Tirant le frein à main, Annie sortit de son véhicule avant de claquer la portière. Armin regardait la maison des Braus qui se trouvait au bord de la mer. Le fond était frais et le blond cacha son nez dans le col de son écharpe avant de suivre le Commandant. D'après la météo, les premiers flocons allaient tomber dans la nuit et il avait hâte. Théo sera très content d'aller gambader dans la neige. Il espérait avoir un peu de temps malgré la lourde enquête qui l'attendait.

Toquant à la porte, la blonde recula et regarda un peu atour d'elle. C'était une maison de pierres qui se trouvait au bord de la mer, entourée de végétation. Un parfait endroit quand on n'aimait pas la population et la pollution.

- Oui ? demanda une dame en ouvrant la porte.

Elle était habillée d'un sous-pull rose avec un tablier et un jean. Elle semblait en pleine préparation d'un repas vu les quelques tâches de pâtisserie, plaquées sur son tablier. Annie remarqua également le regard troublé quand elle aperçut le détective à ses côtés.

- Commandant Leonhart, dit Annie en montrant son badge. Pouvons-nous entrer s'il vous plaît ?

- Oui, oui entrez je vous en prie, répondit Madame Braus avec innocence.

Armin la salua d'un geste amical et entra avant de s'installer avec le Comandant dans le canapé.

- Vous voulez du thé ?

- Non merci. Votre mari est-il ici ?

- Non, il est en train de travailler, répondit-elle en s'installant en face d'eux, dans un siège. Que se passe-t-il ? C'est Sasha ? Vous l'avez retrouvé ?

Armin et Annie s'échangèrent un regard.

- Je suis désolé. Nous avons retrouvé votre fille sans vie, hier dans la nuit, annonça le détective en joignant ses mains sur ses genoux.

Elle eut un recul puis elle se mit à pleurer de toutes les larmes de son corps. Annie hocha la tête afin qu'elle puisse aller chercher un mouchoir et revint quelques minutes après. Essuyant ses yeux fatigués et marqués par la fatigue, la vieille femme releva difficilement la tête pour croiser leurs regards.

Annie comprit la question qui la démangeait : comment est-elle morte ?

- Elle a été affreusement mutilée, commença Annie avec un ton professionnel. Elle a souffert avant d'être tuée par étranglement. Et... Elle a été également violée.

Armin baissa la tête vers ses genoux en entendant un nouveau reniflement de la vielle dame.

- L'autopsie a révélé qu'elle a été droguée avec un somnifère. La légiste a retrouvé plusieurs grammes de ce médicament dans son estomac. Le tueur a sûrement dû la droguer à plusieurs reprises afin de procéder à ces nombreux sévices. Si vous vous rappelez de l'affaire de l'étrangleur, Sasha a été tuée dans les mêmes circonstance. Il semblerait que le motif de sa mort soit le fait qu'elle soit vierge. Ce serait une sorte de punition.

- Ce monde est malade, marmonna-t-elle. Elle était mon oxygène.

Elle était son oxygène et avait été étranglée. Annie serra sa mâchoire, tentant de refouler ses émotions le plus loin possible.

- Sasha est une fille adorable comme je l'ai dit au détective Arlert. Toujours joyeuse et aimante. En effet, elle n'avait jamais eu de relations sexuelles, aucun compagnon... Mais... La tuer pour ça... Vous avez une piste ?

- Nous y travaillons, reprit le Commandant d'une voix déterminée. J'aimerai que vous me racontiez à nouveau, les derniers jours qui précèdent la disparition de Sasha.

La vielle dame replongea dans ses souvenirs et lui dévoila exactement ce que le détective lui avait raconté. Annie aurait espéré qu'un souvenir serait revenu entre temps mais rien. Elle réussit cependant à avoir le double des clés de l'appartement de Sasha afin de faire une nouvelle perquisition.

- Sasha est une belle personne que j'aimerai éternellement et j'irais la retrouver un jour, termina la mère.

Armin et Annie hochèrent la tête, la mâchoire serrée.

- Retrouvez ce monstre.

- On vous le promet, salua Armin.

*

Les vagues s'écrasèrent sur la plage sous le regard brumeux d'Armin. Il était assis dans le sable, silencieux, les genoux repliés contre lui avec les bras posés dessus. Il sentit le Commandant s'arrêter derrière lui mais elle ne dit absolument rien. Il l'imaginait en train de contempler la beauté de la mer malgré le grand froid.

- Ça va aller ? demanda Annie.

Armin fut surpris de cette tendresse dans sa voix. C'était bien la première fois qu'elle semblait douce. De toute façon, il était sûr que derrière l'image d'une femme froide au caractère bien trempé, se cachait quelqu'un de tendre et en manque d'affection. Il lisait tout cela dans ses yeux.

- J'ai promis de ramener leur fille vivante, souffla le blond en regardant l'océan.

- C'est le risque du métier, répondit simplement Annie en s'installant à ses côtés.

- J'étais dans la police avant.

La blonde tourna sa tête vers lui.

- Lieutenant. J'étais sur une enquête où une enfant de 4 ans était portée disparue. Nous l'avons retrouvé battue, violée et démembrée. C'était le frère de son père, le tueur. Cette enquête m'a brisé car j'ai un petit garçon du même âge maintenant.

Annie cligna des yeux, surprise. Il était père ?

- J'ai quitté la police pour réfléchir. Puis... J'ai décidé de devenir détective privée car je ne peux pas m'empêcher de rester là à rien faire. J'ai besoin d'aider.

- Comment s'appelle votre fils ? demanda Annie afin de changer de sujet.

Il retrouva rapidement le sourire.

- Théo. Passionné par les livres. A croire qu'il tient de moi. Un garçon toujours heureux mais très calme à son âge. Mais j'ai peur de ne pas être assez présent pour lui comme je suis barré à droite à gauche. Il est chez une nounou la plupart du temps.

- Il n'a pas de mère ?

- Décédée.

Merde, elle aurait dû se taire.

- Un jour, elle a disparu sans me prévenir. Puis, un an après, elle est revenue et m'a déposé notre fils. Je ne savais même pas qu'elle était enceinte. Puis, elle est repartie, me laissant un enfant. Quelques années après, j'ai appris qu'elle était décédée.

Annie posa une main dans son dos avant de le frotter.

- Et vous ?

Elle fut prise au dépourvut et retira sa main avant de la reposer sur ses genoux.

- J'ai un chat.

- Ce n'est pas trop mal, ricana le blond en parcourant l'étendue d'eau qui se dessinait sous leurs yeux.

- C'est moins stressant. Puis, c'est moins cher.

La vie de famille n'avait jamais été favorable à Annie. Sa mère était infirmière et avait rencontré son père durant ses études. Il était bel homme, des yeux de couleur bleu clair et des cheveux blonds. Aux premiers abords, il semblait très gentil, bienveillant et était assez timide. Quand elle était tombée enceinte, il avait commencé à la frapper et l'avait forcé à avorter. Malgré la violence inouïe qui rongeait le couple, Annie entendait sa mère lui murmurer des mots doux. Mais à sa naissance, elle fut abandonnée. C'était un homme d'une quarantaine d'années qui l'avait accueilli et élevé comme si elle était sa fille. Il avait été le seul à lui porter l'affection dont elle n'avait jamais eu.

Cependant Annie se demandait si sa mère était encore vivante. Peut-être qu'un jour, elle la reverrait par hasard dans la rue. Elles se regarderont et courront l'une vers l'autre pour se serrer. Elle y croyait.

Un téléphone sonna et la blonde sortit de ses douloureux souvenirs. Plongeant rapidement sa main dans sa poche, elle décrocha.

- On a un témoin, lâcha Reiner.