Chapitre 2. Tout ira bien

Alizé

Je n'ose pas y croire ! Est-ce que je suis en train de rêver ? Je relis plusieurs fois le message que vient de m'envoyer Mathilde avant de me convaincre que non, je ne rêve pas et qu'elle vient bien de m'inviter à passer l'été avec elle chez ses cousins qui habitent en Italie.

Je suis déjà en train de mentalement faire la liste de toutes les tenues que je dois apporter quand quelque chose ou plutôt quelqu'un me coupe dans mon élan : mes parents. Il faut que je leur demande la permission et ce n'est pas sûr qu'ils acceptent.

Je dévale les escaliers, mon téléphone à la main comme preuve et préparant dès lors mes arguments qui, j'en suis sûre, seront imparables.

- Maman ? Papa ? Puis-je passer les vacances avec Manon chez ses cousins ?

Peut-être que l'effet de surprise leur fera accepter.

Ma mère sortit son nez d'une bande-dessiné qu'elle était en train de lire et me dit clairement :

- Non.

Ah. Bon. Changeons de méthode.

- Papa ?

Mon père regarda ma mère comme pour la consulter du regard et ils eurent une longue discussion les yeux dans les yeux avant qu'il me réponde.

- Nous pourrions peut-être avoir plus de précision, me demanda-t-il en attendant sûrement que je lui montre le message que ma meilleure amie m'avait envoyé. Le petit problème était que ce dernier disait simplement et clairement : Tu veux venir avec moi chez mes cousins cet été ? Ils habitent en Italie, grande maison, plage et tout ça... (Tu n'as pas le choix au fait ;)

Je leur rapportais donc les maigres détails que Mathilde m'avait fourni mais bizarrement ils semblaient tout autant dubitatif.

- S'il vous plaît, j'ai eu de très bonnes notes cette année et je ne me suis même pas faite coller alors que je suis au lycée ! S'il vous plaît, il y aura l'oncle et tante de Mathilde et ses cousins qui sont apparemment très gentil. Tout ira bien...

Après mainte et mainte discussions et compromis, le verdict tomba : je pouvais y aller !

Je passai donc le reste de la soirée au téléphone avec Mathilde pour avoir plus d'informations et je préparai ma valise en même temps, sous les soupirs de cette dernière qui se plaignait que j'emportais toujours trop d'habits.

- Mon cousin n'est même pas si beau que ça donc pas besoin de prendre des vêtements pour ça, railla-t-elle.

Mes joues s'empourprèrent sans que je le veuille et je béni le fait qu'on soit au téléphone et non face à face.

- Je prends les affaires que je veux et pour qui je veux, c'est-à-dire moi-même, clôturai-je la discussion sur ces belles paroles.

On continua de parler pendant quelques temps et elle m'apprit que l'on partait dans trois jours, ce qui lui valut quelques protestations de ma part ; sur pourquoi est-ce que l'on n'aurait pas pu partir dès demain ? Mais je souriais, comment ne pas sourire ?

Mon sourire s'évapora bien vite quand une personne indéterminée entra dans ma chambre par infraction tenant un nerf par la main. Comme toute grande sœur qui se respecte, je sorti mon propre nerf qui était sous mon lit et commença une bataille sans pitié où les liens du sang n'existaient plus. Je gagnai bien évidement et on se retrouva au sol, moi sur lui ma main sur sa poitrine et lui gigotant pour essayer de s'extraire. Il abandonna bien vite la partie et resta là pour me poser sa question qui le taraudait.

- Tu vas t'en aller ? Me demanda-t-il d'une petite voix.

Je souris, attendri.

- Juste pour les vacances d'été, tu verras ça passera vite et comme ça tu seras tranquille sans moi, juste avec papa et maman, le rassurais-je.

Il me regarda en se mordant la lèvre pas sûr d'être si content que je parte. Pour le réconforter, je passa la soirée avec lui à regarder des dessins-animé et manger des popcorns.

Le lendemain ma valise était prête, avait été vérifié trois fois : deux fois par moi et une fois par ma mère et je passai mon temps à vérifier mon portable pour être sûr que Manon ne m'a pas envoyé de message me disant que l'on partait finalement aujourd'hui.

Alors que je me demandais pour la cinquième fois si j'avais pris assez de maillot de bain quelqu'un toqua à ma porte.

- Entrez !

Ce fut mon père qui poussa la porte l'air un peu gêné et s'assit sur mon lit.

- Ça va ? Tu as besoin d'aide pour ta valise ? Me demanda-t-il.

Je fronçai les sourcils, interloquée ; ma valise était fermée et prête juste sous ses yeux.
Je le rejoignis sur le lit me demandant ce qu'il me voulait.

- Papa, tout va bien ?

- Oui, j'aimerai te parler...sur ce qui pourrait se passer cet été...

Mes joues devinrent rouge écrevisse : on n'allait quand même pas avoir LA discussion maintenant.

- Papa...écoute...si c'est pour me parler de...

Mais il me coupa dans mon élan.

- Non, non ce n'est pas de ça dont j'aimerai te parler, je sais que ta mère s'en est déjà chargé. Non, j'aimerai te parler de ton cœur.

- Mon cœur ? Lui demandai-je totalement perdue.

- Oui, cet été tu vas sûrement rencontrer des gens qui te plairont et d'autres moins...

- Papa...le coupai-je confuse, ne sachant pas très bien où il voulait en venir.

- Non, écoute-moi, tu as 16 ans et ce sera tout à fait normal que tu rencontres quelqu'un que tu aimeras un peu plus que bien. Et cela te fera peut-être peur de ressentir autant de chose mais ne te ferme pas aux autres ma chérie, accepte d'avoir tous ces sentiments, ok ?

- Mais si ça n'en vaut pas la peine ? Lui demandai-je d'une petite voix.

- Ça tu ne peux pas le savoir avant mais le plus souvent aimer en vaut la peine, me répondit-il avec un petit sourire.

Je me souviens que Manon m'a dit un jour que pour pouvoir voir l'arc-en-ciel il fallait endurer la pluie. Je lui avais dit que c'était de belles conneries, que parfois l'arc-en-ciel n'en valait pas la peine.

Je souris à mon père qui, s'en vraiment le savoir a trouvé les mots justes pour calmer cette question qui prenait beaucoup trop de place en moi.

- Merci papa mais ne t'inquiète pas ; tout ira bien.

Il m'embrasse sur le front et se leva pour partir.

- Je ne m'inquiète pas, profite bien de cet été c'est tout.

J'allais profiter, ça papa, tu pouvais en être sûr, mais allais-je réussir à ouvrir mon cœur que j'avais appris à fermer à double tour ?

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