Chapitre 4
Bonjour à tous! Excusez mon retard, je sais que j'ai mis une plombe à publier la suite, mais avec les corrections, etc. J'ai été déconcentrée lol Voilà pour me rattraper, la suite des aventures d'Alizée et son voisin casse-.... :p
***
Vendredi, après ses heures de labeur, Galati débarque chez moi, anxieuse. Comme à l'habitude, elle n'apprécie pas que je sois encore en pyjama pilou à dix-sept heures, et à nouveau, je lui réponds que je n'aime pas l'idée de salir mes vêtements alors que je ne sors pas. Que ça ferait davantage de lessives. Une végétarienne écolo comme elle devrait comprendre, bon sang !
— Bon ! Je crois que j'abandonne le dossier Milo. Il est indéchiffrable ! se plaint-elle en s'affalant derrière mon bureau.
Vampyr, qui somnolait sur mon ordinateur éteint, tressaute avant de courir dans mes bras. Tapette... C'est ça, quand on leur coupe les coucougnettes !
— J'avais l'impression que tu lui plaisais. C'est quoi, son problème ?
Elle soupire, triture mes stylos pendant que je nous prépare un café.
— Je le pensais aussi. Mais si on passe beaucoup de temps à discuter par messages, il ne m'a jamais proposé de rancard. Quand je le lui suggère, il me répond qu'il est crevé ou qu'il est en famille.
— Mouais. Ça pue...
Aurait-on coupé les coucougnettes de Milo ?
— Pourtant, c'est lui qui commence toutes nos conversations. Ce n'est pas comme s'il ne m'appréciait pas. Sauf que j'en ai marre de me prendre la tête avec des questions. Mon envie de le voir est trop forte, ça me tue.
Ma copine semble sacrément mordue, en réalité. Avec ses parents retournés en Grèce pour leur retraite, ses frères et sœurs dispersés aux quatre coins de la France, nos amies qui ont chacune leur vie, son boulot et l'écriture, son quotidien n'est pas terrible, ces derniers mois. Les possibilités de rencontrer un homme qui lui plaît également. Alors, laisser tomber le cas « Milo » me paraît précipité !
Je lui sers sa tasse, m'empare ensuite de mon cellulaire.
— Regarde, ça, Gala ! Il me semblait bien avoir vu quelque chose là-dessus, ce matin.
Elle s'approche, tandis que je fais défiler les statuts Facebook d'Ervin.
— Ils sortent entre potes au Bloodybar, ce soir.
L'information fait son chemin dans son esprit.
— Je ne savais pas que tu étais amie avec Ervin sur Facebook, m'apostrophe-t-elle.
— Tu plaisantes ! Je ne le suis pas.
Elle hausse un sourcil, lorgne l'écran de mon téléphone, revient à moi, une fâcheuse étincelle dans les yeux.
— Alors... Si t'étais au courant pour leur sortie, c'est que tu t'es rendue sur son profil pour le stalker !!
La bouche en rond, je cherche comment me défendre, tandis qu'elle s'extasie, mains sur les joues.
— Oh, mon Dieu ! Il te plaît ! Ervin te plaît ! UN HOMME te plaît !
— Jamais de la vie ! rétorqué-je, véhémente.
Elle se lève sans prévenir, se rue dans ma chambre à coucher, glapissant de sa petite voix aiguë.
— Gala ! Où est-ce que tu vas ? m'encours-je derrière elle.
— Trouver quoi te mettre pour ce soir ! Mais c'est génial, ERVIN TE PLAÎT !
— Continue de répéter cette connerie et je te fous dehors ! vitupéré-je, tandis qu'elle fouille mon armoire.
Même Vampyr miaule son désaccord !
Il ne manquait plus qu'elle se fasse des idées !
— Ne saute pas aux conclusion hâtives, insisté-je devant la robe qu'elle balance sur mon lit. Il m'insupporte, m'empêche d'écrire, et il a un putain de sale caractère !
— Je ne trouve pas, moi ! Et si c'était le cas, pourquoi toi qui ne surfes sur Facebook que pour tes bouquins, t'es retrouvée sur son profil à surveiller son emploi du temps ?
Mais c'est un réquisitoire ou quoi ?!
— Pour savoir s'il me dérangera cette nuit !
Son œil méfiant me soupèse quelques secondes, avant qu'elle ne soupire, puis s'installe sur le bord de mon lit.
J'ai beau dissimuler mes poings serrés derrière mon dos, elle n'est pas dupe.
— Il est canon, je comprendrais, tu sais.
Hors de question qu'elle comprenne quoi que ce soit.
— Il change de partenaire comme de chemise, c'est juste rédhibitoire !
Mon amie hausse les épaules, caresse la robe bordeaux moulante qu'elle a sélectionnée. L'une de celles que je portais encore avant, quand je m'imaginais pouvoir opérer quelque effet sur la gent masculine.
— Admettons que tu ne sois pas intéressée par Ervin. Une part de moi n'a pas envie d'abandonner, pour Milo. Mais j'ai besoin d'un peu de soutien, ma chère meilleure amie... Si tu acceptes de m'accompagner au Bloody, j'ai peut-être une chance d'avoir une réponse à mes questions.
C'est ainsi que Galati m'a, une fois de plus, traînée dans un environnement que j'exècre. User mon cœur en me prenant par les sentiments, c'est une tactique qui fonctionne, parfois...
L'avantage, dans ces bars dansants, c'est l'obscurité qui nous dissimule. J'aurais dû m'en souvenir, avant de me battre avec Gala au sujet de ma garde-robe. Elle a tenu à ce que j'enfile LA robe. Celle qui m'a fracassée, autrefois, laissant une marque indélébile sur mon âme. Grande looseuse que je suis, j'ai abdiqué face à son insupportable insistance. Un âne perdrait la tête devant sa détermination. Elle m'a maquillée, a calamistré mes cheveux pour l'occasion. M'a également dérobé l'une de mes anciennes tenues. Une robe noire à froufrous parsemée de petits cœurs rose bonbon. Avec les escarpins vernis qu'elle porte toujours au boulot, elle ressemble à une lolita.
Usurpatrice ! C'est moi, Alizée !
Dans mon vêtement rouge sombre au décolleté plongeant, moulant mes courbes jusqu'aux genoux, avec de jolies manches en dentelles, j'évolue dans une masse compacte sur les pas de mon amie, verre en main. Nous nous installons au fond de la salle, guettant quelque groupe qui nous serait familier.
— Et si on s'était trompées d'endroit ? se met-elle à angoisser.
Je roule des yeux, aspire mon vodka redbull à la paille. Un morceau commercial rugit dans les enceintes, endiable les corps imbibés sur la piste. J'ai besoin de me détendre. Et s'ils avaient changé d'avis ? Tout au fond, une petite voix enrage à cette idée, alors que ma conscience, elle, l'espère de tout cœur.
— Bon, viens, on va danser ! s'impatiente-t-elle.
Elle se lève, bien que je secoue la tête, m'entraîne dans son sillage sans ménagement.
Quelques regards ont déjà parcouru mon visage. Ils se sont perdus trop longtemps dans mon pauvre décolleté, ont dévalé sans vergogne le reste de mon anatomie.
Je presse les paupières et tente d'en faire abstraction. Je ne les connais pas, je ne les reverrai jamais. Peu m'importe.
Je commence à bouger en rythme. Pas trop fort, sans bousculer personne. Je ne m'écarte pas de Galati, empêche le moindre rapprochement inopportun.
Cet endroit pue... Ma seule envie en cet instant est de mettre les voiles.
Lorsque j'ouvre les yeux, la première image qui s'impose à moi, derrière Galati, est celle d'Ervin, les mains posées sur un joli fessier en mouvement.
Abasourdie, je réalise qu'il m'a vue bien avant. Son regard joueur, son sourire provocateur qui m'est spécialement adressé me camisole. Impossible de m'en défaire, de prévenir mon amie qu'ils sont là, que nous ne nous sommes pas trompées de bar.
Tout à coup, j'ai beaucoup trop chaud. Pendant qu'il palpe cette femme qui m'oppose son dos, les paupières en fentes, se questionnant sans doute sur ma présence en ces lieux, la honte me flingue. Il sait. Il sait que je ne suis pas ici par hasard, cela ne fait aucun doute. Pourquoi mettrais-je les pieds dans un bar, moi, sa voisine rabat-joie recluse dans son appartement ?
— Oh, Milo est là ! s'exclame Gala.
J'avale ma gorgée de travers, crache mes poumons jusqu'à ce que le principal concerné me tapote le dos.
— Hey, tout va bien ? s'inquiète-t-il. Salut, les filles, quelle surprise !
Ce bougre pour qui j'ai failli mourir semble sincèrement ravi. Pas de gêne, rencontrer Galati ne paraît pas l'ennuyer. Excellente nouvelle, je vais pouvoir les abandonner.
C'était sans compter Alix et Lionel, ses deux compagnons de fête, qui me saluent chaudement. Lionel s'est mis sur son trente et un, les cheveux noirs mi-long lui retombant sur les tempes, sa chemise et son jean ajustés sont complètement différents du jogging qu'il portait lors de la pendaison crémaillère. Quant à Alix, il reste fidèle à l'image que j'en ai eue à l'appartement. Une espèce de hippie aux cheveux d'or, aux fringues de chaman et à l'adorable sourire parvenant à défroisser les rides de mon front.
— Je ne savais pas que vous sortiez ici ! lance Milo, qui ne s'est pas départi de ses larges hauts, retombant sur un pantalon très fin, soulignant la minceur de ses jambes.
— Nous non plus, rassure-toi, maugréé-je, une grimace figée sur mes lèvres, pendant qu'Ervin nous rejoint avec sa conquête.
Nous sommes vendredi, c'est son jour de « détente ». Le physique de cette sirène ne laisse aucun doute sur son sort. Peau basanée, longue chevelure d'ébène, corps de déesse et maquillage sophistiqué... Elle criera à travers les murs, elle aussi.
L'irritation me gagne. Frustrée, j'échappe un soupir, cherche à reprendre mon souffle.
Il ne connaît même pas son nom, se contente de la tripoter. Mes yeux sont hypnotisés par ses mains sur ses hanches, par son tee-shirt et son jean tendus par ses muscles.
Tiraillée entre jalousie et répulsion, je m'en veux terriblement de ne pas pouvoir en défaire mon attention.
Ces messieurs nous abreuvent, partent ensuite à la chasse aux donzelles. L'homme à la barbichette, lui, ne quitte pas mon amie d'une semelle. Il a beau la dévorer du regard, il ne lui cède aucun rapprochement. Quel empoté !
Je m'éclipse, retourne m'asseoir à notre place initiale. Cet endroit a le mérite de m'inspirer. Je m'empare de mon minuscule carnet de notes et gratte le papier sur la petite table.
Les minutes défilent, les punchlines affluent. Quand celle, inattendue, d'Ervin me fait lever le menton.
— Tu t'ennuyais du silence, chez toi ? Je t'ai trop habituée aux gémissements, va falloir que je redouble d'efforts.
Fuck ! Il me toise, avec ce satané sourire moqueur et deux verres en mains, avant de s'installer à mes côtés.
— À ton avis, gros malin ! J'accompagnais juste mon amie.
Quand il pose le vodka redbull près de moi, ses yeux parcourent mon décolleté, puis remontent à mes lèvres. Merde, il est déjà pompette.
— Elle est où, Pocahontas ?
Il balaie le bar, hausse les épaules.
— Elle s'est tirée, je crois.
— C'est une mauvaise soirée pour nous deux !
Il m'énerve. Il m'énerve tant, parvient à titiller ce truc au fond de moi qui me rend addict de nos échanges.
— Une horrible soirée. Si seulement tu t'étais pas pointée...
Je déglutis. Mon rythme cardiaque s'accélère.
— Ne me dis pas que je t'ai foiré ton coup ?
Il ricane, son nez frôle ma nuque quand il s'approche de mon oreille, déclenchant un millier de frissons le long de mon échine.
— Juste mon humeur. Il y a bien cinq nanas avec lesquelles je pourrai encore rentrer.
Je me raidis, consciente de chaque effleurement, de chacun de ses souffles avinés sur ma peau gelée par sa proximité.
Qu'ai-je à voir avec son humeur ?
— Cinq ! Rien que ça...
Il respire toujours contre mon épiderme, abolissant tout ce qui m'entoure. La Wonderwoman que je suis s'avère incapable du moindre geste. Mon palpitant est erratique, mes doigts se crispent autour de mon verre, jusqu'à ce qu'il s'écarte enfin. Le décor reprend forme, me sauvant de son intimidation.
— Cinq à la fois, si je veux.
Quelle arrogance, mon Dieu ! Sa magie n'opère plus, il peut bien aller se ravager la bite, si tel est son désir. Moi, je retourne à mes notes !
***
— Tu es sûre que ça ne te dérange pas ? me demande Milo.
— Si, ça me dérange, mais je n'ai pas vraiment le choix. On ne peut pas l'abandonner dans cet état, fulminé-je en positionnant la jambe d'Ervin sur mon lit.
— Il l'aurait bien cherché, avise son ami tout en plaçant le coussin derrière sa tête.
Il m'aide à lui ôter son tee-shirt maculé de vomi, ainsi que son jean et ses chaussures, pour ne laisser qu'un cadavre exquis dans ma chambre à coucher. Je pose un seau à côté du lit, congédie Milo au plus vite, pressée de retrouver un semblant de silence.
Une fois la porte refermée, je m'y adosse et clos les paupières quelques interminables minutes. Le décor tangue encore un peu. Moi aussi, j'ai bu. Un peu trop, pas assez pour déconnecter. J'ignore quels étaient les plans de Gala, mais ma soirée n'était pas censée s'achever ainsi.
À deux heures du matin, aussi épuisée que je puisse être, il me sera impossible de fermer l'œil. Mon voisin complètement torché gît sur mes draps, car la moindre tache sur mon fauteuil ultra coûteux m'aurait poussée à commettre un meurtre. Et, il faut se l'avouer, priver la terre d'un tel plaisir visuel décuplerait mon châtiment, même si ce mec est imbuvable.
Cinq femmes, disait-il... Il s'est bien enfilé plus de cinq shots, en tout cas. Si ses amis ne l'avaient pas stoppé, j'ignore quelle catastrophe il aurait causée. Et ce débile a égaré ses clés. Heureusement que la bonne poire de voisine est là pour s'en occuper...
Sa présence m'incommode. Au point où j'envoie un texto à Martial – mon éditeur préféré – pour lui expliquer qu'un canon sorti tout droit des romances que je ne parviens plus à écrire roupille dans mes draps, presqu'à poils.
J'enclenche la bouilloire, me dirige ensuite vers ma chambre, où je tente de faire abstraction de ses ronflements. Même endormi, il reste une nuisance sonore ! Je troque cette robe ridicule contre mon pyjama pilou, avant de camper du côté vide de mon lit.
Seules les lumières de l'extérieur éclairent la pièce, transperçant les voiles immaculés. Ervin est étendu, massif et encombrant. Les photos Instagram n'avaient pas menti, il est aussi bien gaulé dans la réalité. Combien de temps doit-il passer à la salle de sport ? À quelle routine est-il soumis pour développer une telle musculature ? En apnée, je m'approche, m'allonge sur le flanc, tournée vers lui, sans remarquer l'interruption de ses ronflements.
J'examine chaque parcelle de sa peau, le renflement dans son boxer à fleurs, sa pilosité éparse, traçant une flèche plus sombre en direction de son nombril, pour s'égarer plus bas encore.
Ses yeux sont toujours clos, la commissure de ses lèvres se relève.
— Tu devrais t'en aller, je préfère dormir seul, marmonne-t-il.
Je me tends de surprise, guettant le moindre mouvement. Puis, ses mots prennent leur sens.
— JE devrais m'en aller ? répété-je, médusée.
Non, mais il n'est pas vite gêné !
Sa tête pivote vers moi, son expression se froisse, avant qu'il n'essaie d'ouvrir les yeux, bien en peine.
Maintenant assise sur mes genoux, je le toise, sévère. Cherche à garder contenance.
— La... voisine ? Merde. Putain...
— Non, je suis écrivain, claqué-je, dépitée.
Il porte la main sur son front, en proie à une douleur invisible, quand tout à coup, son corps est secoué de spasmes. Ni une ni deux, je me précipite de son côté pour placer la bassine à proximité, qu'il saisit et où il se décharge de tout son saoul.
Oh, fuck, l'odeur ! En plus de veiller dessus, je dois me coltiner ses déjections buccales ! Bon sang, mon amabilité me perdra ! Il se rallonge pendant que je vide le récipient dans les toilettes. Lorsque je reviens, il m'observe, l'air souffrant. Je lui apporte une aspirine et un verre d'eau, ainsi qu'un café corsé.
— T'es pas obligée de faire ça, tu sais.
— Ne t'en fais pas, être témoin de ta déchéance est plutôt divertissant, répliqué-je, me réinstallant en tailleur à côté de lui. Cinq nanas, tu disais, hein...
Il ricane, les yeux au plafond.
— Finalement, c'est toi qui m'as mis dans ton lit. Abuser d'un homme bourré, c'est mal.
J'arque le sourcil, tente de ne pas m'attarder sur son profil, rendu plus désirable encore par sa vulnérabilité.
— Si ça peut m'éviter de subir tes parties de baise, je te saoulerais bien tous les soirs.
— Qu'est-ce que je fais là ?
— Tu as perdu tes clés.
Après un soupir las et profond, il se redresse et boit quelque gorgée du sombre liquide.
Réalise-t-il l'effet que sa présence chez moi me fait ? Lui a sans doute l'habitude de traîner dans diverses chambres à coucher, mais ici, c'est mon cocon. À l'exception de quelques proches, rares sont ceux qui s'y invitent. Alors un homme comme lui, dans le lit d'une fille comme moi... Il peut bien me charrier, je sais pertinemment qu'il ne le voit absolument pas de cet œil. Je suis la voisine rabat-joie qui le dépanne, malgré notre entente à couteaux tirés.
— Mes séances de baise, je suis sûr qu'elles t'excitent, énonce-t-il le plus naturellement du monde.
Son sérieux m'arrache un éclat de rire.
— Alors là, je ne m'y attendais pas ! Je te l'ai déjà dit, elles m'empêchent de travailler. Elles me questionnent aussi sur ta stabilité affective. Tu ne couches jamais avec la même fille.
Il ricane. Pénétrant ma cervelle avec son regard vitreux, pourtant si perçant, dans le clair-obscur de la chambre.
— Jusqu'à quel point tu t'es concentrée pour étudier les voix de mes partenaires ?
Ses répliques deviennent éreintantes.
— Jusqu'à quel point tu pourrais me provoquer pour éviter mes questions ?
Il soupire, dépose sa tasse à moitié vide sur le chevet et se couche sur le flanc, face à moi, coude replié sous la tête.
— Inutile de me débiner. Je ne veux juste pas m'engager dans une relation sérieuse.
— Pourquoi ?
— Parce que c'est plus facile comme ça. Le matin, je me lève, me rends à la salle de sport, ensuite, en fonction des contrats, je bosse. Parfois, je suis en déplacement à l'étranger quelques jours pour mes reportages. Le soir, j'aime décompresser avec mes potes, j'aime sortir, boire, baiser. J'ai pas besoin d'une femme dans ma vie. Ça ne m'intéresse pas.
Sa dernière phrase fait écho en moi. Moi non plus, ça ne m'intéresse pas. Peut-être pas pour les mêmes raisons.
— Tu vois, je ne suis pas compliqué, comme mec.
— Je dirais même que tu es très primaire.
— Et toi ? Tu ne baises pas, pourquoi tu n'as pas de petit ami ?
Offensée, je me braque. Hors de question de me livrer à ce malotru.
— Qui te dit que je ne baise pas, d'abord ?
Son sourire en dit long.
Fuck ! Les mâchoires serrées, je le foudroie de mon regard le plus hargneux. Me rappelle ensuite que la provocation est son moteur.
— Il n'y a pas que le sexe dans la vie ! Je me concentre sur ma carrière, je n'ai pas l'esprit à l'amour.
Sur ces mots, Vampyr, que notre conversation a réveillé, grimpe sur le lit et se frotte à mes jambes repliées.
— Tu lui as volé sa place, reproché-je à Ervin, dont l'attention me déstabilise.
Je caresse mon chat, le prends sur mes genoux, ne peux me retenir de lui embrasser le crâne.
— Je vois...
— Tu vois quoi ? rétorqué-je, un brin agressive.
Ervin approche sa main de mon bébé, qui grogne une menace en lui montrant les dents.
— Tu as eu beaucoup de petits-amis ?
En quoi cela le regarde-t-il ?
— Non, ne puis-je réprimer.
L'atmosphère, la fatigue et les résidus d'alcool dans mes veines m'empêchent de la fermer. Ça pue...
— Combien ?
Tais-toi, Zée. Tais-toi, tais-toi, tais-toi, tais-toi.
J'hésite sur le nombre... enfouis certains souvenirs.
— Un.
Et merde !
— Combien de temps ?
— Trois semaines.
— Quand ?
— En terminale.
Il demeure stoïque, quelques secondes durant lesquelles ses deux billes noires se baladent sur mon corps.
Mal à l'aise je me recroqueville derrière Vampyr, avec cette sensation d'être mise à nu. Je déteste sa réaction, pourtant je reste là, avide de ses répliques. À quoi pense-t-il ? Comprend-t-il qu'aucun homme n'ait jamais voulu de moi ?
— Tu as couché avec ?
Je déglutis. Hoche la tête en silence.
— Et après ?
Pour une fois, il garde son sérieux. Pour une fois, je préfère ne pas m'y confronter.
— Ça, ça ne te regarde pas.
Je chasse mon chat et m'apprête à décamper, quand il saisit mon poignet.
— Attend. Réponds.
Ma respiration s'interrompt. Je crains de me dévoiler dans le prochain souffle, je crains qu'il parvienne à lire en moi si je reste dans cette pièce plus longtemps.
— Non. Torture-toi donc avec tes questions existentielles. Moi, j'ai besoin de dormir.
Et de sortir de cette chambre suffocante.
— Tu peux rester, insiste-t-il, toujours sans me lâcher. Je ne risque pas de te sauter dessus, dans mon état.
— Oh, je ne m'inquiète pas pour ça. Même en pleine capacité de tes moyens, je doute que tu te jettes un jour sur moi.
J'arrache mon bras et descends du lit.
— Pourquoi ?
Je le considère quelques secondes, irritée au plus haut point. Que cherche-t-il, au juste ? M'extirper le fait que je suis en-dessous de ses standings ? Que je lui parle de mes kilos en trop ? De mes cheveux filasse ? De ma peau trop pâle ?
— Tu me poses cette question sérieusement ? Allez, bonne nuit.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top