Chapitre II : La roue tourne (Partie I)
Le soleil allait se coucher, il se faisait tard. Les yeux d'Ereane, alors de couleur jade, se teintèrent d'un bleu pâle. Oria, qui n'arrivait toujours pas à s'habituer à ce changement de couleur si soudain, fit un pas en arrière.
-Excusez-moi, princesse. Il semblerait que j'ai toujours du mal avec vos yeux.
-Ce n'est rien Oria. On se verra plus tard.
La princesse lança un sourire à son amie, c'en était un vrai cette fois, avant de la quitter pour se préparer au dîner. Elle se dirigea donc vers l'aile nord, qui était l'aile des appartements de la famille royale. Les appartements d'Ereane étaient au deuxième étage, tout comme ceux de ses sœurs. Son père en avait une au troisième. Au premier, il y avait des chambres pour chaque conseiller. Au rez-de chaussée, il y avait une chambre pour chaque conseiller. Il existait un dernier étage uniquement dans l'aile sud, on y avait construit une chapelle réservée à la famille royale. Les courtisans qui souhaitaient rendre un culte au Trian devaient se rendre en ville. Or, les courtisans détestaient la ville, trop sale, trop pauvre, tout ce qui pouvait rappeler l'ascendance de quelques uns.
Ereane arriva aux escaliers et salua les deux gardes, Euser et Natan. Ils lui rendirent son salut avec un sourire et une petite révérence, maladroite du fait de leur armure. Il y avait deux soldats postés à chaque palier. La plupart connaissaient la princesse depuis toute petite et certains s'en étaient même pris d'affection.
De son côté, Ereane se souvenait de tous hormis quatre, nommés à la garde royale il y a quelques mois. Leurs noms lui étaient inconnus. Ils étaient postés aux cuisines et à la chapelle royale mais la jeune fille n'aimait guère si rendre. Si la princesse avait été éduquée dans la foi du Trian, elle n'y adhérait pas. Même le roi ne s'y rendait que pour les célébrations importantes. En fait, de tout le château, seule Guendolen y allait assidûment. C'était l'une des seules choses qu'elle avait gardée de sa défunte mère.
Ereane arriva au deuxième étage. Sa chambre se trouvait au fond du couloir, à gauche. Alors qu'elle s'y dirigeait, Ereane croisa sa sœur Melonie qui sortait de sa chambre. L'adolescente regarda sa cadette d'un air hautain avant de lâcher:
-Tu n'es pas encore prête. Tu étais encore avec cette paysanne ?
-Oria n'est pas une paysanne. C'est une fille de la cour tout comme tes amies.
-Une courtisane avec une telle réputation ne peut être une fille de la cour.
-Tu es seulement jalouse de voir que nous pouvons être amies. Si tu trouvais un autre loisir que de nuire aux autres, tu en serais certainement plus intelligente.
Cette réplique piqua Melonie au plus haut point. Depuis son enfance, tout le monde n'arrêtait de lui rappeler comment sa petite sœur était plus intelligente qu'elle, plus belle... Combien elle lui était supérieure en tout. La seule chose d'elle qu'elle pouvait critiquer était sa relation avec Oria, plutôt mal vue par la cour. Et là encore, sa cadette répondait avec beaucoup de répartie. Melonie inspira profondément et se prépara à répondre mais ce fût une autre voix qui se fit entendre.
-Cela suffit !
Les deux princesses sursautèrent en entendant cette voix. Une jeune femme était arrivée juste derrière Melonie. C'était Guendolen, l'aînée des deux sœurs. Plutôt calme d'ordinaire, ses yeux gris-bleus translucides montraient sa colère. Elle désapprouvait complètement que ses sœurs ne puissent s'entendre. Melonie et Ereane qui avaient rarement vu leur grande sœur dans cette état baissèrent la tête en silence.
-Ereane, n'as-tu point honte de ton comportement ? Et toi Melonie, te sens-tu obligée de détruire la vie des autres avec des rumeurs ?
-Excuses-moi, finit par lâcher Melonie après un moment de silence.
-Pardonnes-moi, suivit la benjamine néanmoins contente de ne pas avoir été la première à perdre la face devant leur aînée.
-Bien, j'espère ne plus avoir à vous réprimander. Suis-moi Ereane, le roi veut te voir en privé.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top