La Robe de Sang

Julie avait toujours eu une vie bien rangée, bien propre et carrée.
Tous les matins elle se levait à la même heure, se rinçait le visage puis se l'essuyait avec une serviette bleue, buvait son habituel thé à la menthe dans lequel elle mettait toujours exactement un-demi sucre et se lavait avec ce même savon à l'odeur de rose qu'elle utilisait depuis son enfance.
Ensuite, Julie se faisait un chignon, parfait, rond et lisse, d'où aucun cheveu ne dépassait. Elle s'habillait avec son élégante robe rouge carmin, voir sang, se chaussait de hauts talons brillants de même couleur et se parait de bijoux en or.

Après s'être parée et préparée, Julie nettoyait toujours sa maison. Elle en balayait chaque recoins, en aspirait chaque poussière, en récurait chaque tâche. Bien sûr, des tâches et de la poussière, comme elle nettoyait chaque jour les pièces soigneusement rangées et organisées de sa maison, il n'y en avait plus depuis bien longtemps et tout ceci était purement compulsif. Mais une fois fini, Julie souriait toujours derrière son rouge à lèvres couleur sang assorti à sa robe, satisfaite de ses matinées bien remplie.

Lorsque que sa maison était assez rangée et astiquée à son goût, elle sortait prendre l'air dans la rosée du matin. Julie partait ensuite en direction du parc où jouait toujours plein d'enfants. Elle adorait les enfants et les regarder jouer l'emplissait d'une joie immense. Et comme tous les jours à 16h45 précise, Julie rentrait chez elle en voiture.
Une fois arrivée, elle remettait un peu de rouge à lèvres, déplissait un peu sa robe rouge, et ouvrait calmement son coffre. Et comme tous les jours, Julie en extirpait un enfant baillonné et attaché, puis le portait jusqu'à sa maison.

De la commençait un rituel rigoureusement préparé: elle fermait toutes ses portes et fenêtres à 17h12, laissait l'enfant crier et s'échapper dans toutes les pièces jusqu'à 17h25, le jugeait du regard à 17h26 puis le tuait de dix coups de couteaux dans sa chambre à 17h27.

Chaque jour Julie était déçue de ne pas avoir trouvé l'élu. Mais elle reprenait vite le sourire, trouvant toujours des bons côtés à cette situation tristement répétitive. C'était donc à 17h30 que Julie retirait sa robe rouge pour essuyer le sang au sol. Elle la suspendait ensuite sur un fil à l'arrière de sa maison après avoir rouvert toutes ses fenêtres, puis, contemplait sa couleur vive flottant au vent avec satisfaction.

Julie n'avait pas de voisins et elle pouvait sans nulle crainte effectuer son rituel qu'elle esperait voir s'arrêter un jour.
Avant de se coucher, Julie s'agenouillait devant son lit et priait. Elle priait pour que Dieu lui donne un enfant, que Dieu lui permette d'être la merveilleuse mère d'un merveilleux enfant qu'elle à toujours voulu être.
Ensuite elle se couchait, le cœur lourd mais toujours plein d'espoir.

C'est un soir de Décembre que Julie le trouva. Parmis tous les enfants jouant dans la neige, il y en avait un qui ne jouait pas avec les autres. Il dessinait dans la neige avec un bâton en souriant. Lui, il lui avait tapé dans l'œil. Un petit garçon aux cheveux courts, châtain avec des reflets roux et des petits yeux noisettes. Julie en était sûre, c'était lui. Elle s'approcha doucement de lui...

-Bonjour mon petit, dit-elle en souriant.

-Bonjour madame.

Elle s'assit à côté de lui et regarda son dessin.

-Très joli chat, tu dessines bien! fit-elle avec enthousiasme.

-Oui, ma maman me le dit souvent!

Soudain, Julie ressenti un grand sentiment de haine; alors comme ça il avait déjà une mère? Mais oui, c'était évident, mais elle ne pouvait pas être mieux qu'elle... Elle serait la plus belle mère du monde elle...

-Où est ta maman?

-Elle est partie faire des courses avec papa, ils ont dit qu'ils revenaient vite.

Et voilà, déjà une erreur! Quelle bonne mère laisserait son enfant sans surveillance dans un parc?

-Tu veux que je t'emmène les voir?

-Ma maman elle à dit qu'il ne faut pas faire confiance aux inconnus...

-Je m'appelle Julie, et toi?

-Maxime, fit le petit garçon pris au dépourvu.

-Eh bien voilà, maintenant on se connait!

Maxime la regarda avec amusement, cela semblait plutôt drôle à son goût.

-Tu sais dans quels magasins est ta maman?

-Oui, le spare du rond point.

-Viens, je vais t'y emmener!

-Mais maman elle...

-Mais maman rien, coupa Julie en souriant. Maman on va la voir d'accord? Elle sera contente et en plus, tu pourras lui montrer que t'es un grand garçon, tu auras réussis à convaincre quelqu'un de t'emmener les voir.

Elle lui fit un clin d'œil en lui tendant sa main. Maxime, toujours un peu perplexe, semblait quand même plus rassuré. Il prit sa main et Julie l'emmena jusque dans sa voiture.

C'est à ce moment que les habitudes de Julie changèrent radicalement.
Ce jour là, elle n'avait pas installé l'enfant dans le coffre mais sur le siège arrière; elle ne lui avait pas passé une corde autour du buste mais une ceinture; et elle n'a pas coloré sa robe d'un rouge plus vif mais en a revêtu une blanche car, une fois arrivée chez elle, elle ne l'avait pas tué mais élevé.

C'est que ainsi Julie aima son enfant jusqu'à son dernier printemps.

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