Chapitre 45 : Emery !

PDV Cassiopée

Je me réveille brusquement, mon corps tremblant, mes oreilles bourdonnantes. La douleur parcourt mon corps. La dernière chose dont je me souviens, c'est le bruit assourdissant de l'explosion, une lumière aveuglante, puis le noir. Je cligne des yeux, essayant de chasser les taches floues qui dansent devant mes yeux. Ma tête me fait mal, une douleur sourde et lancinante qui pulse au rythme de mon cœur. Je peux sentir le goût du sang dans ma bouche. Tout bouge au ralenti autour de moi, les mouvements, les sons. Je me sens étouffée par l'ambiance. Je tente de me lever, mais mes jambes refusent de me porter. Je suis allongé sur le sol, les débris de l'explosion éparpillés autour de moi. Je peux sentir la chaleur résiduelle de l'explosion sur ma peau, et l'odeur de la fumée et de la poudre brûlée emplit mes narines. Les combats font rage autour de moi. On se bat avec une sauvagerie inhabituelle. Je touche mon visage, sentant les égratignures et les coupures laissées par les éclats de l'explosion. Ces dernières me piquent. Mon corps est douloureux, chaque mouvement envoie des vagues de douleur à travers moi, un lourd rappel. Malgré tout, je suis en vie. Je suis en vie, et c'est tout ce qui compte pour le moment. Avec un effort, je commence à me traîner hors de la zone de l'explosion, chaque mouvement un rappel de ce que j'ai survécu. Il ne faudrait pas grand-chose pour m'assassiner.

Les bruits deviennent fluides de nouveau. Je ressens la violence du moment.

-ORALIE ! hurle Kenric.

Mon regard se porte sur lui, je vois le désespoir dans son regard. La peur, la rage, aussi, l'accompagnent ! Je vis alors Oralie s'écrouler au sol. Je suis plus proche d'elle. Une force motrice me donne la force de me lever et de courir aussi vite que je peux auprès de mon ami, je me transforme en un bête gigantesque et me jette sur Gethen qui contemplait son œuvre avec un grand sourire plaqué sur le visage. Il ne s'y attendait pas. Je lui assène un coup de patte. Mes griffes plongèrent dans sa chair, il fut instantanément défiguré par la violence de mon geste. Il hurla de douleur avant de s'effondrer littéralement au sol. Il est hors d'état de nuire. Je me fiche éperdument de savoir s'il est encore en vie. Je me précipite alors vers Oralie, reprenant ma forme. Toutes mes transformations m'ont pris de l'énergie. Je suis épuisée.

-Oralie ! Tu m'entends ? Je prends son pouls. . . Oh mon dieu il est si faible. Je déchire ma cape et fait un pansement autour de son corps. Je serre au maximum le tissu, tout en lui permettant de respirer. Je dois arrêter le sang. Si elle en perd plus, elle va succomber. Je peux constater qu'elle s'accroche à la vie, qu'elle lutte. Mais ça va être loin de suffire.Mes mains tremblent alors que je m'efforce de stabiliser Oralie. La peur et le désespoir me submergent, mais je dois rester forte. Pour elle. Kenric se précipite vers nous.

-Oralie !

Il s'agenouille à ses côtés, ses doigts glissant sur le visage d'Oralie. Je sais que je ne peux pas la retirer. Pas ici. Pas sans risquer plus de dégâts. Alors je fais ce que je peux. Je presse un morceau de tissu contre la plaie, essayant d'arrêter le flot de sang. Elle regagne un peu conscience. Ses yeux sont vitreux, sa respiration saccadée.

Kenric lui parle doucement, essayant de la garder consciente.

-Reste avec moi, je suis désolé Ora.. .

Je peux sentir son pouls faiblir sous mes doigts. Non. On ne peut pas la laisser partir. Pas comme ça. Pas maintenant. Ses yeux se ferment à nouveau.

-Kenric, on doit la sortir d'ici au plus vite.

-Comment ils bloquent toutes les issues.

-On va trouver. On doit à tout prix l'emmener à un médecin.

Kenric prend Oralie délicatement dans ses bras. J'ouvre le chemin. Le champ de bataille est un chaos de bruit et de confusion, mais nous n'avons que d'intérêt que pour Oralie blessée dans les bras de celui qu'elle a tant attendue. Nous nous déplaçons avec une détermination farouche, ignorant les cris et les explosions qui résonnent autour d'eux. Nous avançons lentement mais sûrement à travers le champ de bataille, esquivant les débris et évitant les combats autant que possible. Chaque pas les rapproche de la sécurité, mais le danger est toujours présent. Le monde autour de moi est un tourbillon de chaos. Les cris de guerre, les explosions, le fracas des armes... tout cela semble lointain, comme si j'étais sous l'eau. Je suis au milieu d'une bataille, mais je me sens déconnectée, incapable de me concentrer, incapable de me préparer à combattre, je dois trouver le moyen de sortir Oralie, d'ici et au plus vite. On arrive proche de la sortie quand soudain, une voix perce le brouillard dans mon esprit. Quelqu'un crie, me met en garde.

-CASSIOPEE !

Je tourne la tête, juste à temps pour voir un invisible. Il a quelque chose dans la main - des hydrombres se forment autour de cette dernière. Mon cœur se serre de terreur, mais mon corps refuse de bouger. J'en suis bien incapable. Kenric a pu fuire avec Oralie, la seule chose qui me rassure. Tout se passa si vite. Je ne comprends pas tout de suite ce qu'il se passe. Quelqu'un me pousse, se jetant devant moi, faisant bouclier de son corps. Les hydrombres le frappent, le traversent, et il s'effondre.

Je crie, mais le son est étouffé par le vacarme de la bataille.

-Emery ! criais-je de terreur. Je me précipite vers lui. Je tombe à genoux à côté de lui, les mains tremblantes. Il est là, allongé sur le sol, les yeux mi-clos. Il est blessé, mourant. Et tout ce que je peux faire, c'est regarder, impuissante, alors que la vie quitte lentement son corps.

La guerre continue autour de nous, mais pour moi, le monde s'est arrêté sur ce fragment de seconde. Tout ce qui compte, c'est l'homme qui gît devant moi, l'homme qui a donné sa vie pour me sauver. Fintan court vers nous. Il se dresse devant nous près à affronter l'invisible. Il dresse un mur de flamme

-Emery ! J'essaie de le réveiller. Je t'en prie.

Les larmes me viennent. Il entrouvre les yeux.

-Cassie. ..

D'une main tremblante, ses doigts effleurèrent ma joue récupérant une larme.

-S'il te plaît ne pleure pas. . .Murmure t-il dans un immense effort.

-Epargne tes forces, Emery, on va te sauver.

-C'est trop tard.

-Non ! Ne dis pas ça, ce n'est pas encore trop tard. .

Il prend ma main.

-Cassie... S'il te plaît écoute moi...

-Je suis là. . .

-Je suis désolé. .. Pour tout. Pour tout ce que je t'ai fait subir. Cassiopée. .. Tu as été la lumière de ma vie, mais je n'ai pas été digne de toi.. . .J'ai été égoïste. J'ai. ..

-C'est du passé Emery, je t'ai dit que je t'ai déjà pardonné. Je caresse doucement son front. Je perçois dans ses yeux une immense douleur. Les monstres s'agitent en lui et son entrain de le tuer.

- Je t'aime tellement Cassiopée. . . Mon plus grand regret c'est de t'avoir laissé...

- Emery. . . Les larmes redoublent sur mon visage, mon cœur vacille de mal être.

-S'il te plaît Cassie... Laisse-moi voir ton beau sourire.

Il me faut un grand effort pour accomplir sa dernière volonté.

-Tu es si belle.. .

Ses yeux se sont fixés sur mon visage. Je tente de chercher désespérément un signe de vie, de le ramener à la vie. Mes mains tremblantes caressant doucement ses cheveux ébouriffés, comme si ce simple geste pouvait effacer la réalité cruelle qui se déroule devant moi. La lueur vacillante du feu produit par Fintan pour me protéger éclaire son visage. Je sens le rythme cardiaque d'Emery ralentir sous ma main, chaque battement devenant plus faible que le précédent. Une larme solitaire coule sur ma joue, tombant silencieusement sur son visage. Je ferme les yeux.

-Emery ! criais-je, mais il ne répond pas. Son corps devient de plus en plus lourd dans mes bras, et je réalise avec horreur qu'il est parti. Un sanglot m'échappe. Je caresse sa joue et vient fermer ses yeux. Je n'ai rien pu faire. . . C'est à cause de moi , j'aurais dû être plus vigilante.

La réalité de la situation s'installe lentement.

J'ai mal.

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