Partie 1 : Ensemble
Elle était trop heureuse. Elle ne pensait pas pouvoir être aussi heureuse un jour. En sentant ses lèvres contre les siennes, elle se dit que c'était Lui, le seul et l'unique et qu'il ne pourrait y en avoir d'autre. Sa chaleur la réchauffait, plus qu'aucun feu n'aurait su le faire, et elle était enivrée de toutes ces nouvelles sensations, de tout ce qu'elle ressentait au plus profond d'elle-même. Elle ne pensait pas qu'il pourrait y avoir des moments compliqués. Elle savait qu'elle l'aimait et cela suffirait à tout aplanir.
Elle se rapprocha encore, jusqu'à tenter de se fondre en lui, malgré les couches de vêtements. Elle sentait l'odeur du blouson de cuir d'Alexis, son parfum, et quelque chose de plus subtil, propre à chaque être humain. Elle se pensait au paradis.
Il pensait, avant qu'elle ne le retienne, qu'il avait attendu trop longtemps. Elle ne semblait pas plus intéressée que cela et, somme toute, un peu distante. Mais ses bras l'entourait et il ne pouvait pas douter de la sincérité des sentiments de Marie. Il était heureux d'avoir sa chaleur, de sentir son sourire contre ses lèvres et son odeur, un parfum un peu décalé pour la saison, très frais et pétillant. Elle se recula et il ne la vit jamais plus belle qu'en cet instant, rayonnante de bonheur dans la nuit, comme un soleil qui se lève après la plus longue nuit de l'année, décidé à chasser tous les nuages. Néanmoins, il était un peu gêné, car la réaction de Marie, si spontanée soit-elle, lui avait fait un certain effet, qu'il s'efforçait de dissimuler tant bien que mal. Il ne voulait pas l'effaroucher. Il osait à peine la toucher, de peur de la voir s'effacer, tel un rêve qui se termine.
- Je t'aime.
- Moi aussi. Et il reprit sa bouche. Elle retrouva les papillons dans le ventre qu'on décrivait dans les romans. Ils s'embrassèrent quelques instants encore, puis, se regardant avec tendresse, ils se prirent la main et commencèrent à marcher dans la nuit.
Ils discutèrent jusqu'à deux heures du matin. Elle lui expliqua qu'elle faisait plusieurs autres sports que l'escrime, des sports qui ne convenaient pas à Alexis, mais elle lui rappela qu'elle ne les faisait que pour faire du sport, non pour faire du mal autour d'elle. Il lui raconta ses années d'enfance, qui furent très difficiles malgré des parents aimants. Il tut certains passages, qu'il ne voulait pas lui dire, de peur qu'elle ne partît en courant.
A deux heures du matin, il la raccompagna chez elle. Elle l'embrassa une dernière fois - enfin, une demi-douzaine de fois- puis le laissa rentrer chez lui.
Le lendemain matin, il lui écrivit un texto. Elle lui répondit. Il répondit. Elle aussi. Tant et si bien qu'ils ne travaillèrent ni l'un ni l'autre, alors qu'il leur aurait suffi de sortir pour se voir, car ils habitaient à à peine 5 minutes de marche l'un de l'autre. Cependant, Alexis se plaignit à sa mère :
- Elle m'envoie trop de textos...
- Ah, elles sont comme ça les filles, lui répondit-elle en rigolant. Je suis contente que tu aies trouvé une copine, cette Marie a l'air calme, réfléchie et raisonnable.
Chez Marie, le son de cloche était très différent. Son père refusa de comprendre qu'elle sortait avec un mec. Sa mère le comprit mais connaissait le "zigoto" et ne lui faisait pas vraiment confiance. Elle savait que sa fille voulait absolument un petit ami, quoiqu'il lui en coûta. Elle ne supportait plus la solitude et en avait assez d'être regardée comme la lesbienne du lycée, parce qu'elle était la seule à n'avoir aucun copain connu et à être célibataire. Et c'était mal vu par les autres.
Le week-end passa sans que Marie et Alexis ne puissent se voir. Ils convinrent de se retrouver après les cours du lundi, car, petit coup de pouce du destin, ils terminaient à la même heure.
Le lundi soir, ils étaient surexcités, et dès qu'elle l'aperçut, elle courut et lui sauta littéralement dans les bras. Ils s'embrassèrent à perdre haleine. Mais c'était un baiser un peu raté au goût de Marie, qui n'en fut pas pleinement satisfaite. Cela ressemblait plus à un baiser baveux d'une limace et d'un escargot qu'à un baiser de cinéma qui a lieu lors des retrouvailles des deux héros après six mois d'absence. Elle était déçue et avait peur qu'Alexis soit déçu également. Mais il ne dit rien, ils s'embrassèrent vite fait, et il la raccompagna devant chez elle.
- Je te promets qu'on se retrouve au même endroit demain. Ok ?
- Ok mon cœur, lui dit-elle. Je termine à 17h, et toi ?
- Pareil. On se voit demain. Je t'aime.
Mais le lendemain, Marie commit l'erreur de laisser son portable chez elle. Elle ne voulait pas être tentée de lui envoyer des messages pendant les cours, et de toute façon , le lycée interdisait d'utiliser le portable, même en dehors des cours. Elle ne reçut pas le message d'Alexis.
Ce soir-là, cela faisait 4 jours qu'ils étaient ensemble. Il ne vint pas.
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