Chapitre 4



- Comme je l'ai dit à vos collègues. J'ai vu un type qui portait un sweat noir et qui rodait aux alentours de la forêt hier matin, commença Eren d'un haussement des épaules. Je n'ai pas vu son visage.

- Quelle heure ? demanda Annie en scrutant son interlocuteur pour tenter de discerner toutes traces de mensonge.

- Je ne sais pas, je dirai 7 heures, réfléchit ce dernier.

- Que faisiez-vous à cette heure ?

Armin jeta un coup d'œil au commandant qui enchaînait les questions. Une technique assez utilisée pour tenter de déstabiliser le suspect. Annie semblait très douée dans ce domaine.

- Je me préparais pour aller au travail.

- Dans quoi travaillez-vous ?

- Chauffeur de taxi, répondit le brun d'un ton calme.

- Où étiez-vous hier soir ?

Eren fronça des sourcils et jeta un coup d'œil à Armin avant de revenir vers le commandant qui le scrutait toujours de ses yeux bleus. Ce regard lui provoqua des sueurs froides dans son dos et ses mains devinrent moites. Annie le remarqua.

- Vous me soupçonnez ?

- Tout le monde est suspect tant que nous n'avions pas mis la main sur le tueur. Je vous prie de répondre à mes questions, dit-elle d'un ton posé.

- Chez moi devant la télévision.

- Pas de témoin ?

- Mon poisson rouge.

Armin jeta un rapide coup d'œil à Annie afin d'analyser sa réaction face à cette réponse déplacée mais elle restait de marbre.

- Quelle chaîne de télévision regardiez-vous ?

- Sérieusement ? ricana ce dernier. C'est quoi ça ?

- M.Kruger. Si vous ne répondez pas à ma question, je vous embarque pour refus de coopération avec la police, répondit-elle froidement. Je me ferai un plaisir de vous passer les menottes et de vous mettre derrière les barreaux afin que vous réfléchissiez à votre comportement. Une femme a été assassinée et violée. C'est un jeu pour vous ?

- Je ne sais plus, une série policière sur la 2, soupira le brun d'un haussement des épaules. Je me suis endormi avant la fin.

- Quelle heure ?

Il leva les yeux au ciel.

- 22 heures, environ...

La blonde nota les informations dans sa tête et jeta un coup d'œil autour d'elle. Son salon était neutre et mort. Peu de meuble et aucune plante vivante. C'était triste. Il vivait seul. Elle détailla le visage de l'homme qui avait à peu près son âge. Brun avec des cheveux attachés en queue de cheval. Quelques mèches tombaient sur son front et il avait des yeux d'un vert impressionnant et brillant. Un homme charmant physiquement mais dont le comportement l'énervait plus qu'autre chose.

Une fois que la porte se referma, Armin contempla la forêt qui se dressait derrière eux. Un endroit parfait pour les balades familiales, transformé en une scène de crime.

- Ça vous dit qu'on aille manger quelque chose ? proposa Armin en regardant l'heure. Vous n'avez rien mangé depuis cette nuit il me semble.

Elle ne pouvait nier les gargouillements de son estomac et accepta. Ils s'achetèrent un sandwich et le grignotèrent à une table tout en discutant des avancées de l'enquête. Pendant ce court repas, Annie en profita pour remettre ses idées en place. Le tueur marchait dans les pas de l'étrangleur. Un fan qui souhaitait que le monde se rappelle de cet homme qu'elle avait abattu froidement. Annie avait la sensation et surtout un mauvais pressentiment sur cette enquête.

- Il neige, sourit Armin.

Le commandant releva la tête et aperçut des flocons de neige se déposer sur son sandwich et ses mains.

- Dites, vous êtes française ? ajouta le détective en se tournant vers elle.

- Non, je suis née en Russie.

- Je me disais bien que vous aviez un petit accent. Vous parlez drôlement bien notre langue.

- Mon père adoptif est français, répondit simplement Annie en croquant dans le pain.

Le jeune homme l'observa avant de reporter son attention sur le paysage hivernale qu'offrait la ville. Le centre-ville n'était pas très attractif et peu de monde s'y baladait. Annie baissa ses yeux vers son bloc-notes qu'elle sortit et regarda la rose blanche qu'elle avait dessiné.

- Pourquoi a-t-il choisi une rose blanche ? Seulement pour punir les femmes n'ayant pas eu de relation sexuelle ?

- Il y a ça d'après nos analyses mais je suis certaine qu'il y a autre chose, répondit cette dernière.

- La rose blanche est souvent présente dans les cimetières, commença Armin en jetant l'emballage dans la poubelle à sa droite. Elle représente le paradis.

Annie redressa sa tête vers lui.

- Le tueur aurait un attachement pour ses victimes en leur offrant une rose comme chemin vers le paradis ? C'est idiot, répliqua le commandant.

- Vous savez, les premières victimes des tueurs sont souvent celles auxquelles ils sont le plus attachés. Car elles sont les premières fois. Leurs premières fois et les premières fois, ça ne s'oublie pas. Les tueurs en série éprouvent un désir puissant voire sexuel quand ils tuent. Souvent, ils gardent un objet...

- Je connais mon métier, répliqua-t-elle, vexée et énervée. Vous ne m'appreniez rien actuellement.

- Vous n'aimez pas vraiment travailler en équipe ?

- C'est un interrogatoire là ?

Il sourit.

- Nous faisons une équipe. Vous avez ma confiance et j'espère que c'est réciproque.

Elle l'observa et lui répondit d'un battement de cils avant de contempler le paysage qui se faisait bercer par la neige. Le silence se brisa lorsque son portable sonna : la légiste.

- Commandant... J'ai trouvé quelque chose sur la victime, commença Zoe avec une voix peu rassurante.

- Qu'y a-t-il ? demanda Annie avec un froncement des sourcils.

- Elle est marquée comme du bétail, Commandant. Elle possède une trace dans son dos : un pentacle.

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