Elle ne bouge pas.
Elle est dans un coin, habillée en noir, les yeux fermés. Même sa jambe croisée ne tressaute pas d'impatience.
Ses cheveux courts teints en rouge foncés donnent un côté décalé à son apparence sophistiquée. La cinquantaine, des lunettes rectangles noires, des cuissardes noires. Elle a tout pour faire peur, mais elle ne dégage pas un gramme de méchanceté.
Le mystère qui émane d'elle est perceptible par tous le monde, et le petit blondinet attarde quelques regards dans direction. Il ne sait pas si elle est morte ou vivante et il hésite d'ailleurs à demander à son père. La phrase se forme dans son cerveau mais tout à coup il voit l'horrible madame qui fait peur alors il se serre encore plus contre son père.

Elle ouvre soudain les yeux et regarde dans le vide. Peut-être qu'elle observe le tableau dont personne ne prête attention, ou la pile de magazines qui datent de dix ans. Toujours est il qu'elle ne prononcera rien. Personne n'est vraiment certain qu'elle pense. Même les rires de la jeune femme a sa droite ne la perturbent pas.

Elle est immobile et impassible, empreinte d'une patience indétrônable.