CHAPITRE QUATRE : Comprendre l'autre (1/2)
Reine noire
Rachel se trouvait en face de... quelqu'un, qui ne semblait pas avoir de sexe identifié.
Le mot élu.e tournait dans sa tête, et elle se contenta de fixer l'autre pendant quelques instants. Puis elle s'aperçut qu'elle ne connaissait même pas son nom.
- Je suis... enfin, comment tu t'appelles ?
L'autre la dévisagea en silence. Peut-être qu'iel ne la comprenait pas ? Iels ne parlaient peut-être pas la même langue ?
Le cerveau de Rachel s'affola, puis elle posa sa main contre son cœur et murmura :
- Rachel. Rachel, c'est mon prénom. Je suis Rachel. Je m'appelle Rach...
- Je ne suis pas bête, j'avais compris.
Perdue, Rachel se tut. Elle ne savait comment agir avec cette... personne.
- Elisha.
Rachel déglutit.
- Je... désolée, mais... enfin...
Perdue, elle laissa errer son regard sur la nature prise de folie qui les entourait. Les arbres semblaient pousser par grappes de six ou sept, et ils s'enlaçaient longuement tout en atteignant le sol. Cela formait des sortes de vagues étranges ; les herbes folles, - et violettes - poussaient, désordonnée, sur les troncs, sur le sol, et même quelques une commençaient à envahir le sac de son interlocuteur•ice. Elisha.
- Bon, est ce que cette saleté de piaf t'a dit quelques chose ?
- Cette saleté de piaf, comme tu dis, m'a emporté.e dans les airs et m'a lâché.e sur le sol comme une vulgaire fiente de bibils. Alors, non, il ne m'a rien dit !
Rachel n'en menait pas large. Elle préférait de loin les livres aux relations humaines, surtout celles avec des extra-terrestres énervés.
- Je suis sûre qu'il a bon goût... murmura Elisha pour iel-même. Les créatures les plus vilaines sont souvent les plus délicieuses... peut-être qu'avec un piège, avec mes rations de bibils... puis de l'herbe hallucinogène et de l'eau endormissante... puis je t'offrirai aux envahisseurs contre les technologies belliennes...
- Hou là, mauvaise idée, le.a prévînt Rachel. Il est très puissant, tu sais ? Et il a des pouvoirs magiques. Et il m'a tuée dans mon monde. Et...
- C'est bon, j'ai compris, lui rétorqua Elisha, avec l'air de quelqu'un qui ne veut pas entendre ce qu'on lui dit.
Vexée, Rachel se détourna d'Elisha et partir en quête de nourriture. Elle avait faim, soif, chaud, et ce maudit corbeau ne lui avait rien laissé le temps de prendre avant de la catapulter dans un nouvel environnements hostile.
C'est à ce moment que l'oiseau revint. Il bouscula Rachel, se précipita sur Elisha et le.a saisit à la gorge.
- Je sais ce que tu veux faire, gronda-t-il.
Ses yeux brillaient d'un lueur mauvaise, et ceux d'Elisha, d'une lueur de défiance.
- Sois heureuse, petite créature insignifiante, que tu me serve pour la prophétie... sinon je t'aurai tué•e sur le champ.
- Quelle prophétie ?
Le corbeau se tourna vers Rachel.
- Cette bécasse ne t'aura donc rien expliqué ? il soupira désobligemment.
Rachel fronça les sourcils. Il était impossible à vivre !
Le corbeau enfonça ses serres dans le crâne d'Elisha, qui ferma les yeux sous le coup de la douleur. Quand iel les rouvrit, iel paraissait sonné•e. Puis tout à coup, iel se mit à crier :
- C'est hors de question ! Je dois ramener les technologies que les envahisseurs nous ont volés, je dois réparer ma faute ! Je refuse !
- Tu n'as pas le choix, lui répondit-il, amusé. Pourquoi crois-tu qu'après des siècles de paix, les envahisseurs sont venus vous voler ? Pourquoi crois tu que ton chef et devenu ce qu'il est ? A ton avis, pourquoi t'a-t-il donné cette mission ? Personne ne s'attend à ce que tu reviennes vivant, misérable insecte !
Sous le choc, Elisha fit un pas en arrière. Même Rachel en fût étonnée. Pourtant, elle avait eut la preuve auparavant que le corbeau était un être malfaisant, mais il semblait toujours vouloir prouver qu'il pouvait être encore plus détestable.
Elle se dirigea vers Elisha, et fit un geste pour le.a prendre dans ses bras, puis hésita. Iels n'étaient absolument pas proches. Que faire ?...
Elisha décida à sa place en lui lançant un regard noir et en tournant les talons. Iel disparut entre les feuillages argentés d'arbres biscornus.
- Iel reviendra. Iel n'a pas pris son sac.
Il semblait sûr de lui... et en effet, il avait raison, car iel revint quelques heures plus tard. Dans sa main pendaient des dizaines de petites boules de poils avec des queues immenses, velues et brunes. Cela lui fait presque penser à des... yoyos ?
Elle réprima un sursaut quand la boule s'ouvrit et qu'une tête répugnante lui sourit de toutes ses dents. Puis une autre, et encore une autre... des dizaines de têtes, plusieurs par boules de poils, apparurent.
Cette fois, un haut-le -coeur lui vint chatouiller le palais, elle ne du la survie de son petit-déjeuner qu'au réflexe qu'elle avait eut de fermer les yeux.
Elisha passa devant elle en lui adressant un regard de dédain. Elle prépara un feu, égorgeant les boules de poils avec une lenteur sadique. Puis elle les piqua sur des bâtons et les mit à rôtir.
Quand le repas improvisé fut prêt, Elisha fit coulisser l'animal sur le bâton, puis partit l'essorer. Une quantité impressionnante de liquide, pour un si petit animal qui venait de se faire rôtir, dégoulina vers le haut au fur et à mesure qu'iel le pressait.
Le liquide se rua vers les arbres, et se répandit sur les troncs, et s'assembla de manière à ce qu'il n'y ai plus aucune parcelle de bois à l'air libre. Là, il se solidifia, et pris une teinte verte étrange.
Rachel, bouche bée devant un tel spectacle, ne remarqua même pas qu'Elisha mangeait toutes les boules de poils.
Le corbeau observait la scène d'un air endormi.
Il bailla désagréablement - tout était désagréable en lui, songea Rachel, puis se leva et se plaça devant Elisha.
Et là, Rachel comprit ce qui la gênait depuis qu'elle était arrivée dans cette étrange endroit ; le corbeau avait changé de taille. Si auparavant il avait l'air d'un corbeau ordinaire, maintenant il dépassait de loin leur taille de pauvres mortel•les.
Et des lianes blanches, presque invisible entouraient ses serres. Mais comment se faisait-il qu'elle ne l'avait pas remarqué avant ? Certes, un petit sentiment de dissonance résonnait en elle, mais... ne pas s'apercevoir qu'il avait quadruplé de volume ?!
Il était décidément un être mystérieux.
- Je ne tolèrerai pas de mésentente entre vous deux, leur asséna-t-il. Faites la paix. Vous ne vous connaissez que depuis quelques heures, comment pouvez vous déjà vous dédaigner ? Les reines ont besoin d'une relation parfaite pour guérir les brûlés !
À ces mots, Elisha se figea.
- Vous pouvez sauver mon peuple ?
Le corbeau eut un sourire cruel.
- Vous allez le sauver... mais pas si vous êtes en froid.
D'un geste de la serre, il rapprocha les deux élu•e•s et les fit s'asseoir, ne manquant pas l'occasion de les molester un peu.
Puis, il secoua ses plumes, ainsi que sa tête, et s'installa confortablement sur le sol.
Le feu allant s'éteindre, il cracha une gerbe de flammes qui le fit s'embraser, et le modula en sifflant longuement. Lorsqu'enfin il fut satisfait de son ouvrage - quoique Rachel ne voyait pas ce que le feu avait de différent, il crépitait toujours, produisait la même chaleur et il n'avait pas changé de couleur - lorsqu'enfin il fut satisfait de son ouvrage, donc, il allongea le cou, dévisagant Rachel et Elisha, puis leur proposa avec un air rusé peint sur son horrible bec :
- Et si je vous expliquais quelques petites choses que vous ne connaissez pas ? Vous seriez enfin tranquille, et vous arreteriez de penser du mal de l'autre, cela fait trop de bruit dans mon crâne.
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