Elle était retournée sur la terre ferme alors que la nuit était déjà tombée. La petite fille était si attachante, Couria ne voulait pas la laisser, mais elle le devait. Issabelle lui avait dit qu'elle allait disparaitre.

La jeune femme s'était présentée à cette vision dans un état déplorable, les cheveux coupés courts, les vêtements en lambeaux et le visage sal. Depuis quand n'avait-elle pas pris de douche ? Pourtant elle avait l'impression de revivre grâce à cette petite fille. 

Elle rentra sur l'île de départ, et s'allongea sur l'oreiller de la veille pour observer les étoiles comme elle le faisait à une époque avec Billy. Elle souriait, cette petite fille lui donnait de l'espoir.

Plus que jamais, Couria croyait en un avenir meilleur et espérait de tout son coeur que cette vision du futur allait se réaliser. Ce fut sur ces pensées que la jeune femme s'endormit, un sourire étincelant aux lèvres. Pour la première fois depuis des jours elle dormit d'un sommeil réparateur, une famille peuplant ses rêves de bonheur.

Le matin ce fut Zapda qui la réveilla. Le soleil était déjà haut dans le ciel, pourtant Couria ne s'était pas réveillée.

Là encore elle n'avait passé que deux jours sur l'île, elle s'en félicitait. Si Mahvan l'attendait, alors elle aurait l'effet de surprise pour deux jours, ceux qu'elle avait durement gagner. Mahvan lui faisait peur, il était ce qu'elle redoutait le plus, il a influencer Billy, et pour ça il doit payer.

De plus si elle était restée plus longtemps qui sait ce qu'elle aurait pu faire... Mais elle ne pouvait pas y penser, pas toute suite. Il restait l'épreuve du dégoût. Couria l'appréhender beaucoup.

- Tu devras trouver des personnes qui ne ressentent que dégoût l'une pour l'autre, mais elles devront changer de cap et devenir amies.

Sur ces mots Ménuh amena Couria à elle. Impatient de l'avoir près de lui et de la disputée, il lui en voulait tellement ! Elle est la première à laquelle il fait confiance et voilà comment elle le remercie ! En voulant mourir ! Ca non ! Il ne la laisserait pas faire ! Elle sentit sa colère dès qu'elle fut stabilisée, elle la submergea de toute part. Elle était comme dans un étau. Elle se sentait oppressée. 

Tous ses reproches résonnaient en elle sans qu'il est besoin de prononcer un mot.

Couria se sentait coupable, ce qui le calme un peu, elle le laissa accéder à tout ce qu'il lui plairait dans son esprit, et la jeune femme le sentit s'apaiser. Sa présence se fit apaisante et non plus menaçante. Il la soutenait.

Ils n'avaient pas besoin de parler ils étaient connectés, et Couria en profita pour le remercier de l'avoir sauver et de lui avoir montrer que la vie avait encore de l'importance. Elle lui sourit et Ménuh la laissa à son épreuve, se mettant en retrait dans son esprit.

Le dégoût.

Elle alla de continent en continent, mais rien ne semblait être une évidence. Elle était complétement perdue, rien ne lui disait《 vient 》comme elle en avait l'habitude. Elle devait se débrouiller seule ?

Couria alla dans tous les coins, mais elle ne trouvait pas. Elle se sentait impuissante. Elle se dit que quelque chose devait clocher avec elle, Ménuh n'avait aucun problème, donc s'était elle le problème. Quand elle le réalisa elle se rendit compte qu'elle s'était fermée à ses intuitions. Couria se laissa aller à ses sensations retrouvées.

Elle reprit son exploration en étant plus ouverte d'esprit. Ce fut au moment où elle survola l'Antarctique qu'elle trouva l'une des deux parties. C'était comme une évidence, cela la fait sourire. La suite la fit déchanter.

Une jeune femme brisée, par les hommes, par ses parents et par sa tribu. Condamnée par ses pairs, bafouée par sa famille, la jeune femme était seule. Les humains la dégoûtaient à un point inimaginable. Les animaux sont les seuls qui trouvent grâce à ses yeux, eux ne mentent pas. Rien ne semblait pouvoir tarir le flot de dégoût qu'elle éprouvait. Cela n'avait rien à voir avec la haine ou la peur, simplement un dégoût immense et que la jeune femme pensait éternel. Elle aimait le calme et la solitude des glaces qui l'entouraient. Jamais un autre humain qu'elle n'y avait mis les pieds.

Couria savait qu'elle était la candidate idéale, mais même Ménuh semblait douter. Elle n'en tint pas compte. La jeune femme était plus que sûre de son choix, c'était dans son coeur.

Elle parti sur un autre continent, elle ignorait ce qu'elle cherchait, et ça la grisait, elle se sentait vivante. Le portail lui communiquait son plaisir de la voir voyager. Elle adorait cette sensation d'osmose qui régnait entre eux. C'était unique. Elle aurait voulu se laisser porter par cette sensation, mais elle avait une épreuve, la dernière. 

Couria fut bientôt attirée par une autre personne. 

Un vétérinaire, les animaux sont toute sa vie, il n'a pas été brisé, non il est tout simplement réfractaire aux sentiments humains, il les trouvent faux et idiots, dénués d'intérêt. Il a grandi seul, ses parents n'étant jamais là. La seule chose qui lui a permis de vivre c'était un chaton abandonné qu'il avait recueilli et soigné, il avait alors quatorze ans. Il s'était attaché à la boule de poil, et jusqu'à sa mort il n'a compté que sur lui. Ils se comprenaient. Et l'homme comprenait mieux le chat que ses camarades de classes.

Leur dégoût commun les rapprochera. Ils s'apprivoiseront et apprendront l'un de l'autre, ils sont semblables et en même temps si différents. 

Une mission pour recenser les tigres blancs de la région fut organisé. Le jeune homme se porta volontaire. 

Un tigre blessé l'attaqua. Une jeune femme l'aidant à le soigner et le soignant lui aussi. Sans échanger un mot à cause de la barrière de la langue. 

Une tempête de neige, qui les retient prisonniers l'un de l'autre. 

Une obligation de colocation en attendant un temps plus favorable. Obligés de s'apprivoiser, de se comprendre, de vivre ensemble.

Ils ne tombèrent pas amoureux, mais cette parenthèse leur permit de s'ouvrir au monde, un monde qui la terrifiait et qu'il exécrait. 

Couria sourit en laissant une larme lui échappée. 

Elle aimait bien le dégoût finalement.