Elle les rend fous

Coucou tout le monde!

Tout d'abord, je m'excuse platement pour mon loooong silence et mon inactivité sur Wattpad, mais j'étais pas mal occupée et disons que l'inspiration n'était pas toujours au rendez-vous... Mais ça me fait plaisir de voir que, malgré tout, vous aimez mes histoires, et ça me fait chaud au coeur.

Donc, après une longue (très longue) absence, je reviens avec un écrit un peu particulier.

Je m'explique: l'année dernière, j'ai participé à un concours de creepypasta et je devais écrire sur le thème de la folie. Les cinq premiers avaient le privilège de voir leur histoire adaptée sur YouTube par des conteurs de creepypasta sur YouTube.

Et j'ai fini 4e! Donc, parce qu'il est grand temps de vous montrer un autre genre de fiction, je vous présent mon écrit Elle les rend fous qui est inspiré d'une légende du folklore marocain.

Bonne lecture à tous!


Quand Élise était plus jeune, son grand-père Octavien lui racontait des histoires sur son passé. Il avait beaucoup voyagé : en tant qu'ancien militaire, il avait parcouru bien des pays et avait rencontré bien des populations différentes.

Elle adorait son grand-père et ce dernier lui rendait cette tendresse au centuple : Élise était sa seule petite-fille, ses autres enfants n'ayant eu que des garçons. Et il aimait à dire qu'une présence féminine dans une maison était essentielle...

Le temps passait et la jeune fille grandissait, sans pour autant perdre son enthousiasme pour ses récits. Un jour, alors qu'elle passait l'après-midi chez lui, ils étaient en train de discuter autour d'une tasse de café.

Progressivement, il lui parla de ses années en tant que jeune soldat français et c'est ainsi qu'ils en sont venus à évoquer son passage au Maroc. A l'époque, le royaume chérifien avait eu son indépendance, mais la présence de l'armée française – pour le service militaire – était une chose acceptée.

« Ah, si tu avais vu cette époque, Élise : les couleurs, les odeurs des épices... et les belles femmes qui slalomaient entre les allées ! » lui dit-il, le sourire rêveur.

« Quelque chose me dit que tu as dû être un tombeur ! » plaisanta la jeune femme.

« Oh, n'exagérons rien ! Mais je dois admettre que je ne laissais pas certaines demoiselles indifférentes... Ah, ma petite : cette époque était certainement une des plus belles de ma carrière ! »

« Pourtant, je ne t'ai jamais entendu parler de tout ça ! »

A ces mots, son visage se ferma légèrement, comme si cela lui évoquait quelque chose de négatif...

« Et tu as raison... Mais j'ai de bonnes raisons de garder le silence à ce sujet... »

« Pourquoi ? »

Il murmura

« C'est à cause de cette histoire à El-Jadida ! »

« Quelle histoire ? »

Il lâcha un long soupir et lui dit

« Cela remonte, il y a si longtemps... Je... Je ne peux pas... »

Élise posa doucement sa main sur celle de son aïeul, l'encourageant

« Papi, je crois qu'il est temps que tu en parles... Alors, raconte-moi ce qui s'est passé à El-Jadida ! »

Il capitula :

« Bon, très bien. Mais je t'en prie, ma petiote : ne me prends pas pour un cinglé ! »

« Ne t'en fais pas. Vas-y, dis-moi... »

Il se repositionna sur sa chaise et commença :

« Je n'avais que 17 ans, à l'époque. J'étais un jeune homme impatient de découvrir le monde et je m'étais engagé dans l'Armée : c'était le seul moyen de pouvoir voyager quand on n'avait pas un sou... Mais je savais bien que je n'étais pas en vacances. C'est comme ça que j'ai été muté à la caserne d'El-Jadida avec mon régiment. Si tu avais vu ma tête en découvrant cette ville ! Moi qui venais de ma Bretagne profonde, je découvrais un pays chaud et je voyais la mer !

Je partageais ma chambre avec trois autres gars : le premier se faisait appeler Alain, il avait 26 ans à l'époque. C'était un grand gaillard costaud qui venait de Paris. Le deuxième était surnommé Berto, il était de Strasbourg : un rouquin comme je n'en avais jamais vu ! Et le troisième, tout le monde le surnommait Pierrot et il venait du sud de la France. Il était plus petit que les deux autres, mais savait se faire respecter.

La cohabitation se passait bien et nous profitions de notre vie en caserne : lorsque nous n'étions pas en train de faire des exercices, nous avions l'autorisation de sortir nous promener en ville. J'aimais beaucoup ces moments-là, parce que ça me permettait de rencontrer les gens de ce pays. Et ils étaient si chaleureux... Et je n'étais pas le seul à en profiter : Berto et Pierrot faisaient un brin de cour aux jolies filles qui passaient. Ah, les filles ! Des cheveux noirs ondulants, des yeux rieurs et des sourires si charmeurs... De vraies princesses !

Mais Alain ne voyait pas les choses ainsi : lui regardait les habitants avec un certain mépris. Il lui arrivait même de les traiter de sauvages en privé. Pour lui, ces gens là n'étaient pas civilisés et se comportaient comme des primates. Crois-moi, ma chérie, je n'ai jamais partagé son opinion, mais il était tellement entêté... Et il y a eu ce soir funeste... »

Il s'arrêta, perdu dans ses pensées. Élise voyait dans ses yeux qu'il était terrorisé.

« Parle-moi, qu'est-ce qui s'est passé ? »

Il reprit son souffle, essayant de continuer son récit :

« C'était un soir d'été, il avait fait particulièrement chaud et nous sommes allés nous rafraîchir dans ce café, à quelques mètres de la caserne. Nous nous amusions, comme tous les jeunes hommes de notre âge et nous avions pas mal bu. Enfin, quand je dis nous, c'est surtout Alain : je l'ai soupçonné d'avoir vidé la moitié de la bouteille. Et il avait l'alcool plutôt mauvais, surtout avec la chaleur qu'il faisait... Et c'est là qu'il a commencé à insulter tous les Marocains présents :

« Regardez-moi ça ! Vous n'êtes qu'une bande de macaques, de bouseux ! Vous devriez être contents qu'on soit là pour remettre les choses en place ! »

« Arrête, Alain ! Tu vas nous faire zigouiller ! » lui disait Berto, mais l'autre n'en avait rien à faire de ce qu'on lui disait. Et le voilà qui poursuivait sur sa lancée :

« Je vais vous dire une bonne chose, tas de merdeux. Vous et votre religion à la con, vous irez vous enfoncer dans votre merde ! »

« La ferme, Alain ! Ils vont te massacrer ! » lui cria Pierrot, très gêné par la situation.

La dernière fois chose dont nous avions besoin, c'était que la population se retourne contre nous. Alors, nous avons quitté les lieux, présentant des excuses au patron pour le scandale... nous trois sauf l'autre tête de brique. Il continuait à brailler ses inepties, très fier de ses conneries. Et tout à coup, il eut envie de pisser et il ne s'est pas gêné de faire ça au pied de la mosquée !

« Mais t'es complètement malade ! Arrête ! » lui dis-je.

« Lâche-moi, le bleu ! Je fais ce que je veux ! » me rétorqua t'il, vidant sa vessie sur la porte.

« Déjà que je trouve con comme une poutre, mais là, je vais être franc : l'alcool ne te réussit vraiment pas ! » lui dit Pierrot qui l'empoigna par le col, l'obligeant à s'éloigner de la porte, et nous fit signe de le suivre.

« Oh, c'est bon : ils ne vont pas venir pleurer ! » dit-il en refermant sa braguette.

Puis il proposa d'un ton joyeux

« Bien... Alors, on va aux filles ? »

« Dans l'état que tu es, hors de question. Allez, tout le monde rentre, et en vitesse ! » a ordonné Berto.

Alors que nous nous apprêtions à nous remettre en route, on a entendu un léger tintement. On s'est retourné et c'est là qu'on l'a vu... »

« Qui donc ? »

« Une femme. En tout cas, c'est que j'ai pensé car elle était vêtue d'un haïk blanc (un long tissu qui couvrait le corps, comme une grande cape). On ne voyait pas son visage, mais il y avait quelque chose chez elle de mystérieux, d'envoûtant... Elle venait dans notre direction, sans un bruit.

Lorsqu'elle fut à notre hauteur, elle a enlevé sa capuche... et je peux t'assurer que nous n'avions jamais vu de femme aussi belle qu'elle.

De longs cheveux noirs qui tombaient en cascade, des grands yeux noisette aux reflets dorés, une peau mate parfaite, un visage ovale d'une pureté sans nom... On dirait un personnage des Mille et une nuits. Je la revois encore, vêtue de cette djellaba blanche près de son corps de déesse. Elle portait des bijoux berbères, avec la même allure altière que si elle avait été une reine.

Nous étions restés pantois avant qu'Alain ne reprenne la parole :

« Je crois bien que j'ai de la chance, ce soir. »

« Mon gars, je crois que tu ne devrais pas aller la voir... » lui dis-je.

A ce moment-là, elle a tendu sa main fine vers lui et a prononcé d'une voix douce :

« Taealaa li, habibi » (Viens à moi, mon chéri).

Il ne s'est pas fait prier et il s'est avancé vers elle, si heureux de faire sa conquête d'un soir. Puis il lui a pris la taille et a voulu l'embrasser, mais elle a posé ses mains sur son visage, le stoppant net dans son élan. Et elle a dit :

« Muharibi, qulli madha tukhbi dakhil qalbik » (Mon guerrier, dis moi ce que tu caches en ton cœur)

Alain n'a pas trop compris ce qu'elle lui disait, il s'est contenté de sourire béatement. Mais moi, je comprenais et je trouvais ça bizarre. Mais ce qui m'a inquiété, c'est ce qu'elle a dit ensuite :

« Jundiin alwasim, hal taetaqid 'anak ln yueaqib ? » (Mon beau soldat, pensais-tu ne jamais être puni ?)

Et là, ses yeux ont brillé d'une manière étrange et elle a fixé du regard Alain qui ne bougeait pas. Puis il a commencé à crier, à hurler de peur même. Aucun de nous ne l'avions vu dans cet état là, avant. La femme avait un sourire bizarre, il n'avait plus rien de séduisant, mais au contraire cruel. Puis elle l'a laissé et a commencé à nous fixer. Et dans mon esprit, s'est mis à tourner des images terrifiantes : je ne contrôlais plus rien....

Nous aurions sans doute perdu la tête si Pierrot n'avait pas fait explosé un pétard, nous faisant sortir de ce trouble. La femme avait disparu dans la nuit, nous laissant tous les quatre. Nous sommes rentrés à la caserne, en jurant de ne rien dire à notre commandant... »

Élise était perplexe : pour une drôle d'histoire, c'était une drôle d'histoire !

« Et que s'est-il passé, ensuite ? »

« Plus rien n'a jamais été pareil. Nous faisions des cauchemars régulièrement au sujet de cette femme. Je la revoyais encore, me fixant de son regard étrange et son sourire si effrayant. Mais le plus marqué par cette histoire... c'était Alain. »

« Que lui est-il arrivé ? »

« Et bien, disons qu'il était devenu fou. Mais à un point terrible : il tenait des propos incohérents, il était souvent hagard. Et un jour, on l'a vu courir comme un dératé, hurlant qu'on le laisse tranquille... avant de se jeter d'une fenêtre du troisième étage. Autant dire qu'il n'avait aucune chance de survivre. Plus tard, moi et les deux autres avons été envoyés à Fès... là où j'ai rencontré ta grand-mère ! »

La jeune femme resta silencieuse, encore surprise par toute cette histoire. Elle demanda :

« Et... Tu sais de qui il s'agissait ? »

« Oui, mais bien plus tard. J'en avais parlé à mon beau-frère, il y a quelques années. J'ai cru qu'il allait me prendre pour un fou, mais non. Il m'a dit que cette femme était un esprit de la nuit, un nom qui court dans toute la région d'El-Jadida. On l'appelle Aïcha Kandisha, et on raconte que sa beauté est telle qu'il est quasiment impossible pour un homme de lui échapper. Elle les attire à elle pour les rendre fous jusqu'à les pousser à la mort. C'est pour cela que les hommes d'El-Jadida ne traînent pas trop le soir : ils ont peur de la croiser. »

« Et toi, tu en fais encore des cauchemars ? »

« Non, moins qu'autrefois. Même si des fois, j'entends encore sa voix me dire... »

A cet instant, ils entendirent une voix lointaine murmurer :

« Habibi, qul li madha 'ukhfiat fi qalbik ? » (Mon chéri, dis moi ce que tu caches dans ton cœur).


Voilà pour cet écrit un peu particulier!

Pour ceux que ça intéresse, je vous invite à aller sur la chaîne de PoissonLanterneCreepypasta qui a adapté cette histoire: si vous aimez frissonner, vous allez être servis!

N'hésitez pas à me donner votre avis, et même me dire si je devrais faire ce genre d'écrits!

En ce qui concerne mes autres fictions, j'essayerais d'y revenir dessus dès que possible!

Bisous à tous et faites bien attention à vous!

Votre Everleen!

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