Chapitre V : Sombre pluie (Partie I)


             La nuit était sombre et la pluie n'avait pas diminué en intensité. Si bien que les rues de la capitale étaient inondées par endroits. Pour Patrid Lok, cette pluie était plutôt bénéfique, car elle bloquait légèrement la visibilité et, par la même occasion, son poursuivant.

Cependant, ce déluge n'apportait pas seulement de bonnes nouvelles. Si elle restait trop longtemps sous la pluie, la princesse qu'il portait dans ses bras risquait d'attraper froid. Il lui fallait absolument trouver un abri et cesser d'errer dans les ruelles de Walmond.

Enfin, il remarqua un refuge. C'était une auberge de la cité : le "Chat Calé", nommé ainsi en raison des nombreux chats errants qui traînaient dans cette zone. Le professeur frappa à la porte en espérant que quelqu'un lui ouvre. Près d'une minute plus tard un homme passa la tête au travers de l'ouverture.

-Mais ça va pas de faire du bruit à une heure pareille ! Y en a qui travaillent.

-Veuillez m'excuser, mais auriez-vous...

-Non ! Plus de places, qu'est-ce vous croyez avec la v'nue de l'héritière en ville ! Maintenant, dégagez ! Que les gens honnêtes peuvent dormir...

           Et l'aubergiste claqua la porte au nez du professeur. Il l'entendit encore alors qu'il bougonnait : "Et en plus, il m'a mouillé ce t'idiot !". Se retenant de donner une leçon mémorable, Patrid décida d'aller frapper à une autre porte. Il avait à peine fait quelques pas qu'une voix l'appela. Après s'être retourné, il vit de la lumière émanant d'une porte ouverte. Après avoir hésité un instant, la pluie décida le professeur. Une fois rentré et après avoir fermé la porte, une vieille femme vint à sa rencontre.

-Bonsoir, voyageur. Venez vous reposer.

-...Merci madame...

-N'ayez pas peur, je ne vais pas vous faire de mal. J'ai vu l'aubergiste vous mettre dehors.

-C'est gentil à vous de nous proposer un logis. Auriez-vous un endroit où...

-Sur ce lit. Elle sera sans doute mieux que pliée dans vos bras.

            Le professeur déposa la princesse sur l'unique lit de la pièce. La vieille dame montra alors un tabouret que le professeur plaça près du mur de façon à l'avoir comme support. Il avait ainsi une vue générale de la maison. Le bois n'était pas très et malgré l'ameublement très sommaire. Certaines choses ne passaient pas inaperçues et Patrid commença à se poser plusieurs questions.

Le lit était bien fait, comme si personne ne s'était couché. Pourtant, il était près d'une heure du matin. Cette dame avait-elle veillé jusque-là ? Non, cela signifierait qu'elle attendait sa venue. Mais était-ce vraiment impossible ? Pour quelle raison aurait-elle patienté si longtemps ? Alors que le professeur réfléchissait encore, la vieille femme l'interrompit.

-C'est mon petit-fils qui m'a averti.

-Votre petit-fils ?

-Oui. Il ne devrait pas tarder à rentrer. D'ailleurs, je crois qu'il est là. Vous le connaissez bien.

       Comme si elle n'attendait que cela, la porte s'ouvrit en grand faisant place à la pluie. Alors, apparut un jeune homme aux habits complètement trempés. Le professeur eut un mouvement de recul.

-Olan ?!

****




Le soleil s'était levé depuis une bonne heure, mais les habitants de la région située autour de Walmond ne pouvaient en voir les rayons. Le déluge qui avait commencé la veille au soir n'avait cessé de s'abattre sur la ville. Ereane dormait toujours, bercée par le son répétitif des gouttes d'eau s'écrasant contre le plafond. Elle avait sombré dans l'inconscience voilà quatre heures, son corps ayant épuisé toutes ses ressources. Elle ne se souvenait pas de beaucoup de choses.

Lorsque ses yeux s'ouvrirent, ils constatèrent la modestie de son environnement. La pièce dans laquelle elle se trouvait était peu éclairée et plutôt petite. Il n'y avait qu'un seul lit, c'était celui sur lequel la princesse se trouvait. Au fond de la maison, coincé entre deux murs et assis sur un tabouret, un jeune garçon la regardait.

Ce fut seulement au bout de quelques instants qu'Ereane le reconnut. Il s'agissait d'Olan Mus, un de ses camarades : "le cancre" pour ceux qui préféraient le nommer ainsi. Le jeune homme brun observa la jeune fille se lever, cependant, elle était trop exténuée et retomba de suite sur le lit.

-Vous avez mal à la tête, demanda Olan lorsqu'il la vit la paume de la main contre le front.

Ereane hésita un moment, avant de négliger la question qui lui avait été posée.

-Que fais-je ici, s'enquit-elle.

La princesse fixait le courtisan avec ses petits yeux, presque fermés par la fatigue. Olan secoua alors la tête avant de regarder le sol. Fallait-il le lui dire ? Avait-elle tout oublié ? Il recroquevilla une main dans l'autre avant de déclarer.

-Ils sont morts.

Puis, devant la mine incompréhensive de son interlocutrice, il ajouta.

-Votre père et votre sœur ont péri cette nuit.

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