peut-être qu'après avoir frappé Newt, il aurait besoin d'un nouveau souffre-douleur ? Avec Teresa nous quittons les dortoirs et je la suis jusqu'à un arbre un peu plus loin.

Certains regards sont tournés vers nous. Depuis, ça ne me dérange plus. J'espère que la nouvelle s'adaptera aussi vite que moi.

— Tu m'as dit savoir comment je m'appelais... commence-t-elle tout en croisant les bras contre sa poitrine tout en me regardant les yeux pleins d'espoirs.

— Oui, c'est vrai, je lui avoue tout en rangeant une de mes mèches derrière mon oreille. Lorsque je t'ai vu dans la boîte, j'ai eu une sorte de... Flash-Back. Je pense que tu t'appelles Teresa. Enfin, non. J'en suis sûre. Tu t'appelles Teresa.

Elle ouvre subitement grand les yeux, sa bouche entre-ouverte, j'aperçois ses lèvres trembler. Elle semble terriblement mal à l'aise, effrayée, je ne saurais dire.

— Effectivement, maintenant que tu le dis, répond-t-elle tout en avalant difficilement sa salive. Ce prénom m'est familier, il me dit quelque chose. Je pense que je m'appelle comme ça, moi aussi. Mais, on ne dit rien aux autres tant que je n'en suis pas sûre, on est d'accord ?

— Bien-sûr, tu peux me faire confiance. Et tant que tu n'es pas sûre, je t'appellerais la nouvelle, dis-je en la voyant acquiescer.

Voilà, ce premier problème est réglé. Elle sait que je me souviens d'elle et, j'espère que si par miracle, elle se rappelle de moi en retour, elle viendra m'en parler. Je repars à ses côtés jusqu'au camp où je lui attribue un lit, juste à côté du mien histoire qu'elle soit plus à l'aise. Elle me pose encore quelques questions, puis je la laisse tranquille et me dirige vers le centre où on s'attelle déjà à préparer la fête pour accueillir les nouveaux.

J'aperçois au loin le jeune homme, accompagné de Newt. Au moins, s'il peut se faire des amis ici, ça ne peut que lui rendre service et le rassurer, également. Je me retourne, à la recherche d'une hachette pour couper du bois quand mon regard croise celui de Gally. Il est appuyé contre un arbre, les bras croisés, et me fixe droit dans les yeux. Je soutiens son regard quelques secondes avant qu'il ne le lâche et se dirige vers la tente d'Alby.

Abandonnant cette idée de hachette, je me précipite dans sa direction et l'appelle :

— Gally ! Attends.

Il s'arrête, puis se retourne. Il semble désolé. Je suis en face de lui et décidée, malgré les garçons qui peuvent nous voir, de prendre ses mains dans les miennes. Il ne me rejette pas, bien au contraire, il les serre en retour.

— Tu vas être puni ?

— Non, pas encore. Mais, au moindre faux pas, je saute.

Je soupire, rassurée.

— Maintenant, tu sais que tu dois te tenir à carreaux. On doit se serrer les coudes, pas se tirer dans les pattes.

— Je sais...

Il baisse les yeux, soupirant à son tour. Il s'approche finalement, pose un chaste baisé sur mon front, avant d'à nouveau s'éloigner.

— Je dois aller voir Alby...

— Ok...

Je le laisse partir, puis revient vers le groupe, après être partie chercher une hachette. Je croise le regard de Minho, qui, une fois à sa hauteur, me lance avec hargne :

— Je demande quand arrivera le jour où tu te rendras compte de son vrai visage.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top