Chapitre 2 : Annonce

James n'avait pu cacher sa joie lorsqu'Elizabeth Farleigh avait accepté de l'épouser. Le jeune homme savait qu'il devrait encore attendre deux ans avant de convoler avec sa promise, mais il se montrerait patient. À présent, dans chaque réception et chaque bal auquel il participerait, il pourrait afficher sa réussite aux yeux de tous.

L'aristocrate n'avait aucun sentiment pour Elizabeth, mais il reconnaissait qu'elle avait déjà l'assurance d'une vraie lady . Son physique, loin d'être désagréable, ajoutait un certain prestige à cette union arrangée.

James quitta le salon, non sans avoir salué à nouveau sa fiancée, puis il se rendit dans le bureau du duc de Hungerford avec son père afin de régler les détails de son mariage.

William Farleigh affichait une mine satisfaite : il n'aurait pu rêver mieux pour sa fille. La fortune des Langsworth était considérable et leur position auprès de la famille royale d'Angleterre, unique. Jamais Elizabeth ne devrait se préoccuper de son avenir.

– Mon cher George, comme je vous le confiais lors de notre dernière rencontre, je souhaite qu'Elizabeth puisse parfaire son éducation avant qu'elle ne rejoigne Sandringham.

– Naturellement. Avez-vous déjà engagé un précepteur ?

– En effet. Il s'agit d'Henry Carsington, le fils du très honorable Edward Carsington. Il a brillamment terminé ses études de droit à Oxford, il y a trois ans.

– N'a-t-il donc pas choisi de suivre les traces de son père au barreau de Londres ?

– Non, effectivement. Mais Henry est un homme très cultivé : il parle plusieurs langues et il a déjà veillé à l'éducation de plusieurs enfants de Lords du très honorable Conseil privé de Sa Majesté . Son parcours et son ascendance font de lui la personne la plus qualifiée pour ce poste.

– Certes. Mais ne doit-il pas épouser la fille du comte de Burpham ?

– Les noces seront célébrées lorsque l'éducation d'Elizabeth sera terminée.

– Vous a-t-il donné sa parole ?

– Pas encore. Il doit venir à Manley Hall cet après-midi. Il a parfaitement conscience de l'importance de la tâche que je lui confie. Il ne peut refuser, il le sait. Ses intérêts personnels ne doivent pas être sa priorité.

James Langsworth écoutait la conversation des deux hommes sans broncher. Il n'appréciait pas l'idée que sa fiancée passe la majeure partie de son temps avec un autre que lui. Mais en apprenant qu'Henry Carsington était déjà engagé, il se détendit.

Cependant, il mûrit dans son esprit un projet qu'il garderait secret, même pour son père. Manley Hall était bien trop éloigné du domaine familial pour qu'il soit soupçonné de quoi que ce soit, mais James savait qu'il devait rester prudent. Sa position d'unique héritier des Langsworth ne lui permettait aucun faux pas. Par chance, il avait développé, dès l'enfance, l'art singulier du mensonge. Il était, de plus, capable de dissimuler ses émotions à la perfection. Ainsi, il était évident pour tous que ses fréquents séjours dans sa seconde résidence de Mayfair, un quartier chic de Londres, étaient liés à la bonne gestion des écuries royales. La réalité était tout autre. Mais James Langsworth mettait un soin tout particulier à sauvegarder les apparences.

Avant de quitter Manley Hall, l'aristocrate, accompagné de son père, prit la peine de venir saluer Elizabeth et Arabella Farleigh. Son regard de braise chercha celui de la jeune fille et il fut satisfait de déceler un certain trouble dans ses yeux. James savait qu'il était apprécié de la gent féminine et il usait souvent de son pouvoir de séduction pour conclure quelques affaires importantes.

Contrairement à sa fiancée, il avait découvert les plaisirs de la chair plusieurs années auparavant et, en discutant avec William Farleigh, il comprit qu'Elizabeth, bien que très instruite, était terriblement naïve. James savait qu'il pourrait ainsi la manipuler au gré de ses envies. Sa seule inquiétude provenait de son futur beau-père, réputé sans langue de bois et intransigeant.

Le duc de Hungerford était, en effet, un homme respecté de la pairie anglaise. Brillant politicien, il s'était marié avec Arabella Lamerton, fille unique de John Charles Lamerton, un proche ami du gouverneur général des Indes. La fortune, déjà conséquente des Farleigh, était assurée. Bien que l'union ait été arrangée, William adorait son épouse, de neuf ans sa cadette. Homme de parole, il n'avait jamais trompé Arabella.

Elizabeth avait grandi avec cette image du couple parfait formé par ses parents, mais elle était très loin de représenter la société anglaise. La jeune fille ignorait que la plupart des aristocrates n'étaient pas des modèles de fidélité comme son père.

Sa mère, n'ayant jamais douté de son époux, n'avait pas pris la peine de révéler dans quel monde féroce Elizabeth s'apprêtait à entrer. Par ailleurs, William Farleigh s'était renseigné sur son futur gendre avec discrétion, mais rien de compromettant ne ressortait au sujet de James Langsworth. Il ne semblait pas suivre les traces de son père qui avait eu plusieurs maîtresses et deux enfants illégitimes.

Après le départ de son fiancé, Elizabeth resta pensive quelques instants.

— Aurais-tu quelques regrets ?

La jeune fille dévisagea Arabella d'un air apaisant :

— Oh non, Mère, ne vous inquiétez pas. Je me demandais simplement pourquoi attendre deux ans.

— Lorsqu'il est apparu que James Langsworth souhaitait s'unir à toi, ton père a émis le vœu que tu termines ton éducation avant les noces. Les Langsworth fréquentent la famille royale. Tu ne peux te présenter à une réception à Buckingham Palace sans maîtriser certains sujets.

— Que voulez-vous dire ?

— Il te faudra démontrer que tu n'ignores rien de l'histoire de notre pays et que tu as une parfaite connaissance de la littérature anglaise. Ton père a choisi le précepteur le plus réputé de Londres, pour que tu puisses faire une entrée remarquée dans la société. Bien entendu, Mary et Augusta assisteront à toutes tes leçons. Bien que monsieur Carsington soit engagé depuis longtemps, il ne serait pas convenable de te laisser seule avec lui.

— Engagé ? Vous voulez dire que... je croyais qu'il aurait l'âge de Père !

— Nous désirions que tu bénéficies du meilleur enseignement possible. La notoriété de ton nouveau professeur n'est plus à faire. Sa jeunesse, toute relative, puisqu'il a dix ans de plus que toi, ne représente pas un danger pour ton père. Tout au contraire, tu n'es pas la première demoiselle dont il s'occupe et personne n'a eu à lui reprocher le moindre écart de conduite.

Le repas servi par la domestique interrompit leur conversation. Dans la vaste salle à manger du manoir, Elizabeth retrouva son père avec bonheur.

Ce dernier était plongé dans la relecture attentive du contrat qu'il avait signé conjointement avec George Langsworth. Lorsqu'il vit sa benjamine entrer dans la pièce, le visage de William Farleigh s'éclaira. Elizabeth était le rayon de soleil de Manley Hall. Certes, son fort caractère avait dérouté bien des gouvernantes, mais c'était aussi une délicieuse jeune fille avide d'apprendre. Le duc de Hungerford était convaincu qu'Elizabeth serait admirée et enviée lorsqu'elle paraîtrait au bras de James.



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L'attente fut longue mais comme je l'ai indiqué, je prends beaucoup de temps pour corriger les différentes chapitres. Celui-ci étant à présent posté dans son intégralité sur Instagram, je vous le publie donc ici également.

Parlons de James Langsworth : pas net le gars vous ne trouvez pas ?

Que pensez-vous de lui ? Qu'imaginez-vous à son sujet ?

En tout cas il semble ne pas apprécier le choix du père d'Elizabeth concernant son futur précepteur...

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