Chapitre IV : La Skandrulia de Guendolen (Partie IV)
Le château était en pleine effervescence, tous les nobles profitaient de leur présence pour demander quelques faveurs de la part du roi ou son héritière. Certains souhaitaient seulement rester en leur compagnie et espérer devenir leur ami.
Des ambitieux aux parasites, Aricad et Guendolen avaient fort à faire avec tous ces membres honoraires de la cour. Toutefois, ce rassemblement était l'occasion de fructifier une amitié pour certains. C'est ainsi qu'Ereane Laoric et Makerost Ensta se retrouvèrent dans une partie inoccupée du jardin après le repas du midi.
-Comte Makerost, je suis heureuse de vous revoir.
-Allons, pas de ces manières entre nous Eri. Nous sommes encore des enfants, et amis qui plus est.
-Si c'est ce que tu veux Mak. À vrai dire, je craignais que notre relation se fût détériorée ces quatre dernières années.
-Comment t'oublier ? Enfin, c'est vrai que notre dernière rencontre ne date pas d'hier et elle n'avait pas été très agréable, non plus. Mais ne t'en fais pas. Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts, si tu vois ce que je veux te dire. En parlant de temps, il faut que je te fasse rencontrer une personne.
Le jeune comte partit en courant pour revenir quelques minutes plus tard avec un chevalier à l'armure complète, arborant les armoiries de la maison Ensta qui montraient un homme tenant un petit sceptre dans sa main gauche, la main droite désignant le sceptre. Le soldat ne semblait pas très grand aux yeux de la princesse. Néanmoins, elle comparait sa taille avec celle des gardes du château, qui eux étaient très imposants.
En fait, il n'était pas si petit que cela. Après un second constat, il paraissait aussi grand que son père. Les yeux du chevalier, d'un vert prune étaient la seule partie visible du visage, ce qui intriguait la princesse. Alors qu'elle pensait interroger son ami, ce dernier sembla comprendre et lui damer le pion.
-Eri, ce que tu vas voir doit rester entre nous.
La princesse acquiesça sans vraiment savoir ce qu'elle allait découvrir. Alors le chevalier poussa ce qui ressemblait à un soupir et enleva son casque. Ereane retint un cri de surprise. Le chevalier cachait sous son heaume une chevelure sombre inhabituellement longue. Avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, Mak déclara :
-Je te présente Laya Veyhnarte. C'est mon garde du corps, enfin, ma garde du corps.
-C'est une femme...
-Bien remarqué. Cependant, tu sais bien que les femmes ne peuvent pas devenir chevalier. C'est pour ça qu'on la fait passer pour un homme.
-Oh ? Et, ton père le sait ?
-Bien évidemment, c'est lui qui l'a recrutée.
-Elle doit être une grande combattante, alors.
-La meilleure de notre domaine, mis à part mon frère peut-être. Mais ce n'est pas tout. Elle connaît aussi des choses très intéressantes. Intéressantes comme la connaissance des langues de l'Age sombre.
-L'Age sombre ?
-Petit comte, êtes-vous certain qu'il faut en parler de tout cela à la princesse ?
Le comte acquiesça d'un signe de tête avant de se lancer dans un monologue argumentatif dont son garde du corps se serait bien passé. Laya, vaincue, accepta à contrecœur de parler. Elle détailla ainsi leur quête des ruines d'une cité ancienne. Ils les avaient trouvées dans la forêt d'Agst, un lieu réputé pour ses nombreuses disparitions dues à l'absence de chemins, qui permettraient aux voyageurs égarés de pouvoir en sortir.
Laya pensait que les ruines de ce lieu étaient cachées depuis plus de cinq cents ans et qu'elles appartenaient au royaume qui avait précédé celui du Laor. Bien qu'ayant accumulé une incroyable quantité de connaissances, Ereane en savait bien trop peu sur cette période baptisée Age Sombre. En fait, il n'existait aucun écrit datant de ces temps historiques. L'ouvrage le plus ancien du continent, qui traitait de la fondation du royaume, datait d'il y a une centaine d'années.
C'était la raison pour laquelle la princesse fut stupéfaite d'entendre tout ce que disait la jeune chevalière. Un temps, elle crut que Laya tentait de la mystifier. Cependant, cette dernière parlait avec une telle assurance que la jeune fille finit par la croire. Néanmoins, à la fin de son récit, il restait encore une zone d'ombre que la princesse voulait éclairer.
-Mais, dites-moi chevalier Veyhnarte, comment se fait-il que vous sachiez autant de choses sur cette époque alors que les meilleurs précepteurs n'en connaissent que quelques légendes ?
Le garde du corps demeura stoïque. Il semblait que la question, bien que légitime, était plutôt malvenue. Makerost tourna aussi la tête vers l'intéressée, attendant aussi une réponse. Laya, après plusieurs secondes de silence, finit par remettre son casque avant de demander prendre congé des deux adolescents. Le cadet Ensta présenta ses excuses à la princesse. Il savait que Laya n'aimait pas parler d'elle. La seule information qu'il savait sur sa garde du corps était son origine roturière. Cela mis à part, elle était un mystère à elle seule.
Le temps s'écoulait et les deux jeunes gens durent clôturer leur discussion, ce serait bientôt l'heure du bal. Le seul point négatif qui s'annonçait pour cette soirée fut signalé par Makerost. Il avait reçu une goutte de pluie.
-C'est dommage pour ta sœur, fit-il remarquer. Le soleil n'illuminera pas la fête de demain avec les gens de la capitale. J'espère que la pluie sera passagère.
-Mais, sourit Ereane, nous aurons quand même un beau clair de lune, ce soir.
Le jeune noble lui rendit son sourire avant de l'inviter à se mettre à l'abri.
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