Chapitre 18
"What we do in life echoes in eternity." – Maximus, Gladiator (2000)
Amiel traversait le couloir, Aella blottie contre lui, son corps fragile enserré dans sa chemise trop grande, un contraste frappant avec la froideur qui émanait de lui. Chaque pas qu’il faisait était mesuré, précis, comme s’il portait un trésor précieux – et pourtant, la tension palpable autour de lui menaçait d’exploser à chaque instant. Leven les attendait, les bras croisés, un regard acéré passant de l’un à l’autre avant de se fixer sur la manière protectrice avec laquelle Amiel tenait Aella. Un froncement de sourcils obscurcit son visage.
— Khays... commença Leven, le ton incertain.
— Ferme-la, mec, coupa Amiel d’un regard glacial. Dis à Steven de nettoyer ce merdier dans la chambre. Maintenant.
Leven hésita, la colère bouillonnant sous sa peau, mais il finit par se détourner, un pas sec résonnant dans le silence de la pièce. Aella observait la scène, silencieuse, avant de pincer légèrement le torse nu d’Amiel pour capter son attention.
— Attends… murmura-t-elle, une pointe d'inquiétude dans la voix. La fête se passe toujours en bas, et je... je ne veux pas qu’on me voie comme ça.
Un sourire en coin étira les lèvres d’Amiel, mi-amusé, mi-sérieux.
— Tu crois vraiment que je laisserais quelqu’un te voir comme ça ? Cette vue, elle est à moi. On passe par derrière.
Aella ouvrit la bouche pour protester, mais un bruit de pas dans le couloir interrompit ses pensées. Mathéo apparut, son visage marqué par un affrontement brutal – une entaille à l’arcade, une coupure à la lèvre, et il se tenait les côtes comme si chaque respiration lui coûtait. Mais ce n’était rien comparé à l’intensité de sa colère et de son inquiétude en apercevant Aella.
— Aella ? Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda-t-il, avançant précipitamment, les yeux cherchant la réponse dans son regard et dans celui d’Amiel.
Avant même qu’il n’ait eu le temps de formuler une autre question, Amiel leva un pied, et d’un mouvement brutal, plaqua Mathéo contre le mur, l’envoyant au sol.
— Amiel ! s’écria Aella, son cœur se serrant à la violence soudaine.
— Reste à ta place, cracha Amiel, sa voix glacée, ses yeux perçant Mathéo d'un dédain manifeste.
Mathéo toussa, tentant de se redresser, mais il s’arrêta net, figé par la tension oppressante qui envahissait l’air autour d’eux. Sans un mot, Amiel se remit en mouvement, continuant sa route vers la sortie, Aella toujours dans ses bras. Elle tourna la tête, contrariée, mais resta silencieuse.
— Tu veux que je te dépose au sol, bébé ? murmura-t-il avec un éclat de provocation dans ses yeux verts. Comme ça, tu pourras répondre à ses questions, peut-être en commençant par ta tenue.
Elle détourna le regard, embarrassée par la chemise qui flottait autour d’elle. Ses lèvres se pincèrent, hésitantes, avant de murmurer :
— Non…
— Sage décision, répondit-il, serrant légèrement son étreinte autour d’elle.
Ils atteignirent la sortie de service, une porte discrète à l’arrière de la villa de Savannah. L’air frais de la nuit les enveloppa, et une voiture noire, élégante, attendait sous la lueur tamisée de la lune. Une Lamborghini Huracán, noir mat, frappante dans sa beauté glaciale.
— Frozen Black Metallic, expliqua Amiel, la fierté éclatant dans sa voix. Luxe, puissance, performance. Elle vaut plus que huit générations de salaires.
Les phares s’allumèrent automatiquement à leur approche, et Amiel ouvrit la portière arrière, déposant Aella sur la banquette en cuir avec une douceur inattendue. Elle se laissa faire, mais un silence lourd s’installa dans l’habitacle. Ses yeux se baissèrent, fixant ses mains qui se tordaient nerveusement autour des manches de la chemise.
— Pourquoi… pourquoi es-tu venu ? demanda-t-elle finalement, brisant le silence.
Amiel lui jeta un coup d’œil rapide avant de fermer la portière.
— Tu m’as appelé, répondit-il d’un ton sec.
— Mais tu aurais pu...
— Ne pas venir ? l’interrompit-il, son ton froid, presque tranchant. Je ne laisserais même pas ma pire ennemie dans cette situation.
Elle cligna des yeux, surprise par la dureté de ses mots. Elle murmura, hésitante :
— Je pensais juste… je pensais que tu te fichais de moi. Tout ce que tu veux, c’est me manipuler, non ?
Il se pencha brusquement au-dessus d’elle, ses poings encadrant son visage. Ses yeux verts brillaient d’une intensité qui la fit frissonner.
— Arrête de dire des conneries, lâcha-t-il d’une voix basse et dangereuse. Tu penses que j’aurais dû le laisser te violer ?
Le mot la frappa comme une gifle, et elle baissa les yeux, le cœur serré, il est vrai que c'est ce qu'il allait faire. La violer.
— Je suis désolée, murmura-t-elle, sa voix presque inaudible.
Un soupir agacé s’échappa d’Amiel. Il la fixa un long moment avant de parler, sa voix plus calme, mais toujours aussi tranchante.
— Ce type n’aurait jamais dû t’approcher. Il le regrettera.
Elle leva les yeux vers lui, un frisson parcourant son dos en voyant la lueur dangereuse qui animait ses yeux.
— Qu’est-ce que tu veux dire ? demanda-t-elle, son regard inquiet.
Il tourna brièvement la tête, ses yeux d’un vert perçant se posant sur elle avec une froideur glaciale.
— Ne t’en fais pas pour ça, répondit-il sèchement.
Elle frissonna encore, mais cette fois-ci, ce n’était pas de peur, mais d’un sentiment d’incompréhension. Il y avait quelque chose en lui qu’elle ne saisissait pas encore.
— Tu veux que je te ramène chez toi ? demanda-t-il après un moment de silence.
Elle hésita, ses doigts tremblant autour des manches de la chemise.
— Non… pas chez moi. Je ne veux pas que mes parents me voient comme ça.
Amiel haussait un sourcil, mais hocha la tête lentement.
— Où veux-tu aller ? demanda-t-il, sans l’ombre d’un jugement.
Aella baissa les yeux, pensant un instant.
— Je… je ne sais pas. Loin d’ici.
Leven réapparut par la sortie de secours, l’air fermé mais tendu. Il jeta un regard furtif à Aella avant de se glisser derrière le volant.
— Khays… murmura-t-il d’un ton mesuré. Peut-être que tu devrais…
Amiel ne prit même pas la peine de le regarder et claqua la portière d’Aella avant de s’installer sur le siège passager avant.
— Conduis, ordonna-t-il froidement.
Leven serra les dents, mais démarra la voiture sans un mot. L’obscurité les engloutit tandis que la voiture s’éloignait. Dans le silence, Aella murmura, sa voix faible, presque incertaine :
— Tu m’emmènes où ?
Amiel tourna les yeux vers elle, son visage impassible, mais une étrange douceur se glissa dans sa voix.
— On part chez moi.
Ses mots avaient une gravité étrange, comme une promesse silencieuse. Aella, malgré son malaise, s’abandonna au confort du siège, sa tête se posant doucement contre l’appui-tête. Peu à peu, la fatigue la submergea, et, pour la première fois depuis l’assaut de cette soirée, elle se laissa aller. Ses paupières se fermèrent lentement, bercées par le ronronnement du moteur.
Une dernière pensée flotta dans son esprit : elle n’avait plus rien à craindre. Du moins… pas de ses ennemis extérieurs à cette voiture.
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