Le lendemain, n'ayant pas cours, Marie accompagna son père au club de self-défense. Ils pratiquaient ce sport tous les deux depuis qu'elle était en sixième. Elle adorait ça, ça l'aidait à se défouler, et c'était un bon complément à l'escrime, notamment pour travailler le cardio. Sur le chemin du retour, elle posa de nouveau la question qui fâche, et se vit opposer un demi-refus. Elle en fut presque heureuse, car ce n'était pas un refus complet.

Son père n'était pas trop pour, mais Marie joua la carte de la tendresse et écrivit sur le réfrigérateur "je t'aime Papounet" plusieurs fois sur un papier déchiré. Ce papier, allié aux insistances de sa femme, eut raison des réticences de son père, Michel. Pour ce que j'en sais, ce papier est toujours accroché au réfrigérateur de cette famille.

De retour au lycée, Marie passa les deux jours suivants à épier Alexis, à surveiller ses horaires, bien que leurs niveaux soient différents. Ses amies se moquaient gentiment d'elle, et affirmaient qu'elle pouvait trouver largement mieux. En vérité, elles dirent à Marie "tu as vraiment mauvais goût chérie, tu pourrais t'en dégoter un beeeauucoup plus sexy". Néanmoins, Alexis incarnait un rêve pour Marie.

Le troisième jour, Alexis se hâta de sortir de classe, de retrouver son vélo et de pédaler après Marie. Il ne pouvait pas laisser échapper cette chance : elle rentrait seule du lycée, personne ne l'accompagnait et il pouvait lui parler ! En la rattrapant, il se demanda si c'était une bonne idée, mais déjà il l'avait hélée et déjà elle se retournait. Elle semblait heureuse de le voir, mais il restait sur ses gardes.

Ils parlèrent, de tout et de rien, pendant une demi-heure. En trente minutes, ils firent un quart du trajet de Marie, qui lui prenait, d'habitude, 5 minutes. En s'en rendant compte, celle-ci piqua un fard, s'excusa et fila chez elle, pour manger à l'heure. Ils étaient aussi contents l'un que l'autre de s'être parlés mais aucun ne l'aurait avoué, pour rien au monde.

Alexis se confortait dans ses sentiments, mais Marie était moins sûre d'elle. Elle se demandait si c'était une bonne idée de sortir avec un guitariste, qui fumait et qui vivait à 100 à l'heure. Tout ce côté "bad boy" l'attirait et lui faisait peur en même temps.

Le quatrième jour, Michel accepta officiellement que Marie rentre avec Alexis. Marie était très excitée et complètement morte d'une trouille qu'on ne ressent que lors des premiers émois.

Le cinquième jour, ils se revirent au club d'escrime, ils tirèrent l'un contre l'autre, pendant une heure, à défaut d'autres partenaires. Puis, à la fin de l'entraînement, après s'être rechangés, ils repartirent ensemble vers la maison de Marie.